Hollande – Plaidoyer Républicain https://plaidoyer-republicain.fr Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.3 56743480 Grèce : des lendemains qui déchantent https://plaidoyer-republicain.fr/grece-des-lendemains-qui-dechantent/ https://plaidoyer-republicain.fr/grece-des-lendemains-qui-dechantent/#comments Sat, 18 Jul 2015 14:51:12 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=905 ...lire la suite ]]>  done dealJe tiens à revenir sur l’accord qui a été signé par Alexis Tsipras lors du sommet européen du 12 juillet dernier. Enormément de choses ont été dites sur le cas de la Grèce. Privatisations, capitulation, plan de rééchelonnement ou de restructuration de la dette, et j’en passe. Finalement, et avec un peu de recul, il apparait de façon certaine que la discussion autour de cet accord a été menée de telle sorte que l’on évacue l’aspect politique de l’accord. L’économie et ses lois naturelles auraient eu raison du Premier Ministre Grec au moment d’apposer sa signature à l’accord. D’autres ont parlé de pistolet sur la tempe, ou ont qualifié Hollande de personne ayant « offert la corde au pendu ». Mais au final, que dit ce protocole d’accord (ou dans la version anglaise, « Memorandum of Understanding », ou "MoU") ? C’est ce que cet article s’attachera à décortiquer, citations à l’appui.

 

Le pack du 15 juillet.

Le gouvernement Tsipras a perdu sa majorité et a fait voter le texte dans la douleur avec l’appui de la droite et des libéraux de tous bords. L’accord prévoyait plusieurs choses telles que :

  • « une rationalisation du régime de TVA et un élargissement de l'assiette fiscale afin d'accroître les recettes».

En d’autres termes, une augmentation de la TVA, et une hausse des impôts. Ce qui a été le cas lors du vote du parlement. Rien n’est précisé sur le mode de changement de l’assiette fiscale. D’ici à ce que les grecs les plus fortunés soient mis à contribution, cela n’engage que ceux qui y croient.

  • « des mesures directes pour améliorer la viabilité à long terme du système des retraites dans le cadre d'un programme global de réforme des retraites». Comprenez, une augmentation de la durée de cotisation pour toucher sa retraite.

C’est avec ce même jargon qu’on nous a fait avaler la retraite à 63 ans avec 43 ans de cotisations, au motif qu’il manquait 5 milliards d’euros dans les caisses chaque année. Rappelons simplement que la fraude fiscale des plus fortunés s’élève chaque année à 80 milliards d’euros. Et cerise sur le gâteau :

  • « la pleine mise en œuvre des dispositions pertinentes du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire, notamment en rendant opérationnel le conseil budgétaire avant la finalisation du protocole d'accord et en introduisant des réductions quasi automatiques des dépenses en cas de dérapages par rapport à des objectifs ambitieux d'excédents primaires, après avoir sollicité l'avis du conseil budgétaire et sous réserve de l'accord préalable des institutions ».

Lorsqu’un état est en excédent primaire, nous pouvons résumer le fait que les recettes fiscales engrangées par la levée de l’impôt représentent un capital supérieur aux dépenses nettes de l’état. Si par malheur la situation venait à changer, des réductions de dépenses de l’état seraient automatiquement effectuées. Sauf qu’un « conseil budgétaire» aurait des pouvoirs de conseil sur le montant des dépenses à rogner. La question sous-jacente est belle bien de savoir qui se cache derrière ce fameux conseil budgétaire…

Toutes ces dispositions, mais disons-le tout net, ces injonctions, ont été avalisées lors du vote du 15 juillet au parlement grec. Mais ce n’est pas tout. Il y a le deuxième effet Kiss Cool lors du vote qui aura lieu le 22 juillet. Qu’exigent donc les Institutions européennes de ce vote ? Des mesures telles que :

  • « l'adoption du code de procédure civile, qui représente une refonte en profondeur des procédures et modalités propres au système de justice civile et peut accélérer considérablement les procédures judiciaires et réduire les coûts dans ce domaine».

Là, les Institutions jugent nécessaire de se pencher sur le système judiciaire grec qu’il considère comme trop coûteux. L’argument se veut être justifié par des considérations économiques, mais elles ne sont que politiques. La perpétuelle réduction des coûts est l’antienne des néo-libéraux de tout poil depuis plus de trente ans. Cela n’est une fois de plus que la volonté de mettre en œuvre un état minimal.

  • « la transposition de la directive relative au redressement des banques et à la résolution de leurs défaillances, avec le soutien de la Commission européenne».

Là encore, il s’agit de garantir le sacrosaint sauvetage du système financier et bancaire. Et bien évidemment, cela sera piloté par la Commission elle-même. Pour sauver des banques, il y a du monde. Mais dès lors qu’il s’agit de s’occuper d’une situation sociale explosive, cette une autre paire de manches que je détaillerai après. Que tout le monde comprenne bien ce qui est en jeu. Pour le moment, il n’a pas encore été question de parler de quelque aide que ce soit à ce stade. Et l’accord est clair sur ce point.

L’étau se resserre.

Je cite :

« Ce n'est qu'après - et immédiatement après - que les premières mesures susmentionnées auront fait l'objet d'une mise en œuvre au plan juridique et que le Parlement grec aura approuvé tous les engagements figurant dans le présent document, avec vérification par les institutions et l'Eurogroupe, qu'une décision pourra être prise donnant mandat aux institutions de négocier un protocole d'accord ».

Pour parler dans un langage compréhensible, il s’agissait seulement d’un pré-accord, visant à mettre en place la politique pourrie des institutions avant seulement de commencer à discuter d’un plan d’aide. A ce stade, nous pourrions penser que les mesures à mettre en œuvre sont suffisamment précises, mais il n’en est rien.

« Le gouvernement grec doit s'engager formellement à renforcer ses propositions dans un certain nombre de domaines recensés par les institutions […] afin de donner une idée claire de l'orientation des politiques à moyen terme. Il doit notamment, en accord avec les institutions :

  • « adopter des réformes plus ambitieuses du marché des produits assorties d'un calendrier précis de mise en œuvre de toutes les recommandations du volume I du manuel de l'OCDE pour l'évaluation de la concurrence, y compris dans les domaines suivants: ouverture des magasins le dimanche, périodes de soldes, propriété des pharmacies, lait et boulangeries, à l'exception des produits pharmaceutiques vendus sans ordonnance qui feront l'objet d'une mise en œuvre à un stade ultérieur, ainsi qu'en ce qui concerne l'ouverture de professions fermées essentielles au niveau macro-économique (par exemple, les transports par ferry)».

Pour résumer, il s’agit purement et simplement de libéraliser tous les compartiments de la société. Et dire que l’on trouvait que la loi Macron était un bain de sang pour la société française. Voici sous nos yeux une version encore pire de ces délires politiques libéraux. Bien évidemment, ce n’est que le début des réformes à mettre en place.

  • « en ce qui concerne les marchés de l'énergie, procéder à la privatisation de l'opérateur du réseau de distribution d'électricité (ADMIE), à moins que l'on puisse trouver des mesures de remplacement ayant un effet équivalent sur la concurrence, comme convenu par les institutions».

Ici, c’est la privatisation pure et simple du secteur de l’énergie qui est en jeu. Mais en cas d’autres solutions, la conséquence doit être la même qu’une privatisation : la concurrence libre et non faussée, et la loi toute puissante du marché. Pas étonnant que le ministre grec de l’Energie ait été évincé suite au remaniement gouvernemental !

  • « en ce qui concerne le marché du travail, entreprendre un réexamen rigoureux et une modernisation des négociations collectives, de l'action syndicale et, conformément à la directive pertinente de l'UE et aux bonnes pratiques, des procédures de licenciement collectif selon le calendrier et l'approche convenus avec les institutions».

Dans cette section, il s’agit ici de faire sauter les verrous existants sur l’organisation de la société et du travail, et de dynamiter l’action syndicale, précieuse dans la défense des travailleurs.

Quant au secteur financier, les demandes des institutions européennes se font plus claires encore :

  • « adopter les mesures nécessaires pour renforcer le secteur financier, y compris des mesures radicales concernant les prêts non performants et des mesures visant à renforcer la gouvernance du Fonds hellénique de stabilité financière (HFSF) et des banques, en particulier en éliminant toute possibilité d'interférence politique, notamment dans les processus de nomination».

Diminution du crédit et indépendance totale du Fonds. Autrement dit, c’est l’avènement d’une deuxième banque centrale européenne (BCE) à l’intérieur même de la structure étatique grecque… Que de réjouissances en perspective.

 

L’Eurodictature !

Passons maintenant au côté encore plus dictatorial et antidémocratique des institutions européennes. Le paragraphe commence très fort :

« Par ailleurs, les autorités grecques prendront les mesures suivantes: »

Il s’agit du volet de fonds de privatisation 50 milliards d’euros. Le Canard Enchainé du 15 juillet 2015 révélait que ce fond devait être initialement géré par la banque allemande KfW, présidée par Wolfgang Schäuble et Sigmar Gabriel… Finalement, ce seront les institutions européennes qui gèreront ce fonds. Seuls les naïfs y verront une victoire dans la négociation quand on constate avec quel maestria le ministre des finances allemand a tué tout changement politique en Europe.

