Jaurès – Plaidoyer Républicain https://plaidoyer-republicain.fr Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.3 56743480 « La défense et la promotion de la laïcité sont le reflet du caractère général et républicain de la France Insoumise » : entretien avec Andréa Kotarac (conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes LFI) https://plaidoyer-republicain.fr/la-defense-et-la-promotion-de-la-laicite-sont-le-reflet-du-caractere-general-et-republicain-de-la-france-insoumise-entretien-avec-andrea-kotarac-conseiller-regional-auvergne-rhone-alpes-lfi/ https://plaidoyer-republicain.fr/la-defense-et-la-promotion-de-la-laicite-sont-le-reflet-du-caractere-general-et-republicain-de-la-france-insoumise-entretien-avec-andrea-kotarac-conseiller-regional-auvergne-rhone-alpes-lfi/#respond Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=1021 ...lire la suite ]]> A la suite de l'élection de Laurent Wauquiez à la tête du parti les Républicains, nous nous sommes entretenus avec un Insoumis qui le connaît bien. Siégeant au Conseil Régional d'Auvergne-Rhône-Alpes dont Laurent Wauquiez est le Président, Andréa Kotarac nous livre sa réflexion sur la situation politique actuelle, la séquence de 2017, la République ainsi que ses inspirations littéraires et philosophiques.

Plaidoyer Républicain : Andréa Kotarac, vous êtes élu régional France Insoumise en Auvergne Rhône-Alpes. Pourriez-vous nous expliquer comment vous articulez travail de terrain, sessions et commissions ?

Le travail de terrain et celui au sein de l’institution sont liés.  L’un ne va pas sans l’autre.

Andréa Kotarac : Vous savez, nous avons toujours construit dans nos têtes une frontière entre le travail dit "de terrain" et le travail au sein de l'institution. En réalité, les deux sont intimement liés.

J’ai appris plusieurs choses au sein du conseil régional. Comme vous le savez, la loi NOTRe a offert aux régions la compétence exclusive en matière économique. Je suis membre de cette commission et à ce titre, on peut observer à la fois les compétences, le génie Français, l’hétérogénéité des activités dans notre pays mais aussi les dysfonctionnements qui y règnent.

Quand vous prenez les cas de l’entreprise « Ecopla », unique fabricant français de barquettes en aluminium, entreprise leader en Europe et viable économiquement qui a été mise en liquidation en raison d’un patron voyou, cela vous brise le moral. Et que par dessus tout, le tribunal de commerce valide non pas la reprise en SCOP par les salariés mais son rachat par son concurrent italien qui avait pour projet de virer les salariés, vendre le site et rapatrier les machines et le savoir-faire Français en Italie... Vous vous dites que quelque chose ne tourne pas rond dans cette économie ouverte où les capitaux circulent facilement mais où les êtres humains et le savoir-faire du pays passent après. C’est la même chose avec le pôle d’excellence Français de fabrication des turbines hydrauliques de l’ex-Alstom racheté par General Electric. Ce dernier voulant se retirer et laisser sur le carreau des centaines  de salariés mais aussi 400 sous-traitants rien que pour l’Isère.
Sans travail de terrain, sans contact avec ces femmes et ces hommes, sans comprendre les circuits économiques, vous ne pouvez pas vous plongez dans les dossiers au sein de l’institution, vous ne pouvez pas faire rentrer les luttes dans l’assemblée régionale. Le travail de terrain et celui au sein de l’institution sont liés.  L’un ne va pas sans l’autre.
 

Si vous voulez savoir, Wauquiez est une personne intelligente, c’est un bon communicant


PR : L’actuel président de votre région est le tout nouveau dirigeant des « Républicains », Laurent Wauquiez. Pouvez-vous nous parler de sa façon de diriger la région ? Quels sont les thèmes qu’il affectionne le plus et en quoi son travail régional peut-il donner des pistes sur les thèmes qu’il lancera dans le débat national ?

AK : Les thèmes qu’affectionne Laurent Wauquiez sont ceux qui feront parler de lui à la plus grande échelle. Ceux qui pourront faire polémique et diviser. Ça passe par la crèche dans le hall de la région, sa condamnation devant les tribunaux et sa récidive cachée le mois dernier. Ou encore la création d’une police de la langue sur les chantiers pour lutter soi-disant contre le travail détaché. Sorti major de l’ENA, vous ne me ferez pas dire qu’il ne savait pas que les tribunaux administratifs annuleraient ces décisions mal faites et mal fondées. Peu importe, tout le monde parlera de lui, sa mission est accomplie.

Et parfois, lorsqu’il n’a pas d’annonce à faire, il explique qu’il met en œuvre ce qui est déjà mis en place. Par exemple, il a indiqué vouloir baisser les indemnités des élus trop absents aux commissions et aux assemblées plénières. Cela a fait la Une de tous les quotidiens locaux. Problème: la loi exigeait déjà cette règle et même le règlement intérieur de la précédente mandature. Peu importe, les gens applaudissaient Laurent Wauquiez pour une règle qui d’ailleurs est tout à fait nécessaire. Mais qui existait déjà.

Si vous voulez savoir, Wauquiez est une personne intelligente, c’est un bon communicant mais la suite est dévastatrice. La région est gérée par son président et personne d’autre. Aucun vice-président n’a de délégation de signature par exemple. Aucun ne décide à part lui. Il a tué les structures de l’agriculture paysanne, les associations solidaires etc.

Son problème est le double discours de sa famille politique. Il souhaite lutter contre le travail détaché? Problème: la quasi-unanimité des députés européens LR l’avait voté à deux reprises. Il est contre le CETA? Problème: la même chose. Il est contre le gaz de schiste? Problème: Luc Chatel indiquait que son parti était LE parti des gaz de schiste. Il se disait laïque en refusant les subventions à l’institut de la civilisation musulmane? Très bien, mais il rajoute derrière une crèche plus grande qu’un 4x4 à l’entrée de l’Hôtel de région. Et la liste est longue...

Je crois que le dégagisme que l’on constate dans notre société est la conséquence d’une hypocrisie de hyènes des partis dirigeants, qui ne fonctionne plus aujourd’hui auprès des habitants.

