SYRIZA – Plaidoyer Républicain https://plaidoyer-republicain.fr Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.3 56743480 L’énigme Varoufakis https://plaidoyer-republicain.fr/lenigme-varoufakis/ https://plaidoyer-republicain.fr/lenigme-varoufakis/#comments Fri, 09 Oct 2015 09:31:36 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=953 ...lire la suite ]]> scahuble-varoufakis-odd_andersen-afpUne fois n’est pas coutume, l’édition du 8 au 14 octobre 2015 du Nouvel Observateur mérite que l’on s’y arrête. En effet, l’occasion est donnée aux lecteurs de connaître un peu mieux Yanis Varoufakis. L’ancien ministre grec des finances de Tsipras qui nous était médiatiquement présenté comme tonitruant, radical et imprévisible. A la lecture de cet entretien au Nouvel Obs, j’avoue en tout cas qu’il est imprévisible. Peut-être est-ce le fait que ma compréhension des évènements soit mauvaise, que ma culture politique se révèle extrêmement faible, mais je crois percevoir dans les déclarations de Varoufakis, au mieux de l’auto-contradiction, ou pire, une tromperie sur la marchandise.

Si l’on effectue un rappel des faits, il a quitté le gouvernement Tsipras suite à la victoire du Non au référendum. Il a aussi vertement critiqué Tsipras de ne pas lui avoir donné le feu vert pour la mise en place d’une monnaie parallèle, qui aurait eu pour conséquence de sortir, de fait, la Grèce de la zone euro. Pour lui reprocher in fine d’avoir capitulé face aux institutions qui l’ont certes torturé. Dans l’entretien, Varoufakis nous explique qu’il n’est plus possible de modifier ou de changer les traités et qu’il « ne faut pas désespérer de l’Europe, il faut agir sur nos gouvernants ». Il ajoute :

Soyons pragmatiques. Il faut stabiliser l’économie de l’Europe. La zone euro est une catastrophe et crée des situations intenables, pour la France notamment. La grande question est donc la suivante : qu’est-ce qu’on peut faire à l’intérieur des institutions existantes ? Qu’est-ce qu’on peut faire avec la BCE, la banque d’investissement, le MES ? Je pense que l’on peut faire de grandes choses avec ce que l’on a. Depuis des années, je travaille avec des collègues, et nous avons à cet égard l’approbation de Michel Rocard, à ce qu’on a appelé la proposition modeste

Une sorte de New Deal européen, comme en 1933.

C’est un peu décontenançant de lire de tels propos par celui-là même qui reprochait à Tsipras de pas donner son feu vert à son plan secret de sortie de l’euro. Il y a comme une foi dans cette illusion de penser que les choses changeront de l’intérieur. La cuisante démonstration de la situation grecque en est un exemple étincelant.

La contradiction est un élément majeur de l’énigme Varoufakis. En juillet, il souhaite la monnaie parallèle et en octobre, il nous explique la chose suivante : « Si on avait voulu quitter l’euro avec Tsipras, il aurait fallu recréer une drachme pour pouvoir dévaluer. Cela aurait été un suicide pur et simple ». Sur la question du référendum, l’ancien ministre explique qu’en réalité, Tsipras était pour le oui. Cela aurait permis, selon lui, de justifier le fait que « le varoufakis-tsipras_et_on_fait_quoi_maintenant_drréférendum n’était pas fait pour être gagné, mais perdu, pour trouver une excuse à la soumission imminente ». Son analyse est basée sur le simple fait que le soir des résultats et des 62%, ce n’était pas le résultat que Tsipras souhaitait car « c’était clairement écrit sur son visage ». S’il fallait résumer le mode d’action de Varoufakis, on verrait une idée que rien ne sert de peser sur les gouvernants, malgré le fait qu’il faille le faire, parce que changer les traités c’est impossible mais il faut peser de l’intérieur. Tout ceci, c’est de la mauvaise sauce-dem. Un fromage hollandais indigeste. Ce qui est sur, c’est que dans cette interview, il n’est jamais fait référence à la question sociale, aux urgences des peuples. Les seules réponses qu’il propose sont d’avoir « un débat paneuropéen qui puisse trouver des expressions locales ». Pourtant, cette situation a déjà été envisagée lorsque la quasi-totalité des états européens était dirigée par des sociaux-démocrates. Et qu’en est-il advenu ? Rien, du libéralisme. Comme maintenant. Aujourd’hui, on nous propose de débattre entre européens. Vive le débat, mais il serait illusoire de penser que tout le monde se mettra à table, dans un premier temps, et que les gens se mettront d’accord à base d’arguments raisonnables, sur un tapis vert. Peut-être faut-il le déplorer, mais l’existence de divergences d’intérêts entre les membres de l’Union européenne est une réalité. Cela suppose donc des compromis et des rapports de force pour faire évoluer la moindre petite chose. Dans le cas de Varoufakis, quelle vision de bisounours ! Alors pourtant qu’il continue de justifier le fait de tenir tête aux institutions en ne cédant pas aux chantages de sortie de l’euro. C’est toujours affaire d’une chose et son contraire. Une sorte de ni oui, ni non, bien au contraire. Peut-être est-ce l’effet de lunettes déformantes, mais la radicalité supposée de Yanis Varoufakis ne saute pas aux yeux.

Cette interview est finalement bien à sa place dans le Nouvel Observateur. Une vision décourageante de l’avenir, un plombage des idéaux de changement, l’absence d’issue d’une aspiration au bonheur des peuples. Mais après tout, peut-être qu’il est effectivement difficile d’imaginer la réalité d’un potentiel changement quand on a les doigts de pieds en éventail dans sa villa au bord de sa piscine sur l’île d’Egine ? Alors oui, je sais, c’est une attaque personnelle, ce n’est pas un argument. J’entends déjà le fait qu’on me dise qu’on peut être riche et de gauche, qu’il y a bien des pauvres de droite etc… Mais ça soulage, ce n’est pas constructif, j’en conviens. Par contre, le fait de voir Varoufakis sous l’œil d’un homme politique social-démocrate, voire social-libéral, est un éclairage nouveau sur l’échec d’une gauche radicale grecque qui ne l’a finalement peut-être jamais été.

Arnaud Guvenatam

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Grèce : des lendemains qui déchantent https://plaidoyer-republicain.fr/grece-des-lendemains-qui-dechantent/ https://plaidoyer-republicain.fr/grece-des-lendemains-qui-dechantent/#comments Sat, 18 Jul 2015 14:51:12 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=905 ...lire la suite ]]>  done dealJe tiens à revenir sur l’accord qui a été signé par Alexis Tsipras lors du sommet européen du 12 juillet dernier. Enormément de choses ont été dites sur le cas de la Grèce. Privatisations, capitulation, plan de rééchelonnement ou de restructuration de la dette, et j’en passe. Finalement, et avec un peu de recul, il apparait de façon certaine que la discussion autour de cet accord a été menée de telle sorte que l’on évacue l’aspect politique de l’accord. L’économie et ses lois naturelles auraient eu raison du Premier Ministre Grec au moment d’apposer sa signature à l’accord. D’autres ont parlé de pistolet sur la tempe, ou ont qualifié Hollande de personne ayant « offert la corde au pendu ». Mais au final, que dit ce protocole d’accord (ou dans la version anglaise, « Memorandum of Understanding », ou "MoU") ? C’est ce que cet article s’attachera à décortiquer, citations à l’appui.

 

Le pack du 15 juillet.

Le gouvernement Tsipras a perdu sa majorité et a fait voter le texte dans la douleur avec l’appui de la droite et des libéraux de tous bords. L’accord prévoyait plusieurs choses telles que :

  • « une rationalisation du régime de TVA et un élargissement de l'assiette fiscale afin d'accroître les recettes».

En d’autres termes, une augmentation de la TVA, et une hausse des impôts. Ce qui a été le cas lors du vote du parlement. Rien n’est précisé sur le mode de changement de l’assiette fiscale. D’ici à ce que les grecs les plus fortunés soient mis à contribution, cela n’engage que ceux qui y croient.