  • « élaborer un programme de privatisation nettement plus étoffé avec une meilleure gouvernance; des actifs grecs de valeur seront transférés dans un fonds indépendant qui monétisera les actifs par des privatisations et d'autres moyens. La monétisation des actifs constituera une source permettant le remboursement programmé du nouveau prêt du MES et générera sur la durée du nouveau prêt un montant total fixé à 50 milliards d'euros, dont 25 milliards d'euros serviront au remboursement de la recapitalisation des banques et d'autres actifs, et 50 % de chaque euro restant (c'est-à-dire 50 % de 25 milliards d'euros) serviront à diminuer le ratio d'endettement, les autres 50% étant utilisés pour des investissements. Ce fonds serait mis en place en Grèce et géré par les autorités grecques sous la supervision des institutions européennes concernées. En accord avec les institutions, et sur la base des bonnes pratiques internationales, un cadre législatif devrait être adopté pour garantir des procédures transparentes et une valorisation adéquate des ventes d'actifs»

Dans cette section, les exigences de la Commission sont précises et péremptoires. En effet, il s’agit de se faire la part du gâteau grec, alors autant que ce soit bien clair sur le mode de fonctionnement de la privatisation totale de l’état. Maintenant, la démocratie n’a plus d’existence matérielle lorsque l’on lit par exemple que :

« Le gouvernement doit consulter les institutions et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement ».

Les peuples ne votent donc plus que pour des chambres d’enregistrement de la Commission Européenne. C’est proprement scandaleux, révoltant et honteux. Mais le pire du pire dans cette affaire, c’est bien que cet accord est rétroactif. Je m’explique. Depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir, des lois sociales ont été adoptées démocratiquement. Cela ne convient clairement pas à l’Europe qui a imposé cette section particulièrement humiliante à l’accord.

Je cite :

« à l'exception de la loi sur la crise humanitaire, le gouvernement grec procédera à un réexamen en vue de modifier les dispositions législatives adoptées qui sont contraires à l'accord du 20 février puisqu'elles constituent un retour en arrière par rapport aux engagements pris au titre du programme précédent ou il définira des mesures compensatoires clairement équivalentes pour les droits acquis qui ont été créés par la suite ».

Tout en sachant que « les engagements énumérés plus haut correspondent au minimum exigé pour entamer les négociations avec les autorités grecques ». Circulez, il n’y a rien à voir.

Pour finir de montrer la perversion de ce texte, les médias ont fait tourner en boucle le fait que la Grèce se verrait octroyer une aide de 82 à 86 milliards d’euros. Effectivement, ces chiffres figurent bel et bien dans l’accord. Mais le diable, comme à son habitude, se trouve dans les détails. Jugez plutôt.

« Le sommet de la zone euro prend acte de ce que les besoins de financement du programme pourraient se situer entre 82 et 86 milliards d'euros, selon les estimations des institutions. Il invite ces dernières à étudier les possibilités de réduire l'enveloppe de financement, en suivant une autre trajectoire budgétaire ou grâce à des recettes plus élevées tirées des privatisations ».

Pour résumer, on parle de 86 milliards d’aides, mais si c’est moins, c’est mieux… Magnifique. Sans parler du jugement politique qui est contenu dans l’octroi « éventuel » d’un plan d’aide.

« De sérieux doutes planent sur le caractère soutenable de la dette grecque. Cela est dû au relâchement des politiques au cours des douze derniers mois ».

Finalement, peut-être que cela est acceptable eu égard au fait que la dette sera rééchelonnée dans le temps, afin que cette dette prenne un caractère soutenable. De rééchelonnement, il est question, mais le texte n’est pas aussi précis et péremptoire que lorsqu’il s’agit d’exiger des mesures rapides et scandaleuses de la part du gouvernement.

« L'Eurogroupe est prêt à envisager, si nécessaire, d'éventuelles mesures supplémentaires (un allongement éventuel des périodes de grâce et des délais de remboursement) afin de faire en sorte que les besoins bruts de financement demeurent à un niveau soutenable. Ces mesures seront subordonnées à la mise en œuvre intégrale des mesures à convenir dans le cadre d'un nouveau programme éventuel et seront envisagées après le premier réexamen qui aura abouti à un résultat concluant. ».

alexis-tsipras-le-5-juin-2015-face-aux-deputes-grecs_5352933Tout est au conditionnel, peut-être qu’éventuellement, on pourrait probablement envisager une éventuelle aide, mais attention ! Si, et seulement si, vous avez vendu la totalité de votre état, de vos actifs et de ce qui reste de votre modèle social. A la vue d’un tel texte, la seule question qui se pose est la suivante. Comment Alexis Tsipras en est arrivé à signer ce texte ? Qu’il n’aime pas l’accord, cela semble assez clair, qu’il le signe, c’est se mettre complètement dans la main de ceux qui finiront d’achever la Grèce.

 

Arnaud Guvenatam

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Quand le chômeur est une marchandise https://plaidoyer-republicain.fr/quand-le-chomeur-est-une-marchandise/ https://plaidoyer-republicain.fr/quand-le-chomeur-est-une-marchandise/#comments Fri, 03 Jul 2015 15:39:27 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=883 ...lire la suite ]]> hollandeLes chiffres du chômage sont, une nouvelle fois et sans surprise, en hausse en France métropolitaine. Selon le gouvernement, la question de la lutte contre le chômage est l’objectif numéro 1. François Hollande lui-même a dit qu’il souhaitait être jugé sur sa capacité à faire baisser le chômage. Pôle Emploi semble être la structure centrale au cœur du dispositif des plans de lutte contre l’inactivité professionnelle. Pour autant, le bilan n’est pas nécessairement brillant et de nombreux témoignages d’employés de Pôle Emploi sont alarmants sur la situation : manque de personne280px-Logo_Pôle_Emploil, manque de moyens, pour ne citer que ces deux facteurs. Malgré cela, il faut bien apporter des réponses, que ce soit en termes de prise en charge et de formation des demandeurs d’emploi. C’est le but affiché de la nouvelle prestation de Pôle Emploi : Activ’ Emploi. L’établissement public propose donc, pour les chômeurs « autonomes », de réaliser un diagnostic personnalisé des besoins. Ensuite, il s’agira de mettre à disposition du chômeur des informations et des outils pour accéder à l’emploi, de renforcer l’efficacité dans les démarches de recherche d’emploi, et bien évidemment d’organiser et de suivre les dites « démarches ».

Notons néanmoins que ce dispositif coûte 90 millions d’euros et qu’il ne s’agit ni plus ni ID-Formationmoins que du coaching qui ne dit pas son nom. Dans des agences Pôle Emploi que nous avons pu observer, cette prestation est basée sur le volontariat. Sur le papier. En réalité, Pôle Emploi a passé des contrats avec des entreprises privées de formation, comme Ingeus et ID Formation. Afin que ces entreprises récupèrent des clients-chômeurs, mieux vaut que la présentation de la prestation soit convaincante. De ce que nous avons pu voir, il a été clairement dit que tout refus serait susceptible d’amener à une radiation pure et simple des demandeurs d’emploi, indemnisés ou non. Il faut avoir de sérieuses motivations pour justifier un refus d’être coaché par des boîtes privées, à tel point que la quasi-totalité des personnes se sont finalement inscrites pour « bénéficier » de la prestation.

logo-ingeusCette expérience est finalement intéressante car les entreprises privées de formation et de coaching avancent relativement masquées. Comme si elles n’assumaient pas au grand jour de transformer le demandeur d’emploi en client, voire en marchandise. Ce n’est qu’à la question de savoir quels types d’organismes étaient Ingeus que nous avons compris qu’il s’agissait d’un prestataire privé. Ce fut encore plus clair lorsque la conseillère Pôle Emploi a parlé « d’externalisation de la formation et du suivi pour améliorer le suivi individuel des demandeurs d’emploi ». Concrètement, il s’agit de mettre en place les prémices d’une privatisation pure et simple de la gestion des demandeurs d’emploi. Décidément, le chômage, cet ennemi mortel de la société, ne fait pas que des malheureux. Nous n’allons clairement pas pleurer sur la société Ingeus qui est à la tête d’un capital de 25,8 Millions d’euros (en 2011).

La rédaction du Plaidoyer Républicain

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Loi Macron : le Bazooka de Judas https://plaidoyer-republicain.fr/loi-macron-le-bazooka-de-judas/ https://plaidoyer-republicain.fr/loi-macron-le-bazooka-de-judas/#respond Tue, 23 Dec 2014 13:42:26 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=715 ...lire la suite ]]> Nous entendons parler à longueur de journée de la loi Macron comme étant une « disposition législative relative à la libération de la croissance ». Penser une seule emmanuel-macron_5020192seconde qu’une majorité de gauche ait été élue pour faire cela aux salariés est une bien mauvaise plaisanterie. Le débat se concentre sur des questions centrales au niveau de l’organisation du travail. Au premier rang de cela, les dimanches travaillés qui seront multipliés. Pierre Joxe, figure de la gauche française, pointe le fait que cela ne profitera exclusivement qu’aux grosses firmes du commerce. La conséquence immédiate étant caractérisée par une concurrence déloyale avec le commerce de proximité. Tout cela est entendu et ne souffre d’aucune contestation. Mais finalement, ce n’est pas forcément sur ce point de la loi que l’indignation qui nous anime se cristallise. Nous allons expliquer pourquoi il était couru d’avance que le Parti Socialiste, et plus particulièrement sa branche minoritaire au pouvoir, allait se vautrer dans ce qui est une attaque en règle contre les fondamentaux républicains. Comme dirait l’autre, au pays des aveugles, les borgnes sont rois. Ajoutons qu’il est une nouvelle fois pénible de dire que nous avions raison, à gauche.