 

Notre mission est de redonner confiance par les actes et par l’action

PR : En 2017, vous avez également été candidat aux élections législatives dans la 7ème circonscription du Rhône. Vous avez réalisé 13,3%, seuil insuffisant pour accéder au second tour. 6 mois après, comment expliquez-vous la déperdition des voix entre élection présidentielle et élections législatives et comment pensez-vous pouvoir y remédier à l’avenir ?

AK : J’ai choisi la 7eme circonscription du Rhône, comprenant des villes comme Rillieux-la-Pape, Bron ou Vaulx-en-Velin, classées parmi les villes les plus pauvres du pays.

Dans cette dernière, en 2014, Hélène Geoffroy, ancienne secrétaire d’Etat de Valls, avait été élue maire avec 82% d’abstention. Là bas, comme ailleurs, les classes populaires votent à une élection : la présidentielle. Ils ont compris le système fou de la 5ème République. J’en discutais d’ailleurs avec mon amie Sarah Soihili, qui était candidate dans les quartiers Nord de Marseille et qui a analysé le même phénomène là-bas et ailleurs en France.

Comment y remédier? Par le travail constant, de terrain ou de formation. Il n’y a pas de secrets. J’ai la chance d’être entouré d’une excellente équipe d’Insoumis, qui a trouvé sa place dans notre mouvement et regorge d’idées. Chaque semaine, depuis la fin de la campagne,  nous sommes au contact des habitants sous différentes formes, aide, orientation ou propagande classique.

Nous avons constaté que la banlieue-Est était le poumon économique de la Métropole de Lyon. C’est ici que nous retrouvons le plus grand nombre d’entreprises. Pourtant le chômage y est largement plus élevé qu’ailleurs. Les habitants ne bénéficient pas de cette richesse colossale. C’est contre cette injustice qu’il faut batailler.

Notre mission est de redonner confiance par les actes et par l’action. Pour la construction d’un centre de santé pour lutter contre les déserts médicaux, pour leur dire qu’il ont droit à la sécurité, que vivre en paix ne doit pas être réservé aux habitants de Neuilly, que leur enfants aient le droit de rechercher l’excellence éducative et que leur ville peut être belle, agréable, qu’elle peut même être un exemple pour d’autres, comme l’avait entamé l’ancien Maire M.Charrier, par la construction du seul Planétarium de la région par exemple.

Une ville comme Vaulx-En-Velin a beaucoup d’avantages par rapport à d’autres. Elle regorge de jeunesse, d’une jeunesse maniant plusieurs langues, de véritables talents dans diverses domaines. Il faut forcer le destin en lançant de grands chantiers, comme un lycée polytechnique de l’économie de la mer, de formation au transport fluvial (Rhône), de formation à la sauvegarde des littoraux, de l’ouverture sur la Méditerranée. Voilà de véritables ambitions pour ces villes. Elles doivent et peuvent être à l’avant-garde pour les chantiers nationaux de demain.

La réflexion au long terme, la construction d’une chape à la base de notre maison sera la rupture politique avec le court-termisme clientéliste qui pourrit ces villes péri-urbaines depuis tant d’années.

 

J’aime beaucoup la formule de Jean-Luc Mélenchon : donner à la France une 6eme République, c’est lui « redonner des draps neufs pour le XXIème siècle »

PR : La France Insoumise a milité pendant les élections présidentielles et législatives pour la mise en place d’une 6ème République. Un certain nombre de personnes peuvent dire aujourd’hui que ce changement tant attendu est au point mort du fait de l’élection d’Emmanuel Macron. Partagez-vous ce constat ?

AK : Absolument pas. Je ne vois pas en quoi le changement d’un homme à la tête de l’État pourrait mettre un terme à notre ambition, alors que la Constitution est identique avant et après son élection?

Rousseau disait que la « Constitution est la norme suprême qu’un peuple libre se donne ». Est-ce que vos lecteurs ont le sentiment d’avoir pris part à la construction cette norme suprême dont chaque loi est soumise?

Le processus que nous présentons et avons engagé est le produit de l’Histoire constitutionnelle de notre pays depuis la Révolution. Pour engager un processus de rupture avec ce régime, il faut modifier la constitution de façon pacifique, démocratique et sans rompre avec la continuité de l’État et du service public. J’aime beaucoup la formule de Jean-Luc Mélenchon : donner à la France une 6eme République, c’est lui « redonner des draps neufs pour le XXIème siècle ».

Là où je ne suis pas forcément en phase avec certain de mes amis Insoumis, c’est que la carte des collectivités doit être mise à réflexion.  Si nous sommes d’accord pour rompre avec les super-euro-structures qui s’éloignent du citoyen, on ne peut pas se contenter de parler 6eme République et sur ce sujet de dire que la meilleure manière d’organiser le pays ce soit: commune-département-Etat "Point barre". Je pense que sur ces sujets là, nous devons aussi avoir le courage de réfléchir et savoir si cette répartition est la meilleure pour organiser la solidarité, la péréquation, la coopération et la performance des territoires. Alors on me répond Robespierre, la Révolution et la création des départements. Les Montagnards s’appuyaient beaucoup sur les districts (sorte de cantons). Les départements étaient dirigés par les Bourgeois et les Girondins (qui avaient l’argent nécessaire pour se présenter candidat). Bref, ayons le courage de discuter de cela.

En clair, les Français pourront donner leur avis sur l’effectivité de droits fondamentaux qu’ils souhaitent graver dans le marbre, comme sur la fin de vie, sur le droit au logement, l’avortement etc. Et aussi sur le caractère démocratique du fonctionnement des institutions et la répartition territoriale. La Constitution paraît lointaine pour les citoyens, pourtant elle a des impacts directs sur leur vie. Si MM. Macron, Valls, ou autres ont réussi à rendre effective leur loi sans débat, s’ils réussissent à gommer des droits des Français, c’est parce que la Constitution leur en donne le droit justement.

PR : Dans un récent sondage Harris Interactive, les français mettent la laïcité en tête des valeurs les mieux défendues par la France Insoumise. Pouvez-vous expliquer ce qui, pour vous, fait de la France Insoumise, un mouvement républicain ?

AK : La défense et surtout la promotion de la laïcité sont le reflet du caractère général et républicain de notre mouvement.

