République ou Front Républicain?

Devise

Un coup de tonnerre : c'est ce que titrent depuis dimanche les journaux papiers, télévisés où numériques. En effet, lors du 1er tour de la cantonale partielle de Brignoles (Var), les électeurs ont donné 49,5% des voix au FN et au « Parti de la France » de Carl Lang, formation dissidente d'extrême-droite. La désespérance dans le pays est telle qu'à cette élection, de portée nationale, il n'y a qu'un perdant : la République. Notre drapeau est aujourd'hui en berne, pour mieux être relevé demain !

L'élimination des forces républicaines du second tour n'est pas un séisme : elle est symbolique de l'impasse dans laquelle le gouvernement actuel plonge le pays tout entier. Laisser la seule extrême-droite se parer (faussement) dans les draps de la Laïcité et de la défense de la République, lui abandonner lâchement nos symboles, notre drapeau, notre hymne révolutionnaire et notre devise, voilà les raisons profondes, enracinées, du mal qui pointe au grand jour. La responsabilité du Président de la République – par sa soumission totale à Bruxelles –, du Ministre de l'Intérieur Manuel Valls – par ses déclarations antirépublicaines – et de tous ceux qui les soutiennent est immense. Par la désespérance qu'ils répandent, par la banalisation des discours d'extrême-droite et par le mimétisme économique qu'ils entretiennent avec l'UMP, ils n'ont fait que renforcer le Front National. C'est à se demander si ce n'est pas une stratégie délibérée, cherchant à assurer une réélection automatique pour 2017. Grave erreur ! Les scores de dimanche sont là pour le montrer : personne ne gagne à faciliter le travail des antirépublicains et à les dépeindre comme la seule alternative, si ce n'est ces derniers.

Je passe très rapidement et volontairement sur la décortication des scores. Assimilée comme trop proche du gouvernement, la liste républicaine portée par le Front de Gauche est éliminée du second tour. La candidature EELV indépendante y est également pour beaucoup. Tout comme le fait d'afficher ostensiblement les « armoiries » du Parti Socialiste sur les tracts … Mais ceci est une autre affaire.

Ah si, une petite réflexion me vient en écrivant ces lignes : à lire David Assouline et d'autres responsables à gauche, le fait marquant de cette élection serait l'élimination du second tour des forces progressistes. Quelle vision court-termiste de la politique, de la République et de ses valeurs ! Imaginons une liste républicaine composée du PS, d'EELV et du Front de Gauche. Elle aurait, en effet, mécaniquement été présente au second tour. Pour autant, les problèmes serait restés les mêmes : abstention massive, désintérêt de la chose publique et du bien commun. Et l'extrême-droite n'aurait même pas reculée d'une voix, serait toujours à 49,5%, assurant presque de facto l'élection de son candidat au 2ème tour ! Mais cela paraît bien étranger à nos gouvernants, qui s'alarment « simplement » de l'élimination des forces de gauche. Leur présence face au FN n'aurait pas assuré mécaniquement la victoire, loin de là ...

Je disais plus haut qu'il n'y a qu'un seul perdant dans ce scrutin, la République. C'est un fait étayé par deux exemples : le score important des forces réactionnaires (70% des voix...) et l'abstention massive ! 70% des électeurs et électrices ne se sont pas déplacés, n'ont pas jugé utile de voter pour élire leur représentant. Le cœur du problème est là ! Ces voix manquantes, au vu des scores officiels, le sont dans le camp républicain. Nous pouvons allègrement « remercier » M. Hollande, Ayrault ou Valls : c'est grâce à eux que nous en arrivons là. Et il sera malheureusement très compliqué de faire machine arrière, d'inverser la tendance, en tout cas pas avant de longs et fastidieux mois.

Quant à ce fameux second tour à venir. Presque toutes les forces de gauche, comme de droite, appellent à la création à cette occasion d'un grand front républicain. C'est, ici aussi, une erreur. Lorsque j'entends ce terme, en 2013, je sors ma guillotine. Que signifie-t-il vraiment ? Tout comme le mot « totalitarisme », c'est un vocable totalement vide de sens. Il eut un sens il y a 10 ans, lorsque la droite restait sur des positions à tendance républicaine. Aujourd'hui, il n'en a plus.

L'UMP a couru après le Front National dans une stratégie délibérée de siphonnage de voix. Faisant sauter la digue salvatrice qui empêchait toute pénétration du discours Lepeniste à grande échelle, elle l'a banalisé, se l'est approprié, et l'a popularisé dans tous les médias. Encore une fois, cette vision court-termiste a échouée. D'ailleurs, il ne pouvait en être autrement !

Pourquoi donc refuser le front républicain, alors que nous nous targuons d'être des Républicains inflexibles me direz-vous ? La réponse est dans la question. La constance des contre-révolutionnaires et des antirépublicains est leur moteur vers les sommets. La République doit en tirer les conséquences, et rester ferme sur ses principes. Aucun appel à voter pour ses ennemis ! Que l'étiquette soit FN ou UMP importe peu, nous savons très bien ce que fera le candidat élu lors du 2ème tour : il mènera au Conseil Général du Var une politique xénophobe, antilaïcarde et antisociale. En somme, une politique antirépublicaine. Aucun militant de la République ne peut apporter une voix à des courants politiques dont le cri est « Vive la finance » où « Dehors les immigrés ». La porosité idéologique est arrivée à une telle extrémité que rien, je dis bien rien, ne différencie l'UMP du FN.

Pour nous, c'est donc un immense NON au front républicain : lors du 2ème tour, plusieurs choix s'offrent tout de même à vous. Profitez de votre dimanche (la pêche est une très belle activité), ou votez blanc ! Quoi qu'il en soit, aucune voix républicaine ne peut se porter sur son ennemi, quel que soit son nom !La pêche

 

Alexandre Emorine

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