 Revenons à des considérations basiques sur l’évolution du droit du travail. Il est clair que les conquis sociaux ont été arrachés par les luttes sociales. C’est d’ailleurs cela qui a fait céder Clémenceau sur un certain nombre de mesures sociales qu’il a été obligé de prendre, par peur d’un débordement radical de défense des travailleurs. Comment est organisée la République ? D’un certain point de vue, elle est vue comme très centralisée, et jacobine. Cela n’est pas faux, mais cette caractéristique a toujours été combattue et d’autant plus aujourd’hui. Pour autant, la gauche a longtemps été la représentante de cette tradition organisationnelle du fait politique. Pas par dogmatisme, mais par une certaine vision de classe. Celle qui affirme que face aux forces de l’argent et aux détenteurs de capitaux, les salariés et les collectifs de salariés se retrouvent bien faibles dans le cadre d’une initiation d’un rapport de force sur une revendication sociale. Sans faire de considérations ronflantes, cette analyse très matérialiste du rapport de force ne peut avoir une certaine consistance que dans un cas. Un état fort et centralisé, et la primauté de la loi sur le contrat. Pourquoi cela est vrai ? Il suffit simplement de faire des comparaisons avec des pays ayant une organisation inversée de celle de la République française. L’Angleterre est un parfait exemple de ce à quoi mène le lcontrats-0-heureaisser aller du privé sur le contrat. Il s’agit de mettre en concurrence tout le monde contre chacun, de telle sorte que les employés se retrouvent avec des contrats 0 heure. Il est corvéable à merci, et s’il manifeste un désaccord avec l’employeur, il est immédiatement viré. Voilà la conséquence d’avilissement de l’humain par le contrat. Nous pourrions décliner l’exemple allemand avec les mêmes considérations. Les lois Artz 4 ont enfin porté leurs fruits. La fédération a mangé son pain blanc et maintenant, elle doit faire face à l’explosion sociale et la pauvreté généralisée des travailleurs. D’un point de vue philosophique, il est extrêmement clair que ce type d’organisation ne peut coller avec la vision que nous nous faisons des valeurs républicaines que nous défendons.

Nous disions en introduction que Hollande et son gouvernement ne pouvaient surprendre que les aveugles avec la loi Macron. Sans vouloir donner de leçons aux camarades socialistes avec lesquels nous avons eus de vifs échanges depuis 2011, nous devons affirmer un certain nombre de choses et revenir sur ce que le candidat PS de l’époque a dit. Pas de mauvaise foi de notre part, juste l’illustration que ce que nous disions à l’époque avait du sens. Lorsque nous disions que Hollande était un « social-démocrate », (nous disions cela pour ne pas dire « libéral », pour ne pas trop braquer les camarades), on nous répondait que c’était un héritier de Mitterrand, qu’il s’inscrivait dans la lignée de Jaurès. Bref, nous avions droit au catéchisme qui n’a qu’une fonction : nier la réalité. Citer le propos de Hollande Hollande ConfPRpermettait déjà de dire que cet individu s’attaquerait aux fondamentaux historiques républicains par l’explosion du droit du travail. Nous vous livrons son propos, daté du 14 juin 2011 : « Il s’agirait désormais de reconnaître un domaine à cette même négociation collective, en précisant son périmètre comme son champ d’intervention, et en conditionnant la conclusion d’accords au respect des règles majoritaires. Concrètement, le gouvernement et le Parlement seraient juridiquement liés par le contenu de conventions signées entre partenaires sociaux sur des sujets bien précis et avec la vérification des mécanismes de représentativité.». Voilà l’illustration, dans une vulgate obscure que lors de son arrivée au pouvoir, il ferait en sorte que la hiérarchie des normes soit inversée. Plus clairement, que dorénavant le contrat et la négociation entre syndicats et patronat aura une valeur supérieure à la loi.

Le voilà, le baiser de Judas du pouvoir élu par la gauche. Ni plus, ni moins. Passez muscade ! Et la loi Macon, qui sera à n’en pas douter adoptée par les parlementaires permettra de porter un coup poignard immense à l’organisation historique du travail en France. C’est une honte. Et le pire n’est pas encore arrivé, il n’y aura même pas débat sur la question. Que la 2013-03-18-pierre-joxegauche puisse proposer ce type de mesures est proprement scandaleux, mais admettons… Mais qu’il fasse passer cela sans même avoir un débat sur la question illustre à quel point ce pouvoir ne représente que lui. C’est-à-dire rien, ni personne ! Mais nous affirmons que ces mesures seront adoptées sans débat, il faut le démontrer. Prenons l’exemple du délit d’entrave. C’est Pierre Joxe, membre du PS qui l’explique très bien : « Le délit d’entrave, c’est empêcher les délégués syndicaux ou les représentants du personnel de remplir leurs missions. C’est un délit du droit pénal du travail. Eh bien, l’article 85 de ce projet de loi Macron prévoit que par ordonnances (donc, en évitant le débat public) le gouvernement pourrait réviser la nature et le montant des peines applicables en cas de délit d’entrave. C’est-à-dire qu’on envisage de revoir cela alors que ni la loi d’amnistie de 1981 (celle de Mitterrand), ni la loi d’amnistie de la droite en 1995, ni la loi d’amnistie de 2002, n’a porté atteinte à cette règle un peu mythique mais qui consiste à dire que si un employeur viole la loi et fait entrave, il peut être condamné au pénal… ». Voilà par exemple ce qu’il y a de plus insupportable dans ce gouvernement. L’idée que maintenant l’impunité patronale serait une norme avec laquelle les syndicats et les salariés devront composer. Le désengagement de l’état, et le caractère absolument anti-républicain de cet article, et de ceux visant à faciliter les licenciements collectifs illustre bien la pensée Hollandaise pré-présidentielle. Avec le droit du travail, c’est la République que l’on abat.

 Sans faire du pessimisme exacerbé, il semblera compliqué de populariser chez les citoyens ce point d’achoppement par lequel le gouvernement nous assassine. Les gens, de bonne foi, ont des fins de mois difficiles, et acceptent finalement l’idée, qu’ils iront travailler le dimanche parce que ça fera un sac de commissions supplémentaire pour manger. Voilà où nous en sommes réduits. Alors maintenant que faire ? Les marches nationales ne marchent pas, les assemblées citoyennes sont très disparates selon les endroits, l’éducation populaire est un totem dont on ne sait jamais trop comment mettre en avant et la paralysie du débat autour de la montée du FN empêche quelque élévation du débat public que ce soit. Alors quoi ? Attendre d’être broyé, d’être dans une situation à la grecque ? Peut-être que ce sera le déclencheur, mais en attendant, nous allons souffrir…

 

Arnaud Guvenatam

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Face au remaniement inutile, une dissolution Constituante ? https://plaidoyer-republicain.fr/face-au-remaniement-inutile-une-dissolution-constituante/ https://plaidoyer-republicain.fr/face-au-remaniement-inutile-une-dissolution-constituante/#comments Tue, 26 Aug 2014 07:25:40 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=623 ...lire la suite ]]> Cela ne fait que deux ans que François Hollande a pris les rênes de la Vème République. Pourtant sa popularité ne cesse de chuter. Les derniers sondages d’opinion fixent sa cote de popularité (ou d’impopularité) à 17%. Le président le plus impopulaire de la Vème vient donc de battre son propre record. Pour ajouter à la confusion et à la tendance irrémédiable à la chute, voici que le remaniement du gouvernement Valls est à l'ordre du jour. Ces petits arrangements entre amis sont insupportables, il faut que le peuple retrouve sa voix !

C'est une condition sine qua non si l'on veut sortir par le haut de cette crise économique, politique bref, de régime. Je ne partage pas l’avis de Monsieur Filoche lorsqu'il déclare : « non pas de dissolution ne prononcez pas ce mot maudit, il est de droite, nous on a une majorité de gauche rouge-rose-verte, elle est là, elle existe, elle est issue de mai juin 2012, que l'exécutif l'entende et qu'elle gouverne ». Il n’existe actuellement qu’une majorité détenue par la frange droite du PS. Tout changement de gouvernement n'est qu’une manipulation supplémentaire, un stratagème permettant un changement d’image. Or ce que nous voulons c’est un changement politique. Dans ce contexte, et face à l’inefficacité du gouvernement, la seule solution est un profond chambardement politique : une dissolution de l'Assemblée Nationale ou la démission du Président lui-même. Non pas seulement pour changer les hommes et les femmes aujourd'hui à la tête du pays, mais pour que ce soit le moment de l'intervention du peuple dans le choix de son futur, et que les institutions françaises redeviennent démocratiques, populaires et républicaines.

 

La dissolution est malheureusement encadrée par notre « chère » Constitution de 1958. Cette dernière confie une fois de plus ce pouvoir non pas au peuple mais au Président de la République. Lui seul peut en effet prononcer la dissolution de l’Assemblée Nationale. Celle-ci, dans la théorie parlementaire, permet au peuple de trancher un différend entre l’exécutif et le législatif. À titre d’exemple, la première dissolution prononcée en 1962 par De Gaulle répondait à une crise politique l’opposant à l’Assemblée, qui avait renversé son gouvernement . On peut aussi citer les deux dissolutions effectuées par le Président Mitterrand en 1981 et 1988. Dans ces trois cas, le peuple fut donc appelé à juger et il trancha. Ce type de dissolution est un mécanisme devenu désuet depuis la réforme relative au calendrier électoral de 2000. En effet, le Président dispose d’une majorité à l’Assemblée lui permettant de régner durant tout son quinquennat.

 

La dissolution peut cependant avoir un autre but. En effet, malgré une majorité stable, le Président peut par ce biais demander au peuple « un vote de confiance » sur sa personne comme sur sa politique (puisqu'elle est aujourd'hui censée s'incarner dans un seul homme). Une fois de plus sous la Vème République l’exemple de De Gaulle est très instructif. En réponse à la crise nationale de 1968 celui-ci demanda aux électeurs un vote de confiance par le biais d’une dissolution que l’on peut qualifier de plébiscitaire. C’est la seule solution qu'il reste aujourd'hui à François Hollande – si l'on excepte sa démission. Il ne peut « régner impunément » tel un monarque d'Ancien Régime. Il ne doit plus diviser le peuple mais au contraire l’appeler à voter pour faire face à la crise institutionnelle. S’il le fait, chaque citoyen sera appelé aux urnes « vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution. ». Il est à parier que cette dissolution interviendra sous 12 mois, peut-être même qu'elle sera simultanée aux élections locales de fin 2015.

