Valls – Plaidoyer Républicain https://plaidoyer-republicain.fr Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.3 56743480 « La défense et la promotion de la laïcité sont le reflet du caractère général et républicain de la France Insoumise » : entretien avec Andréa Kotarac (conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes LFI) https://plaidoyer-republicain.fr/la-defense-et-la-promotion-de-la-laicite-sont-le-reflet-du-caractere-general-et-republicain-de-la-france-insoumise-entretien-avec-andrea-kotarac-conseiller-regional-auvergne-rhone-alpes-lfi/ https://plaidoyer-republicain.fr/la-defense-et-la-promotion-de-la-laicite-sont-le-reflet-du-caractere-general-et-republicain-de-la-france-insoumise-entretien-avec-andrea-kotarac-conseiller-regional-auvergne-rhone-alpes-lfi/#respond Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=1021 ...lire la suite ]]> A la suite de l'élection de Laurent Wauquiez à la tête du parti les Républicains, nous nous sommes entretenus avec un Insoumis qui le connaît bien. Siégeant au Conseil Régional d'Auvergne-Rhône-Alpes dont Laurent Wauquiez est le Président, Andréa Kotarac nous livre sa réflexion sur la situation politique actuelle, la séquence de 2017, la République ainsi que ses inspirations littéraires et philosophiques.

Plaidoyer Républicain : Andréa Kotarac, vous êtes élu régional France Insoumise en Auvergne Rhône-Alpes. Pourriez-vous nous expliquer comment vous articulez travail de terrain, sessions et commissions ?

Le travail de terrain et celui au sein de l’institution sont liés.  L’un ne va pas sans l’autre.

Andréa Kotarac : Vous savez, nous avons toujours construit dans nos têtes une frontière entre le travail dit "de terrain" et le travail au sein de l'institution. En réalité, les deux sont intimement liés.

J’ai appris plusieurs choses au sein du conseil régional. Comme vous le savez, la loi NOTRe a offert aux régions la compétence exclusive en matière économique. Je suis membre de cette commission et à ce titre, on peut observer à la fois les compétences, le génie Français, l’hétérogénéité des activités dans notre pays mais aussi les dysfonctionnements qui y règnent.

Quand vous prenez les cas de l’entreprise « Ecopla », unique fabricant français de barquettes en aluminium, entreprise leader en Europe et viable économiquement qui a été mise en liquidation en raison d’un patron voyou, cela vous brise le moral. Et que par dessus tout, le tribunal de commerce valide non pas la reprise en SCOP par les salariés mais son rachat par son concurrent italien qui avait pour projet de virer les salariés, vendre le site et rapatrier les machines et le savoir-faire Français en Italie... Vous vous dites que quelque chose ne tourne pas rond dans cette économie ouverte où les capitaux circulent facilement mais où les êtres humains et le savoir-faire du pays passent après. C’est la même chose avec le pôle d’excellence Français de fabrication des turbines hydrauliques de l’ex-Alstom racheté par General Electric. Ce dernier voulant se retirer et laisser sur le carreau des centaines  de salariés mais aussi 400 sous-traitants rien que pour l’Isère.
Sans travail de terrain, sans contact avec ces femmes et ces hommes, sans comprendre les circuits économiques, vous ne pouvez pas vous plongez dans les dossiers au sein de l’institution, vous ne pouvez pas faire rentrer les luttes dans l’assemblée régionale. Le travail de terrain et celui au sein de l’institution sont liés.  L’un ne va pas sans l’autre.
 

Si vous voulez savoir, Wauquiez est une personne intelligente, c’est un bon communicant


PR : L’actuel président de votre région est le tout nouveau dirigeant des « Républicains », Laurent Wauquiez. Pouvez-vous nous parler de sa façon de diriger la région ? Quels sont les thèmes qu’il affectionne le plus et en quoi son travail régional peut-il donner des pistes sur les thèmes qu’il lancera dans le débat national ?

AK : Les thèmes qu’affectionne Laurent Wauquiez sont ceux qui feront parler de lui à la plus grande échelle. Ceux qui pourront faire polémique et diviser. Ça passe par la crèche dans le hall de la région, sa condamnation devant les tribunaux et sa récidive cachée le mois dernier. Ou encore la création d’une police de la langue sur les chantiers pour lutter soi-disant contre le travail détaché. Sorti major de l’ENA, vous ne me ferez pas dire qu’il ne savait pas que les tribunaux administratifs annuleraient ces décisions mal faites et mal fondées. Peu importe, tout le monde parlera de lui, sa mission est accomplie.

Et parfois, lorsqu’il n’a pas d’annonce à faire, il explique qu’il met en œuvre ce qui est déjà mis en place. Par exemple, il a indiqué vouloir baisser les indemnités des élus trop absents aux commissions et aux assemblées plénières. Cela a fait la Une de tous les quotidiens locaux. Problème: la loi exigeait déjà cette règle et même le règlement intérieur de la précédente mandature. Peu importe, les gens applaudissaient Laurent Wauquiez pour une règle qui d’ailleurs est tout à fait nécessaire. Mais qui existait déjà.

Si vous voulez savoir, Wauquiez est une personne intelligente, c’est un bon communicant mais la suite est dévastatrice. La région est gérée par son président et personne d’autre. Aucun vice-président n’a de délégation de signature par exemple. Aucun ne décide à part lui. Il a tué les structures de l’agriculture paysanne, les associations solidaires etc.

Son problème est le double discours de sa famille politique. Il souhaite lutter contre le travail détaché? Problème: la quasi-unanimité des députés européens LR l’avait voté à deux reprises. Il est contre le CETA? Problème: la même chose. Il est contre le gaz de schiste? Problème: Luc Chatel indiquait que son parti était LE parti des gaz de schiste. Il se disait laïque en refusant les subventions à l’institut de la civilisation musulmane? Très bien, mais il rajoute derrière une crèche plus grande qu’un 4x4 à l’entrée de l’Hôtel de région. Et la liste est longue...

Je crois que le dégagisme que l’on constate dans notre société est la conséquence d’une hypocrisie de hyènes des partis dirigeants, qui ne fonctionne plus aujourd’hui auprès des habitants.

 

Notre mission est de redonner confiance par les actes et par l’action

PR : En 2017, vous avez également été candidat aux élections législatives dans la 7ème circonscription du Rhône. Vous avez réalisé 13,3%, seuil insuffisant pour accéder au second tour. 6 mois après, comment expliquez-vous la déperdition des voix entre élection présidentielle et élections législatives et comment pensez-vous pouvoir y remédier à l’avenir ?

AK : J’ai choisi la 7eme circonscription du Rhône, comprenant des villes comme Rillieux-la-Pape, Bron ou Vaulx-en-Velin, classées parmi les villes les plus pauvres du pays.

Dans cette dernière, en 2014, Hélène Geoffroy, ancienne secrétaire d’Etat de Valls, avait été élue maire avec 82% d’abstention. Là bas, comme ailleurs, les classes populaires votent à une élection : la présidentielle. Ils ont compris le système fou de la 5ème République. J’en discutais d’ailleurs avec mon amie Sarah Soihili, qui était candidate dans les quartiers Nord de Marseille et qui a analysé le même phénomène là-bas et ailleurs en France.

Comment y remédier? Par le travail constant, de terrain ou de formation. Il n’y a pas de secrets. J’ai la chance d’être entouré d’une excellente équipe d’Insoumis, qui a trouvé sa place dans notre mouvement et regorge d’idées. Chaque semaine, depuis la fin de la campagne,  nous sommes au contact des habitants sous différentes formes, aide, orientation ou propagande classique.

