France – Plaidoyer Républicain https://plaidoyer-republicain.fr Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.3 56743480 « La défense et la promotion de la laïcité sont le reflet du caractère général et républicain de la France Insoumise » : entretien avec Andréa Kotarac (conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes LFI) https://plaidoyer-republicain.fr/la-defense-et-la-promotion-de-la-laicite-sont-le-reflet-du-caractere-general-et-republicain-de-la-france-insoumise-entretien-avec-andrea-kotarac-conseiller-regional-auvergne-rhone-alpes-lfi/ https://plaidoyer-republicain.fr/la-defense-et-la-promotion-de-la-laicite-sont-le-reflet-du-caractere-general-et-republicain-de-la-france-insoumise-entretien-avec-andrea-kotarac-conseiller-regional-auvergne-rhone-alpes-lfi/#respond Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=1021 ...lire la suite ]]> A la suite de l'élection de Laurent Wauquiez à la tête du parti les Républicains, nous nous sommes entretenus avec un Insoumis qui le connaît bien. Siégeant au Conseil Régional d'Auvergne-Rhône-Alpes dont Laurent Wauquiez est le Président, Andréa Kotarac nous livre sa réflexion sur la situation politique actuelle, la séquence de 2017, la République ainsi que ses inspirations littéraires et philosophiques.

Plaidoyer Républicain : Andréa Kotarac, vous êtes élu régional France Insoumise en Auvergne Rhône-Alpes. Pourriez-vous nous expliquer comment vous articulez travail de terrain, sessions et commissions ?

Le travail de terrain et celui au sein de l’institution sont liés.  L’un ne va pas sans l’autre.

Andréa Kotarac : Vous savez, nous avons toujours construit dans nos têtes une frontière entre le travail dit "de terrain" et le travail au sein de l'institution. En réalité, les deux sont intimement liés.

J’ai appris plusieurs choses au sein du conseil régional. Comme vous le savez, la loi NOTRe a offert aux régions la compétence exclusive en matière économique. Je suis membre de cette commission et à ce titre, on peut observer à la fois les compétences, le génie Français, l’hétérogénéité des activités dans notre pays mais aussi les dysfonctionnements qui y règnent.

Quand vous prenez les cas de l’entreprise « Ecopla », unique fabricant français de barquettes en aluminium, entreprise leader en Europe et viable économiquement qui a été mise en liquidation en raison d’un patron voyou, cela vous brise le moral. Et que par dessus tout, le tribunal de commerce valide non pas la reprise en SCOP par les salariés mais son rachat par son concurrent italien qui avait pour projet de virer les salariés, vendre le site et rapatrier les machines et le savoir-faire Français en Italie... Vous vous dites que quelque chose ne tourne pas rond dans cette économie ouverte où les capitaux circulent facilement mais où les êtres humains et le savoir-faire du pays passent après. C’est la même chose avec le pôle d’excellence Français de fabrication des turbines hydrauliques de l’ex-Alstom racheté par General Electric. Ce dernier voulant se retirer et laisser sur le carreau des centaines  de salariés mais aussi 400 sous-traitants rien que pour l’Isère.
Sans travail de terrain, sans contact avec ces femmes et ces hommes, sans comprendre les circuits économiques, vous ne pouvez pas vous plongez dans les dossiers au sein de l’institution, vous ne pouvez pas faire rentrer les luttes dans l’assemblée régionale. Le travail de terrain et celui au sein de l’institution sont liés.  L’un ne va pas sans l’autre.
 

Si vous voulez savoir, Wauquiez est une personne intelligente, c’est un bon communicant


PR : L’actuel président de votre région est le tout nouveau dirigeant des « Républicains », Laurent Wauquiez. Pouvez-vous nous parler de sa façon de diriger la région ? Quels sont les thèmes qu’il affectionne le plus et en quoi son travail régional peut-il donner des pistes sur les thèmes qu’il lancera dans le débat national ?

AK : Les thèmes qu’affectionne Laurent Wauquiez sont ceux qui feront parler de lui à la plus grande échelle. Ceux qui pourront faire polémique et diviser. Ça passe par la crèche dans le hall de la région, sa condamnation devant les tribunaux et sa récidive cachée le mois dernier. Ou encore la création d’une police de la langue sur les chantiers pour lutter soi-disant contre le travail détaché. Sorti major de l’ENA, vous ne me ferez pas dire qu’il ne savait pas que les tribunaux administratifs annuleraient ces décisions mal faites et mal fondées. Peu importe, tout le monde parlera de lui, sa mission est accomplie.

Et parfois, lorsqu’il n’a pas d’annonce à faire, il explique qu’il met en œuvre ce qui est déjà mis en place. Par exemple, il a indiqué vouloir baisser les indemnités des élus trop absents aux commissions et aux assemblées plénières. Cela a fait la Une de tous les quotidiens locaux. Problème: la loi exigeait déjà cette règle et même le règlement intérieur de la précédente mandature. Peu importe, les gens applaudissaient Laurent Wauquiez pour une règle qui d’ailleurs est tout à fait nécessaire. Mais qui existait déjà.

Si vous voulez savoir, Wauquiez est une personne intelligente, c’est un bon communicant mais la suite est dévastatrice. La région est gérée par son président et personne d’autre. Aucun vice-président n’a de délégation de signature par exemple. Aucun ne décide à part lui. Il a tué les structures de l’agriculture paysanne, les associations solidaires etc.

Son problème est le double discours de sa famille politique. Il souhaite lutter contre le travail détaché? Problème: la quasi-unanimité des députés européens LR l’avait voté à deux reprises. Il est contre le CETA? Problème: la même chose. Il est contre le gaz de schiste? Problème: Luc Chatel indiquait que son parti était LE parti des gaz de schiste. Il se disait laïque en refusant les subventions à l’institut de la civilisation musulmane? Très bien, mais il rajoute derrière une crèche plus grande qu’un 4x4 à l’entrée de l’Hôtel de région. Et la liste est longue...

Je crois que le dégagisme que l’on constate dans notre société est la conséquence d’une hypocrisie de hyènes des partis dirigeants, qui ne fonctionne plus aujourd’hui auprès des habitants.

 

Notre mission est de redonner confiance par les actes et par l’action

PR : En 2017, vous avez également été candidat aux élections législatives dans la 7ème circonscription du Rhône. Vous avez réalisé 13,3%, seuil insuffisant pour accéder au second tour. 6 mois après, comment expliquez-vous la déperdition des voix entre élection présidentielle et élections législatives et comment pensez-vous pouvoir y remédier à l’avenir ?

AK : J’ai choisi la 7eme circonscription du Rhône, comprenant des villes comme Rillieux-la-Pape, Bron ou Vaulx-en-Velin, classées parmi les villes les plus pauvres du pays.

Dans cette dernière, en 2014, Hélène Geoffroy, ancienne secrétaire d’Etat de Valls, avait été élue maire avec 82% d’abstention. Là bas, comme ailleurs, les classes populaires votent à une élection : la présidentielle. Ils ont compris le système fou de la 5ème République. J’en discutais d’ailleurs avec mon amie Sarah Soihili, qui était candidate dans les quartiers Nord de Marseille et qui a analysé le même phénomène là-bas et ailleurs en France.

Comment y remédier? Par le travail constant, de terrain ou de formation. Il n’y a pas de secrets. J’ai la chance d’être entouré d’une excellente équipe d’Insoumis, qui a trouvé sa place dans notre mouvement et regorge d’idées. Chaque semaine, depuis la fin de la campagne,  nous sommes au contact des habitants sous différentes formes, aide, orientation ou propagande classique.