 

Le peuple pourra par ce biais non seulement redéfinir la politique du pays mais, plus largement, choisir une forme d'organisation collective s'orientant vers plus de démocratie, de justice sociale et d'intervention populaire. Car ne nous y trompons pas : les problèmes que rencontrent notre pays aujourd'hui, tant sur le plan économique que politique, sont dus principalement au carcan institutionnel de la Vème République : l'abandon de la souveraineté économique, militaire, populaire, etc... Personne ne prétend ici que la dissolution serait un remède magique qui porterait obligatoirement les idéaux républicains au pouvoir. La situation causée alternativement par l'UMP et le PS ayant crée les conditions objectives favorables à l'extrême-droite sont ce qu'elles sont. Le risque est grand de voir le FN s'arroger une place politique jusque-là inédite. Même laminée, la droite revancharde pourrait également tirer son épingle du jeu. Mais ne soyons pas frileux. N'ayant pas peur de nous porter au combat pour que vive l'insurrection civique dont notre pays a besoin. Un besoin vital. C'est à tous les républicains sincères, en rupture avec l'ordre établi, de poser les fondations d'un Mouvement Citoyen pour la 6ème République. N'attendons pas 2017 pour consommer – s'il est encore besoin de le faire – définitivement notre rupture avec l'actuel pouvoir et ses institutions. Construisons dès aujourd'hui, nationalement, localement, les structures ayant pour ambition de renverser la table et d'appeler à la convocation d'une Assemblée Constituante.

 

Il devient plus que jamais nécessaire de remettre à plat l’ensemble de notre système institutionnel. Le peuple s’est vu privé de tout pouvoir et ce depuis trop longtemps. L’exemple d’Hollande n’est qu’un symptôme de la gangrène de nos institutions. La Vème République n’a que trop duré. Le peuple désavoue le pouvoir en place mais ne peut rien faire face au verrou monarchique. Il est contraint de se soumettre à la bonne volonté d’un exécutif, incarné par un homme. Hollande appellera-t-il le peuple aux urnes ? Démissionnera-t-il si l’Assemblée devient hostile à sa politique ? On ne peut être sûrs de rien. Les citoyens se retrouvent donc aujourd'hui dépendants du bon vouloir du tout puissant Chanoine de Latran. Il faut en finir, et vite. Pour le salut du pays comme de la communauté nationale républicaine. Quelle que soit l'issue choisie – ou non – par l’exécutif (la dissolution ou la démission), rien ne changera si un mouvement puissant pour un changement de régime n'émerge pas. L'alternance du PS avec l'UMP, voire même dans une large part avec le FN ne modifiera pas le cadre politique global qui administre le pays. Le Front de Gauche doit prendre toute sa part dans l'émergence d'un mouvement citoyen, d'une lame de fond populaire pour balayer les institutions pourries qui nous régissent. Comme moteur ou comme simple acteur, là n'est pas la question. Le peuple doit choisir son nouvel horizon constitutionnel. Nul doute que celui-ci privilégiera l'intervention directe des citoyens et qu'enfin finiront les éternels atermoiements de personnes, ce bal des égos interminable pour savoir qui régnera le mieux sur les français. Le souverain, en République, c'est le peuple. Point à la ligne. Aucun monarque passager ne peut aller contre ce fait révolutionnaire indéniable. L'exigence d’une 6ème République semble être aujourd’hui la seule solution pour sortir du marasme dans lequel nous sommes. Le système se fissure, à nous de nous engouffrer dans la brèche. Qu'Hollande ne se méprenne pas, le grondement populaire n'est pas un fétu de paille : s'il ne rend pas les urnes, nous prendrons la rue.

 

Yann Paczynski

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La France est une entreprise ! https://plaidoyer-republicain.fr/la-france-est-une-entreprise/ https://plaidoyer-republicain.fr/la-france-est-une-entreprise/#respond Wed, 07 May 2014 15:19:36 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=531 ...lire la suite ]]> Ce 6 mai 2014, François Hollande est passé à l’offensive médiatique. Il (s’) était invité à l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur RMC pour clarifier son fameux « retournement ». Cette interview est, à notre sens, essentielle dans la manière dont s’oriente le quinquennat. De nombreuses propositions ont été officialisées. Bourdin n’a pas l’habitude de se laisser faire, néanmoins, force est de constater que la parole présidentielle n’a pas été trop coupée. A ceux qui verraient l’illustration d’une servilité, il faut plutôt y voir un aspect positif. Laisser Hollande finir ses phrases est essentiel pour bien comprendre de quoi il en retourne.

 luimoiSi les résultats de sa politique ne sont pas encore visibles, c’est tout simplement parce que le bilan de la précédente majorité a posé de nombreuses difficultés à la mise en œuvre du redressement du pays. La mémoire des gens est peut-être courte, mais cet argument éculé a été utilisé jusqu’à la moelle durant la première année du quinquennat. L’exemple de ce débat entre Laurent Grandguillaume (PS) et Benoît Apparu (UMP) est d’une cristalline clarté du propos. En résumé, « ce n’est pas notre faute, c’est à cause de l’UMP, nous on est de gauche ». A ce stade, on comprend donc logiquement que la politique de l’UMP est communément admise à gauche comme relevant de mauvaises solutions. François Hollande s’est plaint de l’ardoise « de 600 milliards de dettes » laissée par Sarkozy. Jacques Généreux a par exemple démontré qu’il s’agissait d’une « privatisation de l’état » dans le sens où la puissance publique s’est endettée pour rembourser les institutions bancaires privées. Nous parlons donc bien d’argent public qui s’est évaporé dans le secteur privé. Mais au juste, que fait François Hollande avec son pacte de responsabilité ? Il retire 50 milliards d’argent public pour le donner directement aux grands groupes qui se laissent le droit de le reverser aux actionnaires, et sans contrepartie. Nous aurons donc appris qu’au 15 mai, il y aura « une baisse de 4% des charges salariales pour les entreprise », car il « faut baisser le coût de travail ».

 De deux choses l’une, les charges salariales n’existent pas, ce sont des cotisations sociales, ban_gattazdonc du salaire différé, des soins et autres petits besoins de la vie. Et le travail ne coûte pas, il crée la richesse, il a donc un prix. Il est lamentable qu’un président de gauche parle de la même façon qu’un président du MEDEF. Ce n’est pas une affirmation du Plaidoyer Républicain, c’est Pierre Gattaz en personne qui le dit (celui-là même qui vient de s’augmenter de 29%). François Hollande continue donc d'organiser la privatisation de l’état, pourtant décrite comme néfaste pour la gestion de deniers publics. Le cas Alstom est éclairant de ce point de vue. Lorsque nous disons qu’il faudrait ne pas céder à des groupes privés nos brevets et notre savoir faire, le débat se cantonne à savoir si on le vend à des américains ou à des allemands. Une fois n’est pas coutume, nous allons emprunter à Napoléon Bonaparte une citation qui illustre bien le propos précédent : « L'argent n'a pas de patrie; les financiers n'ont pas de patriotisme et n'ont pas de décence; leur unique objectif est le gain. »

 Dans cette interview présidentielle, vous aurez également appris avec un étonnement certain que la finance a été maîtrisée. Et bien alors, vous voyez, finalement le pouvoir de la finance n’est pas énorme, nous n’avons même pas ressenti les effets bénéfiques de la maîtrise de la finance. Ce fut la même la chose lorsque Jérôme Cahuzac avait annoncé dans un débat que la grande réforme fiscale était faite. Hollande a eu le toupet incroyable de nous dire que sa BPI (Banque Publique d’Investissements) nous a permis de lutter contre la finance. Là encore, précisons un peu les choses, la BPI n’est pas une banque. Elle n’a pas de licence bancaire, par conséquent elle ne peut pas emprunter à la Banque Centrale Européenne à des taux faibles comme peuvent le faire toutes les banques privées. Nous sommes donc toujours sous ce système où l’état doit emprunter à des banques privées, qui elles-mêmes se financent à faibles taux directement à la BCE. Par conséquent, et compte tenu de sa très faible force de frappe, elle n’est pas en mesure d’irriguer le tissu économique dans l’objectif d’une relance ne serait-ce que Keynésienne. Il pose le diagnostic d’un « manque de croissance », mais soyons ouverts à la discussion et avançons des propositions. S’il manque d’idées pour développer nouvelles activités, qu’il lance, à l’aide d’une vraie banque publique cela va de soi, des investissements massifs la transition énergétique et dans la planification écologique. Il y a des ouvriers, des techniciens et des ingénieurs prêts pour cela ! Mais encore faut-il qu’il soit prêt à affronter les lobbies industriels qui ne verraient pas d’un bon œil la remise en cause de leur mainmise sur l’économie. Dans ces conditions, il est illusoire de croire que le chômage repartira à la Paul_Nizan_Les_chiens_de_gardeminibaisse. À croire que le français est ingrat, il ne sait pas comment remercier ses bons bourgeois ! A l’évocation de l’ultralibéralisme du Parti Socialiste au pouvoir (nous faisons la distinction avec les camarades pensant qu’ils peuvent encore influer la ligne Hollande), une phrase de Paul Nizan dans « Les chiens de garde » me vient à l’esprit : « N'osant s'avouer ni avouer les fins qu'elle poursuit, la bourgeoisie, hantée par les craintes qu'elle éprouve et par les derniers scrupules d'un libéralisme éteint, arrange le désordre et les menaces qui la troublent, en cachant derrière les promesses qu'elle fait les activités qu'elle déploie. ». Et oui, Hollande est un fervent défenseur des intérêts du Capital Financier mais qui cela peut-il encore surprendre ? Il n’est donc pas étonnant que le Président parle de la République comme de « l’entreprise France », expression qui fait saigner mon cœur. Non, la République prône la liberté, l’égalité et la fraternité, et ces valeurs sont antinomiques avec celles de l’entreprise capitaliste. Il n’y a pas de référence républicaine à la productivité et à la compétitivité. Jamais !