  • « des mesures directes pour améliorer la viabilité à long terme du système des retraites dans le cadre d'un programme global de réforme des retraites». Comprenez, une augmentation de la durée de cotisation pour toucher sa retraite.

C’est avec ce même jargon qu’on nous a fait avaler la retraite à 63 ans avec 43 ans de cotisations, au motif qu’il manquait 5 milliards d’euros dans les caisses chaque année. Rappelons simplement que la fraude fiscale des plus fortunés s’élève chaque année à 80 milliards d’euros. Et cerise sur le gâteau :

  • « la pleine mise en œuvre des dispositions pertinentes du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire, notamment en rendant opérationnel le conseil budgétaire avant la finalisation du protocole d'accord et en introduisant des réductions quasi automatiques des dépenses en cas de dérapages par rapport à des objectifs ambitieux d'excédents primaires, après avoir sollicité l'avis du conseil budgétaire et sous réserve de l'accord préalable des institutions ».

Lorsqu’un état est en excédent primaire, nous pouvons résumer le fait que les recettes fiscales engrangées par la levée de l’impôt représentent un capital supérieur aux dépenses nettes de l’état. Si par malheur la situation venait à changer, des réductions de dépenses de l’état seraient automatiquement effectuées. Sauf qu’un « conseil budgétaire» aurait des pouvoirs de conseil sur le montant des dépenses à rogner. La question sous-jacente est belle bien de savoir qui se cache derrière ce fameux conseil budgétaire…

Toutes ces dispositions, mais disons-le tout net, ces injonctions, ont été avalisées lors du vote du 15 juillet au parlement grec. Mais ce n’est pas tout. Il y a le deuxième effet Kiss Cool lors du vote qui aura lieu le 22 juillet. Qu’exigent donc les Institutions européennes de ce vote ? Des mesures telles que :

  • « l'adoption du code de procédure civile, qui représente une refonte en profondeur des procédures et modalités propres au système de justice civile et peut accélérer considérablement les procédures judiciaires et réduire les coûts dans ce domaine».

Là, les Institutions jugent nécessaire de se pencher sur le système judiciaire grec qu’il considère comme trop coûteux. L’argument se veut être justifié par des considérations économiques, mais elles ne sont que politiques. La perpétuelle réduction des coûts est l’antienne des néo-libéraux de tout poil depuis plus de trente ans. Cela n’est une fois de plus que la volonté de mettre en œuvre un état minimal.

  • « la transposition de la directive relative au redressement des banques et à la résolution de leurs défaillances, avec le soutien de la Commission européenne».

Là encore, il s’agit de garantir le sacrosaint sauvetage du système financier et bancaire. Et bien évidemment, cela sera piloté par la Commission elle-même. Pour sauver des banques, il y a du monde. Mais dès lors qu’il s’agit de s’occuper d’une situation sociale explosive, cette une autre paire de manches que je détaillerai après. Que tout le monde comprenne bien ce qui est en jeu. Pour le moment, il n’a pas encore été question de parler de quelque aide que ce soit à ce stade. Et l’accord est clair sur ce point.

L’étau se resserre.

Je cite :

« Ce n'est qu'après - et immédiatement après - que les premières mesures susmentionnées auront fait l'objet d'une mise en œuvre au plan juridique et que le Parlement grec aura approuvé tous les engagements figurant dans le présent document, avec vérification par les institutions et l'Eurogroupe, qu'une décision pourra être prise donnant mandat aux institutions de négocier un protocole d'accord ».

Pour parler dans un langage compréhensible, il s’agissait seulement d’un pré-accord, visant à mettre en place la politique pourrie des institutions avant seulement de commencer à discuter d’un plan d’aide. A ce stade, nous pourrions penser que les mesures à mettre en œuvre sont suffisamment précises, mais il n’en est rien.

« Le gouvernement grec doit s'engager formellement à renforcer ses propositions dans un certain nombre de domaines recensés par les institutions […] afin de donner une idée claire de l'orientation des politiques à moyen terme. Il doit notamment, en accord avec les institutions :

  • « adopter des réformes plus ambitieuses du marché des produits assorties d'un calendrier précis de mise en œuvre de toutes les recommandations du volume I du manuel de l'OCDE pour l'évaluation de la concurrence, y compris dans les domaines suivants: ouverture des magasins le dimanche, périodes de soldes, propriété des pharmacies, lait et boulangeries, à l'exception des produits pharmaceutiques vendus sans ordonnance qui feront l'objet d'une mise en œuvre à un stade ultérieur, ainsi qu'en ce qui concerne l'ouverture de professions fermées essentielles au niveau macro-économique (par exemple, les transports par ferry)».

Pour résumer, il s’agit purement et simplement de libéraliser tous les compartiments de la société. Et dire que l’on trouvait que la loi Macron était un bain de sang pour la société française. Voici sous nos yeux une version encore pire de ces délires politiques libéraux. Bien évidemment, ce n’est que le début des réformes à mettre en place.

  • « en ce qui concerne les marchés de l'énergie, procéder à la privatisation de l'opérateur du réseau de distribution d'électricité (ADMIE), à moins que l'on puisse trouver des mesures de remplacement ayant un effet équivalent sur la concurrence, comme convenu par les institutions».

Ici, c’est la privatisation pure et simple du secteur de l’énergie qui est en jeu. Mais en cas d’autres solutions, la conséquence doit être la même qu’une privatisation : la concurrence libre et non faussée, et la loi toute puissante du marché. Pas étonnant que le ministre grec de l’Energie ait été évincé suite au remaniement gouvernemental !

  • « en ce qui concerne le marché du travail, entreprendre un réexamen rigoureux et une modernisation des négociations collectives, de l'action syndicale et, conformément à la directive pertinente de l'UE et aux bonnes pratiques, des procédures de licenciement collectif selon le calendrier et l'approche convenus avec les institutions».

Dans cette section, il s’agit ici de faire sauter les verrous existants sur l’organisation de la société et du travail, et de dynamiter l’action syndicale, précieuse dans la défense des travailleurs.

Quant au secteur financier, les demandes des institutions européennes se font plus claires encore :

  • « adopter les mesures nécessaires pour renforcer le secteur financier, y compris des mesures radicales concernant les prêts non performants et des mesures visant à renforcer la gouvernance du Fonds hellénique de stabilité financière (HFSF) et des banques, en particulier en éliminant toute possibilité d'interférence politique, notamment dans les processus de nomination».

Diminution du crédit et indépendance totale du Fonds. Autrement dit, c’est l’avènement d’une deuxième banque centrale européenne (BCE) à l’intérieur même de la structure étatique grecque… Que de réjouissances en perspective.

 

L’Eurodictature !

Passons maintenant au côté encore plus dictatorial et antidémocratique des institutions européennes. Le paragraphe commence très fort :

« Par ailleurs, les autorités grecques prendront les mesures suivantes: »

Il s’agit du volet de fonds de privatisation 50 milliards d’euros. Le Canard Enchainé du 15 juillet 2015 révélait que ce fond devait être initialement géré par la banque allemande KfW, présidée par Wolfgang Schäuble et Sigmar Gabriel… Finalement, ce seront les institutions européennes qui gèreront ce fonds. Seuls les naïfs y verront une victoire dans la négociation quand on constate avec quel maestria le ministre des finances allemand a tué tout changement politique en Europe.