Nous avons constaté que la banlieue-Est était le poumon économique de la Métropole de Lyon. C’est ici que nous retrouvons le plus grand nombre d’entreprises. Pourtant le chômage y est largement plus élevé qu’ailleurs. Les habitants ne bénéficient pas de cette richesse colossale. C’est contre cette injustice qu’il faut batailler.

Notre mission est de redonner confiance par les actes et par l’action. Pour la construction d’un centre de santé pour lutter contre les déserts médicaux, pour leur dire qu’il ont droit à la sécurité, que vivre en paix ne doit pas être réservé aux habitants de Neuilly, que leur enfants aient le droit de rechercher l’excellence éducative et que leur ville peut être belle, agréable, qu’elle peut même être un exemple pour d’autres, comme l’avait entamé l’ancien Maire M.Charrier, par la construction du seul Planétarium de la région par exemple.

Une ville comme Vaulx-En-Velin a beaucoup d’avantages par rapport à d’autres. Elle regorge de jeunesse, d’une jeunesse maniant plusieurs langues, de véritables talents dans diverses domaines. Il faut forcer le destin en lançant de grands chantiers, comme un lycée polytechnique de l’économie de la mer, de formation au transport fluvial (Rhône), de formation à la sauvegarde des littoraux, de l’ouverture sur la Méditerranée. Voilà de véritables ambitions pour ces villes. Elles doivent et peuvent être à l’avant-garde pour les chantiers nationaux de demain.

La réflexion au long terme, la construction d’une chape à la base de notre maison sera la rupture politique avec le court-termisme clientéliste qui pourrit ces villes péri-urbaines depuis tant d’années.

 

J’aime beaucoup la formule de Jean-Luc Mélenchon : donner à la France une 6eme République, c’est lui « redonner des draps neufs pour le XXIème siècle »

PR : La France Insoumise a milité pendant les élections présidentielles et législatives pour la mise en place d’une 6ème République. Un certain nombre de personnes peuvent dire aujourd’hui que ce changement tant attendu est au point mort du fait de l’élection d’Emmanuel Macron. Partagez-vous ce constat ?

AK : Absolument pas. Je ne vois pas en quoi le changement d’un homme à la tête de l’État pourrait mettre un terme à notre ambition, alors que la Constitution est identique avant et après son élection?

Rousseau disait que la « Constitution est la norme suprême qu’un peuple libre se donne ». Est-ce que vos lecteurs ont le sentiment d’avoir pris part à la construction cette norme suprême dont chaque loi est soumise?

Le processus que nous présentons et avons engagé est le produit de l’Histoire constitutionnelle de notre pays depuis la Révolution. Pour engager un processus de rupture avec ce régime, il faut modifier la constitution de façon pacifique, démocratique et sans rompre avec la continuité de l’État et du service public. J’aime beaucoup la formule de Jean-Luc Mélenchon : donner à la France une 6eme République, c’est lui « redonner des draps neufs pour le XXIème siècle ».

Là où je ne suis pas forcément en phase avec certain de mes amis Insoumis, c’est que la carte des collectivités doit être mise à réflexion.  Si nous sommes d’accord pour rompre avec les super-euro-structures qui s’éloignent du citoyen, on ne peut pas se contenter de parler 6eme République et sur ce sujet de dire que la meilleure manière d’organiser le pays ce soit: commune-département-Etat "Point barre". Je pense que sur ces sujets là, nous devons aussi avoir le courage de réfléchir et savoir si cette répartition est la meilleure pour organiser la solidarité, la péréquation, la coopération et la performance des territoires. Alors on me répond Robespierre, la Révolution et la création des départements. Les Montagnards s’appuyaient beaucoup sur les districts (sorte de cantons). Les départements étaient dirigés par les Bourgeois et les Girondins (qui avaient l’argent nécessaire pour se présenter candidat). Bref, ayons le courage de discuter de cela.

En clair, les Français pourront donner leur avis sur l’effectivité de droits fondamentaux qu’ils souhaitent graver dans le marbre, comme sur la fin de vie, sur le droit au logement, l’avortement etc. Et aussi sur le caractère démocratique du fonctionnement des institutions et la répartition territoriale. La Constitution paraît lointaine pour les citoyens, pourtant elle a des impacts directs sur leur vie. Si MM. Macron, Valls, ou autres ont réussi à rendre effective leur loi sans débat, s’ils réussissent à gommer des droits des Français, c’est parce que la Constitution leur en donne le droit justement.

PR : Dans un récent sondage Harris Interactive, les français mettent la laïcité en tête des valeurs les mieux défendues par la France Insoumise. Pouvez-vous expliquer ce qui, pour vous, fait de la France Insoumise, un mouvement républicain ?

AK : La défense et surtout la promotion de la laïcité sont le reflet du caractère général et républicain de notre mouvement.

Si vous l’avez remarqué, Nicolas Sarkozy, le premier,  Marine Le Pen et même Emmanuel Macron (à un moindre niveau) ont réussi à diviser les gens sur la base de leur situation personnelles différentes. Pour le premier, « les fonctionnaires n’ont pas le droit d’avoir plus que les autres qui travaillent durs et se lèvent tôt ». Pour Madame Le Pen c’était, je crois, sur le remboursement des soins, entre celles qui payent pour se faire avorter et se font rembourser et ceux qui achètent des lunettes et ne sont pas remboursé au même niveau, Macron sur les « fainéants qui bloquent la France » etc... L’objectif étant pour eux de satisfaire coûte que coûte les situations personnelles des gens contre d’autres, créer la division et récolter les voix.

Je crois que ce qui fait de nous un mouvement républicain par excellence, c’est la dimension et l’explication d’un projet commun, tant sur l’alimentation, sur le système solidaire des retraites, l’eau comme bien commun de tous, et nécessaire à la vie de tous, sur les grands projets de la planification écologique, sur l’agriculture bio, sur l’économie de la mer, sur la santé pour tous. En bref, sur des projets concrets, sérieux mais qui touchent à un véritable contrat social pour l’ensemble de la Nation et de nos enfants.

« L’avenir est commun » est d’ailleurs le titre par excellence d’un programme républicain, une chose qui nous est chère, la fraternité et la France.

Monsieur Valls était Premier Ministre ou ministre lorsque François Hollande a remis la légion d’honneur au Roi d’Arabie Saoudite. Qu’a-t-il dit s’il vous plait ? Rien.


PR : Manuel Valls s’érige en défenseur des valeurs républicaines face à ce qu’il nomme les « problèmes que posent les musulmans ».  Partagez-vous ce constat ? Pensez-vous qu’il est du devoir de la France Insoumise, comme 1ère opposition, de répondre point par point à ces prises de positions de l’ancien Premier Ministre ?

AK : Monsieur Valls s’est remis sur son cheval après avoir fait pousser un bouc ridicule sur son menton et après nous avoir qualifiés d’islamo-gauchistes. Et hop, il pensait que les Français oublieraient tout de son imposture et de son mandat à la tête du gouvernement.

Monsieur Valls était Premier Ministre ou ministre lorsque François Hollande a remis la légion d’honneur au Roi d’Arabie Saoudite. Qu’a-t-il dit s’il vous plait ? Rien. La légion d’honneur «récompense depuis ses origines les militaires comme les civils ayant rendu des « services éminents » à la Nation». Est-ce quelqu’un peut le dire ce que l’Arabie Saoudite a fait pour nous alors qu’elle sème la pire crise humanitaire depuis 1945 au Yémen, sans parler des droits des femmes?

Ce pays finance ouvertement les réseaux salafistes sur notre territoire. Est-ce un service éminent?

Que dire du daesho-affairisme de Lafarge que nous avons combattu?

Ma philosophie c’est qu’un militant ou un élu doit toujours réfléchir à ce qui se passe autour de lui et replacer sa bataille sur un plan mondial en ce qui concerne ces sujets là.