 Et puisque nous abordons des questions républicaines, parlons de l’organisation du territoire. Tout le monde a entendu parler du fait qu’il faudrait supprimer les départements et diminuer les nombre de régions « pour allier la proximité et l’efficacité ». Évidemment, qui peut être contre avoir plus de démocratie directe et plus d’efficacité dans l’organisation du territoire ? C’est la même manœuvre idéologique quand les personnalités politiques et économiques vous disent « qu’il faut réformer car cela est nécessaire ». Les départements et les régions ont des missions spécifiques. Le signal envoyé depuis un certain nombre d’années est que l’état décharge ses responsabilités et ses missions sur ces structures en leur coupant leurs moyens financiers. Ce qu’annonce le Président, ce n’est ni plus ni moins que le morcellement du territoire, leur mise en concurrence autour de grands pôles de compétitivité et un recul certain de la puissance publique et de la mise en œuvre de leurs services. Son acte de décentralisation, nous n’en voulons pas. La France n’a pas vocation a mille-feuilles-2être organisée en Länders ou l’égalité des territoires n’est plus un objectif central. Selon lui, la réforme est donc nécessaire et pour la mettre en place « vite » il recevra « les principaux chefs de Partis ». Pourquoi ne pas demander l’avis du seul souverain en ce bas monde : le Peuple ? Tout simplement parce que lorsque l’on dit aux gens que leur avenir, c’est de travailler plus, en gagnant moins (pour ceux qui ont la chance de travailler) et qu’ils devront dire au revoir au modèle social issu de la Seconde Guerre mondiale, ils rejetteront ces propositions. Puis, nous apprenons donc qu’il « serait intelligent que les élections » aient lieu en 2016 et non en 2015 comme il était prévu. Voilà le point ou nous en sommes rendus. Suite à la fantastique claque que le Président a reçue aux élections municipales, il sert de ce cuisant échec dans une double optique : idéologique et électoraliste.

 Idéologique parce que le modèle d’organisation du territoire ne lui convient pas pour servir les forces de l’argent. Avez-vous entendu le patronat s’insurger contre cette mesure ? Bien sur que non, c’est l’assurance de pouvoir, dans le futur, jouer avec les différences de droits selon les lieux pour maximiser leurs bénéfices. Ah oui, puisqu’il faut être visionnaires, ne soyons pas naïfs. Le morcellement du territoire amènera forcément des disparités dans les lois qui auront cours sur le territoire. Le SMIC n’aura sûrement plus une seule et même valeur sur l’ensemble du territoire en fonction du développement des pôles de compétitivité. Dans ce système, si l’on souhaite attirer sur son territoire de l’industrie lourde et polluante, il faudra être moins regardant sur les normes environnementales. Vous pouvez appliquer ces principes à tous les domaines. L’annonce faite par le Président de repousser l’élection en 2016 est clairement opportuniste. Il sait pertinemment que si elles avaient lieu l’an prochain, tous les caciques socialistes seraient balayés en un rien de temps. Autant se laisser du temps pour tenter de sauver les meubles. Voilà à peu près ce qu’il faudra retenir de cette intervention riche en enseignements. A la vue des réactions, Hollande ne semble pas en mesure d’être arrêté. Parce que la droite a beau jeu de s’opposer alors qu’elle est tout à fait d’accord avec le projet, et parce qu’il semble qu’à la gauche du Président, les conditions ne sont pas réunies pour fédérer une véritable alternative à cette politique. Reste la rue, mais les conditions sociales des salariés sont tellement difficiles que perdre des jours de salaires pour manifester est compliqué. Les manifestations de gauche sont toujours moins entendues que celles de droite. Ce qui montre bien que François Hollande est complètement sourd de l’oreille gauche. Quels choix s’offrent à nous ? Je n’en vois qu’un : ne pas baisser les yeux, prendre sur soi pour ne pas installer de résignation chez les progressistes, mener la bataille pour le développement d’une autre majorité et tenir la barricade, tout le temps et à n’importe quel prix. C’est le prix que paient les courageux.

Arnaud Guvenatam

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6 mai : le républicain Robespierre ou le monarque Hollande ? https://plaidoyer-republicain.fr/6-mai-le-republicain-robespierre-ou-le-monarque-hollande/ https://plaidoyer-republicain.fr/6-mai-le-republicain-robespierre-ou-le-monarque-hollande/#comments Tue, 06 May 2014 09:16:08 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=522 ...lire la suite ]]>  

buste-de-robespierreEn ce 6 mai, faites bien attention aux journaux, imprimés ou télévisés, ou aux réseaux sociaux. Vous ne verrez qu'une date anniversaire parsemer vos écrans : les deux ans de présidence de François Hollande et son interview matinale. Pour nous, cette date est toute autre. Nous ne nous occupons pas d'un homme qui sera balayé rapidement par l'histoire. Le 6 mai correspond à la naissance d'un grand républicain et d'un révolutionnaire de premier plan : Maximilien Robespierre. Il y a 256 ans (un savant calcul nous indique donc que cela se déroule en 1758) naissait à Arras celui que l'on surnommera plus tard « l'Incorruptible ». Rassurez vous, cet article ne va pas être une biographie en modèle réduit de Robespierre. Hamel, Mathiez et bien d'autres l'ont fait bien avant et bien mieux que nous ne saurions le faire. Comme pour l'immense figure de Jaurès, il ne s'agit pas de commémorer Robespierre. Il s'agit de le célébrer, certes brièvement, et de s'en inspirer pour nos combats actuels qui, deux siècles et demi après, sont malheureusement encore les mêmes.

Quels sont-ils ces combats me direz vous ? Ce sont ceux qui marchent inéluctablement vers la justice sociale, vers le partage des richesses, vers l'égalité des droits et la liberté des êtres humains. Ces combats sont les combats républicains qui, abandonnés dans les faits par presque toutes les familles politiques, sont bien souvent de simples slogans écrits à la va-vite sur des banderoles et des tracts. Bien loin du portrait noir dressé par les réactionnaires de tous poils, il est important de se rappeler quelles furent les grandes prises de position de Robespierre. Il faut rendre hommage à la personne qui a prôné en premier le droit de vote pour les juifs et les comédiens, et ce dès 1789. Il faut mettre en lumière le premier homme politique qui, en 1791, déclara publiquement vouloir abolir l'esclavage, ce qui a été fait en 1794 par la Convention montagnarde. Une disposition vite annulée par Napoléon. Il fallut attendre ensuite 1848 pour que la République abolisse définitivement l'esclavage sur les territoires français. Robespierre, c'est également l'un des premiers hommes politiques à promouvoir partout le suffrage universel et l'abolition de la peine de mort quand d'autres, devenus aujourd'hui des parangons de vertu comme Danton, ne cherchaient qu'à conserver leurs privilèges et leur audience. Il fut également ce républicain qui refusa toujours l'interventionnisme des armées françaises, ne les voyant que comme des outils de défense du territoire national. Les français devraient se rappeler de ces positions, à l'heure de voter pour élire les députés au parlement européen, dans une Europe qui joue toujours plus avec le feu dans la crise ukrainienne. Le gouvernement Valls/Hollande, si prompt à s'acharner sur les syndicalistes, devrait regarder les prises de position de Robespierre en la matière. Il entama un combat, achevé 90 ans après sa mort, pour la suppression totale et définitive de la loi Le Chapelier qui interdisait les regroupement syndicaux. Ce combat oh combien juste s'inscrit dans une vision d'émancipation du peuple et pour les libertés publiques – comme la liberté de la presse ou de conscience, la liberté de réunion ou d'association –, indissociables de la bonne marche d'une société apaisée. En 1792, il sera également l'un de ceux qui s'insurgeront contre la liberté totale du commerce, en prônant le droit à l'existence comme premier droit de l'homme. Pas de « concurrence libre et non faussée » qui tienne !

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Robespierre à la tribune des jacobins, par Tessanoel

Tous ces combats, résumés ici en quelques lignes mais qui firent des heures de discours, de débats et d'écritures ne vous rappellent donc rien ? Et bien pour moi ils sont contemporains. Ils sont contenus dans le projet du Front de Gauche, dans son ADN. Il nous faut donc nous réapproprier nos figures fondatrices, que les idéologues libéraux et réactionnaires veulent nous arracher comme pour nous couper de nos racines républicaines.

Hollande-Louis-XVI-majestéEn ce 6 mai, ne cherchez donc pas à revenir deux ans en arrière avec regrets, en pleurant sur ce qui s'accomplit à l’Élysée et à Matignon prétendument au nom de la gauche. Ce qui se passe derrière les grilles de ces châteaux est plus proche de Louis XVI que des sans-culottes, il suffit de revoir l'interview du Roy François de ce matin. Regardez plutôt 200 ans avant, dans l'histoire républicaine de la France. Vous y verrez que notre avenir y est tracé. Agissons comme le grand Jaurès l'écrivait dans son Histoire Socialiste de la Révolution Française : asseyons-nous sur les bancs des jacobins, et aux côtés de Robespierre. Et proclamons que nous sommes robespierristes !