  • « élaborer un programme de privatisation nettement plus étoffé avec une meilleure gouvernance; des actifs grecs de valeur seront transférés dans un fonds indépendant qui monétisera les actifs par des privatisations et d'autres moyens. La monétisation des actifs constituera une source permettant le remboursement programmé du nouveau prêt du MES et générera sur la durée du nouveau prêt un montant total fixé à 50 milliards d'euros, dont 25 milliards d'euros serviront au remboursement de la recapitalisation des banques et d'autres actifs, et 50 % de chaque euro restant (c'est-à-dire 50 % de 25 milliards d'euros) serviront à diminuer le ratio d'endettement, les autres 50% étant utilisés pour des investissements. Ce fonds serait mis en place en Grèce et géré par les autorités grecques sous la supervision des institutions européennes concernées. En accord avec les institutions, et sur la base des bonnes pratiques internationales, un cadre législatif devrait être adopté pour garantir des procédures transparentes et une valorisation adéquate des ventes d'actifs»

Dans cette section, les exigences de la Commission sont précises et péremptoires. En effet, il s’agit de se faire la part du gâteau grec, alors autant que ce soit bien clair sur le mode de fonctionnement de la privatisation totale de l’état. Maintenant, la démocratie n’a plus d’existence matérielle lorsque l’on lit par exemple que :

« Le gouvernement doit consulter les institutions et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement ».

Les peuples ne votent donc plus que pour des chambres d’enregistrement de la Commission Européenne. C’est proprement scandaleux, révoltant et honteux. Mais le pire du pire dans cette affaire, c’est bien que cet accord est rétroactif. Je m’explique. Depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir, des lois sociales ont été adoptées démocratiquement. Cela ne convient clairement pas à l’Europe qui a imposé cette section particulièrement humiliante à l’accord.

Je cite :

« à l'exception de la loi sur la crise humanitaire, le gouvernement grec procédera à un réexamen en vue de modifier les dispositions législatives adoptées qui sont contraires à l'accord du 20 février puisqu'elles constituent un retour en arrière par rapport aux engagements pris au titre du programme précédent ou il définira des mesures compensatoires clairement équivalentes pour les droits acquis qui ont été créés par la suite ».

Tout en sachant que « les engagements énumérés plus haut correspondent au minimum exigé pour entamer les négociations avec les autorités grecques ». Circulez, il n’y a rien à voir.

Pour finir de montrer la perversion de ce texte, les médias ont fait tourner en boucle le fait que la Grèce se verrait octroyer une aide de 82 à 86 milliards d’euros. Effectivement, ces chiffres figurent bel et bien dans l’accord. Mais le diable, comme à son habitude, se trouve dans les détails. Jugez plutôt.

« Le sommet de la zone euro prend acte de ce que les besoins de financement du programme pourraient se situer entre 82 et 86 milliards d'euros, selon les estimations des institutions. Il invite ces dernières à étudier les possibilités de réduire l'enveloppe de financement, en suivant une autre trajectoire budgétaire ou grâce à des recettes plus élevées tirées des privatisations ».

Pour résumer, on parle de 86 milliards d’aides, mais si c’est moins, c’est mieux… Magnifique. Sans parler du jugement politique qui est contenu dans l’octroi « éventuel » d’un plan d’aide.

« De sérieux doutes planent sur le caractère soutenable de la dette grecque. Cela est dû au relâchement des politiques au cours des douze derniers mois ».

Finalement, peut-être que cela est acceptable eu égard au fait que la dette sera rééchelonnée dans le temps, afin que cette dette prenne un caractère soutenable. De rééchelonnement, il est question, mais le texte n’est pas aussi précis et péremptoire que lorsqu’il s’agit d’exiger des mesures rapides et scandaleuses de la part du gouvernement.

« L'Eurogroupe est prêt à envisager, si nécessaire, d'éventuelles mesures supplémentaires (un allongement éventuel des périodes de grâce et des délais de remboursement) afin de faire en sorte que les besoins bruts de financement demeurent à un niveau soutenable. Ces mesures seront subordonnées à la mise en œuvre intégrale des mesures à convenir dans le cadre d'un nouveau programme éventuel et seront envisagées après le premier réexamen qui aura abouti à un résultat concluant. ».

alexis-tsipras-le-5-juin-2015-face-aux-deputes-grecs_5352933Tout est au conditionnel, peut-être qu’éventuellement, on pourrait probablement envisager une éventuelle aide, mais attention ! Si, et seulement si, vous avez vendu la totalité de votre état, de vos actifs et de ce qui reste de votre modèle social. A la vue d’un tel texte, la seule question qui se pose est la suivante. Comment Alexis Tsipras en est arrivé à signer ce texte ? Qu’il n’aime pas l’accord, cela semble assez clair, qu’il le signe, c’est se mettre complètement dans la main de ceux qui finiront d’achever la Grèce.

 

Arnaud Guvenatam

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Grèce : BHL nous fatigue https://plaidoyer-republicain.fr/grece-bhl-nous-fatigue/ https://plaidoyer-republicain.fr/grece-bhl-nous-fatigue/#comments Sat, 04 Jul 2015 16:22:31 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=894 ...lire la suite ]]> bhlBernard-Henri Lévy est une personne que l’on peut qualifier d’obsessionnelle. Il n’est pas nécessaire de revenir sur les conséquences de ses actes et prises de position en Libye, ou ailleurs dans le monde. Le sujet que nous allons traiter sera celui de la situation grecque. BHL, en symbole du courant des nouveaux philosophes, a choisi de s’exprimer sur la question de la Grèce. Pour comprendre le personnage BHL, je vous incite fortement à aller consulter la vidéo d’Usul qui a fait un travail remarquable de décryptage de la pensée BHL. Animé d’un violent anti-marxisme et d’un anti-communisme primaire, c’est par ce biais que le philosophe s’est fait connaitre dans la sphère médiatique.

Que nous dit BHL sur la situation grecque ? Il nous faut reconnaître en premier qu’il est doté d’une constance franchement assumée. Libéral, pro-Junker, et in fine pro-Troïka, voilà le terreau idéologique de l’individu. La taxation d’idéologie est à dessein, car il ne s’agit pas ici de pensées philosophiques : il fait de la politique et donc, nous prenons le choix de lui répondre sur le thème de la politique.

Sans faire référence à une quelconque liste des mesures exigées par les Troïka, BHL assène le fait qu’il serait scandaleux de refuser les réformes. Pour lui, il ne s’agit que d’un « effort fiscal minimal » et en arrive à convoquer l’article 13 de la déclaration des droits de l’homme pour illustrer le fait que sa position est humaniste. La ficelle est tellement grosse que c’est le rire qui nous prend aux tripes tant la faiblesse de l’argumentation est patente. Rappelons quand même à notre expert économique (sic) que les plans d’austérité ont cours depuis 6 ans, où les grecs ont largement consenti des « efforts fiscaux minimaux » : baisse des salaires, baisse des pensions, hôpitaux en déliquescence, décès d’enfants dans écoles non-chauffées en hiver et la liste est longue. Sur ces états de fait, BHL ne dit mot. Pis, il considère que la Grèce doit se mettre en retraite à 67 ans, pour faire comme les autres grands pays européens… Le déni du bonheur humain est la première limite de la pensée BHLienne.

Autre point d’achoppement, la défense militaire. Certes, le budget militaire représente une kim-jong-un-respect-my-authoritahpart importante du PIB grec, mais là encore, la force des arguments de BHL est faible, voire insignifiante. Que la part du budget soit mise en questions, c’est une discussion tout à fait légitime que seul le peuple grec est en mesure de trancher. Si le cœur lui en dit, il peut aller faire campagne, lancer un parti politique, se faire élire sur une base programmatique de diminution de la part de l’état grec dans les dépenses militaires. Là encore, nous choisissons de répondre sur le ton de la rigolade, mais finalement, les accusations de Bernard-Henri sont lourdes de sens. Sa rhétorique consiste à faire de l’association. Par exemple : « la Grèce de Syriza au 5e rang des importateurs d'armes, juste derrière l'Inde, la Chine, la Corée et le Pakistan. ». Quand la politique d’un gouvernement élu démocratiquement ne lui plaît pas, tout de suite, c’est la Corée, la Chine, l’Inde et le Pakistan. Vraiment, on touche le fond !