Quand la droite, par exemple, donne des leçons au monde entier sur l’immigration, les réfugiés ou l’islamisme radical, mais ils en sont partis responsables! Quand Sarkozy détruit littéralement l’État Libyen, il crée de nouveaux naufragés dans la Méditerranée, il fait renaître l’esclavage, il favorise le développement de groupes terroristes qui d’ailleurs se retournent contre nos soldats dans le Sahel, au Mali en particulier.

Monsieur Valls est l’exemple type de la laïcité à géométrie variable. Il ne reconnaît pas, soi-disant, les communautés mais se rend au dîner du CRIF, dont le Président s’est autoproclamé représentant des Juifs de France.
Pour nous, les représentants des Français Athées, Juifs, Chrétiens ou Musulmans, ce sont nos députés nationaux. Et ça, c’est fondamental dans l’acceptation même de notre Nation une et indivisible.

Il n’y a pas de problème avec les Français musulmans, il y a un problème avec ces gouvernements successifs et leurs agissements dangereux tant chez nous que dans le monde.

 

PR : Pour terminer, quelles sont les inspirations politiques ou philosophiques qui vous ont amené à vous définir comme républicain et laïque ?

AK : J’ai évidemment les fondamentaux, étant passé par PRS et le PG, à savoir Jean Jaurès ou encore Rousseau.

Mais je ne me catégorise pas uniquement par cela. Je suis passionné par l’Histoire de mon pays et je crois dans la force et le réveil français à chaque étape importante de l’Histoire. À l’époque, en tant qu’étudiant j’étais passionné par l’histoire du droit, car on peut y comprendre le droit, l’état social, les mœurs et l’organisation du pays a chacune des étapes de son histoire. Il y a donc aussi des professeurs de droite qui m’ont amené à réfléchir sur des sujets, comme le Gaulliste M. Échappé en philosophie politique.

Je m’intéresse à la France mais aussi à l’étranger avec des auteurs comme Filiu dans son ouvrage « le miroir de Damas » dans lequel on peut comprendre, mis à part le point de vue de cet auteur avec lequel je ne suis pas en accord, beaucoup des faits politiques actuels. Je crois que c’est en analysant le cours de notre histoire que l’on devient laïque et républicain, presque par bon sens et nécessité, pour pouvoir vivre en paix en France.

Enfin en tant que juriste, ce sont des Badinter, des Vergès avec sa « défense de rupture » ou encore des Hervé Temime qui m’ont emmené à réfléchir sur la frontière étroite entre  les notions de juste et d’injuste.

Cette dernière question pourrait faire l’objet d’une autre interview, mais peu de gens me posent cette question. Je vous remercie donc de la poser et aussi de m’avoir invité. Je salue votre combat républicain et votre collectif.

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Le communautarisme, voilà l’ennemi ! https://plaidoyer-republicain.fr/le-communautarisme-voila-lennemi/ https://plaidoyer-republicain.fr/le-communautarisme-voila-lennemi/#respond Tue, 28 Nov 2017 19:50:38 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=1003 ...lire la suite ]]> Au-delà des questions économiques, qui sont centrales, un autre sujet est source de clivage dans notre pays. Personne n'a pu échapper ces dernières semaines aux débats sans fin, et souvent sans argument, autour des questions laïques. Une certaine obligation morale (je dirais même une imposition) s'est fait jour, pressante, sur la base du « Et toi, tu soutiens qui ? ». Comme souvent dans ces débats, l'obligation de choisir entre le blanc et le noir, entre le bien et le mal, tue toute possibilité d'avoir un échange éclairé, aussi virulent soit-il. Disons-le tout net : je me sens aussi éloigné politiquement et philosophiquement d'un Plenel que d'un Valls. Leur vision est, pour moi et chacun à une extrémité, la caricature même du placement hors du champ de réflexion et d'argumentation républicain.

Commençons par l'ancien Premier Ministre. Sur les questions que d'aucuns appellent « identitaires », son ancienne fonction dans les plus hautes sphères de l’État aurait dû lui apprendre au moins une chose : un débat ne peut avoir lieu dans notre pays en opposant les communautés. Tout simplement parce que le pays n'en reconnaît aucune, sinon la communauté des citoyens ! Comme élu de la Nation, il conserve ce devoir impérieux de neutralité et de lutte contre les communautarismes. À l'inverse de cela, il passe son temps depuis des mois à hystériser cette question, en accusant le tout venant d'avoir des complaisances avec l'islamisme politique un jour, et en élargissant le lendemain son propos à l'ensemble des croyants d'une religion, osant parler d'un « problème de l'Islam et des musulmans en France ». En faisant cela, il prend clairement un parti dangereux : en amalgamant volontairement l'ensemble des français de confession musulmane aux islamistes politiques, il renforce ces derniers. Il renforce leur discours qui, si l'on creuse, ne dit pas autre chose que « vous, musulmans, ne serez jamais acceptés dans ce pays. Battez-vous contre lui ou émigrez en terre d'Islam ! ». Ce discours, qu'il soit sous-entendu dans les écrits et les paroles de l'Union des Organisation Islamiques de France (l'association des Frères Musulmans) ou explicitement exprimé dans les productions de groupes terroristes (l’État Islamique ou Al-Qaïda notamment) doit justement être combattu, et non pas validé par les responsables politiques dont fait encore partie Manuel Valls. L'ancien Premier Ministre montre ici une proximité idéologique de plus avec le Front National qui, rappelons-le, n'est que la seconde face d'une pièce commune avec les terroristes.

Quant à Edwy Plenel, soyons également très clairs : son positionnement individuel n'engage en rien son journal. Ce dernier est d'une qualité rarement égalée dans les dossiers qu'il construit (notamment Matthieu Suc, spécialiste de la question jihadiste, officiant à Médiapart). L'indépendance des journalistes est un bien précieux de notre démocratie, et c'est justement ce qui semble poser problème à Edwy Plenel, quoi qu'il en dise. Les faits sont là. Attaqué par une caricature de Charlie Hebdo en Une de son édition du 8 novembre, quelle fut la réponse du directeur de Médiapart ? Une victimisation indigne. Pour lui, cette Une participe d'une campagne lancée par l'extrême-droite contre les musulmans, et dans laquelle la rédaction de Charlie Hebdo s'engouffrerait presque avec une complaisance suspecte. On croit rêver ! Tout d'abord, chercher à discréditer un journal satirique en l'accusant de proximité avec l'extrême-droite au motif d'un dessin est grave. Ça l'est encore plus venant de la part d'un journaliste. On peut trouver la une de Charlie Hebdo mauvaise, nulle, pas drôle, etc. Mais lui nier son droit à la caricature en l'amalgamant à l'extrême-droite, c'est insupportable de malhonnêteté. Deuxièmement, et je demande ici l'aide du lecteur : en quoi une Une accusant Edwy Plenel d'avoir su et de s'être tu sur les agissements en privé de Tariq Ramadan ferait partie d'une sorte de croisade lancée contre les musulmans ? C'est là le nœud de l'affaire : le propos amalgamant. Qu'entend le directeur de Médiapart ? Que l'ensemble des musulmans seraient des prédateurs sexuels ? Que l'ensemble des musulmans partageraient les opinions islamistes du petit-fils du fondateur des Frères Musulmans ? A ces deux réponses, n'importe quelle personne censée répondra « Mais c'est faux, c'est n'importe quoi ». Pas Edwy Plenel, lui qui considérait encore que cette Une Charliesque était une seconde « Affiche Rouge », se comparant lui-même ainsi aux héros de la lutte contre l'occupant nazi.