Nous avons constaté que la banlieue-Est était le poumon économique de la Métropole de Lyon. C’est ici que nous retrouvons le plus grand nombre d’entreprises. Pourtant le chômage y est largement plus élevé qu’ailleurs. Les habitants ne bénéficient pas de cette richesse colossale. C’est contre cette injustice qu’il faut batailler.

Notre mission est de redonner confiance par les actes et par l’action. Pour la construction d’un centre de santé pour lutter contre les déserts médicaux, pour leur dire qu’il ont droit à la sécurité, que vivre en paix ne doit pas être réservé aux habitants de Neuilly, que leur enfants aient le droit de rechercher l’excellence éducative et que leur ville peut être belle, agréable, qu’elle peut même être un exemple pour d’autres, comme l’avait entamé l’ancien Maire M.Charrier, par la construction du seul Planétarium de la région par exemple.

Une ville comme Vaulx-En-Velin a beaucoup d’avantages par rapport à d’autres. Elle regorge de jeunesse, d’une jeunesse maniant plusieurs langues, de véritables talents dans diverses domaines. Il faut forcer le destin en lançant de grands chantiers, comme un lycée polytechnique de l’économie de la mer, de formation au transport fluvial (Rhône), de formation à la sauvegarde des littoraux, de l’ouverture sur la Méditerranée. Voilà de véritables ambitions pour ces villes. Elles doivent et peuvent être à l’avant-garde pour les chantiers nationaux de demain.

La réflexion au long terme, la construction d’une chape à la base de notre maison sera la rupture politique avec le court-termisme clientéliste qui pourrit ces villes péri-urbaines depuis tant d’années.

 

J’aime beaucoup la formule de Jean-Luc Mélenchon : donner à la France une 6eme République, c’est lui « redonner des draps neufs pour le XXIème siècle »

PR : La France Insoumise a milité pendant les élections présidentielles et législatives pour la mise en place d’une 6ème République. Un certain nombre de personnes peuvent dire aujourd’hui que ce changement tant attendu est au point mort du fait de l’élection d’Emmanuel Macron. Partagez-vous ce constat ?

AK : Absolument pas. Je ne vois pas en quoi le changement d’un homme à la tête de l’État pourrait mettre un terme à notre ambition, alors que la Constitution est identique avant et après son élection?

Rousseau disait que la « Constitution est la norme suprême qu’un peuple libre se donne ». Est-ce que vos lecteurs ont le sentiment d’avoir pris part à la construction cette norme suprême dont chaque loi est soumise?

Le processus que nous présentons et avons engagé est le produit de l’Histoire constitutionnelle de notre pays depuis la Révolution. Pour engager un processus de rupture avec ce régime, il faut modifier la constitution de façon pacifique, démocratique et sans rompre avec la continuité de l’État et du service public. J’aime beaucoup la formule de Jean-Luc Mélenchon : donner à la France une 6eme République, c’est lui « redonner des draps neufs pour le XXIème siècle ».

Là où je ne suis pas forcément en phase avec certain de mes amis Insoumis, c’est que la carte des collectivités doit être mise à réflexion.  Si nous sommes d’accord pour rompre avec les super-euro-structures qui s’éloignent du citoyen, on ne peut pas se contenter de parler 6eme République et sur ce sujet de dire que la meilleure manière d’organiser le pays ce soit: commune-département-Etat "Point barre". Je pense que sur ces sujets là, nous devons aussi avoir le courage de réfléchir et savoir si cette répartition est la meilleure pour organiser la solidarité, la péréquation, la coopération et la performance des territoires. Alors on me répond Robespierre, la Révolution et la création des départements. Les Montagnards s’appuyaient beaucoup sur les districts (sorte de cantons). Les départements étaient dirigés par les Bourgeois et les Girondins (qui avaient l’argent nécessaire pour se présenter candidat). Bref, ayons le courage de discuter de cela.

En clair, les Français pourront donner leur avis sur l’effectivité de droits fondamentaux qu’ils souhaitent graver dans le marbre, comme sur la fin de vie, sur le droit au logement, l’avortement etc. Et aussi sur le caractère démocratique du fonctionnement des institutions et la répartition territoriale. La Constitution paraît lointaine pour les citoyens, pourtant elle a des impacts directs sur leur vie. Si MM. Macron, Valls, ou autres ont réussi à rendre effective leur loi sans débat, s’ils réussissent à gommer des droits des Français, c’est parce que la Constitution leur en donne le droit justement.

PR : Dans un récent sondage Harris Interactive, les français mettent la laïcité en tête des valeurs les mieux défendues par la France Insoumise. Pouvez-vous expliquer ce qui, pour vous, fait de la France Insoumise, un mouvement républicain ?

AK : La défense et surtout la promotion de la laïcité sont le reflet du caractère général et républicain de notre mouvement.

Si vous l’avez remarqué, Nicolas Sarkozy, le premier,  Marine Le Pen et même Emmanuel Macron (à un moindre niveau) ont réussi à diviser les gens sur la base de leur situation personnelles différentes. Pour le premier, « les fonctionnaires n’ont pas le droit d’avoir plus que les autres qui travaillent durs et se lèvent tôt ». Pour Madame Le Pen c’était, je crois, sur le remboursement des soins, entre celles qui payent pour se faire avorter et se font rembourser et ceux qui achètent des lunettes et ne sont pas remboursé au même niveau, Macron sur les « fainéants qui bloquent la France » etc... L’objectif étant pour eux de satisfaire coûte que coûte les situations personnelles des gens contre d’autres, créer la division et récolter les voix.

Je crois que ce qui fait de nous un mouvement républicain par excellence, c’est la dimension et l’explication d’un projet commun, tant sur l’alimentation, sur le système solidaire des retraites, l’eau comme bien commun de tous, et nécessaire à la vie de tous, sur les grands projets de la planification écologique, sur l’agriculture bio, sur l’économie de la mer, sur la santé pour tous. En bref, sur des projets concrets, sérieux mais qui touchent à un véritable contrat social pour l’ensemble de la Nation et de nos enfants.

« L’avenir est commun » est d’ailleurs le titre par excellence d’un programme républicain, une chose qui nous est chère, la fraternité et la France.

Monsieur Valls était Premier Ministre ou ministre lorsque François Hollande a remis la légion d’honneur au Roi d’Arabie Saoudite. Qu’a-t-il dit s’il vous plait ? Rien.


PR : Manuel Valls s’érige en défenseur des valeurs républicaines face à ce qu’il nomme les « problèmes que posent les musulmans ».  Partagez-vous ce constat ? Pensez-vous qu’il est du devoir de la France Insoumise, comme 1ère opposition, de répondre point par point à ces prises de positions de l’ancien Premier Ministre ?

AK : Monsieur Valls s’est remis sur son cheval après avoir fait pousser un bouc ridicule sur son menton et après nous avoir qualifiés d’islamo-gauchistes. Et hop, il pensait que les Français oublieraient tout de son imposture et de son mandat à la tête du gouvernement.

Monsieur Valls était Premier Ministre ou ministre lorsque François Hollande a remis la légion d’honneur au Roi d’Arabie Saoudite. Qu’a-t-il dit s’il vous plait ? Rien. La légion d’honneur «récompense depuis ses origines les militaires comme les civils ayant rendu des « services éminents » à la Nation». Est-ce quelqu’un peut le dire ce que l’Arabie Saoudite a fait pour nous alors qu’elle sème la pire crise humanitaire depuis 1945 au Yémen, sans parler des droits des femmes?

Ce pays finance ouvertement les réseaux salafistes sur notre territoire. Est-ce un service éminent?