Si vous l’avez remarqué, Nicolas Sarkozy, le premier,  Marine Le Pen et même Emmanuel Macron (à un moindre niveau) ont réussi à diviser les gens sur la base de leur situation personnelles différentes. Pour le premier, « les fonctionnaires n’ont pas le droit d’avoir plus que les autres qui travaillent durs et se lèvent tôt ». Pour Madame Le Pen c’était, je crois, sur le remboursement des soins, entre celles qui payent pour se faire avorter et se font rembourser et ceux qui achètent des lunettes et ne sont pas remboursé au même niveau, Macron sur les « fainéants qui bloquent la France » etc... L’objectif étant pour eux de satisfaire coûte que coûte les situations personnelles des gens contre d’autres, créer la division et récolter les voix.

Je crois que ce qui fait de nous un mouvement républicain par excellence, c’est la dimension et l’explication d’un projet commun, tant sur l’alimentation, sur le système solidaire des retraites, l’eau comme bien commun de tous, et nécessaire à la vie de tous, sur les grands projets de la planification écologique, sur l’agriculture bio, sur l’économie de la mer, sur la santé pour tous. En bref, sur des projets concrets, sérieux mais qui touchent à un véritable contrat social pour l’ensemble de la Nation et de nos enfants.

« L’avenir est commun » est d’ailleurs le titre par excellence d’un programme républicain, une chose qui nous est chère, la fraternité et la France.

Monsieur Valls était Premier Ministre ou ministre lorsque François Hollande a remis la légion d’honneur au Roi d’Arabie Saoudite. Qu’a-t-il dit s’il vous plait ? Rien.


PR : Manuel Valls s’érige en défenseur des valeurs républicaines face à ce qu’il nomme les « problèmes que posent les musulmans ».  Partagez-vous ce constat ? Pensez-vous qu’il est du devoir de la France Insoumise, comme 1ère opposition, de répondre point par point à ces prises de positions de l’ancien Premier Ministre ?

AK : Monsieur Valls s’est remis sur son cheval après avoir fait pousser un bouc ridicule sur son menton et après nous avoir qualifiés d’islamo-gauchistes. Et hop, il pensait que les Français oublieraient tout de son imposture et de son mandat à la tête du gouvernement.

Monsieur Valls était Premier Ministre ou ministre lorsque François Hollande a remis la légion d’honneur au Roi d’Arabie Saoudite. Qu’a-t-il dit s’il vous plait ? Rien. La légion d’honneur «récompense depuis ses origines les militaires comme les civils ayant rendu des « services éminents » à la Nation». Est-ce quelqu’un peut le dire ce que l’Arabie Saoudite a fait pour nous alors qu’elle sème la pire crise humanitaire depuis 1945 au Yémen, sans parler des droits des femmes?

Ce pays finance ouvertement les réseaux salafistes sur notre territoire. Est-ce un service éminent?

Que dire du daesho-affairisme de Lafarge que nous avons combattu?

Ma philosophie c’est qu’un militant ou un élu doit toujours réfléchir à ce qui se passe autour de lui et replacer sa bataille sur un plan mondial en ce qui concerne ces sujets là.

Quand la droite, par exemple, donne des leçons au monde entier sur l’immigration, les réfugiés ou l’islamisme radical, mais ils en sont partis responsables! Quand Sarkozy détruit littéralement l’État Libyen, il crée de nouveaux naufragés dans la Méditerranée, il fait renaître l’esclavage, il favorise le développement de groupes terroristes qui d’ailleurs se retournent contre nos soldats dans le Sahel, au Mali en particulier.

Monsieur Valls est l’exemple type de la laïcité à géométrie variable. Il ne reconnaît pas, soi-disant, les communautés mais se rend au dîner du CRIF, dont le Président s’est autoproclamé représentant des Juifs de France.
Pour nous, les représentants des Français Athées, Juifs, Chrétiens ou Musulmans, ce sont nos députés nationaux. Et ça, c’est fondamental dans l’acceptation même de notre Nation une et indivisible.

Il n’y a pas de problème avec les Français musulmans, il y a un problème avec ces gouvernements successifs et leurs agissements dangereux tant chez nous que dans le monde.

 

PR : Pour terminer, quelles sont les inspirations politiques ou philosophiques qui vous ont amené à vous définir comme républicain et laïque ?

AK : J’ai évidemment les fondamentaux, étant passé par PRS et le PG, à savoir Jean Jaurès ou encore Rousseau.

Mais je ne me catégorise pas uniquement par cela. Je suis passionné par l’Histoire de mon pays et je crois dans la force et le réveil français à chaque étape importante de l’Histoire. À l’époque, en tant qu’étudiant j’étais passionné par l’histoire du droit, car on peut y comprendre le droit, l’état social, les mœurs et l’organisation du pays a chacune des étapes de son histoire. Il y a donc aussi des professeurs de droite qui m’ont amené à réfléchir sur des sujets, comme le Gaulliste M. Échappé en philosophie politique.

Je m’intéresse à la France mais aussi à l’étranger avec des auteurs comme Filiu dans son ouvrage « le miroir de Damas » dans lequel on peut comprendre, mis à part le point de vue de cet auteur avec lequel je ne suis pas en accord, beaucoup des faits politiques actuels. Je crois que c’est en analysant le cours de notre histoire que l’on devient laïque et républicain, presque par bon sens et nécessité, pour pouvoir vivre en paix en France.

Enfin en tant que juriste, ce sont des Badinter, des Vergès avec sa « défense de rupture » ou encore des Hervé Temime qui m’ont emmené à réfléchir sur la frontière étroite entre  les notions de juste et d’injuste.

Cette dernière question pourrait faire l’objet d’une autre interview, mais peu de gens me posent cette question. Je vous remercie donc de la poser et aussi de m’avoir invité. Je salue votre combat républicain et votre collectif.

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Discours pour Jaurès, 100 ans après https://plaidoyer-republicain.fr/discours-pour-jaures-100-ans-apres/ https://plaidoyer-republicain.fr/discours-pour-jaures-100-ans-apres/#respond Thu, 31 Jul 2014 19:10:15 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=597 ...lire la suite ]]>

Discours prononcé à Dijon le 31 juillet 2014 à l'occasion du centenaire de l'assassinat de Jean Jaurès

jaurès1Bonjour à toutes et à tous,

Merci aux organisateurs de ce rassemblement, le PCF 21 et le journal « L'Avenir de Côte d'Or ».

