Evolution – Plaidoyer Républicain https://plaidoyer-republicain.fr Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.3 56743480 Face au remaniement inutile, une dissolution Constituante ? https://plaidoyer-republicain.fr/face-au-remaniement-inutile-une-dissolution-constituante/ https://plaidoyer-republicain.fr/face-au-remaniement-inutile-une-dissolution-constituante/#comments Tue, 26 Aug 2014 07:25:40 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=623 ...lire la suite ]]> Cela ne fait que deux ans que François Hollande a pris les rênes de la Vème République. Pourtant sa popularité ne cesse de chuter. Les derniers sondages d’opinion fixent sa cote de popularité (ou d’impopularité) à 17%. Le président le plus impopulaire de la Vème vient donc de battre son propre record. Pour ajouter à la confusion et à la tendance irrémédiable à la chute, voici que le remaniement du gouvernement Valls est à l'ordre du jour. Ces petits arrangements entre amis sont insupportables, il faut que le peuple retrouve sa voix !

C'est une condition sine qua non si l'on veut sortir par le haut de cette crise économique, politique bref, de régime. Je ne partage pas l’avis de Monsieur Filoche lorsqu'il déclare : « non pas de dissolution ne prononcez pas ce mot maudit, il est de droite, nous on a une majorité de gauche rouge-rose-verte, elle est là, elle existe, elle est issue de mai juin 2012, que l'exécutif l'entende et qu'elle gouverne ». Il n’existe actuellement qu’une majorité détenue par la frange droite du PS. Tout changement de gouvernement n'est qu’une manipulation supplémentaire, un stratagème permettant un changement d’image. Or ce que nous voulons c’est un changement politique. Dans ce contexte, et face à l’inefficacité du gouvernement, la seule solution est un profond chambardement politique : une dissolution de l'Assemblée Nationale ou la démission du Président lui-même. Non pas seulement pour changer les hommes et les femmes aujourd'hui à la tête du pays, mais pour que ce soit le moment de l'intervention du peuple dans le choix de son futur, et que les institutions françaises redeviennent démocratiques, populaires et républicaines.

 

La dissolution est malheureusement encadrée par notre « chère » Constitution de 1958. Cette dernière confie une fois de plus ce pouvoir non pas au peuple mais au Président de la République. Lui seul peut en effet prononcer la dissolution de l’Assemblée Nationale. Celle-ci, dans la théorie parlementaire, permet au peuple de trancher un différend entre l’exécutif et le législatif. À titre d’exemple, la première dissolution prononcée en 1962 par De Gaulle répondait à une crise politique l’opposant à l’Assemblée, qui avait renversé son gouvernement . On peut aussi citer les deux dissolutions effectuées par le Président Mitterrand en 1981 et 1988. Dans ces trois cas, le peuple fut donc appelé à juger et il trancha. Ce type de dissolution est un mécanisme devenu désuet depuis la réforme relative au calendrier électoral de 2000. En effet, le Président dispose d’une majorité à l’Assemblée lui permettant de régner durant tout son quinquennat.

 

La dissolution peut cependant avoir un autre but. En effet, malgré une majorité stable, le Président peut par ce biais demander au peuple « un vote de confiance » sur sa personne comme sur sa politique (puisqu'elle est aujourd'hui censée s'incarner dans un seul homme). Une fois de plus sous la Vème République l’exemple de De Gaulle est très instructif. En réponse à la crise nationale de 1968 celui-ci demanda aux électeurs un vote de confiance par le biais d’une dissolution que l’on peut qualifier de plébiscitaire. C’est la seule solution qu'il reste aujourd'hui à François Hollande – si l'on excepte sa démission. Il ne peut « régner impunément » tel un monarque d'Ancien Régime. Il ne doit plus diviser le peuple mais au contraire l’appeler à voter pour faire face à la crise institutionnelle. S’il le fait, chaque citoyen sera appelé aux urnes « vingt jours au moins et quarante jours au plus après la dissolution. ». Il est à parier que cette dissolution interviendra sous 12 mois, peut-être même qu'elle sera simultanée aux élections locales de fin 2015.

