Docteur Merkel et Mister Valls

Mardi 8 avril avait lieu la déclaration de politique générale de Manuel Valls, tout fraîchement nommé Premier Ministre. Bien entendu, les citoyens et militants de gauche sincères n'attendaient rien de ce remaniement. Le fait de nommer l'ancien Ministre de l'Intérieur comme chef du gouvernement vaut tous les discours du monde. Pour certains, il acte un virage social-libéral de François Hollande. Pour nous, pas de virage : juste une longue, une très longue ligne droite. Avec un grand mur au bout ! Revenons sur les mots de Manuel Bon, rien de nouveau sous le soleil, il applique la feuille de route tracée par Hollande. Moins 7770904698_francois-rebsamen-et-manuel-valls-le-16-octobre-2012d'État, moins d'État, moins d'État. Avec lui, le patronat a été servi ! Il a pour lui des serviteurs zélés, comme François Rebsamen qui, en sa qualité de ministre de l'emploi, demande lui même à se que baissent les dotations de son ministère. L’auto-flagellation comme mode de gouvernement, voilà une chose bien nouvelle !

Les cotisations sociales

Terminées, au 1er janvier 2015, les cotisations patronales à l'URSSAF pour chaque emploi au niveau du Smic. Je vous laisse imaginer le gain pour les entreprises comme McDonald’s, qui n'emploient qu'au niveau du Smic ! Les cotisations patronales pour la branche famille vont, elles, diminuer de 1,8 point. Le Medef l'a rêvé, le tandem Hollande/Valls le fait ! Au total, les coupes réalisées par l'état se répartissent comme suit pour la période 2015-2017 :

cotisations

Bien entendu, le rouleau compresseur médiatique bat son plein sur ces mesures. Présentées comme une mesure en faveur du pouvoir d'achat des salariés (on se pince pour ne pas rire – ou pleurer), elles ne sont qu'une vaste arnaque. Qui peut décemment croire que les entreprises sont en phase avec la notion même de vie commune et de bien-être ? Les entreprises sont là pour faire des profits, pas autre chose. Il est donc suicidaire de faire croire, à l'image du gouvernement, que toute baisse de cotisation patronale sera immédiatement répercutée sur le porte-monnaie des salariés. Les observateurs parlent d'un gain de 500 euros par an pour un salarié payé au Smic. Soyons clairs : personne n'en verra la couleur. Pour faire passer la pilule plus facilement, il est probable que les entreprises augmentent de 100 euros par an le salaire net. Mais les 4/5 des cotisations supprimées iront dans la trésorerie, n'en doutons pas ! Plus grave que ça, et c'est sur ce point que nous avons tous, militants de gauche, un grand travail à faire : augmenter le salaire suite à la baisse des cotisations, c'est perdre de l'argent. Je ne suis pas fiscaliste, je vais donc faire relativement court pour expliquer cela : la différence entre le salaire brut et le salaire net, ce sont les cotisations. C'est une part du salaire, différée, qui permet à tout un chacun de jouir d'un niveau d'assurance lui permettant de (sur)vivre. Financer le chômage, l'assurance maladie, les caisses de retraite, voilà l'objectif attribué aux cotisations. Elles sont en quelque sorte un salaire mutualisé, mis dans un pot commun, et redistribué selon les besoins. L'argent existe, partout. Il est inutile, anormal et scandaleux de s'en prendre encore une fois à l'argent des salariés. Ce seront, in fine, eux qui vont payer l'addition ! Mais là malheureusement, rien de neuf sous le soleil, nous tirons la sonnette d'alarme depuis des années là-dessus.

 

Le « mille-feuille administratif » ?

 Une fois n'est pas coutume, l'aspect sur lequel je vais réagir maintenant est l'acte III de la décentralisation. Hollande en parlait dès janvier, et le gouvernement commence à le décliner concrètement. Et déjà dans le vocabulaire utilisé, le gouvernement prouve une fois mille-feuilles-2de plus qu'il n'est pas de gauche. Parler de « mille-feuille administratif » pour les branches de l'État, celles qui se trouvent au plus près des citoyens et de leurs préoccupations, c'est mener une politique totalement coupée des aspirations populaires. C'est partir du principe que l'État est par définition mauvais. C'est s'engager sur la voie sans issue de l'éternel éloignement des citoyens et de leur bien commun : la République et ses institutions.

Il en est de même pour l'objectif annoncé (et ne doutons pas que la majorité des parlementaires godillots socialistes applaudiront des deux mains) de la suppression des Conseils Généraux, purement et simplement, à l'horizon 2021. Tout était déjà dans le livre de Manuel Valls, Pouvoir, écrit en 2010, ou il prônait la disparition de cette entité si profondément républicaine qu'est le département … à peine deux ans après que son parti se soit insurgé contre la même proposition de Nicolas Sarkozy et Édouard Balladur ! Si l'on met en parallèle cette proposition avec celle de diviser par deux le nombre de régions, on en arrive à un constat clair et sans appel. La germanisation de la République Française. Les länders arrivent, et on les annonce pour, tenez vous bien, le 1er janvier 2017 dernier délai ! Cela pourra même se faire dès l'an prochain par le Premier Ministre, par la contrainte, si des régions ne fusionnent pas volontairement. Au moment d'écrire ces lignes, un sentiment bizarre m'anime, oscillant entre la peur et la répulsion. Peur de cet inconnu que l'on voit profondément mauvais. Répulsion devant les agissements du roi et de ses courtisans qui n'ont à aucun moment l'intérêt général comme vision d'avenir.

Pour Hollande, nommer Valls et le choisir pour mener le pays, c'est donc avoir voulu, en âme et conscience, démanteler la patrie républicaine. Et au profit de qui ? De l'Union Européenne et de ses institutions libérales qui, dans quelques années, traiteront directement avec les super-régions de ce qu'est encore aujourd'hui la France. Sans État central puissant et structuré, il ne sera plus possible de lutter efficacement contre le GMT, la libéralisation des services publics (seront-ils eux aussi régionalisés ? N'en doutons pas, les Agences Régionales de Santé le montrent déjà) ou pour la planification écologique qui ne peut se penser qu'à une échelle globale, au moins étatique.

 Deux moments se dessinent immédiatement devant nous pour montrer non plus un mécontentement, mais une résistance face à l'UE, à Hollande et à son gouvernement. Le 12 avril, par la longue marche dans les rues parisiennes du peuple de gauche qui n'en peut 6eme Républiqueplus d'être constamment la victime des politiques du PS. Les élections européennes ensuite, où notre programme « Rompre et refonder l'Europe » marque le retour de la souveraineté comme marqueur et de l'intérêt général comme objectif. La 6ème République ne pourra se construire que sur les décombres de la Vème. Or, par ses prises de position, Hollande (ou Valls, c'est au choix) ne nous facilite pas la tâche. Le fédéralisme est un cancer en république, et nous devons lutter toujours plus pour garder un cap stratégique clair : unité de la République, puis destruction de la Vème, et enfin construction de la 6ème. La France en a bien besoin !

Alexandre Emorine

 

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