Merci d'être présents nombreux pour célébrer la mémoire du grand Jaurès, lâchement assassiné il y a tout juste 100 ans à Paris, devenant ainsi le premier mort du premier conflit mondial et le premier fusillé pour l'exemple.

Plus qu'une simple célébration que certains pourraient voir comme lisse et bon enfant, nous sommes présents ici pour nous rappeler de l'homme et pour nous inspirer de ses combats.

Cette manifestation sera probablement perçue par quelques aigris comme passéiste et tournée vers un temps lointain, qui n'a rien à voir avec le monde d'aujourd'hui. À ceux qui oseraient dire cela, dite leur qu'ils ont tort, et que c'est le monde qui nous entoure qui nous pousse à nous retrouver autour de la figure de Jean Jaurès et de ses prises de position.

Un historien, un infatigable défenseur des droits de l'homme et de la paix, un adversaire du colonialisme, un partisan de la République et du socialisme. Voilà ce qu'il était.

Pas le porte-parole d'un socialisme vidé de son contenu non, mais celui d'un socialisme républicain.

Celui qui lutte contre le capitalisme et les forces de l'argent, mettant l'humain avant toute considération financière.

Celui qui proclame que la République politique ne peut aboutir qu'à la République sociale et qui se bat pour appliquer partout la laïcité républicaine.

Celui qui a comme horizon la paix entre les peuples, et dont devraient s'inspirer bien des dirigeants dans le monde actuel.

Celui, enfin, qui refuse toute compromission pourrie avec le grand patronat au nom d'un obscur principe de réalité, qui n'est que le principe de renoncer à changer les choses.

Toutes ces visions du socialisme sont profondément contemporaines. Le monde, en 1914 comme aujourd'hui, voit la misère s'accroître, les inégalités se creuser, les tensions communautaires augmenter et les guerres avancer. Les combats de Jaurès sont donc toujours les nôtres. Ils doivent toujours raisonner dans nos esprits contre ceux qui voudraient se les approprier faussement. En faisant cela, ils l'assassinent une deuxième fois. Sachons les nommer !

Lorsque Madame Le Pen et Monsieur Sarkozy cherchent à récupérer sa figure, c'est une provocation sans nom contre le monde du travail et la lutte des classes que défendait Jaurès et que cette droite ne cherche qu'à laminer toujours plus. Ensuite quand Monsieur Valls s’appuie sur lui pour promouvoir son pacte de responsabilité et sa politique antisociale c'est au mieux une tromperie, plus certainement une trahison. Enfin, lorsque Monsieur Cambadélis déclare qu'il y a du Jaurès dans le Président de la République, on croit tout simplement rêver.

Célébrer Jaurès, c'est mettre en avant ses paroles et ses actes. De la fondation du journal « l'Humanité » à l’œuvre de sa vie, « l'Histoire Socialiste de la Révolution Française », il aura été aussi bien un intellectuel qu'un combattant de terrain. Soutien sans faille du monde de la mine et des gueules noires, il fut également l'un de ceux qui réussirent à vaincre la réaction pour imposer la laïcité dans notre pays. Il applaudi également à l'instauration de la première loi sur les retraites en France, établissant le droit à la retraite à 65 ans. Quand on voit que le gouvernement actuel l'a repoussé à 66 ans, on se dit qu'on est loin d'une politique jauréssienne. Des combats, il en mena des dizaines. Il fut l'un des premiers à prendre la défense de Dreyfus lorsque les français, même à gauche, se désintéressaient de cette affaire. Enfin, il mena un combat acharné contre la marche à la guerre.

C'est d'ailleurs ce dernier combat qui lui aura été fatal. Abattu par une droite qui l'avait traîné dans la boue des mois durant, il n'aura jamais abandonné sa lutte pour la paix ni cédé aux sirènes militaristes. Il sera toujours resté fidèle à son idéal, ayant une foi sans limite dans l'humanité.

En ce moment ou plus que jamais le drapeau de la fraternité doit être brandi, dans notre pays comme dans le monde entier, soyons fiers de marcher dans les pas de Jaurès. Notre socialisme porte en lui les plus belles valeurs jauréssiennes : la liberté, l'égalité, la fraternité non pas comme de simples mots mais comme des réalités concrètes qui nous animent au quotidien.

Enfin, et je terminerai là-dessus, ne nous laissons pas berner par ceux qui veulent nous voler la figure de celui qui nous rassemble aujourd'hui.

Rappelons leur que Jaurès ce n'est pas une étiquette, c'est une politique.

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Vive le patriotisme républicain ! https://plaidoyer-republicain.fr/vive-le-patriotisme-republicain/ https://plaidoyer-republicain.fr/vive-le-patriotisme-republicain/#comments Mon, 27 Jan 2014 09:54:19 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=361 ...lire la suite ]]> Vous l'aurez probablement remarqué, ce site se place sous les couleurs de la bannière tricolore. Ce bleu, ce blanc et (surtout) ce rouge chers à nos aïeux, révolutionnaires de tout poil et républicains au cœur. Ces couleurs sont quelquefois, et jusque dans les rangs de militants se déclarant républicains, mal appréciées, mal jugées, trop souvent décriées. Je ne reviendrais pas, dans cet article, sur la symbolique profondément républicaine de ces trois couleurs et de notre attachement à celles-ci. Ce dont nous allons parler ici c'est de patriotisme, de la défense de la patrie républicaine contre une extrême-droite cherchant à dévoyer le sens même de ce mot. Comment ? Le FN se définit comme un parti patriote et aimant la France ? Bien entendu, cela fait partie d'une triangulation – stratégie visant à chasser sur les terres sémantiques de ses adversaires – pour brouiller les pistes et cacher le véritable sens de ce terme. Non, le FN n'est pas un parti patriote. C'est un parti profondément et intrinsèquement nationaliste. Je reviendrais, dans un autre article, sur ce dernier terme, et comment il est passé d'une valeur de gauche à une valeur de droite, la droite la plus extrême qui soit.