Il considère Tsipras irresponsable de refuser l’aide bienveillante du FMI qui dans le même temps avait décidé de « l'avant-dernier décaissement des sommes promises à la Tunisie, le maintien ou non de la facilité élargie de crédit au Burundi et la révision des plans d'aide aux systèmes de santé des pays les plus frappés par le virus Ebola ». Quel est le rapport entre ces faits ? C’est la technique numéro un de Bernard-Henri, l’art de l’insinuation ! Utiliser ces comparaisons revient à dire que Tsipras joue le jeu de l’explosion sociale du Burundi et serait responsable de la propagation d’Ebola… Comme si le Fonds Monétaire International était une organisation animée de philanthropie. On rigole. Et on rappelle au philosophe que nombre de pays ont déjà refusé l’aide du FMI et l’on carrément expulsé de leurs frontières. En qualifiant Tsipras d’être animé de « national-populisme », l’allusion se fait encore plus clairement : Tsipras est d’extrême-droite. Il le résume d’ailleurs de cette façon : « Car que lui goldendawn1demandaient, à la fin des fins, et à ce stade de l'histoire, les représentants de ce que, dans une rhétorique qui n'est pas loin de celle de l'extrême droite grecque, il n'appelle jamais que "les institutions" ? ». Le procédé est infâme. Car oui, l’Union Européenne est un ensemble d’institutions. « Selon l'article 13 du traité sur l'Union européenne, ces institutions sont les suivantes : le Parlement européen, le Conseil européen, le Conseil de l'Union européenne (souvent appelé simplement « Conseil »), la Commission européenne, la Cour de justice de l'Union européenne, la Banque centrale européenne et la Cour des comptes européenne.». Si appeler un chat, un chat revient à avoir des pensées d’extrême-droite, BHL doit considérer que 99% des gens sont des fascistes…

Dans la panoplie argumentative de BHL, il y a le mensonge éhonté. Par exemple, sur la mise en place du référendum et de son contexte. Pour Bernard-Henri, Alexis Tsipras a convenu de l’organisation d’une consultation démocratique entre deux visites à Vladimir Pourtine. Je cite : « Et il a fini, à bout d'arguments, et entre deux visites à Poutine, par concevoir cette idée de référendum qui, compte tenu du contexte, des délais et du soin pris, surtout, à obscurcir les termes de la question ». La réponse de décryptage d’ACRIMED ne nécessite pas plus que de citer dans le texte la démonstration du mensonge BHLien :

Second mensonge, et pas des moindres, celui selon lequel Alexis Tsipras aurait pris la décision d’avoir recours à un référendum « entre deux visites à Poutine ». Une argutie rhétorique destinée à jeter le soupçon sur le Premier ministre grec, qui agirait donc sur ordre de Moscou. Le problème est que, là encore, BHL raconte n’importe quoi : la dernière visite d’Alexis Tsipras en Russie remonte au 19 juin, soit une semaine avant l’annonce de l’organisation du référendum et il n’y est, depuis, pas retourné. Certes, BHL finira par avoir raison la prochaine fois qu’Alexis Tsipras rencontrera Vladimir Poutine : la décision d’organiser le référendum aura été prise « entre deux visites à Poutine ». Mais quel rapport entre le référendum et les visites ? Aucun. Mais signalons tout de même à Bernard-Henri Lévy cet autre fait troublant : le vote en première lecture de la Loi Macron (février 2015) a eu lieu « entre deux visites d’Hollande à Poutine » (décembre 2014 et avril 2015). 

Pour finir, la dernière technique de BHL pour discréditer quiconque ne pense pas comme lui : le procès en antisémitisme. Voilà un florilège des insinuations : « rhétorique qui n'est pas loin de celle de l'extrême droite », « démagogue pyromane s'alliant avec les néonazis d'Aube dorée », « la lutte de courants minable au sein de Syriza ». On a envie de dire que celui qui manie l’insulte est celui qui est à bout d’argument. Ce n’est finalement que le résumé de la pensée philosophico-politique de Bernard-Henri Lévy. Il pérore du matin au soir, en imposant à qui veut bien encore l’écouter, ses admonestations anticommunistes et ses procès généralisés en antisémitisme. En guise de conclusion, nous ironiserons sur les entrées cinémas réalisées par ses films, l’arrêt brutal de sa pièce au bout de quelques semaines faute de spectateurs. Nous lui devons quand même le fait qu’Emir Kusturica n’a pas arrêté le cinéma. En effet, il avait affirmé son désir d'arrêter le cinéma. Décision sur laquelle il est revenu en réalisant le film Chat noir, chat blanc en 1998. En 1997 il s’était même trouvé une excuse concernant le retour sur cette décision : après avoir vu le film Le Jour et la Nuit de Bernard-Henri Lévy, il déclare qu’au vu du tort que ce film peut faire au cinéma, il est nécessaire pour lui de reprendre sa carrière de cinéaste. En guise de conclusion, et pour garder le sourire, je vous propose cette séquence du Zapping absolument hilarante.

 Arnaud Guvenatam

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Grèce : chronique de la désinformation médiatique https://plaidoyer-republicain.fr/grece-chronique-de-la-desinformation-mediatique/ https://plaidoyer-republicain.fr/grece-chronique-de-la-desinformation-mediatique/#comments Tue, 30 Jun 2015 12:29:25 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=879 ...lire la suite ]]> bfmtv-porquerollesLes émissions politiques quotidiennes, notamment sur les chaînes d’information en continu, représentent un prêt à penser politique. Il n’y a malheureusement pas la place au débat contradictoire, ce sont souvent les mêmes intervenants qui sont invités, et lorsqu’une musique différente est jouée, les personnes se retrouvent vite seules pour défendre leur point de vue. Nous constatons également que des présentateurs font surtout office d’agent de la pensée, souvent libérale qui plus est.

L’affaire qui mérite d’être expliquée aujourd’hui est une séquence passée en direct dans l’émission BFM Story, animée par Olivier Truchot. Les deux invités du lundi 29 juin 2015 étaient Philippe Dessertine et Jacques Généreux. Le sujet sur lequel les protagonistes étaient invités à réagir concernait la Grèce, le référendum proposé par Alexis Tsipras et une éventualité de sortie de la Grèce de l’Eurogroup.

truchotJacques Généreux a tenté de développer son propos en étant sans cesse coupé, afin de défendre l’idée que l’appel au vote populaire est une solution honorable de sortie de crise. Bien sur, ce n’était pas l’avis du très libéral Dessertine et encore moins d’Olivier Truchot. Jacques Généreux a pointé le fait que si le gouvernement Tsipras chutait, ce ne seraient pas des individus très recommandables qui risquaient d’arriver au pouvoir. Commentaire de Truchot : « Syriza est allié au parlement avec les Nazis grecs ». Pas de possibilité pour dénoncer cette désinformation éhontée, et le tour est joué.

Non, Syriza n’est en aucun cas allié avec Aube Dorée. Il y a une alliance avec le Parti ANEL, parti qui depuis le début s’est toujours opposé aux politiques d’austérité et aux mémorandums. Parti souverainiste ? Oui. Parti de droite ? Oui. Or, le système politique grec fait que c’est Syriza qui donne la ligne politique du pays. De plus, les partis de gouvernement se sont mis d’accord non pas sur tout un programme (certains points étant inconciliables entre eux), mais sur une base à minima de sortie de la crise humanitaire et de retour à la souveraineté du peuple grec. Mais ça, personne (ou presque) n’en parle dans les médias français. Nous payons une redevance pour être désinformés. Olivier Truchot est par conséquent un imposteur qui ne devrait pas être considéré comme journaliste. Ce n’est qu’un propagandiste libéral et populiste patenté, qui devrait s’annoncer comme tel.

