8 mai : se souvenir et s’inspirer !

lhumanite_1945_05_08_AUn devoir et une obligation. Ce sont les premiers mots qui viennent en tête lorsque l'on évoque la célébration de la victoire du 8 mai 1945. Cette date doit résonner à nos oreilles comme l’expression de la mémoire vivante. Nous devons nous rappeler de ce moment historique, celui où les forces alliées d'une cinquantaine de pays du globe (groupés autour de l'Union Soviétique, de la France et des anglo-saxons), s'appuyant sur l'héroïque lutte des résistants et partisans, reçurent la capitulation sans conditions de l'Allemagne et de ses alliés européens. Après plus de cinq années sous le joug nazi, voire même douze ans pour la population allemande, l'Europe se voyait enfin libérée de l'extrême-droite au pouvoir. Je devrais plutôt dire « presque » toute l'Europe, l'Espagne et le Portugal vivant toujours sous les régimes « nationaux-catholiques » de Franco et Salazar. Voilà ce dont l'immense majorité des citoyens européens se rappelle aujourd'hui. Mais le 8 mai, ce n'est pas seulement ça.

Célébrer le 8 mai dans sa commune, devant son monument aux morts, aux fusillés et/ou aux déportés est un acte éminemment politique. Plus précisément, c'est un profond moment de républicanisme. C'est en tout cas la vision qu'il faut partager autour de nous. S'arrêter à la vision purement symbolique de cette date, c'est la vider de son sens au profit des menteurs, des hypocrites et des traîtres. Je m'explique. Tout le monde se regroupe sans distinction aucune le 8 mai dans une sorte de grand élan patriotique. Là est le problème ! L'extrême-droite, FN en tête, fait partie du cortège célébrant le 8 mai, notre 8 mai, le 8 mai de la résistance et de la victoire. Et oui, les fils spirituels (mais pas que) de ceux qui criaient « la France aux français » en 1934, avant de collaborer avec l'occupant allemand, cherchent à donner aujourd'hui de grandes leçons de résistance à tout le monde. Et ça n'a l'air de choquer personne, dans le cirque médiatique et politique. Celles et ceux qui ont littéralement détruit la République en 1940 et qui cherchent à se l'approprier aujourd'hui en la vidant totalement 03-10de son contenu ne doivent pas, je dirais même ne méritent pas de s'inscrire dans la filiation des vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale. Ils ne méritent pas de s'associer à la mémoire vivante de celles et ceux qui, par leur engagement, ont permis de maintenir vivante la flamme de la République. Et de grâce n'oubliez pas, comme trop de nos élus lorsqu'ils prononcent leurs discours, le poids de l'Union Soviétique et de son peuple dans la victoire. Cela ne fera pas de vous des staliniens en puissance, mais tout simplement des citoyens conscients des réalités historiques. En petit bonus, cela vous donnera l'occasion de faire un grand pied de nez aux libéraux et aux falsificateurs de l'histoire qu'ils soient de droite, d'extrême-droite, mais aussi de gauche.

Le 8 mai doit regrouper les républicains dans les valeurs qu'il incarne : la lutte contre le fascisme, pour le progrès social et démocratique et contre les puissances de l'argent. Car sans revenir à un cours de marxisme, l'impérialisme allemand sous sa forme la plus radicale, l'hitlérisme, a été encouragé et financé par les capitalistes de son pays et des pays occupés. Celles et ceux qui ont lutté pour la liberté l'avaient bien compris, notamment en France, en rédigeant le programme du Conseil National de la Résistance, en diminuant drastiquement l'influence des trusts sur l'économie réelle et en condamnant lourdement les collaborateurs militaires (délateurs, hauts-fonctionnaires de Vichy, soldats de la Milice et autres engagés volontaires dans les troupes allemandes) et économiques (Renault, le réseau de banques et d'assurances , etc...). Ces deux types de collaboration qui sont les deux faces d'une même pièce : l'anti-socialisme et la lutte contre le progrès des droits humains.

resistanceAinsi pour nous, au Plaidoyer Républicain, célébrer le 8 mai 1945 c'est d'abord rendre hommage aux victimes de la guerre, faite pour les industriels (comme le disait Anatole France). C'est se rappeler et s'inspirer des héros de ce conflit, ces hommes et ces femmes luttant sur le front de l'est comme dans le bocage normand. Ces anonymes se regroupant, au péril de leur vie, en réseaux de résistance dans les montagnes du Vercors comme dans les forêts bourguignonnes. Celles et ceux qui tombèrent au combat ou en déportation pour l'humanité toute entière, au nom d'un idéal qui n'était pas simplement une « liberté » vague et abstraite mais une libération sociale et politique. Être présents aux cérémonies du 8 mai c'est donc, pour nous, continuer la lutte engagée par ces personnes pour la justice sociale et contre la dictature – quelle que soit sa forme – de la finance.

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Alors camarades, au moment d'entonner le Chant des Partisans et la Marseillaise, rappelez vous des acteurs de l'époque, malheureusement trop peu nombreux aujourd'hui. Soyons fiers de l'héritage de nos aïeuls. Comme républicains, comme communistes et socialistes n'ayant jamais perdu de vue cette idée intrinsèquement anticapitaliste et comme militants de la paix, nous devons leur dire un grand « Merci ».

Alexandre Emorine

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