Autant dire que les points de vue des deux personnages mentionnés ci-dessus, qu'il s'agisse de Manuel Valls ou d'Edwy Plenel, sont diamétralement opposés à ceux des tenants du camp républicain authentique. Les deux protagonistes de cette dispute se placent, et c'est probablement leur seul point commun, dans le camp du communautarisme, de son exacerbation ou de son utilisation. L'un pour communautariser une éventuelle élection partielle à laquelle il devrait se soumettre, l'autre pour se faire le chevalier blanc d'une communauté en particulier, qu'il analyse comme intrinsèquement dominée, exploitée et non-intégrée à la communauté nationale (cette dernière étant, je le rappelle, la seule valable et reconnue dans notre pays). En pratiquant tous les deux la posture amalgamante, les deux « débatteurs » ne rendent service ni aux musulmans, ni à la lutte contre l'islamisme politique, ni à la République. Ils participent tous les deux d'un travail de sape des fondements de cette dernière. S'en rendent-ils même compte ? Soyons bienveillants et disons que non …

Le genre de pensée scandaleuse que produit le P.I.R

Alors, à qui servent-ils la soupe ? À ceux qui, opérant un mélange des deux positions exprimées, dénoncent une prétendue « stigmatisation de l’État contre les musulmans » (comme si une politique d'apartheid était légale, orchestrée par les élus, etc... soyons sérieux) pour utiliser politiquement le communautarisme, le renforcer et en faire un outil de conquête des esprits. Le Parti des Indigènes de la République (PIR) est l'un de ceux-ci. Partisans d'une politique de ségrégation (qu'ils perçoivent comme souhaitable : il y a bien une « discrimination positive »!) basée sur une vision essentialiste des individus, ils sont de ceux qui se nourrissent d'un pseudo anti-racisme pour, de fait, prôner une vision raciste, racialiste et communautaire de la société. Vous êtes blanc ? Vous êtes vus par ces individus comme un exploiteur en puissance. Vous êtes musulmans et/ou une personne « racisée » (comprendre dans leur vocabulaire comme étant « de couleur ») ? Vous ne pouvez rien attendre de ce pays qui vous imposerait des mœurs qui ne sont pas les vôtres comme, tenez-vous bien, l'homosexualité, l'égalité femmes/hommes ou encore la laïcité. Aussi dangereux que cela puisse paraître (et complètement dénué de sens), ce discours trouve écho, au moins en partie, dans une partie de la gauche. Plus précisément à l'extrême-gauche. Considérant par essence les musulmans comme les nouveaux damnés de la Terre, une partie d'entre elle s'est accommodée pendant des années, jusqu'à la revendiquer, d'une proximité avec des organisations dont le fond politique est douteux. Alliée à l'UOIF dès 1989 et les premiers débats sur le voile à l'école, des courants d'extrême-gauche se sont retrouvés ensemble lorsqu'en 2004, a été votée la loi interdisant tous (j'ai bien dis tous) les signes religieux ostentatoires à l'école publique. Farouches opposants à cette loi ils s'opposent alors à une autre gauche, laïque et républicaine, groupée celle-ci autour de figures comme Jean-Luc Mélenchon ou du philosophe Henri Peña Ruiz (membre de la Commission Stasi), qui soutiennent cette loi au nom de la tradition républicaine française, issue de 1905. Ces deux écoles sont toujours présentes à gauche. Quand d'aucuns participent aux 10 ans de la fondation du PIR d'autres, comme le député Alexis Corbière, rappellent justement le rôle central de la laïcité, et donc de l’Égalité, dans la pacification des esprits. La République comme idéal, comme philosophie et comme objet émancipateur ne peut que mourir si elle est non-seulement attaquée frontalement mais surtout abandonnée à son sort par celles et ceux qui sont censés la défendre. Journalistes, politiques ou responsables associatifs ne peuvent participer à la montée des sentiments de séparation, de différenciation perpétuelle et d'exclusion. Participer à ce mouvement, c'est faire encourir un péril grave à la communauté nationale et à l'esprit républicain de notre pays. Les Valls, Plenel ou Bouteldja ont une place toute trouvée : un nouveau mur des con(munautariste)s !

Alexandre Emorine

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Loi de renseignement : souriez, vous êtes surveillés ! https://plaidoyer-republicain.fr/loi-de-renseignement-souriez-vous-etes-surveilles/ https://plaidoyer-republicain.fr/loi-de-renseignement-souriez-vous-etes-surveilles/#respond Fri, 10 Apr 2015 08:39:53 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=837 ...lire la suite ]]> 00FA000005774986-photo-touche-pas-a-mon-netLe projet de loi relatif au renseignement va être présenté aux parlementaires à partir du 13 avril prochain. Cette loi arrive, c'est en tout cas ce que nous disent les gouvernants, comme la réponse gouvernementale aux attentats du mois de janvier. Sans toujours préciser, bien entendu, que ce texte était « dans les cartons » depuis plusieurs mois. Le rapporteur de ce texte, le député PS Jean-Jacques Urvoas (l'un des fidèles de Manuel Valls, cela va sans dire), précise pour sa part que ce texte vise à « légaliser les activités de renseignement »… Rendre légale une pratique déjà courante donc. Et ce serait vu comme un progrès ! Commençons déjà par nous poser la question du bien-fondé d'actions illégales de la part des services de renseignement. Si même les tenants de la Loi se mettent à ne pas la respecter, c'est qu'il y a un gros problème. Le Premier Ministre, d'habitude si prompt à disserter sur l'ordre, le respect des lois et de la République, se trouve maintenant dans une position où il en vient à défendre des personnes qui, techniquement, contreviennent aux textes législatifs. Mais cette loi, que contient-elle ? Pourquoi arrive-t-elle à faire l'unanimité contre elle de la part des défenseurs des libertés fondamentales ? Allons faire un tour dans les fils, les micros, les boites noires et autres données de connexion pour apercevoir les énormes problèmes posés.

Manuel Valls et Bernard Cazeneuve font de cette loi leur cheval de bataille dans la lutte contre le terrorisme, a fortiori dans cette période post-7 janvier. Souhaitant aller au plus vite dans l'adoption de cette loi, le gouvernement a engagé, sur cette question, la « procédure accélérée ». À savoir que contrairement à la norme, une seule lecture par assemblée suffit pour pouvoir réunir la Commission Mixte Paritaire (regroupant 7 sénateurs et 7 députés). Et donc comme son nom l'indique, le vote de la loi est accéléré. Nous pouvons déjà nous interroger sur la rapidité du gouvernement sur ce texte. Si vraiment il ne s'agit que de légaliser des pratiques courantes, pourquoi se presser ? Ce qui paraît plus évident, c'est que le gouvernement, par l’accélération, veut empêcher toute opposition construite à ce texte. Qu'il veut museler tout débat et faire que les citoyens ne puissent pas se saisir de ce sujet pourtant central pour leur liberté.