La république universelle, démocratique et socialeLe patriotisme, qu'est ce que c'est ? C'est, bien entendu, l'amour de sa patrie. Romain Gary nous disait que le patriotisme, c'est l'amour des siens. Et c'est là que le mot prend tout son sens. L'amour des siens, réunis dans cette grande communauté nationale, dans cette patrie révolutionnaire issue de 1789, qui fait vibrer la corde sensible de tous ceux qui se sentent profondément républicains. Cette République – a fortiori la 6ème à construire – n'est pas une notion exclusive de repli sur soi. Au contraire, elle est concrètement l'idéal même de la fraternité humaine, de la liberté et de l'égalité des Hommes. Parce que régime tourné vers l'émancipation de l'humanité toute entière, elle ne peut pas être un facteur de rejet de l'autre, quel qu'il soit. Bien entendu, et c'est une critique qui est récurrente dans certains milieux, on a colonisé au nom de la République. On a massacré en son nom. Mais ayez toujours à l'esprit que non, ce n'est pas l'idée même de République qui doit être discréditée par cela. Sinon, ce serait un état d'esprit qui discréditerait n'importe quelle forme d'état à travers le monde : le socialisme à cause du stalinisme, la démocratie par les coups d'états sanglants fomentés par les USA, l'anarchisme par les bombes posées par les adeptes de la « propagande par le fait ». Cette liste est bien sûr non-exhaustive, et on peut trouver aisément un exemple discriminant pour chaque régime et chaque pensée politique. Bien sûr, certains le méritent, mais sur des bases politiques, non sur un exemple pris au hasard.

affiche_les-jours-heureuxLa pensée républicaine ne peut-être que patriote ou ne peut pas véritablement être. Être patriote, c'est défendre les conquis (et non pas les acquis, qu'on ne chercherait plus à défendre à cause de leur présupposé aspect d'évidence) qui permettent de définir le modèle français de l'État social. Pouvez-vous citer une conquête sociale majeure obtenue sous un régime autre que le régime républicain ? Il n'y en a pas, car seul ce régime permet de répondre aux besoins populaires. Être patriote, c'est se battre pied à pied pour la sauvegarde, la promotion et l'approfondissement de la Laïcité partout, à commencer par l'école. Être patriote, c'est enfin pouvoir dire sa fierté d'appartenir à cette communauté républicaine et donc humaine. À gauche, dans la gauche qui ne renonce pas et qui n'a pas peur de son ombre, nous nous réclamons toujours – et à raison – du programme du C.N.R, celui qui nationalisa les trusts et les secteurs clés de l'énergie et de la finance. Ce programme, par qui a-t-il été fait, et dans quel cadre ? Par des républicains, des résistants et patriotes attachés, par la libération de la France, au retour de la République comme cadre politique. Pas un cadre vide, qui dénaturerait l'idée en elle-même, mais rempli de mesures d'égalité sociale, de subordination des intérêts privés à l'intérêt général et d'émancipation. Ce sont le patriotisme et l'amour de la patrie républicaine qui ont poussé ces hommes et ces femmes (pas toujours de nationalité française d'ailleurs) à inspirer et rédiger ce programme. Pendant ce temps là que faisaient ceux qui, déjà à l'époque, prônaient une « France aux français » tout en osant se déclarer patriotes ? Ils vendaient la France au nazisme et à la collaboration.

Ainsi, lorsque nous défendons les conquis du C.N.R, nous nous inscrivons dans la droite ligne de ces « pères-fondateurs » de l'État social. C'est le patriotisme qui nous pousse à défendre le droit de partir à la retraite à 60 ans. C'est encore le patriotisme qui pousse à parler de nationalisation de l'énergie, à dénoncer l'inacceptable délégation au privé de l'eau, des transports et de tout ce qui fait partie des droits humains. Parce que comme défense de la France Républicaine, le patriotisme regroupe tout cela, ce n'est pas un mot qui doit faire peur à la gauche aujourd'hui. Il fait partie de son ADN et doit, tout comme le drapeau tricolore et l'hymne national, être remis au goût du jour. Jean Jaurès l'avait bien compris lui qui, assassiné par un militant nationaliste, se déclarait socialiste, républicain, patriote. Il avait vu et analysé le cœur même de la République, les progrès qu'elle apporte, politiquement comme socialement. Il était patriote pour défendre cette belle idée, et il en est mort.

emancipation-dayCeux qui abusent du mot patriotisme aujourd'hui en le faisant passer pour un nationalisme « nouvelle génération », mais étant toujours fondé sur le rejet de l'autre, mentent éhontément à ceux qui les écoutent. Le nationalisme aujourd'hui ne défend pas la République. Il suffit pour s'en convaincre de regarder les attaques constantes contre la laïcité ou contre notre modèle social de la part des différentes franges de la droite et de l'extrême-droite. Or, et j'espère vous l'avoir démontré, la personne qui ne défend pas l'idéal républicain dans son entièreté – et donc la 6ème République – n'est pas un patriote. C'est un libéral prônant la supériorité de l'économie de marché sur le fait politique, où encore un nervis de la haine, niant le caractère libérateur du patriotisme. Car le patriotisme libère, oui. La défense de la République libère, puisqu'elle même se doit d'être émancipatrice. C'est le patriotisme qui a poussé à la décolonisation des pays d'Amérique du Sud ou, plus récemment, d'Afrique et d'Asie. C'est le patriotisme qui pousse par exemple nos amis équatoriens à lutter de manière acharnée contre les multinationales étatsuniennes et le libéralisme économique. C'est également le patriotisme républicain qui nous pousse à lutter contre l'Europe austéritaire et contre le Grand Marché Transatlantique.

Définissons nous donc comme patriote, parce que républicain. La patrie est notre bien commun, et la défendre est la meilleure garantie pour sauvegarder, approfondir et promouvoir notre projet émancipateur. Et gardez vous de ceux qui vous diraient que seuls les français peuvent être patriotes, c'est faux : il suffit d'être républicain.