Que dire du daesho-affairisme de Lafarge que nous avons combattu?

Ma philosophie c’est qu’un militant ou un élu doit toujours réfléchir à ce qui se passe autour de lui et replacer sa bataille sur un plan mondial en ce qui concerne ces sujets là.

Quand la droite, par exemple, donne des leçons au monde entier sur l’immigration, les réfugiés ou l’islamisme radical, mais ils en sont partis responsables! Quand Sarkozy détruit littéralement l’État Libyen, il crée de nouveaux naufragés dans la Méditerranée, il fait renaître l’esclavage, il favorise le développement de groupes terroristes qui d’ailleurs se retournent contre nos soldats dans le Sahel, au Mali en particulier.

Monsieur Valls est l’exemple type de la laïcité à géométrie variable. Il ne reconnaît pas, soi-disant, les communautés mais se rend au dîner du CRIF, dont le Président s’est autoproclamé représentant des Juifs de France.
Pour nous, les représentants des Français Athées, Juifs, Chrétiens ou Musulmans, ce sont nos députés nationaux. Et ça, c’est fondamental dans l’acceptation même de notre Nation une et indivisible.

Il n’y a pas de problème avec les Français musulmans, il y a un problème avec ces gouvernements successifs et leurs agissements dangereux tant chez nous que dans le monde.

 

PR : Pour terminer, quelles sont les inspirations politiques ou philosophiques qui vous ont amené à vous définir comme républicain et laïque ?

AK : J’ai évidemment les fondamentaux, étant passé par PRS et le PG, à savoir Jean Jaurès ou encore Rousseau.

Mais je ne me catégorise pas uniquement par cela. Je suis passionné par l’Histoire de mon pays et je crois dans la force et le réveil français à chaque étape importante de l’Histoire. À l’époque, en tant qu’étudiant j’étais passionné par l’histoire du droit, car on peut y comprendre le droit, l’état social, les mœurs et l’organisation du pays a chacune des étapes de son histoire. Il y a donc aussi des professeurs de droite qui m’ont amené à réfléchir sur des sujets, comme le Gaulliste M. Échappé en philosophie politique.

Je m’intéresse à la France mais aussi à l’étranger avec des auteurs comme Filiu dans son ouvrage « le miroir de Damas » dans lequel on peut comprendre, mis à part le point de vue de cet auteur avec lequel je ne suis pas en accord, beaucoup des faits politiques actuels. Je crois que c’est en analysant le cours de notre histoire que l’on devient laïque et républicain, presque par bon sens et nécessité, pour pouvoir vivre en paix en France.

Enfin en tant que juriste, ce sont des Badinter, des Vergès avec sa « défense de rupture » ou encore des Hervé Temime qui m’ont emmené à réfléchir sur la frontière étroite entre  les notions de juste et d’injuste.

Cette dernière question pourrait faire l’objet d’une autre interview, mais peu de gens me posent cette question. Je vous remercie donc de la poser et aussi de m’avoir invité. Je salue votre combat républicain et votre collectif.

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Debout la France : à bas la République ? https://plaidoyer-republicain.fr/debout-la-france-a-bas-la-republique/ https://plaidoyer-republicain.fr/debout-la-france-a-bas-la-republique/#comments Mon, 29 Dec 2014 12:02:53 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=722 ...lire la suite ]]> Pourquoi-Debout-la-Republique-est-devenu-Debout-la-France-Parce-que-la-France-est-en-danger-selon-Laurent-JacobelliCe samedi 27 décembre sur I-Télé intervenait Laurent Jacobelli (délégué national du parti de Nicolas Dupont-Aignan), questionné par Claude Askolovitch. La première question du journaliste fut une demande d'éclaircissement : « pourquoi passer de Debout la République à Debout la France ? ». Voici ce qui est répondu par M. Jacobelli  « Aujourd'hui ce n'est plus la République qui est en danger, c'est la France, la France en tant que nation, en tant qu'entité. Et c'est pour ça qu'on a voulu envoyer cet appel aux Français : Debout la France. » La réponse peut paraître innocente, elle ne l'est malheureusement pas. Elle témoigne d'une droitisation stratégique et d'un changement de valeurs. Que l'on s'entende bien, personne au Plaidoyer Républicain ne se sent proche de feu « Debout la République » et de ses prises de positions contradictoires, tendancieuses et (trop) variées. Mais il s'y trouve quelques républicains sincères à qui l'on se doit de parler. Non pour prêcher la bonne parole, mais pour engager une discussion politique.

Une question vient à l'esprit au vu des déclarations de Laurent Jacobelli. La République ne serait plus menacée ? Il n'aura pas échappé à ceux qui nous lisent régulièrement que nous ne partageons pas ce constat. À fortiori suite à l'année 2014 qui s'achève Et qui aura vu un nombre conséquent d'attaques contre les valeurs républicaines. Ainsi l'austérité voulue par le duo Hollande/Valls ainsi que par Bruxelles amène à la destruction même de la République. Si vous trouvez ces propos excessifs, voici la personne qui les a tenus en premier lieu. La preuve de cette lente destruction ? La montée de l'extrême droite lors des dernières élections. Seconde menace, moins visible, la réforme territoriale, dont l'objectif inavoué en tant que "mère de toutes les réformes" est d'adapter la structure étatique aux mesures d'austérité et au pacte de responsabilité (et oui, le contenant va avec le contenu). Troisième et dernière attaque - on ne peut toutes les citer tant elles sont nombreuses -, la laïcité. Cette fin d'année a cristallisé les tensions autour de cette question. Icia-MENARD-640x468 une crèche dans un Conseil Général (en Vendée, tiens donc) ou une mairie (Béziers), là une célébration de Hanouka (toujours dans la même mairie). Et ces événements ont été l'occasion pour la droite, qu'elle soit dite extrême ou non, d'attaques répétées contre la loi et les valeurs républicaines de laïcité et de liberté de conscience. Au nom de quoi ? De racines chrétiennes ? La République n'a aucune racine religieuse, elle pioche sa philosophie même dans la séparation d'avec le fait religieux. Que l'on interdise tout cela, et rapidement. Tout comme l'on se doit d'interdire les prières de rues catholiques (processions), juives (Menorah sur l'espace public comme nous avons pu le voir à Dijon) et musulmanes (lors de certaines prières du vendredi).

Les exemples ne manquent donc pas d'attaques contre la République elle-même. Il est donc d'autant plus difficile de croire le représentant de Debout la France lorsqu'il balaye ceci d'un revers de main. Surtout que ce dernier, plus tard dans l'interview, se déclare patriote. Or, comme nous l'avons déjà écrit, le patriotisme est indissociable de la République !

La seconde chose à retenir est la justification du changement de nom de « République » à « France » par une menace sur la nation française elle-même. Et là, il y a au mieux méprise, au pire danger. En effet cela supprime le lien, dans la bouche de M. Jacobelli, entre Nation et République, pour créer un lien France-Nation factice et sans fondement républicain. La Nation, en France, c'est un contrat politique entre les citoyens. Et celui-ci trouve son expression dans la République. Il n'y a dans notre régime politique aucun autre fondement à la Nation. Or ici, on cherche à la renvoyer à autre chose. À la France. Sauf que la France, une fois vidée de son aspect politique républicain, qu'en reste-t-il ? C'est très flou. Il y a donc un loup. Que cherche à mettre dans cette France le délégué de Debout la France et que ne veut-il pas y mettre ? Une religion ? Une couleur de peau ? Une origine ? Une classe sociale ? Au vu du soutien que le parti de Nicolas Dupont-Aignan a accordé à Robert Ménard à Béziers pour les municipales, nous sommes en droit de penser que peu de bonnes choses sont mises dans cette France non-politique et donc déjà bien peu française. Ce n'est donc sûrement pas du patriotisme, cher Monsieur Jacobelli, que vous allez prôner mais bien du nationalisme, malgré ce que vous pouvez en dire.