 

Le peuple pourra par ce biais non seulement redéfinir la politique du pays mais, plus largement, choisir une forme d'organisation collective s'orientant vers plus de démocratie, de justice sociale et d'intervention populaire. Car ne nous y trompons pas : les problèmes que rencontrent notre pays aujourd'hui, tant sur le plan économique que politique, sont dus principalement au carcan institutionnel de la Vème République : l'abandon de la souveraineté économique, militaire, populaire, etc... Personne ne prétend ici que la dissolution serait un remède magique qui porterait obligatoirement les idéaux républicains au pouvoir. La situation causée alternativement par l'UMP et le PS ayant crée les conditions objectives favorables à l'extrême-droite sont ce qu'elles sont. Le risque est grand de voir le FN s'arroger une place politique jusque-là inédite. Même laminée, la droite revancharde pourrait également tirer son épingle du jeu. Mais ne soyons pas frileux. N'ayant pas peur de nous porter au combat pour que vive l'insurrection civique dont notre pays a besoin. Un besoin vital. C'est à tous les républicains sincères, en rupture avec l'ordre établi, de poser les fondations d'un Mouvement Citoyen pour la 6ème République. N'attendons pas 2017 pour consommer – s'il est encore besoin de le faire – définitivement notre rupture avec l'actuel pouvoir et ses institutions. Construisons dès aujourd'hui, nationalement, localement, les structures ayant pour ambition de renverser la table et d'appeler à la convocation d'une Assemblée Constituante.

 

Il devient plus que jamais nécessaire de remettre à plat l’ensemble de notre système institutionnel. Le peuple s’est vu privé de tout pouvoir et ce depuis trop longtemps. L’exemple d’Hollande n’est qu’un symptôme de la gangrène de nos institutions. La Vème République n’a que trop duré. Le peuple désavoue le pouvoir en place mais ne peut rien faire face au verrou monarchique. Il est contraint de se soumettre à la bonne volonté d’un exécutif, incarné par un homme. Hollande appellera-t-il le peuple aux urnes ? Démissionnera-t-il si l’Assemblée devient hostile à sa politique ? On ne peut être sûrs de rien. Les citoyens se retrouvent donc aujourd'hui dépendants du bon vouloir du tout puissant Chanoine de Latran. Il faut en finir, et vite. Pour le salut du pays comme de la communauté nationale républicaine. Quelle que soit l'issue choisie – ou non – par l’exécutif (la dissolution ou la démission), rien ne changera si un mouvement puissant pour un changement de régime n'émerge pas. L'alternance du PS avec l'UMP, voire même dans une large part avec le FN ne modifiera pas le cadre politique global qui administre le pays. Le Front de Gauche doit prendre toute sa part dans l'émergence d'un mouvement citoyen, d'une lame de fond populaire pour balayer les institutions pourries qui nous régissent. Comme moteur ou comme simple acteur, là n'est pas la question. Le peuple doit choisir son nouvel horizon constitutionnel. Nul doute que celui-ci privilégiera l'intervention directe des citoyens et qu'enfin finiront les éternels atermoiements de personnes, ce bal des égos interminable pour savoir qui régnera le mieux sur les français. Le souverain, en République, c'est le peuple. Point à la ligne. Aucun monarque passager ne peut aller contre ce fait révolutionnaire indéniable. L'exigence d’une 6ème République semble être aujourd’hui la seule solution pour sortir du marasme dans lequel nous sommes. Le système se fissure, à nous de nous engouffrer dans la brèche. Qu'Hollande ne se méprenne pas, le grondement populaire n'est pas un fétu de paille : s'il ne rend pas les urnes, nous prendrons la rue.

 

Yann Paczynski

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Sélection naturelle : de la science à l’humain https://plaidoyer-republicain.fr/selection-naturelle-de-la-science-a-lhumain/ https://plaidoyer-republicain.fr/selection-naturelle-de-la-science-a-lhumain/#respond Wed, 26 Mar 2014 15:24:02 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=450 ...lire la suite ]]> simpsons-2013Je suis comme tout le monde, et chaque individu a des préférences et des passions aussi diverses que variées. Pour ma part, j’ai le goût de la science, et plus particulièrement de la biologie. Je vais parler ici d’un immense thème qui a changé la vision du monde, tel que l’homme se le représentait. Le sujet qui sera évoqué sera celui de la sélection naturelle. Il faut sortir des idées reçues et des poncifs que l’on entend à longueur de journée. Cette partie comprendra des notions et des définitions techniques, mais le principal but sera de les rendre accessibles aux lecteurs sans pour autant trahir les propos. On dit souvent que le savoir est une arme, et que l’acquisition de la connaissance est un acte émancipateur et libérateur. Le problème étant que cette thématique a été longtemps décriée, mal interprétée et utilisée à dessein. Malheureusement, je ne vois pas tellement de prise d’initiative permettant à tout un chacun de se saisir de la question. Communément, il est certain qu’il y a autant de définitions de la sélection naturelle que de personnes ayant un avis dessus. C’est un peu comme lorsque l’on dit qu’il y a 66 millions de sélectionneurs en équipe de France quand on voit le tombereau d’insultes des individus en désaccord avec les choix du sélectionneur.