Arnaud GUVENATAM

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Victoire de Syriza et signal en France. https://plaidoyer-republicain.fr/victoire-de-syriza-et-signal-en-france/ https://plaidoyer-republicain.fr/victoire-de-syriza-et-signal-en-france/#respond Mon, 26 Jan 2015 11:58:09 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=789 ...lire la suite ]]> tsipras 1La victoire de Syriza le 25 janvier 2015 est porteuse d’espoirs en Europe. Au-delà du fait que le peuple grec a choisi sa voie pour sortir de l’ornière, tous les regards à gauche se portent sur eux. Cela va être l’occasion de voir si la stratégie de rapport de force au sein de l’Union européenne et de la zone Euro est un élément pertinent dans le débat. En effet, trois thèses ont été défendues depuis un certain nombre d’années. La première, majoritaire, étant la baisse des dépenses publiques et la contraction de l’économie. Face à eux, les relents nationalistes portés en général par une droite extrême prônant la sortie complète de l’union européenne et la sortie unilatérale de l’Euro. Au Plaidoyer Républicain, nous sommes partisans d’une autre solution : le rapport de force en interne des instances européennes. Et c’est précisément sur cette ligne que va travailler Syriza. L’épreuve du réel nous permettra enfin de savoir s’il est possible de faire plier une gouvernance libérale dans les instances en tapant fort du poing sur la table. Il sera de temps de vérifier si comme nous le pensons, les états endettés représentent la partie détenant le pouvoir face à des prêteurs effrayés de ne jamais être remboursés.

 Ce que nous apporte la victoire de Syriza, c’est la fin de la peur ! Cet élément est central car dans la tête des gens de bonne foi, si on ne rembourse pas, nous partons à la faillite. A la simple différence, et non des moindres, qu’un état ne peut pas faire faillite. C’est ce genre de poncifs éculés qu’on nous met dans le crâne du matin au soir. Il suffit par exemple de regarder nos prêtres sur BFMTV ou encore Itélé pour comprendre de quoi il s’agit. Ces experts, chantres de l’austérité, face auxquels il est impossible d’opposer le moindre argument pérorent avec leurs airs satisfaits et condescendants. Ayons une pensée pour tous ces experts, Marc Fiorentino, Nicolas Dose, Emmanuel Lechypre et consorts, qui ont certainement passés une nuit blanche particulièrement désagréable depuis l’annonce du réveil du peuple grec. Souvenons-nous aussi comment les Alain Minc et autres, chantres de la « mondialisation heureuse », nous ont expliqué depuis 2009 que les fonctionnaires grecs faisaient le Taxi à Athènes à 16 heures en sortant du travail pour ne pas payer d’impôts. Le mépris de classe le plus cristallin en somme.

LengletRegardez comme les commentateurs ont pour certains d’entre eux tourné casaque à l’annonce des résultats. L’exemple de François Lenglet est l’illustration parfaite de ce grand retournement sémantique quant à la politique et la gouvernance européenne. Le soir des résultats, Monsieur Lenglet sur France 2 a déclaré ceci :

« Non, les grecs n’étaient pas responsable de la dette récente. 300 milliards d’euros, c’est effectivement insupportable. Même le FMI le dit. C’est pas un organisme d’extrême-gauche. Et Syriza était le seul parti grec à le dire aussi clairement et à demander un allègement du fardeau. L’allègement est non seulement inévitable mais de bon sens parce que cette dette ne provient pas de dépenses inconsidérées, elle est la conséquence en grande partie de la politique économique imposée à la Grèce par l’Europe. Sans compter que les grecs dans l’intervalle ont fait énormément d’efforts. Leurs revenus ont baissé de 25%, les pensions ont été diminuées de 40%, et le coût des soins médicaux a bondi de 30%. ».

Voilà que François Lenglet épouse corps et bien les thèses défendus par les économistes atterrés ou les Jacques Généreux qui disent pourtant cela depuis 2009. Conséquence de quoi, nous sommes devant l’évidence : les grecs ont payé le prix fort pour rien !

tsipras 2Le signal envoyé par ce peuple qui a exporté le concept de démocratie 2000 ans avant la révolution de 1789 doit être notre phare. Quand le peuple s’exprime, il prend le pouvoir. Ni les curés du libéralisme, ni les médias, ni les experts n’ont la décision finale. Voilà comment s’est transformé le peuple : briser la chaîne de la peur et prendre une décision d’intérêt général. Quelle leçon pour la France. L’ascension de Podemos en Espagne démontrera une nouvelle fois le fait que la peur est notre seule ennemie. Et que là encore, le peuple se soulèvera pacifiquement pour dire haut et fort que ça suffit.

tsipras 3

Quelle que soit la configuration de la force qui arrive au pouvoir, nous observons qu’ils ont au moins un point commun. Le peuple est partie prenante du processus. Depuis une semaine, il y a eu en France un contre-feu du Monde par exemple, expliquant que les cohortes de gens se prononçant pour le Syriza n’étaient même pas d’accord avec le programme défendu. Qui peut croire à cela ? Personne bien entendu. 6 ans d’insultes à leur intelligence n’auront fait que les structurer et c’est tant mieux.

tsipras 4C’est maintenant la question de la situation française qui se pose. Que les choses soient claires, l’impact ici bas du score du Syriza aura d’énormes conséquences. Les prémices et les stigmates de la déconfiture politicienne sont là. Le Parti Socialiste, englué dans l’internationale socialiste, et dans son soutien à un PASOK s’écrasant à 4%, est dans une impasse idéologique. La ligne libérale sera balayée comme nous le disons depuis un moment déjà. Nous voyons sous nos yeux la PASOKisation du Parti Socialiste. Le travail qui nous incombe dorénavant est de remobiliser le peuple autour de thèses simples : indépendance économique, souveraineté populaire, partage des richesses et défense des valeurs républicaines. La proposition doit être claire et intelligible pour le plus grand nombre. Le louvoiement et les alliances de coin de table nous serons mortels. Même pas peur, et osons !

Le Plaidoyer Républicain

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A quoi sert le M6R ? https://plaidoyer-republicain.fr/a-quoi-sert-le-m6r/ https://plaidoyer-republicain.fr/a-quoi-sert-le-m6r/#comments Wed, 31 Dec 2014 10:44:04 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=731 ...lire la suite ]]> La phrase de Jean Ziegler n’est pas passée inaperçue sur les réseaux sociaux. Il y a quelques Ziegler_3_textesemaines, il déclarait dans le Point que « Parti et socialiste sont devenus des gros mots pour les classes travailleuses ». Il n’est pas la peine de se voiler les yeux, Cela fait un certain nombre d’années que les partis politiques sont totalement décrédibilisés. On apprend dans cette étude, mais d’autres illustrent le même phénomène, que seuls 8% des français ont confiance dans leurs partis politiques. Le total de ceux ne faisant pas du tout, ou plutôt pas confiance s’élève à 92%. Par conséquent, il n’y a pas de raison que les partis de gauche fassent exception à ce phénomène, eu égard aux résultats électoraux obtenus depuis 2012 et la politique menée par le gouvernement. On pourra arguer du fait qu’une fois le constat posé, finalement peu d’alternatives sont à l’ordre du jour. Et c’est vrai. Et si en lieux et places des partis traditionnels, des mouvements citoyens se constituaient ?

56% d’abstention aux élections européennes, avec un Front National qui arrive à mobiliser son électorat mieux que les autres amènent mécaniquement le parti familial d’extrême-droite à arriver en tête du scrutin. Ce ne sont finalement que 14% des personnes en droit de voter qui portent le FN en tête des élections. C’est peu, très peu. Mais allons au bout du constat. Le Front de Gauche à titre d’exemple a représenté 3.3% des inscrits et le Parti Socialiste 7.8%. Ce constat a été fait maintes fois, et il n’apporte finalement que peu de choses, mais il est toujours bon de le rappeler. Voyons cela comme un point d’appui. Mais logom6rdepuis, que s’est-il passé ? Il y a eu une tentative d’appel au peuple au travers du Mouvement 6ème République (ou M6R). L’appel recueille quelques 73 ou 74 000 signatures à l’heure où nous parlons. Cela représente peu ou proue ce que couvre comme forces militantes la gauche radicale française, ou encore le nombre de personnes allant à Paris pour marcher. A la suite de quoi, un réseau social a été crée, initialement prévu pour les 100 000 signatures (objectif pour l’heure non-atteint). Le réseau consiste à proposer des thèmes, des textes, sur lesquels les gens peuvent commenter, donner des avis positifs ou négatifs. Le point positif, si l’on se réfère à la phrase de Jean Ziegler, est que le réseau veut s’affranchir des partis politiques traditionnels. Pour autant, à qui parle ce réseau ? Parle-t-il aux classes populaires ? Difficile à dire. En tout cas, le réseau est clairement identifié politiquement. Le cerveau humain est fait ainsi qu’il doit simplifier, réduire et mettre dans des cases. Et le M6R, pour ceux qui le connaisse, est affilié à Jean-Luc Mélenchon, ancien candidat à l’élection présidentielle, et donc au Front de Gauche.