FAUX

Pour conclure, qu'est ce que cela traduit ? Quelle conséquence concrète à ce changement de nom ? L'aboutissement d'une séquence entamée dès les élections municipales de cette année, c'est à dire un rapprochement avec le FN et une droite nationaliste. Les discours qui vont être tenus par ce parti et son chef, le député Nicolas Dupont-Aignan, risquent fort de devenir plus extrêmes au fur et à mesure des semaines et des mois. Il faut être vigilant et n'accorder aucunement le bénéfice du doute aux auteurs de futurs propos tenus qui seraient de nature à fragiliser encore plus l'arc républicain. Aux républicains sincères qui pourraient encore se trouver à « Debout la France » ou qui seraient tentés par le vote en faveur de cette formation aux prochaines échéances électorales, le message est le suivant : le souverainisme n'est pas le nationalisme. Ne tombez pas dans le piège volontairement tendu par les tenants de cette ligne. Si vous aimez réellement la France comme échelle de valeur et comme réalité, défendez la pour ce qu'elle est : une République.

Alexandre Emorine

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Face au remaniement inutile, une dissolution Constituante ? https://plaidoyer-republicain.fr/face-au-remaniement-inutile-une-dissolution-constituante/ https://plaidoyer-republicain.fr/face-au-remaniement-inutile-une-dissolution-constituante/#comments Tue, 26 Aug 2014 07:25:40 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=623 ...lire la suite ]]> Cela ne fait que deux ans que François Hollande a pris les rênes de la Vème République. Pourtant sa popularité ne cesse de chuter. Les derniers sondages d’opinion fixent sa cote de popularité (ou d’impopularité) à 17%. Le président le plus impopulaire de la Vème vient donc de battre son propre record. Pour ajouter à la confusion et à la tendance irrémédiable à la chute, voici que le remaniement du gouvernement Valls est à l'ordre du jour. Ces petits arrangements entre amis sont insupportables, il faut que le peuple retrouve sa voix !

C'est une condition sine qua non si l'on veut sortir par le haut de cette crise économique, politique bref, de régime. Je ne partage pas l’avis de Monsieur Filoche lorsqu'il déclare : « non pas de dissolution ne prononcez pas ce mot maudit, il est de droite, nous on a une majorité de gauche rouge-rose-verte, elle est là, elle existe, elle est issue de mai juin 2012, que l'exécutif l'entende et qu'elle gouverne ». Il n’existe actuellement qu’une majorité détenue par la frange droite du PS. Tout changement de gouvernement n'est qu’une manipulation supplémentaire, un stratagème permettant un changement d’image. Or ce que nous voulons c’est un changement politique. Dans ce contexte, et face à l’inefficacité du gouvernement, la seule solution est un profond chambardement politique : une dissolution de l'Assemblée Nationale ou la démission du Président lui-même. Non pas seulement pour changer les hommes et les femmes aujourd'hui à la tête du pays, mais pour que ce soit le moment de l'intervention du peuple dans le choix de son futur, et que les institutions françaises redeviennent démocratiques, populaires et républicaines.

 

La dissolution est malheureusement encadrée par notre « chère » Constitution de 1958. Cette dernière confie une fois de plus ce pouvoir non pas au peuple mais au Président de la République. Lui seul peut en effet prononcer la dissolution de l’Assemblée Nationale. Celle-ci, dans la théorie parlementaire, permet au peuple de trancher un différend entre l’exécutif et le législatif. À titre d’exemple, la première dissolution prononcée en 1962 par De Gaulle répondait à une crise politique l’opposant à l’Assemblée, qui avait renversé son gouvernement . On peut aussi citer les deux dissolutions effectuées par le Président Mitterrand en 1981 et 1988. Dans ces trois cas, le peuple fut donc appelé à juger et il trancha. Ce type de dissolution est un mécanisme devenu désuet depuis la réforme relative au calendrier électoral de 2000. En effet, le Président dispose d’une majorité à l’Assemblée lui permettant de régner durant tout son quinquennat.

 

La dissolution peut cependant avoir un autre but. En effet, malgré une majorité stable, le Président peut par ce biais demander au peuple « un vote de confiance » sur sa personne comme sur sa politique (puisqu'elle est aujourd'hui censée s'incarner dans un seul homme). Une fois de plus sous la Vème République l’exemple de De Gaulle est très instructif. En réponse à la crise nationale de 1968 celui-ci demanda aux électeurs un vote de confiance par le biais d’une dissolution que l’on peut qualifier de plébiscitaire. C’est la seule solution qu'il reste aujourd'hui à François Hollande – si l'on excepte sa démission. Il ne peut « régner impunément » tel un monarque d'Ancien Régime. Il ne doit plus diviser le peuple mais au contraire l’appeler à voter pour faire face à la crise institutionnelle. S’il le fait, chaque citoyen sera appelé aux urnes « vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution. ». Il est à parier que cette dissolution interviendra sous 12 mois, peut-être même qu'elle sera simultanée aux élections locales de fin 2015.

 

Le peuple pourra par ce biais non seulement redéfinir la politique du pays mais, plus largement, choisir une forme d'organisation collective s'orientant vers plus de démocratie, de justice sociale et d'intervention populaire. Car ne nous y trompons pas : les problèmes que rencontrent notre pays aujourd'hui, tant sur le plan économique que politique, sont dus principalement au carcan institutionnel de la Vème République : l'abandon de la souveraineté économique, militaire, populaire, etc... Personne ne prétend ici que la dissolution serait un remède magique qui porterait obligatoirement les idéaux républicains au pouvoir. La situation causée alternativement par l'UMP et le PS ayant crée les conditions objectives favorables à l'extrême-droite sont ce qu'elles sont. Le risque est grand de voir le FN s'arroger une place politique jusque-là inédite. Même laminée, la droite revancharde pourrait également tirer son épingle du jeu. Mais ne soyons pas frileux. N'ayant pas peur de nous porter au combat pour que vive l'insurrection civique dont notre pays a besoin. Un besoin vital. C'est à tous les républicains sincères, en rupture avec l'ordre établi, de poser les fondations d'un Mouvement Citoyen pour la 6ème République. N'attendons pas 2017 pour consommer – s'il est encore besoin de le faire – définitivement notre rupture avec l'actuel pouvoir et ses institutions. Construisons dès aujourd'hui, nationalement, localement, les structures ayant pour ambition de renverser la table et d'appeler à la convocation d'une Assemblée Constituante.

