La PASOKisation du Parti Socialiste

pasokComme chacun le sait, le PASOK est le Parti politique de centre gauche qui a régné de nombreuses années sur la Grèce. Après la fin de la dictature des colonels, la gauche sociale-démocrate incarnée par le PASOK et la droite classique se sont souvent passés le pouvoir et ont géré la Grèce ainsi. Mais en 2008, la crise financière a changé la donne.

Le PASOK avait pour habitude de faire des scores entre 35 et 45%. George Papandréou a été le premier ministre qui a subi de plein fouet les premières conséquences de la Crise. Depuis, le paysage politique s’est complètement recomposé. En effet, l’émergence de nouveaux Partis a été extrêmement rapide. Si bien que, le PASOK hégémonique à gauche, a été tenu pour responsable par le Peuple et a vu son influence s’écrouler. Il faut impérieusement noter que le PASOK avait été élu sur un programme très à gauche. Seulement, dans les faits, il n’a fait que la politique imposée par la Troika (Banque Centrale Européenne, Commission Européenne et Fonds Monétaire International). Pour résumer, la politique des banques a prévalu sur la politique sociale et populaire.

En 2013, ils ne représentent plus qu’entre 5 et 7% des voix à chaque élection. La recomposition s’est faite autour d’une force coalisée, le Syriza. Depuis, cette coalition initiée par Synaspismós en 1991, il est devenu un grand Parti qui se dispute le pouvoir avec Nouvelle Démocratie (droite). De 2.5%, le Syriza est devenu le premier Parti de Grèce en 2013. Cette formation a un programme voisin de son équivalent français, le Front de Gauche. Ils parlent de refondation de l’Union Européenne, d’augmentation des salaires, de partage plus juste des richesses. Bref, une politique visant à mettre la question sociale au centre des préoccupations.

Mais vous vous demandez surement pourquoi j’associe le PASOK au Parti Socialiste. De mon point de vue, je pense que le Parti Socialiste a gagné sa dernière élection en 2012. Tout comme Papandréou l’a fait en son époque en Grèce. Le Peuple français n’a pas reconduit Nicolas Sarkozy en 2012 au poste de Président de la République. François Hollande subira le même sort à la fin de son quinquennat. Les signaux qu’il envoie au Peuple vont dans le sens de ce qu’avait fait Nicolas Sarkozy. Par exemple, il y a ces réformes de libéralisation du rail, les Accords Nationaux Inter-professionnels (ANI), le traité européen (TSCG, écrit par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, libéralisant tout le marché européen) , la réforme des retraites (où Mr. Hollande confesse à José Manuel Barroso que la retraite passera automatiquement à 66 ans pour les Français), le Grand Marché Transatlantique (GMT) et nombre d’autres exemples du même acabit.

C’est ce genre de réformes entreprises par le gouvernement de gauche de Papandréou qui l’a mis au fond du trou. Par conséquent, il n’y a aucune raison objective de ne pas penser que le PS subira les mêmes conséquences. L’inquiétude est immense au sein même du Parti Socialiste. En effet, une figure de ce Parti, à l’image de Gérard Filoche, a menacé en Bureau National. Il a prévenu : si le gouvernement s’obstine à mener cette politique, il tombera comme le PASOK en Grèce. Il a poussé le vice en expliquant que le PASOK avait mis quatre ans et que le PS est en train de le faire en moins de deux ans. Je me souviens de cette intervention, car il a prédit un score de 8 à 9% pour le PS aux européennes.

La question qui m’anime est la suivante : un scénario de recomposition du paysage politique français sera-t-il à l’image de celui de la Grèce ?

De cette interrogation, nous pouvons faire plusieurs hypothèses. La première est que, compte tenu du score de la gauche radicale française en 2012 (11%), les déçus du PS se reporteraient sur l’équivalent de Syriza : le Front de Gauche. Si cette hypothèse peut être entendue, il est difficilement concevable de la voir se réaliser dans l’immédiat. La coalition de gauche radicale est embourbée entre un Parti Communiste (qui a peur de voir ses élus perdre ses sièges et sont enclins dans des grandes villes à faire l’union avec la social-démocratie) et un plus petit Parti (le Parti de Gauche) avec son dirigeant qui tonne et détonne. Ce dernier ne veut pas entendre parler du Parti Socialiste. Incontestablement, le message est brouillé lorsque ces personnes s‘adressent au Peuple. Il n’est donc pas sur que le Front de Gauche soit en mesure d’incarner l’alternative à la sociale-démocratie qu’il aimerait être.

La seconde hypothèse, et la plus probable à mes yeux, est que la Gauche continue de se diviser. A l’évidence, le Front National en tirera les principaux lauriers. La conséquence de ces futures déroutes électorales du PS est une fracture définitive au sein même du Parti Socialiste. Je pense que dans dix ans, ce Parti, sous sa forme actuelle, n’existera plus.

Parti-socialisteDe mon point de vue, plus l’implosion de PS arrivera vite, plus vite une recomposition à Gauche sera rendue possible. Ce point est crucial car, en tant que Républicain intransigeant, il ne m’est pas possible d’imaginer un Front National ou une UMP extrême-droitisée arriver au pouvoir. Une Marine Le Pen ou un Sarkozy Orbanisé finira de tuer notre République. Il faut vite une recomposition de la Gauche pour une Sixième République Sociale et Écologique, sinon les factieux et autres anti-républicains de tout poil se feront la cerise sur les cendres de la République Française !

Arnaud Guvenatam

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