Pardon par avance si des termes apparaîtront comme des repoussoirs mais un minimum de rigueur oblige également à la complexité. Avant de définir ce qu’est la sélection naturelle, il faudrait peut-être commencer par décrire la façon dont elle a été pensée et utilisée. Il est absolument nécessaire de comprendre que les théories libérales de l’économie ont indubitablement inspiré la façon d’appréhender la compréhension du vivant. En effet, picture_cost_benefit_analysisl’individu a souvent été l’unité de référence de la pensée théorique. Ayons tout d’abord à l’esprit que la détermination des bénéfices récoltés et des coûts subis par les individus ont une influence sur les choix comportementaux. Quel intérêt ai-je à faire telle action par rapport à une autre ? Depuis la sortie de la théorie de la sélection naturelle, ce processus a été compris comme étant d’une sorte d’état de nature où le plus fort survit au détriment du plus faible. Cela est répété sur tous les tons comme étant « la survie du plus apte ». Par la suite, les penseurs libéraux se sont historiquement saisis de ce résumé falsificateur pour inculquer aux gens que la solidarité n’existe pas, que l’individu s’émancipe par autonomie ou indépendance vis-à-vis des autres et donc que la coopération serait une vision idéologique et contre nature. L’individualisme serait par conséquent l’alpha et l’oméga des relations humaines.

Depuis la parution de « L’origine des espèces » de Charles Darwin en 1859, chacun peut comprendre que les progrès techniques ont nécessairement changé beaucoup de points quant aux propositions initiales sur le sujet. Ces progrès techniques et scientifiques ont permis de formaliser la Nouvelle Synthèse néo-darwinienne ou Théorie Synthétique de l’évolution. En effet, il a été incorporé à la théorie darwinienne les données modernes de la génétique, de la biologie du développement, de la paléontologie et de la systématique. Pour en revenir à la sélection naturelle, le meilleur moyen de l’appréhender est donc de la définir. Voilà une définition longue, précise, où chaque terme compte (Danchin, Giraldeau et Cézilly, 2005) :

« La sélection naturelle est un processus (Endler 1986), c’est-à-dire un ensemble de phénomènes reliés dans une chaîne causale. D’une part existent des conditions, indépendantes les unes des autres. D’autre part, lorsque ces conditions sont remplies simultanément, il en découle systématiquement des conséquences. Les conditions préalables à l’enclenchement du processus de sélection naturelle sont au nombre de trois :

(1) Il est une variation entre les individus pour un certain trait ;

(2) Il existe une relation cohérente entre ce trait et la capacité des individus qui possèdent le trait à survivre (par exemple la capacité à éviter les prédateurs) et/ou se reproduire (par exemple la capacité à acquérir un partenaire, fécondité…). En d’autres termes, il existe une relation cohérente entre ce trait et l’aptitude phénotypique. C’est ce que l’on appelle la pression de sélection ;

(3) Il existe une hérédité de la variation sur le trait considéré, indépendamment des effets liés au fait que les générations successives puissent se développer dans le même environnement. Le trait doit donc être héritable. »

Prenons un exemple : c’est toujours le même fameux exemple mais il reste simple pour appréhender le phénomène. C’est le cas de la phalène du bouleau, papillon (Lépidoptère) bien connu. Il existe une variation sur le trait de la couleur : blanc ou noir. La relation est cohérente entre se trait et sa capacité à survivre, éviter un prédateur et ou se reproduire. phalenes-du-bouleau_315Cette couleur est héritable. Maintenant, contextualisons le cas de la phalène. Durant la révolution industrielle en Angleterre, le développement des mines et du  charbon ont considérablement pollué et modifié l’environnement. Il y avait assez peu de phalène avec un morphe noir et la plupart avait le morphe blanc. Quand la pollution s’est répandue et que tous les arbres ont été recouverts de poussières noires, les phalènes blanches étaient très visibles pour les prédateurs, tandis que la minorité à morphe noir se cachait de fait beaucoup plus efficacement. Ils ont donc été moins prédatés que les morphes blancs et se sont par conséquent reproduit plus facilement.

Entendons-nous bien, lorsque j’utilise la définition de la sélection naturelle je n’ai pas la bêtise de transposer littéralement le propos au niveau de l’espère humaine. Mais par contre, cela n’a pas gêné une quantité non-négligeable d’individus de le faire. D’autant plus lorsque la transposition d’une définition est caricaturée et utilisée à dessein. L’avarice intellectuelle et la paresse idéologique des libéraux ont simplifié cette vision extrêmement complexe de la façon dont le monde et les interactions s’organisent par « la survie du plus apte ». Il faut affirmer haut et fort que ces conclusions ne sont rien de moins que de la fraude intellectuelle.