 

Il devient plus que jamais nécessaire de remettre à plat l’ensemble de notre système institutionnel. Le peuple s’est vu privé de tout pouvoir et ce depuis trop longtemps. L’exemple d’Hollande n’est qu’un symptôme de la gangrène de nos institutions. La Vème République n’a que trop duré. Le peuple désavoue le pouvoir en place mais ne peut rien faire face au verrou monarchique. Il est contraint de se soumettre à la bonne volonté d’un exécutif, incarné par un homme. Hollande appellera-t-il le peuple aux urnes ? Démissionnera-t-il si l’Assemblée devient hostile à sa politique ? On ne peut être sûrs de rien. Les citoyens se retrouvent donc aujourd'hui dépendants du bon vouloir du tout puissant Chanoine de Latran. Il faut en finir, et vite. Pour le salut du pays comme de la communauté nationale républicaine. Quelle que soit l'issue choisie – ou non – par l’exécutif (la dissolution ou la démission), rien ne changera si un mouvement puissant pour un changement de régime n'émerge pas. L'alternance du PS avec l'UMP, voire même dans une large part avec le FN ne modifiera pas le cadre politique global qui administre le pays. Le Front de Gauche doit prendre toute sa part dans l'émergence d'un mouvement citoyen, d'une lame de fond populaire pour balayer les institutions pourries qui nous régissent. Comme moteur ou comme simple acteur, là n'est pas la question. Le peuple doit choisir son nouvel horizon constitutionnel. Nul doute que celui-ci privilégiera l'intervention directe des citoyens et qu'enfin finiront les éternels atermoiements de personnes, ce bal des égos interminable pour savoir qui régnera le mieux sur les français. Le souverain, en République, c'est le peuple. Point à la ligne. Aucun monarque passager ne peut aller contre ce fait révolutionnaire indéniable. L'exigence d’une 6ème République semble être aujourd’hui la seule solution pour sortir du marasme dans lequel nous sommes. Le système se fissure, à nous de nous engouffrer dans la brèche. Qu'Hollande ne se méprenne pas, le grondement populaire n'est pas un fétu de paille : s'il ne rend pas les urnes, nous prendrons la rue.

 

Yann Paczynski

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6 mai : le républicain Robespierre ou le monarque Hollande ? https://plaidoyer-republicain.fr/6-mai-le-republicain-robespierre-ou-le-monarque-hollande/ https://plaidoyer-republicain.fr/6-mai-le-republicain-robespierre-ou-le-monarque-hollande/#comments Tue, 06 May 2014 09:16:08 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=522 ...lire la suite ]]>  

buste-de-robespierreEn ce 6 mai, faites bien attention aux journaux, imprimés ou télévisés, ou aux réseaux sociaux. Vous ne verrez qu'une date anniversaire parsemer vos écrans : les deux ans de présidence de François Hollande et son interview matinale. Pour nous, cette date est toute autre. Nous ne nous occupons pas d'un homme qui sera balayé rapidement par l'histoire. Le 6 mai correspond à la naissance d'un grand républicain et d'un révolutionnaire de premier plan : Maximilien Robespierre. Il y a 256 ans (un savant calcul nous indique donc que cela se déroule en 1758) naissait à Arras celui que l'on surnommera plus tard « l'Incorruptible ». Rassurez vous, cet article ne va pas être une biographie en modèle réduit de Robespierre. Hamel, Mathiez et bien d'autres l'ont fait bien avant et bien mieux que nous ne saurions le faire. Comme pour l'immense figure de Jaurès, il ne s'agit pas de commémorer Robespierre. Il s'agit de le célébrer, certes brièvement, et de s'en inspirer pour nos combats actuels qui, deux siècles et demi après, sont malheureusement encore les mêmes.

Quels sont-ils ces combats me direz vous ? Ce sont ceux qui marchent inéluctablement vers la justice sociale, vers le partage des richesses, vers l'égalité des droits et la liberté des êtres humains. Ces combats sont les combats républicains qui, abandonnés dans les faits par presque toutes les familles politiques, sont bien souvent de simples slogans écrits à la va-vite sur des banderoles et des tracts. Bien loin du portrait noir dressé par les réactionnaires de tous poils, il est important de se rappeler quelles furent les grandes prises de position de Robespierre. Il faut rendre hommage à la personne qui a prôné en premier le droit de vote pour les juifs et les comédiens, et ce dès 1789. Il faut mettre en lumière le premier homme politique qui, en 1791, déclara publiquement vouloir abolir l'esclavage, ce qui a été fait en 1794 par la Convention montagnarde. Une disposition vite annulée par Napoléon. Il fallut attendre ensuite 1848 pour que la République abolisse définitivement l'esclavage sur les territoires français. Robespierre, c'est également l'un des premiers hommes politiques à promouvoir partout le suffrage universel et l'abolition de la peine de mort quand d'autres, devenus aujourd'hui des parangons de vertu comme Danton, ne cherchaient qu'à conserver leurs privilèges et leur audience. Il fut également ce républicain qui refusa toujours l'interventionnisme des armées françaises, ne les voyant que comme des outils de défense du territoire national. Les français devraient se rappeler de ces positions, à l'heure de voter pour élire les députés au parlement européen, dans une Europe qui joue toujours plus avec le feu dans la crise ukrainienne. Le gouvernement Valls/Hollande, si prompt à s'acharner sur les syndicalistes, devrait regarder les prises de position de Robespierre en la matière. Il entama un combat, achevé 90 ans après sa mort, pour la suppression totale et définitive de la loi Le Chapelier qui interdisait les regroupement syndicaux. Ce combat oh combien juste s'inscrit dans une vision d'émancipation du peuple et pour les libertés publiques – comme la liberté de la presse ou de conscience, la liberté de réunion ou d'association –, indissociables de la bonne marche d'une société apaisée. En 1792, il sera également l'un de ceux qui s'insurgeront contre la liberté totale du commerce, en prônant le droit à l'existence comme premier droit de l'homme. Pas de « concurrence libre et non faussée » qui tienne !

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Robespierre à la tribune des jacobins, par Tessanoel

Tous ces combats, résumés ici en quelques lignes mais qui firent des heures de discours, de débats et d'écritures ne vous rappellent donc rien ? Et bien pour moi ils sont contemporains. Ils sont contenus dans le projet du Front de Gauche, dans son ADN. Il nous faut donc nous réapproprier nos figures fondatrices, que les idéologues libéraux et réactionnaires veulent nous arracher comme pour nous couper de nos racines républicaines.

Hollande-Louis-XVI-majestéEn ce 6 mai, ne cherchez donc pas à revenir deux ans en arrière avec regrets, en pleurant sur ce qui s'accomplit à l’Élysée et à Matignon prétendument au nom de la gauche. Ce qui se passe derrière les grilles de ces châteaux est plus proche de Louis XVI que des sans-culottes, il suffit de revoir l'interview du Roy François de ce matin. Regardez plutôt 200 ans avant, dans l'histoire républicaine de la France. Vous y verrez que notre avenir y est tracé. Agissons comme le grand Jaurès l'écrivait dans son Histoire Socialiste de la Révolution Française : asseyons-nous sur les bancs des jacobins, et aux côtés de Robespierre. Et proclamons que nous sommes robespierristes !

Alexandre Emorine

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A la marche de l’empire https://plaidoyer-republicain.fr/a-la-marche-de-lempire/ https://plaidoyer-republicain.fr/a-la-marche-de-lempire/#respond Mon, 03 Mar 2014 14:13:12 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=432 ...lire la suite ]]> La situation ukrainienne évolue de jours en jours. Les tensions extrêmes entre les différentes parties semblent se cristalliser au niveau de la République Autonome de Crimée. A la vue de la complexité de la situation, il nous incombe de ne pas tomber dans l’analyse manichéenne. Gardons-nous de penser que d’un côté il y aurait les gentils et de l’autre les méchants, qu’ils soient russes ou « occidentaux ». Depuis plusieurs jours, une quantité astronomique d’informations nous parvient sur le conflit ukrainien. La situation est généralement présentée de telle sorte que nous soyons amenés à considérer que les russes ont envahi une partie de l’Ukraine, en d’autres termes, la République Autonome de Crimée.