Selon le projet de loi, les services de renseignement pourront infiltrer et surveiller ceux qu'ils perçoivent comme personnes « à risque » – terroristes potentiels donc – sur simple autorisation administrative, et non plus suite à une décision de justice. Les nouvelles technologies ne sont pas non-plus oubliées dans l'arsenal répressif du gouvernement. Grâce à ces autorisations administratives, il sera possible pour les agents d'installer à leur convenance micros ou caméras-espions partout où ils l'estiment nécessaire. Une véritable immersion dans les films d'espionnage des années 60, mais dans la vie réelle. Et comme si cela ne suffisait pas, ilssecure-keyloggers-hijackers pourront légalement capter et enregistrer en temps réel ce qui se tape sur un clavier d'ordinateur (grâce à des logiciels que l'on appelle Keyloggers). Tout ce qui se tape : de la recherche internet à la discussion privée sur les réseaux sociaux, incluant vos mots de passe, bien sûr. Le texte de loi autorise également l'emploi de petits appareils-espions, appelés « Imsi Catchers », capables de collecter sans distinction tous les flux téléphoniques (appels ou SMS) et internet dans un rayon de plusieurs centaines de mètres. Le gouvernement nous dit que seuls les flux concernant les suspects seront traités, grâce à un logiciel analytique basé sur des mots-clés, se basant sur l'adage populiste « si vous n'avez rien à vous reprocher, n'ayant crainte ». Une question simple peut tout de même se poser : que se passera-t-il pour une personne intéressée par la géopolitique et dont les recherches portent sur « Daesh », « radicalisation », « attentats », ou tout autre sujet en lien avec une entreprise terroriste ? Les capteurs de mots-clés se déclencheront, obligatoirement. Troisième exemple (mais pas le dernier que l'on peut trouver dans le texte de loi) et non des moindres : le souci des « boites-noires ». On ne parlera pas ici d'A320 mais d'un dispositif installé par les services de renseignement directement chez les fournisseurs d'accès, chez les hébergeurs de sites ou les navigateurs, et qui collectera vos « Méta-données ». Concrètement, les données collectées renseigneront sur les pages que vous consultez, sur ce que vous faites sur ces pages et la durée que vous passez dessus. Allant à l'encontre des textes de loi fondamentaux qui déclarent le droit à l'intimité, chacun pourra donc être surveillé sans même en avoir conscience une seule seconde. Et tout ceci sans possibilité de recours, puisque ces logiciels seront classés « secret défense » !

Le mode de fonctionnement des IMSI Catchers
Le mode de fonctionnement des IMSI Catchers

Un dernier exemple montrant que cette extension sera forcément préjudiciable pour toute personne se battant pour ses convictions : l'article L. 811-3. Celui-ci étend le champ des compétences des services de renseignement à la « prévention des violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique ». Plus seulement le terrorisme donc, mais tout ce qui pourrait aller contre la politique décidée par l'état. Les activistes de Greenpeace, lorsqu'ils font intrusion dans une centrale nucléaire pour dénoncer le manque de sécurité mettront-ils en danger la paix publique ? Il est probable que cela tombe sous le coup de cette loi, tant les intitulés sont (volontairement) vagues. Et cela n'annonce rien de bon. Ce qui nous amène à un autre point : les gardes-fous prévus par le projet de loi.

Celui-ci impose la création d'une Commission Nationale de Contrôle des Techniques de Renseignement (CNCTR). Le Premier Ministre, qui chapeaute toutes ces opérations, aura la capacité de la consulter pour avis. Mais ne sera en aucun cas obligé de suivre ses recommandations, celle-ci n'ayant aucun caractère contraignant. De plus, comment pourra-t-elle analyser l’algorithme utilisé pour le traitement des analyses ? Composée pour une large part de parlementaires, il serait étonnant de la voir vérifier les lignes de codes et les modèles mathématiques mis en œuvre.

Ceci n'est qu'une petite partie de ce qui est scandaleux dans cette loi. La Quadrature du Net en a fait une analyse poussée en montrant les tenants et les aboutissants liberticides de cette loi. Vous trouverez le lien ici. Il est important qu'avant le 13 avril les citoyens soient le plus nombreux possibles à être informés sur ces dispositions. Et surtout que le combat continue, même après l'adoption (prévisible) de la loi par le parlement. Ces dispositions prévues par le projet du gouvernement résument un état d'esprit qui n'est vraiment pas « Charlie » ou « 11-janvier ». L'association Human Right Watch donne d'ailleurs le meilleur résumé de l'esprit de ces dispositifs :

« Les gouvernements les plus répressifs pourront remercier la France, qui créée un précédent juridique en forçant les plus grandes entreprises de l'Internet à contrôler non seulement les indices de “terrorisme”, mais aussi les indices d'une dissidence tout juste naissante, ou même d'une pensée indépendante ».

Interpellez vos députés en vous connectant ici : http://sous-surveillance.fr/#/ . Le projet ne peut pas passer en l'état. Si tout le monde admet qu'il faut des moyens de surveillance face à la menace terroriste, personne ne peut accepter la surveillance de masse de la population. Il en va du respect des libertés fondamentales, et c'est ce pourquoi nous nous battons.

Alexandre Emorine

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La nausée https://plaidoyer-republicain.fr/la-nausee/ https://plaidoyer-republicain.fr/la-nausee/#comments Thu, 28 Aug 2014 07:43:54 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=626 ...lire la suite ]]> vomiLa mascarade gouvernementale est enfin terminée. Nous connaissons la composition du nouveau gouvernement Valls II. La gauche a comme un poids sur l’estomac depuis maintenant deux ans. Les résultats des municipales et des européennes n’auront pas eu raison de l’analyse tronquée que fait le gouvernement de la situation. Cette indigestion se transforme de façon fulgurante en une incommensurable envie de vomir. Le haut-le-cœur est la mesure de l’immense colère froide qui saisit le pays.

Nous demandions déjà la démission de Manuel Valls au moment de l’affaire Léonarda. Mais à l’heure actuelle, nous ne regrettons qu’une chose : ne pas avoir la possibilité d’exiger un référendum révocatoire contre Hollande et toute sa clique. Jean-Luc Mélenchon a parlé des résultats des européennes et du taux d’abstention comme d’une insurrection dans le pays. Prenons-en la mesure. Si ce constat n’est pas à la base de notre analyse, et que nous continuons à avoir peur du peuple, nous serons balayés comme les autres. Notons quand même que le Parti au pouvoir est ultra-minoritaire mais qu’il continue de faire ce que bon lui semble : défendre les intérêts de la finance, un point c’est tout ! Outre le fait que les poids lourds droitiers comme François Rebsamen demeurent au gouvernement, des signaux extrêmement forts ont été envoyés aux français. En premier lieu, la nomination d’Emmanuel Macron au ministère de l’économie et de l’industrie est le scandale le plus révélateur de la pensée politique profonde d’Hollande et de Valls. Portrait court et sans appel du parcours de ce financier. Début 2012, il est nommé gérant et pilote l'une des plus grosses négociations de l'année (le rachat par Nestlé d'une filiale de Pzifer). Cette transaction évaluée à plus de 9 milliards d'euros lui permet de devenir millionnaire. Voilà, les choses sont claires maintenant ? En d’autres termes, chers concitoyens, si vous aviez encore une once d’espoir d’avoir une mesure de gauche venant de ce gouvernement, vous voilà douchés, et à l’eau froide ! J’écoutais notre cher Premier Ministre parler de Monsieur Macron au journal de France 2 et soudain, une colère nauséeuse m’a saisi. Il déclare sans sourciller que ce professionnel du bidouillage financier et banquier chez Rothschild, « est un homme engagé à Gauche ».

C’est une insulte immense envoyée à toutes les femmes et les hommes qui se déclarent vraiment de gauche dans ce pays. A tel point que la honte et la pitié s’abat sur eux lorsque l’on entend de tels propos. Notre Gauche, c’est celle de Robespierre, de Saint Just, de Jaurès, entre autres exemples. Pas celle de Condorcet, de Ferry, et tous ces libéraux qui se drapent des couleurs du camp des exploités. Sans vouloir donner des brevets de gauche, il nous faut affirmer haut et fort que nous n’avons rien en commun avec ce gouvernement.

 Nous voici arrivés à la croisée des chemins. Le Parti Socialiste est définitivement mort ce soir ! Il suit de façon cristalline la même mutation que le PASOK en Grèce. Nous, citoyens de gauche, avons une immense responsabilité dans l’avenir du pays. L’UMP est cuite, et le PS a signé son acte de décès. Il est clair qu’à quelques jours des universités du PS de la Rochelle, cela va sévèrement tanguer. Je fais le pari que des pans entiers du PS vont quitter ce radeau de la méduse. Peut-être pas dans les semaines qui viennent, mais au moins après les élections territoriales qui vont finir d’achever les potentats locaux. La gestion des élus – ou plutôt des barons – socialistes, c’est fini !

