Discours pour Jaurès, 100 ans après

Discours prononcé à Dijon le 31 juillet 2014 à l'occasion du centenaire de l'assassinat de Jean Jaurès

jaurès1Bonjour à toutes et à tous,

Merci aux organisateurs de ce rassemblement, le PCF 21 et le journal « L'Avenir de Côte d'Or ».

Merci d'être présents nombreux pour célébrer la mémoire du grand Jaurès, lâchement assassiné il y a tout juste 100 ans à Paris, devenant ainsi le premier mort du premier conflit mondial et le premier fusillé pour l'exemple.

Plus qu'une simple célébration que certains pourraient voir comme lisse et bon enfant, nous sommes présents ici pour nous rappeler de l'homme et pour nous inspirer de ses combats.

Cette manifestation sera probablement perçue par quelques aigris comme passéiste et tournée vers un temps lointain, qui n'a rien à voir avec le monde d'aujourd'hui. À ceux qui oseraient dire cela, dite leur qu'ils ont tort, et que c'est le monde qui nous entoure qui nous pousse à nous retrouver autour de la figure de Jean Jaurès et de ses prises de position.

Un historien, un infatigable défenseur des droits de l'homme et de la paix, un adversaire du colonialisme, un partisan de la République et du socialisme. Voilà ce qu'il était.

Pas le porte-parole d'un socialisme vidé de son contenu non, mais celui d'un socialisme républicain.

Celui qui lutte contre le capitalisme et les forces de l'argent, mettant l'humain avant toute considération financière.

Celui qui proclame que la République politique ne peut aboutir qu'à la République sociale et qui se bat pour appliquer partout la laïcité républicaine.

Celui qui a comme horizon la paix entre les peuples, et dont devraient s'inspirer bien des dirigeants dans le monde actuel.

Celui, enfin, qui refuse toute compromission pourrie avec le grand patronat au nom d'un obscur principe de réalité, qui n'est que le principe de renoncer à changer les choses.

Toutes ces visions du socialisme sont profondément contemporaines. Le monde, en 1914 comme aujourd'hui, voit la misère s'accroître, les inégalités se creuser, les tensions communautaires augmenter et les guerres avancer. Les combats de Jaurès sont donc toujours les nôtres. Ils doivent toujours raisonner dans nos esprits contre ceux qui voudraient se les approprier faussement. En faisant cela, ils l'assassinent une deuxième fois. Sachons les nommer !

Lorsque Madame Le Pen et Monsieur Sarkozy cherchent à récupérer sa figure, c'est une provocation sans nom contre le monde du travail et la lutte des classes que défendait Jaurès et que cette droite ne cherche qu'à laminer toujours plus. Ensuite quand Monsieur Valls s’appuie sur lui pour promouvoir son pacte de responsabilité et sa politique antisociale c'est au mieux une tromperie, plus certainement une trahison. Enfin, lorsque Monsieur Cambadélis déclare qu'il y a du Jaurès dans le Président de la République, on croit tout simplement rêver.

Célébrer Jaurès, c'est mettre en avant ses paroles et ses actes. De la fondation du journal « l'Humanité » à l’œuvre de sa vie, « l'Histoire Socialiste de la Révolution Française », il aura été aussi bien un intellectuel qu'un combattant de terrain. Soutien sans faille du monde de la mine et des gueules noires, il fut également l'un de ceux qui réussirent à vaincre la réaction pour imposer la laïcité dans notre pays. Il applaudi également à l'instauration de la première loi sur les retraites en France, établissant le droit à la retraite à 65 ans. Quand on voit que le gouvernement actuel l'a repoussé à 66 ans, on se dit qu'on est loin d'une politique jauréssienne. Des combats, il en mena des dizaines. Il fut l'un des premiers à prendre la défense de Dreyfus lorsque les français, même à gauche, se désintéressaient de cette affaire. Enfin, il mena un combat acharné contre la marche à la guerre.

C'est d'ailleurs ce dernier combat qui lui aura été fatal. Abattu par une droite qui l'avait traîné dans la boue des mois durant, il n'aura jamais abandonné sa lutte pour la paix ni cédé aux sirènes militaristes. Il sera toujours resté fidèle à son idéal, ayant une foi sans limite dans l'humanité.

En ce moment ou plus que jamais le drapeau de la fraternité doit être brandi, dans notre pays comme dans le monde entier, soyons fiers de marcher dans les pas de Jaurès. Notre socialisme porte en lui les plus belles valeurs jauréssiennes : la liberté, l'égalité, la fraternité non pas comme de simples mots mais comme des réalités concrètes qui nous animent au quotidien.

Enfin, et je terminerai là-dessus, ne nous laissons pas berner par ceux qui veulent nous voler la figure de celui qui nous rassemble aujourd'hui.

Rappelons leur que Jaurès ce n'est pas une étiquette, c'est une politique.

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