A toutes fins utiles, il est nécessaire d’apporter quelques caractéristiques ethnico-politiques pour appréhender la situation. La population, selon les recensements effectués, serait composée à majorité de russes (58%) d’ukrainiens (24.3%) et de Tatares (12.1%). Le 98% de la population de Crimée parle le russe. Vous savez, cette langue interdite comme langue officielle par le nouveau pouvoir à Kiev dès sa prise de fonction. Si l’on ajoute à cela le fait que la Crimée, comme région, n’est ukrainienne que depuis 1954 et le don de Krouchtchev à la RSSU (République Socialiste Soviétique d’Ukraine), il est aisé de comprendre l’attachement des criméens à la Russie. Il y a donc une forte influence de la Russie sur cette région que Sevastopol004personne ne peut nier. Depuis la chute de l’URSS, la Crimée a été un point central de la puissance russe. Les énormes investissements de Moscou dans le maintien de ses troupes à Sébastopol en sont un exemple illustratif. On apprend ainsi que l’état ukrainien se fait payer un loyer par Moscou pour maintenir sa flotte en Crimée. La flotte russe a pu aussi prolonger son bail à Sébastopol au-delà de l'échéance de 2017 « moyennant le versement par l'armée russe, à la ville de Sébastopol, d'une rente annuelle de 100 millions de dollars [74 millions d'euros]. Désormais, les navires russes sont assurés de pouvoir rester jusqu'en… 2042, avec une option d'extension jusqu'en 2047 ».

A la vue des ces éléments, il est absolument clair que le Kremlin n’a aucun intérêt à perdre de l’influence et à ne pas défendre ses intérêts stratégiques dans la région. C’est d’autant plus vrai que Moscou ne jouit pas d’une réputation flatteuse (grandes difficultés économiques, oppression et détention politiques, homophobie d’état et chasses aux immigrés ne sont que quelques exemples). Les mouvements de troupes en Crimée par les russes, sur lesquels je ne porterai pas de jugement, étaient donc prévisibles selon la formule de Jean-Luc Mélenchon : « Les ports de Crimée sont vitaux pour la sécurité de la Russie, il est absolument prévisible que les Russes ne se laisseront pas faire ». Il semble être à la mode de considérer cette défense d’intérêts stratégiques comme étant une invasion, mais j’ose poser la question. Si l’Éthiopie (ou l’Érythrée) se décidait à envahir Djibouti, où la France a de très hauts intérêts stratégiques et militaires, que ferait le gouvernement français ? De ce point de vue-là, il est clair que le manichéisme est un très mauvais fil conducteur d’une diplomatie intelligente.

Si l’on se place de l’autre côté, c’est à-à-dire au niveau du positionnement de l’Europe, des États-Unis et de l’OTAN, il faut comprendre qu’il y a un intérêt fort à couper l’Ukraine du giron de Moscou. C’est une manière évidente de poser les limites de « l’Occident » aux frontières de la Fédération russe. De mon point de vue, c’est exactement la même stratégie qui est déclinée au niveau du Moyen-Orient. Voyez que la mise à disposition des bases navales et aériennes turques aux troupes de l’OTAN est un moyen d’avoir une emprise sur le monde arabe. On croirait à une stratégie de bloc contre bloc qui ne dit pas son nom. Pour clarifier, le Plaidoyer Républicain ne se reconnait absolument pas dans cette vision de la diplomatie à l’ancienne. Maintenant, voyons quelles sont les forces politiques soutenues par les forces « occidentales » dans la crise ukrainienne. La « pravda » médiatique nous assure qu’un soutien est apporté aux tenants d’une politique pro-européenne.

En préambule, nous tenons à dire que nous sommes convaincus de la corruption généralisée du  gouvernement Ianoukovitch et que le peuple a légitimement raison de se soulever contre un pouvoir pourri. Une fois que nous avons dit cela, il n’a échappé à personne que certains groupes politiques ont tenu la dragée haute dans ce que l’on pourrait appeler « la bataille de Maïdan ». Il étonnant de voir qu’au fur et à mesure du conflit, des armes lourdes ont été utilisées par les manifestants. Les enquêtes ont mis à jour que le parti politique Svoboda et le groupuscule nazi Praviy Sektor (Secteur de Droite) étaient les ukraine salut nazifers de lance de la récupération de la colère populaire. Pour preuve, le nouveau premier ministre Arseni Iatseniouk a été pris en photo avec le dirigeant du parti Svoboda dans une position assez inconfortable. Il faut bien insister sur le fait que Svoboda n’est pas un parti comme un autre. Le dernier numéro du Monde Diplomatique (N°720, Mars 2014, page 18)  nous apprend par exemple que le parti a changé de nom, étant initialement  le Parti Social-National Ukrainien (PSUN). Il a changé de nom et a mis en sourdine son antisémitisme structurant pour s’appeler Svoboda en 2004. Lors du 6ème Congrès, qui  a été l’invité d’honneur ? Jean-Marie Le Pen… Cela apporte deux informations essentielles : Svoboda est un parti fasciste, et le Front National n’a pas changé. Bernard-Henri Lévy, notre cher ministre des Affaires Etrangères et chef des armées nous a gratifié d’une analyse très botulienne. Il nous a quand même expliqué sur I-télé que Svoboda ne fait que 10% et que le FN en fait 20, donc ce n’est pas si grave. Si vous voulez un aiguillon, voyez où se situe BHL. C’est fou d’avoir systématiquement tout faux quand on est philosophe (pour rappel : la situation est fantastique en Libye où depuis les escapades BHLiennes, les femmes jouissent des mêmes droits que les hommes grâce à l’instauration de la charia). Et ce sont ces individus que nous serions amenés à soutenir ? Certainement pas ! D’ailleurs, la défection de l’amiral Denis Berezosvki au lendemain de sa nomination illustre bien la complexité de la situation. Il fait allégeance aux forces russes présentes en Crimée.

Tout cela nous montre quand même que la partition de l’Ukraine, l’embrasement du pays et le potentiel d’une guerre civile ne sont pas des éléments de science-fiction. Le danger est bel et bien prégnant. Il faut maintenant poser la question du rôle de la France dans ce conflit. D’abord, il serait bien qu’elle retrouve son indépendance vis-à-vis de l’Otan. Le président Hollande nous a malheureusement maintenu et enraciné dans les instances de décisions du commandement intégré de l’Otan. Un geste fort serait d’y claquer la porte et de porter haut et fort le règlement de la situation par la seule institution internationale compétente : l’ONU. Je crains que ce ne soit pas le cas, comme au Mali et en Libye. Quoi qu’il en soit, la France doit absolument défendre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Si les criméens, par le référendum avancé au 30 mars prochain, choisissent la voie de l’indépendance ou du rattachement à la Russie, qui pourrait légitimement les empêcher ? La pire situation serait que nous nous retrouvions à assumer des participations à des expéditions militaires insufflées par la volonté guerrière des Etats-Unis d’Amérique. Le renversement des pouvoirs corrompus sera l’œuvre de la volonté du peuple et non pas des coups de fusils de puissances étrangères. Gageons que la révolte ukrainienne débouche sur une ambitieuse politique d’émancipation, de liberté et d’égalité même s’il ne faut pas rêver éveillé.

Arnaud Guvenatam

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Nationalisons Dassault ! https://plaidoyer-republicain.fr/nationalisons-dassault/ https://plaidoyer-republicain.fr/nationalisons-dassault/#respond Tue, 14 Jan 2014 08:06:56 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=250 ...lire la suite ]]>  

Que d’actualités à traiter ! Les vœux sont placés sous le signe du scandale. Une affaire qui nous occupe au Plaidoyer Républicain, c’est, entre autres, la levée de l’immunité parlementaire du Sénateur UMP Serge Dassault. Voilà un homme qui est soupçonné d’avoir acheté des voix pour ses différentes campagnes électorales et qui semble être entouré de tout ce qui peut se faire en termes d’infréquentables.