Alexandre Emorine

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Docteur Merkel et Mister Valls https://plaidoyer-republicain.fr/docteur-merkel-et-mister-valls/ https://plaidoyer-republicain.fr/docteur-merkel-et-mister-valls/#respond Wed, 09 Apr 2014 16:51:14 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=476 ...lire la suite ]]> Mardi 8 avril avait lieu la déclaration de politique générale de Manuel Valls, tout fraîchement nommé Premier Ministre. Bien entendu, les citoyens et militants de gauche sincères n'attendaient rien de ce remaniement. Le fait de nommer l'ancien Ministre de l'Intérieur comme chef du gouvernement vaut tous les discours du monde. Pour certains, il acte un virage social-libéral de François Hollande. Pour nous, pas de virage : juste une longue, une très longue ligne droite. Avec un grand mur au bout ! Revenons sur les mots de Manuel Bon, rien de nouveau sous le soleil, il applique la feuille de route tracée par Hollande. Moins 7770904698_francois-rebsamen-et-manuel-valls-le-16-octobre-2012d'État, moins d'État, moins d'État. Avec lui, le patronat a été servi ! Il a pour lui des serviteurs zélés, comme François Rebsamen qui, en sa qualité de ministre de l'emploi, demande lui même à se que baissent les dotations de son ministère. L’auto-flagellation comme mode de gouvernement, voilà une chose bien nouvelle !

Les cotisations sociales

Terminées, au 1er janvier 2015, les cotisations patronales à l'URSSAF pour chaque emploi au niveau du Smic. Je vous laisse imaginer le gain pour les entreprises comme McDonald’s, qui n'emploient qu'au niveau du Smic ! Les cotisations patronales pour la branche famille vont, elles, diminuer de 1,8 point. Le Medef l'a rêvé, le tandem Hollande/Valls le fait ! Au total, les coupes réalisées par l'état se répartissent comme suit pour la période 2015-2017 :

cotisations

Bien entendu, le rouleau compresseur médiatique bat son plein sur ces mesures. Présentées comme une mesure en faveur du pouvoir d'achat des salariés (on se pince pour ne pas rire – ou pleurer), elles ne sont qu'une vaste arnaque. Qui peut décemment croire que les entreprises sont en phase avec la notion même de vie commune et de bien-être ? Les entreprises sont là pour faire des profits, pas autre chose. Il est donc suicidaire de faire croire, à l'image du gouvernement, que toute baisse de cotisation patronale sera immédiatement répercutée sur le porte-monnaie des salariés. Les observateurs parlent d'un gain de 500 euros par an pour un salarié payé au Smic. Soyons clairs : personne n'en verra la couleur. Pour faire passer la pilule plus facilement, il est probable que les entreprises augmentent de 100 euros par an le salaire net. Mais les 4/5 des cotisations supprimées iront dans la trésorerie, n'en doutons pas ! Plus grave que ça, et c'est sur ce point que nous avons tous, militants de gauche, un grand travail à faire : augmenter le salaire suite à la baisse des cotisations, c'est perdre de l'argent. Je ne suis pas fiscaliste, je vais donc faire relativement court pour expliquer cela : la différence entre le salaire brut et le salaire net, ce sont les cotisations. C'est une part du salaire, différée, qui permet à tout un chacun de jouir d'un niveau d'assurance lui permettant de (sur)vivre. Financer le chômage, l'assurance maladie, les caisses de retraite, voilà l'objectif attribué aux cotisations. Elles sont en quelque sorte un salaire mutualisé, mis dans un pot commun, et redistribué selon les besoins. L'argent existe, partout. Il est inutile, anormal et scandaleux de s'en prendre encore une fois à l'argent des salariés. Ce seront, in fine, eux qui vont payer l'addition ! Mais là malheureusement, rien de neuf sous le soleil, nous tirons la sonnette d'alarme depuis des années là-dessus.

 

Le « mille-feuille administratif » ?

 Une fois n'est pas coutume, l'aspect sur lequel je vais réagir maintenant est l'acte III de la décentralisation. Hollande en parlait dès janvier, et le gouvernement commence à le décliner concrètement. Et déjà dans le vocabulaire utilisé, le gouvernement prouve une fois mille-feuilles-2de plus qu'il n'est pas de gauche. Parler de « mille-feuille administratif » pour les branches de l'État, celles qui se trouvent au plus près des citoyens et de leurs préoccupations, c'est mener une politique totalement coupée des aspirations populaires. C'est partir du principe que l'État est par définition mauvais. C'est s'engager sur la voie sans issue de l'éternel éloignement des citoyens et de leur bien commun : la République et ses institutions.

Il en est de même pour l'objectif annoncé (et ne doutons pas que la majorité des parlementaires godillots socialistes applaudiront des deux mains) de la suppression des Conseils Généraux, purement et simplement, à l'horizon 2021. Tout était déjà dans le livre de Manuel Valls, Pouvoir, écrit en 2010, ou il prônait la disparition de cette entité si profondément républicaine qu'est le département … à peine deux ans après que son parti se soit insurgé contre la même proposition de Nicolas Sarkozy et Édouard Balladur ! Si l'on met en parallèle cette proposition avec celle de diviser par deux le nombre de régions, on en arrive à un constat clair et sans appel. La germanisation de la République Française. Les länders arrivent, et on les annonce pour, tenez vous bien, le 1er janvier 2017 dernier délai ! Cela pourra même se faire dès l'an prochain par le Premier Ministre, par la contrainte, si des régions ne fusionnent pas volontairement. Au moment d'écrire ces lignes, un sentiment bizarre m'anime, oscillant entre la peur et la répulsion. Peur de cet inconnu que l'on voit profondément mauvais. Répulsion devant les agissements du roi et de ses courtisans qui n'ont à aucun moment l'intérêt général comme vision d'avenir.

Pour Hollande, nommer Valls et le choisir pour mener le pays, c'est donc avoir voulu, en âme et conscience, démanteler la patrie républicaine. Et au profit de qui ? De l'Union Européenne et de ses institutions libérales qui, dans quelques années, traiteront directement avec les super-régions de ce qu'est encore aujourd'hui la France. Sans État central puissant et structuré, il ne sera plus possible de lutter efficacement contre le GMT, la libéralisation des services publics (seront-ils eux aussi régionalisés ? N'en doutons pas, les Agences Régionales de Santé le montrent déjà) ou pour la planification écologique qui ne peut se penser qu'à une échelle globale, au moins étatique.

 Deux moments se dessinent immédiatement devant nous pour montrer non plus un mécontentement, mais une résistance face à l'UE, à Hollande et à son gouvernement. Le 12 avril, par la longue marche dans les rues parisiennes du peuple de gauche qui n'en peut 6eme Républiqueplus d'être constamment la victime des politiques du PS. Les élections européennes ensuite, où notre programme « Rompre et refonder l'Europe » marque le retour de la souveraineté comme marqueur et de l'intérêt général comme objectif. La 6ème République ne pourra se construire que sur les décombres de la Vème. Or, par ses prises de position, Hollande (ou Valls, c'est au choix) ne nous facilite pas la tâche. Le fédéralisme est un cancer en république, et nous devons lutter toujours plus pour garder un cap stratégique clair : unité de la République, puis destruction de la Vème, et enfin construction de la 6ème. La France en a bien besoin !

Alexandre Emorine

 

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Européennes : boulevard ou chemin de croix ? https://plaidoyer-republicain.fr/europeennes-boulevard-ou-chemin-de-croix/ https://plaidoyer-republicain.fr/europeennes-boulevard-ou-chemin-de-croix/#respond Tue, 08 Apr 2014 08:39:26 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=461 ...lire la suite ]]> THE BIG BANG THEORYBien, récapitulons. Les élections municipales ont été quelques peu étonnantes. Même s’il est vrai qu’un pouvoir en place est souvent sanctionné à mi-mandat, il faut avouer que la gifle est sévère. Le Parti Socialiste a subi une défaite immense : 115 villes de plus de 9000 habitants ont été perdues. La Gauche Radicale s’en est à peu près tirée mais des pertes importantes sont à noter. Dans la ceinture rouge, la volonté du Parti Socialiste de se tailler la part du gâteau sur le dos du Front de Gauche a été destructrice. Malgré tout, Claude Bartolone n’est pas arrivé à son objectif de mettre à genoux les communistes comme il aurait tant espéré le réaliser. L’UMP a gagné beaucoup de villes, et le FN arrive à presque 1500 élus municipaux en glanant 11 villes. Jusque là, il ne s’agit que d’une présentation factuelle et peu développée du résultat des élections municipales. A ce stade, et au regard de ce que le gouvernement a fait depuis 22 mois, il n’est pas illogique de penser à un vote sanction.

Mais il faut se poser la question de qui sanctionne le gouvernement. Clairement, la droite et l’extrême-droite. Bien que l’abstention ait été forte pour ce scrutin (un record pour des municipales), la droite et l’extrême-droite ont su suffisamment mobiliser pour réaliser des scores importants. Mais il y a également eu un vote sanction de la part du Peuple de Gauche. Sous une forme essentielle : l’abstention. Si le Front de Gauche ou EELV avaient été le lieu d’accueil de la déception de gauche, le nombre de villes gagnées et le pourcentage net en voix n’auraient pas été aussi faibles. Quoi qu’il en soit, tout le monde comprend qu’à gauche, on n’a pas trop la pêche. Ce signal envoyé au gouvernement devait amener une réponse forte et rapide. Elle a eu lieu.

Ce 31 mars, François Hollande a parlé à la Nation. 8 longues et interminables minutes de palabres. Ce n’était qu’une confirmation de la politique à venir jusqu’en 2017. Pacte de responsabilité et cadeaux au patronat d’une part, avec les coupes budgétaires qui y seront associées (50 milliards d’euros). D’autre part, un pacte de solidarité, où la mesure la plus forte sera… Ah oui, il ne l’a pas dit. Au menu également, la réorganisation du pays. Ne soyez pas naïfs, sans langue de bois, cela veut dire : « Nous allons poursuivre l’acte III de la décentralisation ». Peu à peu, on sent poindre son tropisme fédéraliste. C’est une violente attaque contre l’unité de la République puisque la seule façon de fédéraliser le pays sera de mettre les territoires en concurrence à l’aide de pôles de compétitivité. Liberté, Égalité, Fraternité, pour la devise républicaine, on repassera. Et puis, il y a l’autre effet Kiss Cool. Quelle équipe pour mettre cette politique en place ?