Une question de confiance et de crédibilité est alors posée. La question européenne est alors centrale dans le fait que la gauche radicale française puisse retrouver un second souffle. L’échec du troisième tour de la présidentielle grecque, et la possible arrivée au pouvoir de Syriza peut nous permettre de reparler d’un certain nombre de choses. La question des salaires, du partage des richesses entre autres choses. Là encore, il faudra être fin puisque il n’est pas du tout sur que Syriza accède au pouvoir, d’une part, et d’autre part, il est possible également que par des jeux d’alliances ou des votes insuffisants, la mise en place du programme ne soit que partielle. Bref, la vigilance est à l’ordre du jour. D’autantGREECE-	VOTE-FARRIGHT que le FN a été prompt à saluer le résultat en parlant de vent de démocratie en Grèce. Voilà maintenant que les fascistes saluent la probable venue aux responsabilités de la gauche radicale. Décidément, ils ne s’avoueront jamais vaincus. Celle-là même qui salue les résultats grecs et cherchait à s’allier avec les néo-nazis d’Aube Dorée il y a encore quelques mois à la sortie des européennes. Aube dorée dont les militants on poignardé et assassiné un rappeur de gauche. Bref, des branquignols qui commencent à nous taper sur le système.

pablo_iglesias_venezuelaLe Front de Gauche est clairement dans la nasse en ce moment. Mais des sources d’inspiration sont peut être à aller cherche du côté de Podemos. Alors, il est entendu que copier une organisation et en faire un modèle n’a absolument rien de concret ni de pertinent. Pour autant, cela n’empêche pas de regarder et d’écouter ce qu’il se passe. Que dit-il ? Par exemple que « la politique, ce n’est pas avoir raison, mais réussir ». Que la connaissance des mouvements révolutionnaires historiques est absolument fondamentale. Personne ne dit le contraire. Mais que peut-être, la communication et le comportement pourraient être sources de problèmes. Voici l’exemple d’un propos que je trouve pertinent, à titre personnel :

« Vous pouvez porter un tee-shirt avec la faucille et le marteau. Vous pouvez même porter un grand drapeau, puis rentrer chez vous avec le drapeau, tout ça pendant que l’ennemi se rit de vous. Parce que les gens, les travailleurs, ils préfèrent l’ennemi plutôt que vous. Ils croient à ce qu’il dit. Ils le comprennent quand il parle. Ils ne vous comprennent pas, vous. Et peut-être que c’est vous qui avez raison ! Vous pourrez demander à vos enfants d’écrire ça sur votre tombe : “il a toujours eu raison – mais personne ne le sut jamais. ».

Il ajoute que « C’est comme ça que l’ennemi nous veut : petits, parlant une langue que personne ne comprend, minoritaires, cachés derrière nos symboles habituels. Ça lui fait plaisir, à l’ennemi, car il sait qu’aussi longtemps que nous ressemblerons à cela, nous ne représenterons aucun danger », et conclue qu’il « y a plus de potentiel de transformation sociale chez un papa qui fait la vaisselle ou qui joue avec sa fille, ou chez un grand-père qui explique à son petit-fils qu’il faut partager les jouets, que dans tous les drapeaux rouges que vous pouvez apporter à une manif ».

Je pense que ce sont des propos qu’il faut entendre. Non pas de faire disparaître toute référence dans les symboles que nous défendons, mais au mieux arriver à faire comprendre la signification de ces symboles à la masse des gens. Ceux qui ne sont pas forcément passés par les structures politiques de formation, ceux pour qui le communisme, c’est Staline. A y regarder de plus près, c’est exactement de la sorte que l’extrême-droite opère. L’exemple de beaucoup de militants de gauche qui partagent des articles de fachos. Eux ont crée leurs propres médias, difficilement identifiables, à la façon des caméléons. Ils font passer leurs messages, et nous inondent sur tous les sites que nous consultons sans que nous ne puissions rien faire. D’une part, il doit y avoir un gros travail de formation dans nosdinde structures, et d’autre part, nous devrions peut-être revoir la façon dont nous communiquons. Je prends un exemple assez caractéristique : je ne comprends décidément pas la visée de cette mage. Soit on prend les gens pour des idiots en leur disant que s’ils ne signent pas ce sont des dindes, ce qui est au mieux méprisant, au pire insultant. Ou alors, cela a pour but de faire marrer les community managers et les idolâtres du mouvement, ce qui illustre que nous ne parlons qu’entre nous.

Pour en finir, si l’on souhaite s’adresser à des gens qui ne sont pas partie prenante des partis politiques, il serait peut-être de bon aloi de faire émerger des gens qui ne sont pas affiliés à ces partis. Et un sacré coup de balai communicationnel serait également à mettre à l’ordre du jour. Bien sur, ces deux propositions ont un intérêt si l’on souhaite réellement que la sixième République fasse office de proposition commune à défendre. Ce qui n’est pas forcément clair pour moi, comme pour beaucoup d’autres.

Arnaud Guvenatam

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Oui à l’Europe ! https://plaidoyer-republicain.fr/oui-a-leurope/ https://plaidoyer-republicain.fr/oui-a-leurope/#comments Mon, 10 Feb 2014 10:17:38 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=400 ...lire la suite ]]> jourdecolereIl faut se l’avouer, nous vivons une époque vraiment particulière. Une présidence et un gouvernement élus sur un programme de Gauche, une politique finalement assez peu ragoûtante. Les déceptions et la résignation gagnent du terrain chaque jour et les discours dogmatiques sur les bienfaits du libéralisme font office de messes quotidiennes. Nous voyons que le peuple est en colère, une colère multiforme. La démonstration en a été faite lors du « jour de colère », à en croire toutes les explications qui en ont été données. Cette petite manifestation (15 000 personnes) nous a profondément choqué. Il est quand même incroyable de voir en 2014 l’affirmation de slogans fascistes, racistes, homophobes, et anti-républicains comme nous ne l’avions pas vu depuis des décennies. Et la semaine d’après, qu’avons-nous constatés ? Un gouvernement qui recule, capitule et retire son projet de loi Famille 2014 devant 80 000 personnes… La « Manif pour tous » saison 2 a obtenu une grande victoire avec finalement une relativement faible mobilisation. La réaction semble être une forme de démonstration puissante. Et sur des bases ridicules qui plus est. Nous n’allons pas refaire le débat pour savoir qui a raison ou non sur les lois portant sur la famille. Nous tenons à la connaissance des lecteurs ce qui se disait déjà il y a cent ans lors des débats sur la mixité des sexes à l’école, c’est édifiant ! Sur ces bases-là, nous aurions du avoir gain de cause sur la 6ème République, la TVA, et autres motifs qui nous ont menés dans la rue. Il n’en n’est rien. Cela illustre bien le mépris qu’a ce gouvernement pour les gens qui l’ont porté au pouvoir. Et enfin, pour finir le tableau, le FN sera en tête aux élections européennes. Il faut vraiment être motivé pour ne pas baisser les bras. Il est clair que ce n’est pas le FN qui progresse, mais la gauche qui s’effondre. Alors maintenant, qu’avons-nous à dire et à proposer pour sortir de cette nasse ?

 

A Gauche toute !