Alexandre Emorine

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De Darwin à la 6ème République https://plaidoyer-republicain.fr/de-darwin-a-la-6eme-republique/ https://plaidoyer-republicain.fr/de-darwin-a-la-6eme-republique/#respond Thu, 23 Jan 2014 09:44:09 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=342 ...lire la suite ]]> Une fois n’est pas coutume, je vais parler longuement de la recherche scientifique. Sans prétention aucune, je souhaite que les lecteurs du Plaidoyer Républicain soient sensibilisés à un domaine qui a révolutionné le monde ces deux derniers siècles : la Théorie de l’Évolution. Je pense que chacun a une vague idée de ce dont il s’agit, mais je n’ai pas l’intention de faire un cours magistral. Non, le but de ce long article est que tout un chacun puisse faire les ponts entre la recherche scientifique et la politique en général. En effet, le rôle de la science depuis un certain nombre d’années a été d’agir de telle sorte qu’aucune article_bogdanoffpasserelle avec la politique ne soit rendue possible. Peut-être est-ce le choc du discrédit qu’a eu l’utilisation fallacieuse de la génétique par les soviétiques au travers de Trofim Lissenko ? Dans une certaine mesure c’est une critique des scientifiques que je fais. Trop rares sont ceux qui prennent position. Les plus médiatiques font rire la communauté scientifique, à l’instar des Boris Cyrulnik et autres frères Bogdanoff.

La révolution évolutionniste.

 

Comme je le disais plus haut, l’avènement de la théorie de l’évolution de Charles Darwin a révolutionné le monde et la représentation que nous nous en faisions. Je ne vais revenir sur les conditions qui ont été réunies autour de Darwin et qui ont permis la publication de « l’Origine des espèces » en 1859. Trop souvent, la sélection naturelle a été définie comme étant « la survie du plus apte ». Selon moi, la vulgarisation de cette définition a été imposée par les philosophes d’essence libérale. Il est clair que l’application politique à cette philosophie implique que la coopération est une vue de l’esprit. La métaphore naturelle est souvent invoquée, par exemple lorsque vous entendez dire « qu’il vaut mieux être un prédateur qu’une proie, que c’est la survie du plus fort » et ce genres de poncifs éculés jusqu’à la moelle. Des applications politiques telles que l’eugénisme ont été des horreurs sans nom. Il est vrai qu’au moment de la sortie de l’origine des espèces, Darwin a posé les limites de sa théorie. Il n’était pas en mesure de comprendre pourquoi certains insectes eusociaux ont un Hamiltonniveau de coopération si élevé, par exemple dans les termitières, les fourmilières ou les ruches. Mais les insectes ne sont pas les seuls animaux à pratiquer la coopération, nous pouvons le voir chez des mammifères comme les suricates par exemple. Bref. Il a fallu attendre les travaux de William D. Hamilton en 1964 (popularisés par John Maynard Smith) et sa théorie de la sélection de parentèle pour appréhender le problème posé par la coopération. Donc oui, l’altruisme et la coopération sont des réalités dans la nature.

Le pont entre découvertes scientifiques et économie.

cooperationPour la faire courte, je vais parler succinctement de ce que l’on appelle la théorie des jeux. Il s’agit de développements mathématiques permettant de déterminer une action en fonction des types d’actions que pourraient avoir le partenaire avec qui l’on joue. Je vous invite à aller regarder le jeu du dilemme du prisonnier itéré par exemple. Ce pan des mathématiques a eu des implications fortes en économie. Puis dans les années 50, l’équation de Nash et la notion de stratégie évolutivement stable a permis de combler un trou conceptuel dans l’évolutionnisme, qui paraissait privilégier l'égoïsme. Il s’agit de la matérialisation mathématique de la coopération. Comme dans tous les jeux, ce qui va déterminer la façon dont nous allons jouer, ce sont les règles. Le Monopoly ne serait pas ce qu’il est si vous aviez la possibilité de sous-louer à un ami votre hôtel rue de la Paix ou si vous aviez une structure, appelons-là État, qui viendrait réquisitionner vos maisons ou autres hôtels ou qui mettrait en place des impôts ! Avant de poursuivre la réflexion sur le plan politique, faisons d’abord quelques remarques sur la notion même de coopération.

La coopération : un égoïsme qui ne dit pas son nom.

Beaucoup de personnes auraient tendance à penser que l’altruisme social et la coopération seraient grosso modo la définition de l’équité. Une manière de dire que ces comportements seraient issus d’une exigence morale spécifiquement humaine et acquise. En 2008, une équipe de scientifiques, autour d’Ernst Fehr, a travaillé sur les comportements de partage chez les enfants (Egalitarianism in young children). L’étude nous apprend qu’à trois ans les enfants n’ont pas le sens du partage et que vers sept à huit ans, nous constatons que les enfants sont plus enclins à donner leurs bonbons. La conclusion que tout le monde est amené à faire est que cette coopération, cet altruisme là n’est pas égoïste. Pourtant, il faut bien dire que toutes les expériences ont été faites en présence d’un observateur adulte. Il y a donc cette hypothèse que les enfants en âge de comprendre qu’ils peuvent être jugés par un tiers partagent finalement de façon contrainte. On parle alors de prestige social ou coopération coercitive. De mon point de vue cette vision est intéressante car personne n’aime être mal jugé par la société. Même si la tentation de rester égoïste est forte en gardant ses bonbons pour soi, on peut tirer un bénéfice individuel supérieur à partager plutôt qu’à tout garder pour soi. On se fait mieux voir en quelque sorte. Alors d’aucun diront que c’est scandaleux d’appréhender la notion de partage sous cet angle-là. Mais force est de constater que je ne porte pas de jugement moral sur le partage en tant que tel, mais nous constatons que le dit « partage » a bel et bien eu lieu. Dans ce cas-là aussi, certaines règles sont opérantes dans la manière d’aborder le rapport à autrui. Et donc si je résume, ce sont les règles qui définissent individuellement comment il faut se comporter avec son prochain.

La 6ème République : des règles de partages.

Pour terminer cet article, je me dois de passer sur le champ politique. Je ne veux surtout pas laisser imaginer que la façon dont on doit penser la société doit être scientifique ! J’ai essayé, tant bien que mal, de montrer que ce sont les règles qui soulignent les contours de ce que serait la mise en place de la coopération dans la société. Mais qui décide des règles ? Bien évidemment, c’est le législateur, et donc le politique. Il serait intéressant que nous nous plongions collectivement dans les œuvres de Jacques Généreux par exemple. J’ai cet économiste en tête car en France, je pense que c’est un des premiers à avoir vulgarisé un certain nombre de choses sur le sujet. Je vous incite à lire la trilogie « L’autre société ; La Jean-JauresDissociété ; La grande régression » Dans notre 6ème République, nous voulons que le citoyen soit partie prenante de la politique et qu’il décide ce qui est bon pour tous, mais également pour lui. Il ne s’agit pas, dans le modèle de société que nous voulons, de substituer la tyrannie du groupe contre l’individu. Non, il s’agit de définir les règles permettant l’émancipation des individus au travers d’une communauté politique de coopération. Je laisserai les lecteurs, les économistes et qui le veut, décliner les solutions permettant d’ancrer dans le réel cette philosophie au travers de la République. Bien sur, j’ai ma petite idée, mais le but de l’article est également d’amener le débat, autour de ce concept jauressien de République Sociale.