Clairement, la politique qui va se poursuivre va s’ancrer dans les solutions néo-libérales. L’exécutant était donc tout trouvé. Manuel Valls comme premier ministre ne doit surprendre que les plus naïfs d’entre nous. C’est un formidable pont qui est bâti pour faire le lien entre les « socialistes » et les centristes. D’un point de vue idéologique, le Président de la République a choisi. Le socialisme au PS c’est terminé. S’il veut garder le pouvoir, il ne peut plus le faire sur des thèmes de gauche. Le Peuple de Gauche ne pourra plus le suivre dans ses aventures libérales et François Hollande le sait. Son analyse est relativement fine puisqu’il se dit la chose suivante, enfin nous l’imaginons. « Ouvrons des alliances au centre pour isoler ce qui reste de la droite républicaine. L’étau se resserre sur ce petit noyau à droite. Le FN, quant à lui, est en train de prendre le leadership à droite. Cela sera une formidable occasion en 2017 de se retrouver au second tour, soit contre une UMP totalement isolée dans le champ politique, soit un FN suffisamment puissant (mais pas trop) m’assurant ainsi la victoire au second tour ».

fusibleLa nomination de Manuel Valls est caractéristique de l’utilité qui est faite de sa fonction sous la Vème République : un fusible. Il apparaît clairement que Mr. Valls aura les pires difficultés à tenir la barre à la sortie de l’élection européenne si elle est dévastatrice pour le PS. Il n’y a que peu d’illusions à se faire à la sortie de cette élection. Maintenant, quelles sont les forces en présence ?

Le Front National arrivera sans surprise en tête des européennes. Nous le regrettons mais il faut regarder les choses en face. Pour l’UMP, elle a des raisons d’espérer. Ce n’est pas parce que le Président de la République a nommé un homme de droite comme Premier Ministre que les électeurs de l’UMP voteront PS. Comme souvent, mieux vaut l’original à la copie. Maintenant quel sera le rapport de force à l’issue de ces élections à Gauche ? Cyniquement, cela jouera avec les scores comparés du PS, d’EELV et du Front de Gauche. Le PS sera sans surprise sanctionné. Peut-être atteindra-t-il les 16% comme en 2009, score que l’on peut attribuer au véritable électorat fidèle au PS. Cela illustre une chose : le PS n’est plus majoritaire à Gauche. Pour autant, cela se traduirait-t-il par une réalité politique ? Rien n’est moins sur. EELV a récemment quitté ce radeau de la méduse gouvernemental. Il pourrait bien y avoir des signes d’adhésion à cette stratégie. De plus, il ne faut pas oublier qu’EELV a fait quasiment jeu égal avec le PS aux européennes de 2009.

jackieQuand au Front de Gauche… Je crois qu’il faut avoir un propos de vérité. Les élections municipales ont donné une image désastreuse de l’alliance de la Gauche Radicale. Nous sommes le 7 avril, et personne ne connaît encore la constitution des listes. La campagne n’est pas lancée à 7 semaines du premier tour. Ces derniers jours ont été encore le moment de tensions extrêmes entre le Parti de Gauche et le Parti Communiste Français. Le Front de Gauche sort ses muscles mais finalement, il n’est pas improbable qu’il arrive derrière EELV. Les divisions, les partages de postes et les tensions qui en découlent ne sont pas à hauteur des enjeux que l’on était sensé se fixer. Dans ces conditions, il est illusoire de penser que nous arrivions en tête de la Gauche. Les dirigeants du Parti de Gauche ont l’air d’en avoir conscience et cherchent donc d’autres moyens pour arriver en tête de la Gauche. L’exemple grenoblois est symptomatique de cette nouvelle recherche. La liste conduite par Eric Piolle (EELV) et soutenue par le Parti de Gauche a mis une grosse déculottée à Jérôme Safar (PS). Certes, l’exemple est frappant, mais il est curieux de penser que ce seul exemple soit suffisamment fort pour ouvrir des alliances à tout va avec les Verts. Penser que le Front de Gauche, ou même le Parti de Gauche seul, soit en mesure de s’allier avec les Verts est une illusion. Premièrement car cela serait perçu comme de l’opportunisme et de l’électoralisme pur sucre. Ce serait le meilleur moyen de brouiller le message sur la façon nouvelle dont nous voulons gouverner. Et secondement, programmatiquement, les choses se gâtent encore plus. Les Verts ont voté pour les traités européens, ils sont dans des autres groupes européens que les nôtres, ils sont régionalistes, et surtout, ils ne veulent pas entendre parler de nous. Nous sommes considérés comme des gauchistes et notre programme reprendrait les vieilles lunes productivistes de l’ancien temps…

branléeC’est un signal d’alarme qu’il faut tirer ! Le Front de Gauche est très mal parti pour les européennes. Manque de crédibilité, alliances municipales au petit bonheur la chance, propos contradictoires entre les responsables nationaux du Front de Gauche. Ce qui devait être notre boulevard électoral prend des airs de chemin de croix à 7 semaines du scrutin. Nous ne portons absolument pas au débat public la question de l’Euro, ni la nécessité de casser le Grand Marché Transatlantique (GMT) et encore moins les stratégies de désobéissance européenne. Pour l’heure, nous disons à qui veut l’entendre que nous sommes « l’opposition de Gauche ». C’est très bien, mais après ? Entendre dire que l’élection européenne sera le moment de châtier le gouvernement me rend triste. La leçon n’a visiblement pas été tirée des municipales. Les gens de Gauche restent à la maison pour les scrutins. Ils n’y reviendront que nous sommes en capacité de porter un projet qui soit compris par le grand nombre. Les débats sur les têtes de liste, je crois que ça en fait bouger une sans toucher l’autre aux citoyens. Et pendant ce temps-là, le FN est tranquille. Il peut continuer à s’affirmer comme étant la seule alternative au libéralisme et à cette Europe austéritaire. Alors camarades, lançons ces européennes sur quelques thèmes forts, avec pédagogie. Sinon, l’espoir de retrouver la dynamique de la présidentielle risquerait d’être vain. C’est le bon moment pour parler de souveraineté, de désobéissance, de l’Euro et surtout de la refonte de nos institutions. La 6ème République serait un formidable thème à mettre en avant pour contrer les logiques politiques et économiques de la Commission Européenne. Nous avons 2 mois pour convaincre !

Arnaud Guvenatam

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Hollande assassine la République ! https://plaidoyer-republicain.fr/hollande-assassine-la-republique/ https://plaidoyer-republicain.fr/hollande-assassine-la-republique/#comments Wed, 15 Jan 2014 10:14:29 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=263 ...lire la suite ]]> Hollande ConfPRDu dégoût, et je pèse mes mots. C'est à peu près le sentiment qui m'anime au moment où je rédige ces lignes. De quoi je parle ? Je parle de la conférence de presse de ce mardi 14 janvier du monarque républicain Hollande. Je passe sur le principe même de l'exercice, la rareté de la parole rendant cette dernière presque sainte et presque aussi attendue que le retour du plein emploi. Les annonces faites par le président n'ont été qu'une succession de dogmes libéraux. Comme le disait très justement François Delapierre, c'est tout le modèle social et républicain de la France qui est mis à mal par le discours du chef de l'état.

 

Économiquement parlant, les leçons à tirer de cette journée sont désastreuses. Certains parlent de virage idéologique. Selon moi, cela relève de la naïveté. Croire que le fameux discours du Bourget de 2012 était le cœur de la pensée économique de François Hollande et de son gouvernement, c'était se tromper lourdement. Si quelques uns ont pu être illusionnés, c'est désormais terminé. Bien qu'il s'en défende (« je ne suis pas gagné par le libéralisme »), les mesures détaillées ou annoncées lors de cette conférence de presse furent exclusivement libérales. Quel anti-libéral parlerait de « charges » sociales quand ces cotisations servent au bien commun ? Quel anti-libéral annoncerait la suppression pure et simple des cotisations familiales des entreprises et des travailleurs indépendants en 2017 ? Aucun. Un social-démocrate imposerait au moins des contreparties (ce qui est déjà contestable en soi). Mais ici, il n'en est rien, c'est bien à un social-libéral auquel nous avons affaire. Son pacte de responsabilité, très mal nommé, va arriver le 21 janvier, l'un des jours fondateurs de notre République.

 

GATTAZ SOURIANTC'est le MEDEF qui est sorti gagnant aujourd'hui. Il réclamait 30 milliards de coupes budgétaires le 13 janvier, il en est pour l'instant à 35 ! Mon petit doigt me dit qu'avant la fin du quinquennat, la centaine sera atteinte si rien ne change dans le pays, reprenant encore une fois la demande du MEDEF en date du 1er janvier. Et la position de l'UMP dans tout cela ? Ils sont aux abonnés absents. Je ne résiste pas au « plaisir » de citer André Valini, député PS. Vous allez voir, tout est dit : « À droite, ils sont gênés car nous menons une politique qu'ils auraient aimé mener. L'UMP l'a rêvé, nous l'avons fait ! » (I-Télé, le 14 janvier 2014). N'est-ce pas beau ? Si vous n'arrivez pas à vous satisfaire de ça, comme Rebsamen, Bartolone, Huchon ou Bel : je vous félicite vous êtes de gauche.

Il est temps de changer de braquet pour celles et ceux qui, sincères, croyaient pouvoir infléchir la ligne économique du gouvernement de l'intérieur. Il est temps pour eux de constituer, qu'ils soient encore au PS où à EELV, la grande majorité de gauche autour du Front de Gauche, qui s'opposera coûte que coûte au libéralisme de l'exécutif.