 

grece-giroudonCe lundi trois février, Alexis Tsipras est venu rendre visite à la gauche radicale française. Soyons clairs, Syriza est la source d’un immense espoir, il est aux portes du pouvoir et il a un rôle d’éclaireur en Europe ! N’ayons pas peur de dire que nous devons prendre appui sur ce sursaut de gauche dans les pays du Sud (Grèce, Espagne, Portugal). L’heure est à l’opposition de gauche au niveau européen ! En France, le Front de Gauche semble se sortir sans trop de casse de ses querelles sur les élections municipales. Il nous faudra porter haut et fort toute une série de thèmes sur ces élections européennes. Mais il faudra les porter positivement. Le non permanent n’est aucunement engageant. Portons les messages de l’Europe Sociale, de la nécessité de la subordination de l’intérêt particulier à l’intérêt général. La dénonciation des puissances d’argent et des lobbies minant l’Europe et déniant les choix des Peuples est centrale dans cette stratégie. Osons ! De mon point de vue, le réveil à gauche se fera sur des mots d’ordre forts ! La fabuleuse campagne des Présidentielles avait cette particularité de rallumer l’espoir, de donner un débouché positif. La sinistrose des électeurs de gauche sera plus facile à combattre en étant engageant qu’en étant dans le non permanent. Je tiens à être compris, il ne s’agira pas de dire oui à un programme du Parti Socialiste. Au contraire, il s’agira de dire oui à l’Humain d’Abord !

 

La lourde chute du PS

Certaines enquêtes d’opinions (qui valent ce qu’elles valent) montrent que le parti au pouvoir serait crédité de 19%. Cela semble être largement surestimé, compte tenu de l’abstention qu’il y aura, et du fait de la défiance de l’électorat de Gauche. Pour souvenirs, en 2009, le PS avait seulement fait jeu égal avec EELV à 16%. Un si faible score alors qu’il était le plus gros parti d’opposition montre que ce score de 19% est largement surestimé. La prédiction de Gérard Filoche au BN du PS en 2013 était située autour de 8 à 10%. Voilà qui semble plus raisonnable. Partant de ces considérations, le Front de Gauche a des grands atouts pour frapper un grand coup lors des européennes ! Comme le dit Alexis Tsipras "nous serons la surprise" des européennes. Mais cela nous donne une grande responsabilité devant les électeurs. La campagne qui sera la nôtre ne devra pas être timide. J’ai confiance dans le Front de Gauche pour être le phare de la révolte à gauche en France. Mais soyons clairs aussi, même si nous arrivions en tête de la gauche au soir de l’élection, pour autant le Parlement européen ne sera pas transformé en Soviet Suprême. La gauche radicale Assises-citoyennes-Pierre-Laurent-PCF-Pascal-Durand-EELV-Marie-Noelle-Lienemann-PS-et-Jean-Luc-Melenchon-PGdemeurera minoritaire. L’intérêt gigantesque de cette perspective d’être en tête de la Gauche est de renverser le rapport de force entre le Front de Gauche et le PS sur la politique intérieure. Gageons que si le PS s’écroule, il faudra nous parler d’une autre façon que celle d’Hollande depuis deux ans. De toute façon, nous n’avons pas le choix. La recomposition du paysage politique ne se fera pas avec le Front de Gauche seul. La majorité alternative et antilibérale se fera, qu’on le veuille ou non, avec des partis de gauche qui nous entourent. Hauts les cœurs camarades ! Au combat !

Arnaud Guvenatam

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Front de Gauche : l’avenir ! https://plaidoyer-republicain.fr/front-de-gauche-lavenir/ https://plaidoyer-republicain.fr/front-de-gauche-lavenir/#comments Thu, 16 Jan 2014 23:03:05 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=283 ...lire la suite ]]> BastilleJe reprends le clavier pour développer une pensée qui m’occupe l’esprit depuis un bon moment. Quelles sont donc les raisons d’être du Front de Gauche ? Il y en a pléthore. L’alternative aux politiques d’austérité, le développement d’une 6ème République sociale, la fin de l’inégale répartition de la richesse, de même que le développement des solidarités et la sortie concrète de la logique de pensée libérale sont autant d’objectifs que nous nous sommes fixés depuis 2009. Nous nous attelons collectivement à mener ces batailles, tant sur le plan culturel que sur le plan politique.

Plusieurs constats.

Le Front de Gauche s’est crée en 2009 sous l’impulsion du Parti de Gauche, et du PCF notamment. Il a présenté des listes aux européennes de 2009 et a fait un score honorable. Depuis, il n’a cessé de progresser jusqu’à faire 11% aux élections présidentielles. D’un point de vue stratégique, doubler ses scores en moins de quatre ans relève de la réussite complète. Maintenant, que devons-nous faire ? Nous avons décidé collectivement d’éjecter Nicolas Sarkozy de la présidence. Notre impact a permis de virer un ultralibéral du pouvoir alors que dans l’histoire de la Vème République, seul Giscard d’Estaing n’a pas été en mesure de se faire réélire ! C’est donc un résultat historique. Le seul moyen que nous avions à ce moment précis, c’était d’appeler à voter contre Nicolas Sarkozy. La Constitution de la Vème est telle que le seul choix que nous avions était de voter pour François Hollande. Cela étant posé, quel avenir idéologique et stratégique devons-nous nous fixer ?

syrizaDans un premier temps, il nous faut nous ancrer fortement dans le paysage politique. Pour cela, il nous faut nous faire entendre. Mais cela n’est pas la seule façon d’ancrer le Front de Gauche dans le peuple. La stratégie que nous développons n’est pas au jour le jour. Il est entendu que le Front de Gauche ne sera pas au pouvoir dans les cinq ans. Ceux qui le pensent risquent d’être fortement déçus. L’exemple de Syriza en Grèce est très parlant de ce que vit actuellement le Front de Gauche. Cette coalition partidaire, devenu parti en tant que tel, s’est créée en 1992 sous l’impulsion de Synaspismos. Le Syriza est aux portes du pouvoir mais après combien de temps ? Plus de 20 ans !

La stratégie était claire, il faut créer une force qui se comporte comme une lame de fond, c’est-à-dire fortement ancrée dans le peuple. Rien n’émerge en génération spontanée. Cette vision est une illusion. Je vais tenter de montrer que ce que vit le Front de Gauche en 2014, au travers de ses divisions, notamment électorales, n’est pas quelque chose de si grave, si l’on prend les objectifs de départ que nous nous sommes fixés.

Election municipale : un retard non-létal.

Nous constatons dans la séquence électorale de 2014 que beaucoup de tensions sont apparues entre le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et le Parti Communiste Français dirigé par Pierre Laurent. L’essentiel se cristallise autour de la situation parisienne où le Front de Gauche part en ordre dispersé. Très honnêtement, même si nous trouvons que l’idéal eut été de partir uni, quelles seront les conséquences à long terme de ce particularisme là ? J’affirme qu’il n’y aura aucun. Parce que, qu’on le veuille ou non, nous avons besoin d’élus qui puissent tenir un certain nombre de positions claires, et je fais le pari que les membres du Front de Gauche à Paris n’avaleront pas la moindre contrefaçon programmatique. Il y a eu un précédent. Au moment de l’élection de François Hollande, beaucoup de personnes médisantes ont dit que le PCF irait au gouvernement. Résultat du vote, une écrasante majorité s’est exprimée contre l’entrée au gouvernement. Il en va de même pour la désignation du candidat commun en 2012. Le désigné n’était pas membre du PCF.

J’en reviens à l’élection municipale. Quand même, il faut se rendre compte du chemin parcouru ! Il n’y a jamais eu autant de villes avec un Front de Gauche autonome. Le pari fait par le Parti de Gauche est quasiment réussi. Nous sommes ancrés comme une force politique populaire. Mais chez un certain nombre de militants, ce n’est pas ce point de vue qui est défendu. Ils préfèrent se concentrer sur ce qui ne va pas. C’est ne pas comprendre la stratégie de fond du Front de Gauche. Déjà parce que nous serons unis aux européennes, où nous comptons frapper un grand coup. Et parce que le temps politique est un temps long. Je n’ai pas pour habitude de citer Lénine mais ce dernier, en toute conscience, déclarait : « Histoire que tu es lente et cruelle ».

Que faire ?