 L’idée de République joue sa peau dans cette affaire. Nous sommes très inquiets de la situation mais nous n’allons pas baisser les bras ! L’idée de mettre en mouvement le peuple autour de l’idée qu’il faille changer la règle du jeu peut apparaître comme abstraite aux yeux de nombreux militants. Mais il faut que nous nous dotions des outils qui permettent au peuple d’exercer sa souveraineté. Parce que oui, la question de la souveraineté populaire est au cœur de tout changement populaire et révolutionnaire. L’implication de la masse des citoyens est par essence révolutionnaire. Et tant que nous y sommes, la rédaction du Plaidoyer Républicain remet sur la table une proposition qui a été faite il y a déjà quelques6eme République mois. Lorsque des élus sont pris les mains dans le sac dans les magouilles, n’ayons pas la main qui tremble en exigeant l’inéligibilité pendant au moins quinze ans. Comme l’avions déjà dit, la 6ème République que nous appelons de nos vœux doit être sous contrôle citoyen ou il n’y aura plus de perspectives républicaines lorsque la nuit s’abattra sur la Patrie.

Arnaud Guvenatam

 

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Docteur Merkel et Mister Valls https://plaidoyer-republicain.fr/docteur-merkel-et-mister-valls/ https://plaidoyer-republicain.fr/docteur-merkel-et-mister-valls/#respond Wed, 09 Apr 2014 16:51:14 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=476 ...lire la suite ]]> Mardi 8 avril avait lieu la déclaration de politique générale de Manuel Valls, tout fraîchement nommé Premier Ministre. Bien entendu, les citoyens et militants de gauche sincères n'attendaient rien de ce remaniement. Le fait de nommer l'ancien Ministre de l'Intérieur comme chef du gouvernement vaut tous les discours du monde. Pour certains, il acte un virage social-libéral de François Hollande. Pour nous, pas de virage : juste une longue, une très longue ligne droite. Avec un grand mur au bout ! Revenons sur les mots de Manuel Bon, rien de nouveau sous le soleil, il applique la feuille de route tracée par Hollande. Moins 7770904698_francois-rebsamen-et-manuel-valls-le-16-octobre-2012d'État, moins d'État, moins d'État. Avec lui, le patronat a été servi ! Il a pour lui des serviteurs zélés, comme François Rebsamen qui, en sa qualité de ministre de l'emploi, demande lui même à se que baissent les dotations de son ministère. L’auto-flagellation comme mode de gouvernement, voilà une chose bien nouvelle !

Les cotisations sociales

Terminées, au 1er janvier 2015, les cotisations patronales à l'URSSAF pour chaque emploi au niveau du Smic. Je vous laisse imaginer le gain pour les entreprises comme McDonald’s, qui n'emploient qu'au niveau du Smic ! Les cotisations patronales pour la branche famille vont, elles, diminuer de 1,8 point. Le Medef l'a rêvé, le tandem Hollande/Valls le fait ! Au total, les coupes réalisées par l'état se répartissent comme suit pour la période 2015-2017 :

cotisations

Bien entendu, le rouleau compresseur médiatique bat son plein sur ces mesures. Présentées comme une mesure en faveur du pouvoir d'achat des salariés (on se pince pour ne pas rire – ou pleurer), elles ne sont qu'une vaste arnaque. Qui peut décemment croire que les entreprises sont en phase avec la notion même de vie commune et de bien-être ? Les entreprises sont là pour faire des profits, pas autre chose. Il est donc suicidaire de faire croire, à l'image du gouvernement, que toute baisse de cotisation patronale sera immédiatement répercutée sur le porte-monnaie des salariés. Les observateurs parlent d'un gain de 500 euros par an pour un salarié payé au Smic. Soyons clairs : personne n'en verra la couleur. Pour faire passer la pilule plus facilement, il est probable que les entreprises augmentent de 100 euros par an le salaire net. Mais les 4/5 des cotisations supprimées iront dans la trésorerie, n'en doutons pas ! Plus grave que ça, et c'est sur ce point que nous avons tous, militants de gauche, un grand travail à faire : augmenter le salaire suite à la baisse des cotisations, c'est perdre de l'argent. Je ne suis pas fiscaliste, je vais donc faire relativement court pour expliquer cela : la différence entre le salaire brut et le salaire net, ce sont les cotisations. C'est une part du salaire, différée, qui permet à tout un chacun de jouir d'un niveau d'assurance lui permettant de (sur)vivre. Financer le chômage, l'assurance maladie, les caisses de retraite, voilà l'objectif attribué aux cotisations. Elles sont en quelque sorte un salaire mutualisé, mis dans un pot commun, et redistribué selon les besoins. L'argent existe, partout. Il est inutile, anormal et scandaleux de s'en prendre encore une fois à l'argent des salariés. Ce seront, in fine, eux qui vont payer l'addition ! Mais là malheureusement, rien de neuf sous le soleil, nous tirons la sonnette d'alarme depuis des années là-dessus.

 

Le « mille-feuille administratif » ?

 Une fois n'est pas coutume, l'aspect sur lequel je vais réagir maintenant est l'acte III de la décentralisation. Hollande en parlait dès janvier, et le gouvernement commence à le décliner concrètement. Et déjà dans le vocabulaire utilisé, le gouvernement prouve une fois mille-feuilles-2de plus qu'il n'est pas de gauche. Parler de « mille-feuille administratif » pour les branches de l'État, celles qui se trouvent au plus près des citoyens et de leurs préoccupations, c'est mener une politique totalement coupée des aspirations populaires. C'est partir du principe que l'État est par définition mauvais. C'est s'engager sur la voie sans issue de l'éternel éloignement des citoyens et de leur bien commun : la République et ses institutions.

Il en est de même pour l'objectif annoncé (et ne doutons pas que la majorité des parlementaires godillots socialistes applaudiront des deux mains) de la suppression des Conseils Généraux, purement et simplement, à l'horizon 2021. Tout était déjà dans le livre de Manuel Valls, Pouvoir, écrit en 2010, ou il prônait la disparition de cette entité si profondément républicaine qu'est le département … à peine deux ans après que son parti se soit insurgé contre la même proposition de Nicolas Sarkozy et Édouard Balladur ! Si l'on met en parallèle cette proposition avec celle de diviser par deux le nombre de régions, on en arrive à un constat clair et sans appel. La germanisation de la République Française. Les länders arrivent, et on les annonce pour, tenez vous bien, le 1er janvier 2017 dernier délai ! Cela pourra même se faire dès l'an prochain par le Premier Ministre, par la contrainte, si des régions ne fusionnent pas volontairement. Au moment d'écrire ces lignes, un sentiment bizarre m'anime, oscillant entre la peur et la répulsion. Peur de cet inconnu que l'on voit profondément mauvais. Répulsion devant les agissements du roi et de ses courtisans qui n'ont à aucun moment l'intérêt général comme vision d'avenir.

Pour Hollande, nommer Valls et le choisir pour mener le pays, c'est donc avoir voulu, en âme et conscience, démanteler la patrie républicaine. Et au profit de qui ? De l'Union Européenne et de ses institutions libérales qui, dans quelques années, traiteront directement avec les super-régions de ce qu'est encore aujourd'hui la France. Sans État central puissant et structuré, il ne sera plus possible de lutter efficacement contre le GMT, la libéralisation des services publics (seront-ils eux aussi régionalisés ? N'en doutons pas, les Agences Régionales de Santé le montrent déjà) ou pour la planification écologique qui ne peut se penser qu'à une échelle globale, au moins étatique.