 

Je voudrais m'arrêter ici plus longuement sur un aspect du discours qui sera probablement – et volontairement – occulté par les médias dans la reprise qu'ils feront de l'allocution présidentielle. La République est en danger, le signal d'alerte doit être tiré. Nous avons, chacun dans notre entourage, alerté sur les dangers de l'acte III de la décentralisation. Ici, le Président a présenté les nouvelles compétences des régions dès 2014, et c'est probablement ici que se cache le plus gros scandale. De l'idéologie qui le fonde découlent toutes les autres mesures. On cherche, à l’Élysée et à Matignon, à détricoter la République et à détruire ce qui la fonde, son unité. Par la réduction des dépenses publiques (l'objectif est de 50 milliards d'ici à 2017...) bien sûr, qui met les territoires en concurrence permanente et en créant de véritables déserts de services publics. L'organisation du territoire est elle-même visée par le discours du chef de l'état. Les 13 métropoles crées en 2013 représentent pour lui une source d'attractivité et de localisation d'investissement. Mes chers amis, vous qui êtes hors de ces grandes métropoles, vous n'aurez rien ! L'investissement dans vos régions baissera mais rassurez vous, vous pourrez toujours aller habiter dans ces 13 ensembles (in)humains.

 

La Fusion ne date pas d'hierLe Président a également annoncé qu'il faudrait désormais augmenter les « pouvoirs réglementaires locaux » des régions, que leur nombre pourrait évoluer (comprenez qu'il désire la fusion de plusieurs d'entre-elles) mais également que les départements devraient « redéfinir leur avenir ». Reprenons tout ça calmement : chaque région pourra donc édicter plus largement des règlements spécifiques, en matière économique, sociale et environnementale. C'est encore une fois la concurrence qui est amenée sur les territoires français, et la compétition entre eux n'en sera que plus exacerbée ! Hollande devrait prendre son passeport allemand, et très vite. Il voit déjà la France comme une République Fédérale, avec ses super-régions, et dont le droit deviendra variable que l'on habite à Lille où à Marseille ! J'aimerais juste rappeler qu'en 2013 les alsaciens avaient massivement refusé la fusion des départements du Haut et du Bas-Rhin en une seule entité. Leur sens républicain est bien plus aiguisé que celui du Président de la République, c'est un comble ! Bien entendu, Hollande s'est tout de suite protégé de toute contestation possible de la part des élus locaux et des citoyens. Voici la citation entière : « Je sais que sur ces questions nos élus et nos concitoyens sont prêts à ces évolutions, et il y aura des incitations puissantes qui seront introduites, les dotations de l’État varieront en fonction des regroupements qui seront faits». Faites ce que je dis, je décide que vous êtes d'accord, vous n'avez pas le choix, sinon vous mourrez dans l'asphyxie économique. Quelle honte lorsque l'on sait que de nombreuses petites communes de notre pays souffrent cruellement du manque d'argent et du gel – puis de la baisse – des dotations de l'état. Désormais, il faudra que les barons locaux viennent ramper aux bons vœux du prince pour espérer obtenir une obole de sa part. Bienvenue dans la reconstitution grandeur nature de la France de 1788 !

 

L'article 1 de la Constitution proclame que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». On ne doit donc pas avoir différentes lois sur le territoire de la République. La loi est la loi, et elle est la même pour tous. Bien sûr, le Conseil Constitutionnel a validé la loi de décentralisation de 2004 de Raffarin (à laquelle le PS s'était opposé à l'époque, principalement sur son volet économique). Combattons donc l'acte III à venir et ses dispositions. Nous ferons d'une pierre deux coups en permettant de tacler la réforme Raffarin et de renverser la tendance depuis 1983, qui vise à toujours plus décentraliser la France. C'est une attitude typique de la Vème République. Je vous renvoie au coup de force exercé contre les communes pour leur imposer de rentrer dans un EPCI.

 

RépubliqueNous ne pouvons pas accepter cela. La République est notre bien commun, elle est ce qui fonde le peuple français, groupé autour d'un projet politique. Vouloir la diviser, c'est vouloir diviser le peuple. Rien de bien étonnant, tant cette revendication est consubstantielle de la pensée libérale. Faire éclater le territoire pour mieux faire reculer l'État et faire jouer la concurrence. Les Républicains ne peuvent pas laisser faire. Nous devons nous lever tous ensemble pour faire reculer ce projet. Si nous y arrivons, tous les autres s'écrouleront. S'il passe, tous les reculs passés seront validés, et d'autres s’annonceront, plus destructeurs encore.

 

Pour conclure, je dirais simplement « La France aux Républicains, et la 6ème République pour la France ! ».

 

Alexandre Emorine

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Sarkozy est de retour : il s’appelle Hollande https://plaidoyer-republicain.fr/sarkozy-est-de-retour-il-sappelle-hollande/ https://plaidoyer-republicain.fr/sarkozy-est-de-retour-il-sappelle-hollande/#respond Sat, 04 Jan 2014 11:16:28 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=192 ...lire la suite ]]> Sarko-HollandeMardi dernier, ont eu lieu les traditionnels vœux du Président de la République. Vous ne les avez pas vu ? Vous avez préféré passer la soirée avec vos proches à fêter dignement le passage à 2014 ? Bien vous en a pris. Mais vous avez donc probablement raté l'annonce phare de Hollande, ce fameux « pacte de responsabilité » tant vanté par le MEDEF. Passons le fait que toute annonce satisfaisant le MEDEF ne peut que nous alarmer, tant les intérêts de ce groupement patronal (je me refuse à parler de syndicat ici) sont contraires à ceux du peuple et à l'esprit partageux de la République. Eux ne voient que l'intérêt économique, financier et capitalistique de quelques-uns, lorsque la République ne reconnaît que l'intérêt général de tous ses citoyens, avec une vocation universaliste.

Bien entendu, nous aurions préféré entendre un discours offensif contre la finance, contre les abus d'un grand patronat devenu fou depuis bien longtemps. Mais juste avant, je me suis dit « Rapport Gallois, Crédit Impôt Compétitivité Emploi... On va se faire encore avoir ». et là, d'un coup, les mots furent lâchés : pacte de responsabilité. De responsabilité des entreprises devant l'Etat ? Devant les salariés ? Des responsabilité des dirigeants des grands groupes qui renvoient à une misère terrible des milliers de familles à travers le monde ? Pas du tout, juste une responsabilité « morale » où, devant une nouvelle baisse des cotisations patronales et sociales (d'ailleurs, le prochain qui parle de « charge » étant hors la loi, je propose que l'on dépose une plainte collective!), le MEDEF se dit prêt à « relever le défi », et à embaucher près d'un million de personnes ! Quelle honteuse abdication de l'état devant le patronat ! Encore, encore et encore. Cela en devient tellement répétitif que toute réaction ressemble à du déjà-vu... Et c'est exactement ce qu'ils recherchent !

L'annonce, comme toujours avec le duo Hollande-Ayrault, n'est pas encore expliquée concrètement. Il s'est agit avec cette annonce d'un os à ronger pour le patronat. Mais plusieurs journaux citent la lettre envoyée par Jean-Marc Ayrault au « Haut Conseil au financement de la protection sociale » démontrant la volonté du gouvernement : réduire la cotisation patronale famille, aujourd'hui équivalent à 65% du budget des prestations familiales dans notre pays. Voici le visage du social-libéralisme. S'attaquer à la politique familiale, probablement le seul type de prestations versé de manière universelle aux foyers français. Si ce projet se concrétise, si le MEDEF obtient gain de cause, et selon toute vraisemblance c'est ce qu'il se passera, le gouvernement PS-EELV aura réduit les cotisations familiales, relevé la TVA, cherché à baisser le prix du travail et fait le CICE. Soit, en somme, tout ce qui était contenu dans la fameuse TVA sociale de Sarkozy, pourtant abolie en 2012, comme un effet d'annonce dans la vague du « changement médiatisé ».

L'image parle d'elle même

Quelle trahison ! Chers lecteurs, surveillez cette affaire de près. Surveillez les sorties médiatiques des élus socialistes et de tous ceux qui défendraient ce dispositif antisocial. Retenez bien ce qu'ils diront, car lors des échéances à venir en 2014 ou encore après, vous verrez les défenseurs du gouvernement mettre en avant l'annulation des mesures Sarkozy en 2012, comme ci cela était une fin en soi. Rappelez leur toujours que les mesures économiques qu'ils ont mis en place depuis, au-delà de l'effet d'annonce, sont allées dans le même sens que celles prônées par la droite. Pire, elles ont même été plus loin dans la destruction programmée et voulue de notre système social à la française, puisque causées par le libéralisme prônant le « toujours moins d’État ».

À l'inverse, tendez la main à celles et ceux qui, de bonne foi, défendaient Hollande mais arrivent à un trop-plein avec cette annonce. Un élu socialiste rencontré par la rédaction ce mercredi ne cachait pas son exaspération devant ce pacte. « Cela fait 30 ans qu'on donne tout aux entreprises, jamais de contreparties ni d'effets positifs. Ça ne marche pas, pourquoi s’entêter dans cette voie ? »

Il a raison cet élu ! Hollande n'assume pas ses responsabilités. Il n'assume pas s'être trompé sur toute la ligne économique depuis son élection. Il assume encore moins – mais la tâche serait trop importante pour lui – l'échec du social-libéralisme et de ses vieilles recettes.

La soumission au MEDEF n'a jamais rien apporté de bon, préparez vous à lutter en 2014 ! Nous aurons besoin de toutes les énergies pour battre en brèche les projets du gouvernement, et engager la rupture avec les politiques libérales. Bien sûr, les élections municipales et européennes seront importantes. Mais ne soyons pas dupes : ce gouvernement est aveugle. Pire, il ne veut pas voir ce qui se passe et les effets désastreux de sa politique libérale. Nous devrons être beaucoup plus offensifs pour sortir le pays de la misère dans laquelle il s'enfonce ! Le peuple a mis une claque à Sarkozy en 2012, mettons-en une à Hollande en 2014 !

Alexandre Emorine

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