Il faut continuer la bataille politique et culturelle. Je pense que tout le monde est d’accord sur la proposition. Selon moi, la situation parisienne importe peu. Ce qui compte, c’est ce que l’on défend. J’applaudirais n’importe membre du PS qui mettraient les transports publics gratuits ou qui mettrait en place des régies publiques de l’eau. Bref, qui s’inscrirait dans la définanciarisation des communes. Chaque pouce de terrain qui va dans ce sens me convient. Par contre, il est clair que taper le gouvernement, à juste titre, comme le font toutes les composantes du Front de Gauche depuis sa création, reste un moyen de s’ancrer nationalement dans le paysage politique. Il faut enfoncer les portes puisqu’elles ne nous sont pas ouvertes. La stratégie du Front de Gauche n’est pas court-termiste, elle s’ancre sur les quinze prochaines années pendant lesquelles nous gagnerons le terrain mètre par mètre. La bataille culturelle que nous menons porte ses fruits. Le Peuple a maintenant conscience que la politique menée n’est pas la bonne. Injustice fiscale, fraudeurs aux comptes bien remplis, union européenne anti-démocratique, un recul inadmissible des services publics, une République en danger, tout cela nous l’avons mis en lumière. Il est maintenant temps d’imposer nos solutions, et l’Humain d’Abord est un formidable programme qui apporte des solutions. La situation politique n’a pas changé, je ne vois donc pas pourquoi nos propositions changeraient.

Sous les cheveux : un cerveau

lhumanite_jauresDans l’état actuel des choses, il faut garder ce temps long en tête. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous cracher sur le mur de la division pour une élection à un moment donné. Non ! Les militants, les sympathisants et les citoyens doivent s’impliquer pour finir de mettre à terre le libéralisme exacerbé que nous subissons. Cela prendra de nombreuses années, mais cela sera accompli plus rapidement avec un Front de Gauche fort. Jean Jaurès est mort en 1914 et rêvait déjà de mettre en place la République Sociale, 100 ans après, nous n’y sommes toujours pas ! Et nous devons garder cet étendard fièrement, envers et contre tous les libéraux qui vous disent le contraire. L’avènement de la République Sociale, la 6ème République, est à mon sens l’unique objectif que nous devons garder en ligne de mire. Car au travers de ces changements des règles démocratiques, il y aura, associé à cela, une juste répartition de la richesse et tout ce qui fait le programme du Front de Gauche. Maintenant, au combat !

Arnaud Guvenatam

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La PASOKisation du Parti Socialiste https://plaidoyer-republicain.fr/la-pasokisation-du-parti-socialiste/ https://plaidoyer-republicain.fr/la-pasokisation-du-parti-socialiste/#comments Mon, 14 Oct 2013 00:32:38 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=150 ...lire la suite ]]> pasokComme chacun le sait, le PASOK est le Parti politique de centre gauche qui a régné de nombreuses années sur la Grèce. Après la fin de la dictature des colonels, la gauche sociale-démocrate incarnée par le PASOK et la droite classique se sont souvent passés le pouvoir et ont géré la Grèce ainsi. Mais en 2008, la crise financière a changé la donne.

Le PASOK avait pour habitude de faire des scores entre 35 et 45%. George Papandréou a été le premier ministre qui a subi de plein fouet les premières conséquences de la Crise. Depuis, le paysage politique s’est complètement recomposé. En effet, l’émergence de nouveaux Partis a été extrêmement rapide. Si bien que, le PASOK hégémonique à gauche, a été tenu pour responsable par le Peuple et a vu son influence s’écrouler. Il faut impérieusement noter que le PASOK avait été élu sur un programme très à gauche. Seulement, dans les faits, il n’a fait que la politique imposée par la Troika (Banque Centrale Européenne, Commission Européenne et Fonds Monétaire International). Pour résumer, la politique des banques a prévalu sur la politique sociale et populaire.

En 2013, ils ne représentent plus qu’entre 5 et 7% des voix à chaque élection. La recomposition s’est faite autour d’une force coalisée, le Syriza. Depuis, cette coalition initiée par Synaspismós en 1991, il est devenu un grand Parti qui se dispute le pouvoir avec Nouvelle Démocratie (droite). De 2.5%, le Syriza est devenu le premier Parti de Grèce en 2013. Cette formation a un programme voisin de son équivalent français, le Front de Gauche. Ils parlent de refondation de l’Union Européenne, d’augmentation des salaires, de partage plus juste des richesses. Bref, une politique visant à mettre la question sociale au centre des préoccupations.

Mais vous vous demandez surement pourquoi j’associe le PASOK au Parti Socialiste. De mon point de vue, je pense que le Parti Socialiste a gagné sa dernière élection en 2012. Tout comme Papandréou l’a fait en son époque en Grèce. Le Peuple français n’a pas reconduit Nicolas Sarkozy en 2012 au poste de Président de la République. François Hollande subira le même sort à la fin de son quinquennat. Les signaux qu’il envoie au Peuple vont dans le sens de ce qu’avait fait Nicolas Sarkozy. Par exemple, il y a ces réformes de libéralisation du rail, les Accords Nationaux Inter-professionnels (ANI), le traité européen (TSCG, écrit par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, libéralisant tout le marché européen) , la réforme des retraites (où Mr. Hollande confesse à José Manuel Barroso que la retraite passera automatiquement à 66 ans pour les Français), le Grand Marché Transatlantique (GMT) et nombre d’autres exemples du même acabit.

C’est ce genre de réformes entreprises par le gouvernement de gauche de Papandréou qui l’a mis au fond du trou. Par conséquent, il n’y a aucune raison objective de ne pas penser que le PS subira les mêmes conséquences. L’inquiétude est immense au sein même du Parti Socialiste. En effet, une figure de ce Parti, à l’image de Gérard Filoche, a menacé en Bureau National. Il a prévenu : si le gouvernement s’obstine à mener cette politique, il tombera comme le PASOK en Grèce. Il a poussé le vice en expliquant que le PASOK avait mis quatre ans et que le PS est en train de le faire en moins de deux ans. Je me souviens de cette intervention, car il a prédit un score de 8 à 9% pour le PS aux européennes.

La question qui m’anime est la suivante : un scénario de recomposition du paysage politique français sera-t-il à l’image de celui de la Grèce ?

De cette interrogation, nous pouvons faire plusieurs hypothèses. La première est que, compte tenu du score de la gauche radicale française en 2012 (11%), les déçus du PS se reporteraient sur l’équivalent de Syriza : le Front de Gauche. Si cette hypothèse peut être entendue, il est difficilement concevable de la voir se réaliser dans l’immédiat. La coalition de gauche radicale est embourbée entre un Parti Communiste (qui a peur de voir ses élus perdre ses sièges et sont enclins dans des grandes villes à faire l’union avec la social-démocratie) et un plus petit Parti (le Parti de Gauche) avec son dirigeant qui tonne et détonne. Ce dernier ne veut pas entendre parler du Parti Socialiste. Incontestablement, le message est brouillé lorsque ces personnes s‘adressent au Peuple. Il n’est donc pas sur que le Front de Gauche soit en mesure d’incarner l’alternative à la sociale-démocratie qu’il aimerait être.

La seconde hypothèse, et la plus probable à mes yeux, est que la Gauche continue de se diviser. A l’évidence, le Front National en tirera les principaux lauriers. La conséquence de ces futures déroutes électorales du PS est une fracture définitive au sein même du Parti Socialiste. Je pense que dans dix ans, ce Parti, sous sa forme actuelle, n’existera plus.

Parti-socialisteDe mon point de vue, plus l’implosion de PS arrivera vite, plus vite une recomposition à Gauche sera rendue possible. Ce point est crucial car, en tant que Républicain intransigeant, il ne m’est pas possible d’imaginer un Front National ou une UMP extrême-droitisée arriver au pouvoir. Une Marine Le Pen ou un Sarkozy Orbanisé finira de tuer notre République. Il faut vite une recomposition de la Gauche pour une Sixième République Sociale et Écologique, sinon les factieux et autres anti-républicains de tout poil se feront la cerise sur les cendres de la République Française !

Arnaud Guvenatam

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