Arnaud Guvenatam

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Pourquoi la gauche doit-elle parler de République ? https://plaidoyer-republicain.fr/pourquoi-la-gauche-doit-elle-parler-de-republique/ https://plaidoyer-republicain.fr/pourquoi-la-gauche-doit-elle-parler-de-republique/#respond Sun, 19 Jan 2014 15:12:05 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=293 ...lire la suite ]]>  

La républiqueLa République est le thème central des articles du Plaidoyer Républicain. Ce terme trop souvent dévoyé doit en effet être la base de tout projet politique de gauche. Loin d'être une notion révolue, la République est la seule solution politique au service des citoyens. Elle permet tout d'abord de faire converger l'ensemble des luttes vers un intérêt général global. Chaque camarade luttant au quotidien fait face aux dérives d'une Vème République n'ayant que trop durée. Pour ne citer qu'eux, nos camarades syndicalistes font face à une république monarchique où le citoyen « est toujours serf dans l'entreprise », pour paraphraser le grand Jaurès...

 

Toute ces luttes ont une solution commune : une 6ème République sociale où la souveraineté du peuple sera enfin affirmée. Je considère, tout comme Francine Demichel dans son article « Le rôle de la souveraineté dans les relations internationales contemporaines » (que je vous conseille fortement si vous pouvez le trouver dans une bibliothèque par chez vous), qu'en « l'état actuel des rapports sociaux, nationaux et internationaux, l’État est le mode d'identification privilégié d'un peuple à une structure politique et idéologique ». L’État est en ce sens l'outil révolutionnaire par excellence. Il permet à une population présente sur un territoire délimité par des frontières d'exercer sa souveraineté pleine et entière. Cependant, un tel pouvoir ne peut être exercé sans être conquis, et c'est l'objet de cet article.

 

Comme je vous le disais plus haut, l'ensemble de nos luttes doivent avoir pour exigence principale la 6ème République. Cet objectif commun permettra un processus primordial de conscientisation. Cette revendication permettra selon moi le développement d'une conscience de classe républicaine. En effet, la modification des structures économiques du capitalisme depuis le 19ème siècle a entraîné une mutation des modes de production. Le développement de l’Intérim, des Contrats à Durée Déterminée ou encore le recours à la sous-traitance sont autant d'éléments complexifiant la prise en compte d'un intérêt commun à tous les travailleurs. Cela empêche le cheminement d'une conscience individuelle à une conscience collective. De plus, fait non négligeable, les ouvriers ne sont plus aujourd'hui la catégorie professionnelle la plus importante. Ainsi, la principale force révolutionnaire devient une composante réduite de l’échiquier politique rendant de ce fait plus difficiles nos combats. Plus difficiles, mais pas impossibles. Nous pouvons et nous devons nous appuyer sur l'immense majorité des citoyen-ne-s de ce pays, le salariat (ouvriers et employés ayant les mêmes intérêts, aspirations et revendications).

Soyons clairs, l'effritement de la République est à l’œuvre tous les jours, et le seul remède est politique. Nous avons le devoir de développer une conscience républicaine permettant de lutter efficacement pour l'intérêt commun. Toutes nos luttes n'auront aucune envergure tant qu'elles ne seront pas fédérées sous le même drapeau. Cette unité des combats permettra la conscience, qui à son tour permettra l'avènement de notre révolution citoyenne.

 

Un monument aux morts républicain, de gauche et pacifiste
Un monument aux morts républicain, de gauche et pacifiste à Gentioux (Creuse)

Nombres de citoyens sont excédés par la politique et se tournent aujourd'hui vers un fascisme assumé ou rampant parce qu'ils le considèrent comme anti-système. Mais qui est anti-système ? La gauche ! Nous avons toujours combattu le despotisme et la domination économique d'une classe par une autre. Nous avons toujours lutté pour offrir plus de liberté et d'égalité à tous. Nous sommes le volcan révolutionnaire qui en 1793 fixait pour la première fois le prix des denrées de premières nécessités permettant aux plus démunis de survivre. Nous sommes les pacifistes qui s'opposaient aux sacrifices de la Première Guerre Mondiale ! Nous sommes les résistants qui donnèrent leur sang pour anéantir le fascisme, et nous serons ceux qui changeront le système demain ! La gauche dispose d'un ADN commun dans l'histoire, c'est elle qui se bat, revendique et se révolte. Chers camarades et citoyens, l'heure est à la mobilisation. Montrons nous tels que nous sommes, nous ne faisons pas partie de la Vème République. Nous sommes l'alternative émancipatrice, celle qui proclamera haut et fort la 6ème République.

Yann Paczynski

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Front de Gauche : l’avenir ! https://plaidoyer-republicain.fr/front-de-gauche-lavenir/ https://plaidoyer-republicain.fr/front-de-gauche-lavenir/#comments Thu, 16 Jan 2014 23:03:05 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=283 ...lire la suite ]]> BastilleJe reprends le clavier pour développer une pensée qui m’occupe l’esprit depuis un bon moment. Quelles sont donc les raisons d’être du Front de Gauche ? Il y en a pléthore. L’alternative aux politiques d’austérité, le développement d’une 6ème République sociale, la fin de l’inégale répartition de la richesse, de même que le développement des solidarités et la sortie concrète de la logique de pensée libérale sont autant d’objectifs que nous nous sommes fixés depuis 2009. Nous nous attelons collectivement à mener ces batailles, tant sur le plan culturel que sur le plan politique.

Plusieurs constats.