Du fait de la masse des soupçons, Serge Dassault ne devrait plus être en mesure d’occuper des fonctions politiques aussi éminentes que Sénateur ou Maire. Avec ce genre d’individus, c’est la République que l’on assassine un peu plus tous les jours. Lorsque l’on voit avec quelle impunité ce magnat de l’industrie militaire opère, c’est à vous dégouter d’aller voter. Il reconnaît par exemple, dans  une interview au JDD, avoir versé 1.2 Million d’Euro « pour avoir la paix au Liban » et 2 millions d'euros « pour des investissements en Algérie ». Tout cela semble légèrement scabreux et il n’est pas étonnant d’avoir quelques doutes sur le caractère pacifiste du bonhomme.

Dan ce cadre-là, il semble largement admissible de demander la levée de l’immunité de Serge Dassault. Il faut être clair, l’homme est plus vers la fin de sa vie que bon nombre d’hommes politiques actuellement. Sergio affiche 88 ans au compteur, l’électeur est en droit de penser que la retraite politique est proche. Néanmoins, je tiens à refaire une proposition que nous avions faite il y a quelques mois dans un article traitant de la corruption en politique. En effet, nous, républicains intransigeants, avons la volonté de punir et de virer du  champ politique les gens qui biaisent avec les règles. En cas de condamnation, de faits avérés de corruption, il serait judicieux que la Justice prenne des sanctions exemplaires. Nous proposons une nouvelle fois de porter les peines d’inéligibilité à 15 ans.  Il n’est plus possible, en tant qu’électeur, citoyen et ardent républicain de supporter ces comportements qui discréditent la République. Il faut en  revenir aux bases en  urgence !

Danton, Dassault : mêmes causes, mêmes conséquences.

Il est nécessaire de faire un petit rappel historique et révolutionnaire sur les liens qui ont été  entretenus entre les magnats de l’armement et la République. L’image de Danton est relativement parlante. Ce sieur défendait des intérêts privés dans l’armement au « service » du pouvoir en place. Maximilien Robespierre était bien conscient que laisser l’approvisionnement des armes entre les mains d’individus défendant des intérêts privés comportait des risques.  Plusieurs lieux de fabrication d’armes, dirigés par l’État ont donc été mis en place. Inévitablement, Danton a très peu goûté l’initiative. J’entends déjà les rabat-joies qui diront que nous ne sommes pas en 1793. Certes. Pour autant, il ne serait pas mal  que l’état français prenne l’initiative de reprendre le contrôle de la Holding Dassault.dassaultavion

Il est quand même inconcevable que l’armement militaire d’un état puisse être régi par des logiques capitalistes de concurrence « libre et non faussée » (sic). La logique pourrait être étendue aux domaines de l’eau, de l’énergie et d’une partie de l’industrie dite « stratégique ». Nationaliser EDF-GDF, Total, Suez et Dassault couterait au bas mot une trentaine de milliards d’euros. Quand on sait que la fraude fiscale coûte chaque année 80 milliards d’euros, que les niches fiscales inutiles (selon la cours des comptes) amputent le budget d’une cinquantaine de milliards et que le service annuel de la dette (pour une majorité illégitime et que nous ne devons pas rembourser) nous coûte encore 55 autres milliards, il faut dire « stop » ! Il va falloir, dans l’intérêt de la République, refaire passer tout un pan de l’économie hors du  système capitaliste et productiviste. Qui plus est, cela créera de l’emploi massivement notamment dans les secteurs de la transition énergétique. Bref, nationalisons et planifions. C’est aussi cela la volonté que nous avons dans le cadre d’une 6ème République sociale et démocratique. Les capitalistes ne font que ça, planifier. Alors pourquoi pas nous ?

Arnaud Guvenatam

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Municipales : des élections primordiales ! https://plaidoyer-republicain.fr/municipales-des-elections-primordiales/ https://plaidoyer-republicain.fr/municipales-des-elections-primordiales/#respond Mon, 06 Jan 2014 13:08:20 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=213 ...lire la suite ]]> elections-municipales2014Selon le sondage IFOP/JDD 35% des français sont tentés par l’abstention pour les prochaines élections municipales . Ces élections d’habitude prisées risquent pourtant d’égaler le précédent record d’abstention datant de 2008. En France, le taux d’abstention est calculé d’après le nombre d’inscrits sur les listes électorales et le nombre de votants. Les personnes non-inscrites sur les listes électorales ne sont pas comptabilisées (environ à 10 à 13 %  des citoyens selon l’IFOP). Ainsi, potentiellement 45 % des citoyens ne se déplaceront  pas en mars prochain. A défaut de pouvoir emmener chaque citoyen par la main au bureau de vote, il est utile de leur faire  comprendre l’importance des élus municipaux en France.

La France est un pays décentralisé à la lecture de l’article 1 de la Constitution. De ce fait, les collectivités locales, (organe décentralisé de l’État central) disposent de compétences et d’attributions propres. Chacune des 36 681 communes disposent  d’un conseil municipal élu ayant des pouvoirs et des moyens. La vie des collectivités locales est régie par l’article 72 de la Constitution. Cet article énonce un principe fondamental dans la vie de la Vème République : la libre administration des collectivités locales. De ce principe découle toute la vie de nos municipalités. Afin respecter ce principe, les communes doivent disposer d’un budget, voté par son organe délibérant. Ce budget doit être composé au minimum  de 61 % de ressources propres c'est-à-dire de fonds ne provenant pas de dotations ou autres transferts financiers de l’Etat central. L’ensemble du budget d’une commune  sert à financer le programme du Conseil municipal élu ainsi que les dépenses obligatoires prévues par la loi. Les communes à elles seules représentent 56 % des dépenses des collectivités  locales (Régions, Départements et Communes) soit la bagatelle de 115 Milliards d’euros par an. Je ne suis pas partisan de la décentralisation. En effet, je suis attaché à l’idée d’une France Républicaine une et indivisible. Cependant, en 2014 les élections se dérouleront sous la Vème République, il conviendra donc de voter et de gouverner selon les règles mises en place. Depuis, l’acte 1 de la décentralisation mis en place par Mitterrand, les communes disposent d’importantes attributions effectives. Elles disposent en effet, d’une clause de compétence générale.Cette clause permet aux communes d’exercer toutes les compétences

«qui peuvent le mieux être mises en œuvre à leur échelon» article 72 de la Constitution.