 Deux moments se dessinent immédiatement devant nous pour montrer non plus un mécontentement, mais une résistance face à l'UE, à Hollande et à son gouvernement. Le 12 avril, par la longue marche dans les rues parisiennes du peuple de gauche qui n'en peut 6eme Républiqueplus d'être constamment la victime des politiques du PS. Les élections européennes ensuite, où notre programme « Rompre et refonder l'Europe » marque le retour de la souveraineté comme marqueur et de l'intérêt général comme objectif. La 6ème République ne pourra se construire que sur les décombres de la Vème. Or, par ses prises de position, Hollande (ou Valls, c'est au choix) ne nous facilite pas la tâche. Le fédéralisme est un cancer en république, et nous devons lutter toujours plus pour garder un cap stratégique clair : unité de la République, puis destruction de la Vème, et enfin construction de la 6ème. La France en a bien besoin !

Alexandre Emorine

 

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Européennes : boulevard ou chemin de croix ? https://plaidoyer-republicain.fr/europeennes-boulevard-ou-chemin-de-croix/ https://plaidoyer-republicain.fr/europeennes-boulevard-ou-chemin-de-croix/#respond Tue, 08 Apr 2014 08:39:26 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=461 ...lire la suite ]]> THE BIG BANG THEORYBien, récapitulons. Les élections municipales ont été quelques peu étonnantes. Même s’il est vrai qu’un pouvoir en place est souvent sanctionné à mi-mandat, il faut avouer que la gifle est sévère. Le Parti Socialiste a subi une défaite immense : 115 villes de plus de 9000 habitants ont été perdues. La Gauche Radicale s’en est à peu près tirée mais des pertes importantes sont à noter. Dans la ceinture rouge, la volonté du Parti Socialiste de se tailler la part du gâteau sur le dos du Front de Gauche a été destructrice. Malgré tout, Claude Bartolone n’est pas arrivé à son objectif de mettre à genoux les communistes comme il aurait tant espéré le réaliser. L’UMP a gagné beaucoup de villes, et le FN arrive à presque 1500 élus municipaux en glanant 11 villes. Jusque là, il ne s’agit que d’une présentation factuelle et peu développée du résultat des élections municipales. A ce stade, et au regard de ce que le gouvernement a fait depuis 22 mois, il n’est pas illogique de penser à un vote sanction.

Mais il faut se poser la question de qui sanctionne le gouvernement. Clairement, la droite et l’extrême-droite. Bien que l’abstention ait été forte pour ce scrutin (un record pour des municipales), la droite et l’extrême-droite ont su suffisamment mobiliser pour réaliser des scores importants. Mais il y a également eu un vote sanction de la part du Peuple de Gauche. Sous une forme essentielle : l’abstention. Si le Front de Gauche ou EELV avaient été le lieu d’accueil de la déception de gauche, le nombre de villes gagnées et le pourcentage net en voix n’auraient pas été aussi faibles. Quoi qu’il en soit, tout le monde comprend qu’à gauche, on n’a pas trop la pêche. Ce signal envoyé au gouvernement devait amener une réponse forte et rapide. Elle a eu lieu.

Ce 31 mars, François Hollande a parlé à la Nation. 8 longues et interminables minutes de palabres. Ce n’était qu’une confirmation de la politique à venir jusqu’en 2017. Pacte de responsabilité et cadeaux au patronat d’une part, avec les coupes budgétaires qui y seront associées (50 milliards d’euros). D’autre part, un pacte de solidarité, où la mesure la plus forte sera… Ah oui, il ne l’a pas dit. Au menu également, la réorganisation du pays. Ne soyez pas naïfs, sans langue de bois, cela veut dire : « Nous allons poursuivre l’acte III de la décentralisation ». Peu à peu, on sent poindre son tropisme fédéraliste. C’est une violente attaque contre l’unité de la République puisque la seule façon de fédéraliser le pays sera de mettre les territoires en concurrence à l’aide de pôles de compétitivité. Liberté, Égalité, Fraternité, pour la devise républicaine, on repassera. Et puis, il y a l’autre effet Kiss Cool. Quelle équipe pour mettre cette politique en place ?

Clairement, la politique qui va se poursuivre va s’ancrer dans les solutions néo-libérales. L’exécutant était donc tout trouvé. Manuel Valls comme premier ministre ne doit surprendre que les plus naïfs d’entre nous. C’est un formidable pont qui est bâti pour faire le lien entre les « socialistes » et les centristes. D’un point de vue idéologique, le Président de la République a choisi. Le socialisme au PS c’est terminé. S’il veut garder le pouvoir, il ne peut plus le faire sur des thèmes de gauche. Le Peuple de Gauche ne pourra plus le suivre dans ses aventures libérales et François Hollande le sait. Son analyse est relativement fine puisqu’il se dit la chose suivante, enfin nous l’imaginons. « Ouvrons des alliances au centre pour isoler ce qui reste de la droite républicaine. L’étau se resserre sur ce petit noyau à droite. Le FN, quant à lui, est en train de prendre le leadership à droite. Cela sera une formidable occasion en 2017 de se retrouver au second tour, soit contre une UMP totalement isolée dans le champ politique, soit un FN suffisamment puissant (mais pas trop) m’assurant ainsi la victoire au second tour ».

fusibleLa nomination de Manuel Valls est caractéristique de l’utilité qui est faite de sa fonction sous la Vème République : un fusible. Il apparaît clairement que Mr. Valls aura les pires difficultés à tenir la barre à la sortie de l’élection européenne si elle est dévastatrice pour le PS. Il n’y a que peu d’illusions à se faire à la sortie de cette élection. Maintenant, quelles sont les forces en présence ?

Le Front National arrivera sans surprise en tête des européennes. Nous le regrettons mais il faut regarder les choses en face. Pour l’UMP, elle a des raisons d’espérer. Ce n’est pas parce que le Président de la République a nommé un homme de droite comme Premier Ministre que les électeurs de l’UMP voteront PS. Comme souvent, mieux vaut l’original à la copie. Maintenant quel sera le rapport de force à l’issue de ces élections à Gauche ? Cyniquement, cela jouera avec les scores comparés du PS, d’EELV et du Front de Gauche. Le PS sera sans surprise sanctionné. Peut-être atteindra-t-il les 16% comme en 2009, score que l’on peut attribuer au véritable électorat fidèle au PS. Cela illustre une chose : le PS n’est plus majoritaire à Gauche. Pour autant, cela se traduirait-t-il par une réalité politique ? Rien n’est moins sur. EELV a récemment quitté ce radeau de la méduse gouvernemental. Il pourrait bien y avoir des signes d’adhésion à cette stratégie. De plus, il ne faut pas oublier qu’EELV a fait quasiment jeu égal avec le PS aux européennes de 2009.