Le Front de Gauche s’est crée en 2009 sous l’impulsion du Parti de Gauche, et du PCF notamment. Il a présenté des listes aux européennes de 2009 et a fait un score honorable. Depuis, il n’a cessé de progresser jusqu’à faire 11% aux élections présidentielles. D’un point de vue stratégique, doubler ses scores en moins de quatre ans relève de la réussite complète. Maintenant, que devons-nous faire ? Nous avons décidé collectivement d’éjecter Nicolas Sarkozy de la présidence. Notre impact a permis de virer un ultralibéral du pouvoir alors que dans l’histoire de la Vème République, seul Giscard d’Estaing n’a pas été en mesure de se faire réélire ! C’est donc un résultat historique. Le seul moyen que nous avions à ce moment précis, c’était d’appeler à voter contre Nicolas Sarkozy. La Constitution de la Vème est telle que le seul choix que nous avions était de voter pour François Hollande. Cela étant posé, quel avenir idéologique et stratégique devons-nous nous fixer ?

syrizaDans un premier temps, il nous faut nous ancrer fortement dans le paysage politique. Pour cela, il nous faut nous faire entendre. Mais cela n’est pas la seule façon d’ancrer le Front de Gauche dans le peuple. La stratégie que nous développons n’est pas au jour le jour. Il est entendu que le Front de Gauche ne sera pas au pouvoir dans les cinq ans. Ceux qui le pensent risquent d’être fortement déçus. L’exemple de Syriza en Grèce est très parlant de ce que vit actuellement le Front de Gauche. Cette coalition partidaire, devenu parti en tant que tel, s’est créée en 1992 sous l’impulsion de Synaspismos. Le Syriza est aux portes du pouvoir mais après combien de temps ? Plus de 20 ans !

La stratégie était claire, il faut créer une force qui se comporte comme une lame de fond, c’est-à-dire fortement ancrée dans le peuple. Rien n’émerge en génération spontanée. Cette vision est une illusion. Je vais tenter de montrer que ce que vit le Front de Gauche en 2014, au travers de ses divisions, notamment électorales, n’est pas quelque chose de si grave, si l’on prend les objectifs de départ que nous nous sommes fixés.

Election municipale : un retard non-létal.

Nous constatons dans la séquence électorale de 2014 que beaucoup de tensions sont apparues entre le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon et le Parti Communiste Français dirigé par Pierre Laurent. L’essentiel se cristallise autour de la situation parisienne où le Front de Gauche part en ordre dispersé. Très honnêtement, même si nous trouvons que l’idéal eut été de partir uni, quelles seront les conséquences à long terme de ce particularisme là ? J’affirme qu’il n’y aura aucun. Parce que, qu’on le veuille ou non, nous avons besoin d’élus qui puissent tenir un certain nombre de positions claires, et je fais le pari que les membres du Front de Gauche à Paris n’avaleront pas la moindre contrefaçon programmatique. Il y a eu un précédent. Au moment de l’élection de François Hollande, beaucoup de personnes médisantes ont dit que le PCF irait au gouvernement. Résultat du vote, une écrasante majorité s’est exprimée contre l’entrée au gouvernement. Il en va de même pour la désignation du candidat commun en 2012. Le désigné n’était pas membre du PCF.

J’en reviens à l’élection municipale. Quand même, il faut se rendre compte du chemin parcouru ! Il n’y a jamais eu autant de villes avec un Front de Gauche autonome. Le pari fait par le Parti de Gauche est quasiment réussi. Nous sommes ancrés comme une force politique populaire. Mais chez un certain nombre de militants, ce n’est pas ce point de vue qui est défendu. Ils préfèrent se concentrer sur ce qui ne va pas. C’est ne pas comprendre la stratégie de fond du Front de Gauche. Déjà parce que nous serons unis aux européennes, où nous comptons frapper un grand coup. Et parce que le temps politique est un temps long. Je n’ai pas pour habitude de citer Lénine mais ce dernier, en toute conscience, déclarait : « Histoire que tu es lente et cruelle ».

Que faire ?

Il faut continuer la bataille politique et culturelle. Je pense que tout le monde est d’accord sur la proposition. Selon moi, la situation parisienne importe peu. Ce qui compte, c’est ce que l’on défend. J’applaudirais n’importe membre du PS qui mettraient les transports publics gratuits ou qui mettrait en place des régies publiques de l’eau. Bref, qui s’inscrirait dans la définanciarisation des communes. Chaque pouce de terrain qui va dans ce sens me convient. Par contre, il est clair que taper le gouvernement, à juste titre, comme le font toutes les composantes du Front de Gauche depuis sa création, reste un moyen de s’ancrer nationalement dans le paysage politique. Il faut enfoncer les portes puisqu’elles ne nous sont pas ouvertes. La stratégie du Front de Gauche n’est pas court-termiste, elle s’ancre sur les quinze prochaines années pendant lesquelles nous gagnerons le terrain mètre par mètre. La bataille culturelle que nous menons porte ses fruits. Le Peuple a maintenant conscience que la politique menée n’est pas la bonne. Injustice fiscale, fraudeurs aux comptes bien remplis, union européenne anti-démocratique, un recul inadmissible des services publics, une République en danger, tout cela nous l’avons mis en lumière. Il est maintenant temps d’imposer nos solutions, et l’Humain d’Abord est un formidable programme qui apporte des solutions. La situation politique n’a pas changé, je ne vois donc pas pourquoi nos propositions changeraient.

Sous les cheveux : un cerveau

lhumanite_jauresDans l’état actuel des choses, il faut garder ce temps long en tête. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous cracher sur le mur de la division pour une élection à un moment donné. Non ! Les militants, les sympathisants et les citoyens doivent s’impliquer pour finir de mettre à terre le libéralisme exacerbé que nous subissons. Cela prendra de nombreuses années, mais cela sera accompli plus rapidement avec un Front de Gauche fort. Jean Jaurès est mort en 1914 et rêvait déjà de mettre en place la République Sociale, 100 ans après, nous n’y sommes toujours pas ! Et nous devons garder cet étendard fièrement, envers et contre tous les libéraux qui vous disent le contraire. L’avènement de la République Sociale, la 6ème République, est à mon sens l’unique objectif que nous devons garder en ligne de mire. Car au travers de ces changements des règles démocratiques, il y aura, associé à cela, une juste répartition de la richesse et tout ce qui fait le programme du Front de Gauche. Maintenant, au combat !

Arnaud Guvenatam

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