Ainsi, lorsque vous votez aux élections municipales, vous élisez des représentants disposant de véritables pouvoirs et des financements nécessaires à la mise en place de projets locaux ambitieux. Ces élections sont donc politiques. Il n’est pas question d’une cour questionnant ses sujets, mais de citoyens proposant un projet politique à d’autres citoyens. Il sera donc primordial de réclamer ou de proposer les services nécessaires au bien commun dans notre République. Bien entendu les besoins ne sont pas les mêmes d’une ville à une autre. Cependant, chaque ville dispose d’un réseau de transport, d’un réseau de distribution d’eau, de ramassages des ordures ménagères... Tout autant de services publics que les citoyens doivent se réapproprier. Ces services sont les premières nécessités de la vie de tous les jours. Chacun à besoin de ces services au quotidien. Ces outils doivent donc être gérés publiquement par les citoyens et plus par les groupes privés délégataires de services publics. La rentabilité ne doit pas interférer dans nos services publics. Il est tant de réclamer des comptes à nos représentants !

carte électoraleD’autre part, il est important de ne pas négliger l’importance républicaine d’une élection. Comme le précise votre carte d’électeur « voter est un droit, c’est aussi un devoir civique ».  La Vème République n’implique les citoyens que lors des élections, il n’y a aucun mécanisme de démocratie locale non verrouillée par les élues locaux. Les élus sont complètement indépendants vis-à-vis de leurs électeurs, le maire est même indépendant vis-à-vis du conseil municipal… Cependant, chacun dispose de la possibilité de modifier la vie quotidienne de ses voisins et autres habitants de sa commune. Un virage Républicain et donc à gauche serait à la fois un véritable signal de défiance vis-à-vis du gouvernement, mais aussi une véritable remise à plat de nos vies quotidiennes. La France comptabilise à elle seule environ 40% des communes de l’Union Européenne. Nous disposons d’un instrument local permettant une politique nouvelle, constructive et ambitieuse. L’implication citoyenne doit donc être de mise en mars prochain. De plus, cette élection sera selon moi une marche vers la 6ème République. Elle permettra d’élire des Hommes et des Femmes construisant au quotidien le bien être commun fondateur de la République. Soyez fiers de vos élus locaux et ne négligez pas leur importance. Ils sont souvent les premiers défenseurs de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ; en somme de la République.

Yann Paczynski

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Yankees, go home ! https://plaidoyer-republicain.fr/yankees-go-home/ https://plaidoyer-republicain.fr/yankees-go-home/#respond Wed, 23 Oct 2013 08:37:38 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=168 ...lire la suite ]]> Yankee-go-homeYankees, go home ! C'est le cri que nous devons pousser devant les nouvelles avancées dans l'affaire des écoutes de la NSA (Agence Nationale de Sécurité des USA) en France.

Débutée en juin dernier, cette affaire a pris un nouveau tournant avec les révélations du journal Le Monde le lundi 21 octobre 2013. Rendez-vous compte, 70 300 000 de données ont été collectées par l'agence étasunienne pour le seul mois de décembre 2012, et rien que sur le sol français ! Imaginez maintenant ce chiffre additionné à ceux concernant les autres pays de l'UE où du monde entier. Nous pouvons estimer sans trop nous tromper que le nombre de données personnelles collectées dépasse allègrement le milliard. Un milliard ! Et ceci pour quoi ? Pour – soi-disant – garder le sol américain sûr et à l'abri de toute attaque terroriste ? C'est en effet le but premier de la NSA qui est de garantir, comme son nom l'indique, la sécurité du territoire national américain.

Bien entendu, le nombre de données et surtout les cibles (vous et moi : de dangereux barbus islamistes, c'est bien connu..) démontrent que tout ceci n'est qu'une vaste fumisterie. Nos appels, nos SMS, nos e-mails via les smartphones sont épiés, décortiqués et archivés par les services secrets américains. Faites attention les amis !

Je souscris totalement aux propos – une fois n'est pas coutume – de Jean-Jacques Urvoas. Les États-Unis n'ont pas d'alliés, ils n'ont que des cibles ou des vassaux. Je souscris encore aux propos de François Fillon lorsqu'il « espère que le gouvernement français a encore assez d'autorité pour défendre les intérêts de la France ». Venant de Fillon qui a bradé continuellement la souveraineté populaire lorsqu'il était Premier Ministre, cela peut faire sourire. Mais cela a au moins le mérite d'être dit !

Nous ne pouvons accepter d'être dans l'une des deux catégories présentées par M. Urvoas, et ce pour plusieurs raisons.

Premièrement, nous ne sommes pas des cibles pour les États-unis, car nous ne menaçons en rien leur intégrité territoriale ou la sécurité de leurs ressortissants. Nous ne devons pas pour autant nous enfermer dans la seconde catégorie, celle des vassaux de l'impérialisme. Et là, c'est tout un discours, aux États-Unis comme en France, qui est à déconstruire. Si les ricains n'étaient pas là, chantait le réac' Sardou. Nous pourrions résumer ainsi la pensée de certains de nos compatriotes les plus atlantistes qui cherchent à excuser tous les faits et gestes des américains contre nous par leur côté « libérateur » de 1944. Vous ne voyez pas de qui je veux parler? Sans nommer personne, je suis sûr que vous avez chacun à l'esprit un de ces petits chroniqueurs de bas-étage, ou un de ces petits UMPistes disant à longueur d'année « la gauche est archaïque, elle ne regarde que vers le passé » et qui chante les louanges de la force américaine de 1944 dès qu'il le peut... En oubliant les résistants français ainsi que les forces alliées de plus de 50 pays, dont la plus grande force était l'URSS.
Après ce petit rappel historique, dans une conversation avec la 5ème colonne américaine, vous entendrez probablement le refrain de « ce sont nos alliés naturels, ce sont des occidentaux, nous en avons besoin pour lutter contre le monde arabo-musulman ». Et voilà la ritournelle éhontée du Choc des Civilisations chère à Samuel Huntington. Et oui, car bien souvent l'atlantisme le plus primaire des gens de droite s'ajoute à un racisme larvé, qui ne dit pas son nom... Mais c'est encore un autre débat.

Si nous ne voulons pas être des vassaux des USA, nous nous devons de décortiquer le discours de leurs affidés chez nous. Ces agents de l'étranger n'aiment pas leur pays, et veulent le voir comme une simple colonie de l'Amérique du Nord. Il n'est qu'à voir leur empressement à défendre le Grand Marché Transatlantique !

À partir de maintenant, au vu des révélations du Monde et des réactions aux États-Unis à la convocation par la France de l'ambassadeur américain à Paris (ce qui est la moindre des choses), trois options s'offrent à nous tous :

- Nous faisons profil bas, au nom de cette fameuse (et fausse !) règle du « tout le monde le fait ». On accepte docilement de n'être en rien considérés comme des humains, avec leurs droits inaliénables et surtout leur liberté de dire ce qu'ils veulent sans qu'une tierce personne ne l'entende. Nous entrons donc dans un scénario type 1984. Bien sûr, au nom de la règle énoncée plus haut, toutes les activités d'espionnage (si elles existent) de la France peuvent continuer. Mais j'attends avec impatience que l'on me montre le nombre de données qui auraient été collectées par nos Services, en comparaison de ceux de la NSA. Ce serait Peanuts, comme le disent les anglo-saxons !

- La deuxième solution serait d'adopter un mutisme protecteur : nous ne disons plus rien, nous n'évoquons même plus les mots « terrorisme », « USA », « espionnage », « impérialisme », etc, etc, etc.... Bref, nous coupons tous nos téléphones, nos ordinateurs, et nous nous envoyons des pigeons voyageurs. En dehors du fait que ces animaux soient fortement corruptibles à la vue de simples graines texanes, vous conviendrez aisément que ce n'est pas faisable.

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- La troisième solution est plus simple et bien plus efficace à mon avis pour faire une politique internationale digne de ce nom, donc de la véritable diplomatie. Engager un rapport de force (base des relations internationales) avec les États-Unis, comme avec toutes les autres grandes puissances. Rappeler également aux américains que le droit international interdit l’ingérence dans les affaires intérieures d’autres états. Concrètement, engager un rapport de force, qu’est-ce que c’est ? Cela signifie refuser de signer le GMT, augmenter les barrières douanières à l'entrée de l'Europe. Faire du protectionnisme donc, comme le font eux-mêmes les USA. Bien sûr, nous devons également quitter l’OTAN, qui n’est que le paravent de la politique étrangère américaine à travers le monde. Mais tout ceci ne peut commencer que par un seul cri, que nous devons proclamer haut et fort : Notre République est indépendante et souveraine, Yankees, go home !

Alexandre Emorine

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