jackieQuand au Front de Gauche… Je crois qu’il faut avoir un propos de vérité. Les élections municipales ont donné une image désastreuse de l’alliance de la Gauche Radicale. Nous sommes le 7 avril, et personne ne connaît encore la constitution des listes. La campagne n’est pas lancée à 7 semaines du premier tour. Ces derniers jours ont été encore le moment de tensions extrêmes entre le Parti de Gauche et le Parti Communiste Français. Le Front de Gauche sort ses muscles mais finalement, il n’est pas improbable qu’il arrive derrière EELV. Les divisions, les partages de postes et les tensions qui en découlent ne sont pas à hauteur des enjeux que l’on était sensé se fixer. Dans ces conditions, il est illusoire de penser que nous arrivions en tête de la Gauche. Les dirigeants du Parti de Gauche ont l’air d’en avoir conscience et cherchent donc d’autres moyens pour arriver en tête de la Gauche. L’exemple grenoblois est symptomatique de cette nouvelle recherche. La liste conduite par Eric Piolle (EELV) et soutenue par le Parti de Gauche a mis une grosse déculottée à Jérôme Safar (PS). Certes, l’exemple est frappant, mais il est curieux de penser que ce seul exemple soit suffisamment fort pour ouvrir des alliances à tout va avec les Verts. Penser que le Front de Gauche, ou même le Parti de Gauche seul, soit en mesure de s’allier avec les Verts est une illusion. Premièrement car cela serait perçu comme de l’opportunisme et de l’électoralisme pur sucre. Ce serait le meilleur moyen de brouiller le message sur la façon nouvelle dont nous voulons gouverner. Et secondement, programmatiquement, les choses se gâtent encore plus. Les Verts ont voté pour les traités européens, ils sont dans des autres groupes européens que les nôtres, ils sont régionalistes, et surtout, ils ne veulent pas entendre parler de nous. Nous sommes considérés comme des gauchistes et notre programme reprendrait les vieilles lunes productivistes de l’ancien temps…

branléeC’est un signal d’alarme qu’il faut tirer ! Le Front de Gauche est très mal parti pour les européennes. Manque de crédibilité, alliances municipales au petit bonheur la chance, propos contradictoires entre les responsables nationaux du Front de Gauche. Ce qui devait être notre boulevard électoral prend des airs de chemin de croix à 7 semaines du scrutin. Nous ne portons absolument pas au débat public la question de l’Euro, ni la nécessité de casser le Grand Marché Transatlantique (GMT) et encore moins les stratégies de désobéissance européenne. Pour l’heure, nous disons à qui veut l’entendre que nous sommes « l’opposition de Gauche ». C’est très bien, mais après ? Entendre dire que l’élection européenne sera le moment de châtier le gouvernement me rend triste. La leçon n’a visiblement pas été tirée des municipales. Les gens de Gauche restent à la maison pour les scrutins. Ils n’y reviendront que nous sommes en capacité de porter un projet qui soit compris par le grand nombre. Les débats sur les têtes de liste, je crois que ça en fait bouger une sans toucher l’autre aux citoyens. Et pendant ce temps-là, le FN est tranquille. Il peut continuer à s’affirmer comme étant la seule alternative au libéralisme et à cette Europe austéritaire. Alors camarades, lançons ces européennes sur quelques thèmes forts, avec pédagogie. Sinon, l’espoir de retrouver la dynamique de la présidentielle risquerait d’être vain. C’est le bon moment pour parler de souveraineté, de désobéissance, de l’Euro et surtout de la refonte de nos institutions. La 6ème République serait un formidable thème à mettre en avant pour contrer les logiques politiques et économiques de la Commission Européenne. Nous avons 2 mois pour convaincre !

Arnaud Guvenatam

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Valls, dégage ! https://plaidoyer-republicain.fr/valls-degage/ https://plaidoyer-republicain.fr/valls-degage/#comments Thu, 17 Oct 2013 17:41:06 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=157 ...lire la suite ]]> Valls SarkozyL'expulsion de Leonarda, jeune kosovare de 15 ans, lors d'une sortie scolaire dans le Doubs est non seulement choquante, elle est également intolérable. Elle jette un voile honteux sur notre République. Parlons d'abord de l'aspect moral de l'affaire, avant de parler de ses aspects juridiques. Nous sommes censés avoir un gouvernement de gauche. Qui doit donc, c'est ce qu'il avait promis à ses électeurs, engager une rupture avec l'ordre sarkozyste et antirépublicain d'avant 2012. Sur le plan de la sécurité comme sur le plan économique, il n'en est rien.

Manuel Valls récidive : après ses déclarations sur les Rroms ( ici ), voici que les actes suivent le discours. Déclarant avoir agit avec « fermeté », il a en fait poussé toute son administration à la culture du chiffre. Ce qui est dans la droite ligne de la politique engagée place Beauvau depuis 2002. La défense de Manuel Valls est simpliste, reprise par tous les défenseurs du Ministre. « Il ne savait pas », « c'est de la faute du préfet », voilà les refrains entonnés par cette droite qui ne dit pas son nom. Un autre son de cloche vient éclaircir la situation. Il provient d'un homme de terrain, très au fait de ce qu'il s'est passé lors de l'interpellation. Pour Eric Alauzet, député EELV du Doubs, il est « difficile de mettre en cause le préfet », puisque celui-ci n'était pas au courant de la sortie scolaire et de la situation de Leonarda. Même le Président du Conseil Général du Doubs soutient le préfet contre ceux qui cherchent à l'attaquer ! Pour nous, il n'est qu'un seul responsable, et ce même s'il était avéré que le préfet a fait preuve de zèle ou « d'inhumanité ». C'est son supérieur hiérarchique, à savoir le Ministre de l'Intérieur.

Que ce soit directement où indirectement (par la politique du chiffre, la course à l'expulsion et à la fermeté), Manuel Valls est le principal coupable, je dis bien coupable, de la situation intenable de l'adolescente et de sa famille.

Petit point géopolitique, très simple mais pourtant totalement ignoré. Beaucoup de voix s'élèvent pour dire que « renvoyer au Kosovo, ce n'est pas renvoyer en Afghanistan, c'est différent ». En effet, plusieurs milliers de kilomètres séparent ces deux destinations... Voilà la différence, et la seule. Politiquement parlant, la situation dans les Balkans est instable, surtout depuis la déclaration d'indépendance du Kosovo en 2008. Cette indépendance, non-reconnue par la Serbie qui souhaite l'indivisibilité de son territoire pose problème aux populations locales. La voix des armes n'est plus pour l'instant, c'est un fait. Mais rien ne garantit qu'elle ne refasse pas son apparition. La communauté serbe du Kosovo, victime de brimades récurrentes de la part de la population albanaise, tend à se radicaliser. Face à cela, les albanais font de même. Les tensions montent dans ce « pays », qui est toujours un baril de poudre en Europe malgré la cécité médiatique. Le deuxième danger pour Leonarda et sa famille vient également de son appartenance à la communauté Rrom. Et oui, les Rroms ne sont pas simplement Bulgares ou Roumains ! Peuple nomade, ils peuvent être de n'importe quelle nationalité … Même française, n'en déplaise au FN où à son ministre Valls. Comme dans beaucoup de pays, le Kosovo pratique une discrimination énorme vis à vis des Rroms sur son territoire. Tout comme les Serbes, les Rroms sont victimes d'une politique ethnique humainement scandaleuse.

Passons maintenant au volet judiciaire. Je ne suis pas un spécialiste comme mon ami Jean-Maxime Schopy. Mais je regarde un petit peu partout, pour trouver les tenants et les aboutissants de l'affaire. Et si la loi française n'a pas été modifiée depuis l'ère Sarkozy (encore un exemple de renoncement politique du gouvernement), l'article 3 de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant précise quand à lui que « Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit être une considération primordiale ». Où est l'intérêt de l'enfant à le renvoyer dans un pays en tension ? Où est l'intérêt à la couper de tout son réseau de socialisation ?

Pour terminer cet article rédigé sous le coup de la colère, celle d'un citoyen républicain, donc attaché à la gauche, à ses valeurs et à sa vertu, je vous engage toutes et tous à réclamer la démission de Manuel Valls. Plusieurs organismes la réclament déjà, comme le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Nous nous associons à cette démarche. Un ministre de la République, surtout s'il se dit de gauche (même ce terme ne lui convient pas du tout), ne peut bafouer une humanité qui doit nous lier tous. Exigeons le retour immédiat de Leonarda et de sa famille qui, pour contrer encore une fois M. Valls, étaient parfaitement intégrées notamment du fait de la scolarisation de leur fille.

Manuel Valls récidive dans sa politique antirépublicaine, il doit être sanctionné. Ce serait agir avec « fermeté ».

Alexandre Emorine

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