Pour tordre le cou à ces fables, poussons le raisonnement libéral jusqu’au bout. Prenons un individu théorique et définissons-le comme étant le meilleur parmi les meilleurs. Pour résumer, l’individu qui sera le plus apte à survivre et à se reproduire. Étudions-le par exemple dans les premières années de sa vie. La première étape qui commence la vie de n’importe quel individu est bien entendu la naissance. Le raisonnement libéral basé sur la mauvaise interprétation de la sélection naturelle pourrait nous amener à penser que les meilleurs seraient ceux qui n’auraient pas de souci pour naître. Admettons, mais chez les penseurs libéraux, un individu se suffit à lui-même et a pour conséquence que l’indépendance vis-à-vis d’autres individus est une norme sociétale. A titre personnel, je ne connais aucun individu susceptible de naître par génération spontanée, sans parent ou entourage, sans médecin et sans aucune aide extérieure. De ce point de vue, cet individu n’existe pas. Cet être suprême, qui serait sensé être l’individu ultime, le plus apte, ne dépasserait même pas le premier jour de sa naissance. Mettons maintenant notre Adam-Smith en culotte courte sans école, sans professeur, sans parent et sans ami. Bref, le parfait individu qui s’émancipe de façon totalement autonome et individuelle. Et bien cet individu a existé, mais la finalité n’a évidemment rien à voir avec les résultats escomptés. Voyez plutôt. L’histoire se passe en Russie en 2009. La police a retrouvé une fillette de 5 ans qui a été surnommée Mowgli comme dans « le Livre de la Jungle ». Manifestement, la responsabilité des parents est lourde mais le sujet n’est pas là. Voilà une fillette qui a grandi avec des chiens et des chats pour l’essentiel. Elle était incapable de communiquer dans une langue intelligible mais avait par contre copié les comportements des chats et des chiens qui l’entouraient. Voilà une démonstration de plus qu’un individu seul ne se développe que de façon parcellaire. La doctrine libérale pure montre ses limites à la simple énonciation des faits. L’idéologie ne peut en aucun cas faire fi du caractère éminemment social de l’être humain.

Les concepts de sélection naturelle sont bien plus fins qu’il n’y paraît. Sortons un moment des considérations humaines et repartons sur le terrain de la biologie évolutive pure. Cela permet d’introduire un auteur important en évolution, Richard Dawkins. Ce biologiste a publié « Le gène égoïste » en 1976, mais la plupart des gens se sont arrêtés au titre. Cela arrangeait bien tout le monde de caricaturer le propos du livre. D’un côté, les libéraux qui voyaient en ce titre l’illustration ultime de leurs thèses. D’un autre côté, les individus refusant de voir le moindre côté égoïste allant jusqu’à comparer Dawkins à Hitler. Bien évidemment, aucune de ces interprétations n’est juste. Je vous conseille de le lire avec attention car à aucun moment il n’est question de dire que la coopération soit contre-nature. C’est même l’inverse. En effet, les processus de sélection naturelle tels que définis plus haut illustrent que l’on ne peut la résumer à la « survie de plus apte » Tu ne définis pas ce qu’est le gène égoïste. La coopération est au centre de nombreuses interactions dans la nature. Mais bien sur, c’est grâce aux progrès techniques notamment, que nous sommes en mesure de comprendre pourquoi la coopération a été sélectionnée, car elle est soumise à sélection. Afin de comprendre les raisons qui poussent les fourmis, les termites, les abeilles ou toute autre espèce d’individus à avoir un haut niveau de coopération, nous devons introduire un nouveau pan central de la pensée néo-darwinienne : la sélection de parentèle. Là encore, il ne faut pas perdre de vue que les raisonnements qui régissent les processus de sélection de parentèle (totalement inclus dans la théorie de la sélection naturelle) sont analysés en termes de coûts et de bénéfices. Je vais vous épargner les démonstrations mathématiques, mais le principe de la sélection de parentèle, crée par William D. Hamilton en 1976 (récompensé en 1993 d’un prix Crawford) tient à peu près en ceci : cette théorie démontre que, sous l’effet de la sélection naturelle au cours de l’évolution, il peut y avoir l’apparition chez des individus de comportements « altruistes » que l’on définira comme étant coopératifs. Généralement, la proximité génétique entre les individus est le facteur déterminant dans l’apparition et le développement de comportements de coopération. Pour résumer, vous aurez plus tendance à coopérer avec un membre de votre famille qu’avec un individu qui serait plus éloigné de vous génétiquement. Le degré de parenté entre les individus définit le niveau de coopération entre les protagonistes. Regardons maintenant dans la nature si cette théorie est infirmée ou confirmée. Trois exemples résumés en un seul permettent de répondre à cette question. Darwin n’a jamais compris à l’époque pourquoi les abeilles et les autres insectes sociaux vivaient ensemble avec des tâches spécialisées de certains individus qui, en plus ne se reproduiront jamais. En effet, il apparaît abeille-600pxtotalement illogique qu’un individu a priori égoïste saborde lui-même la transmission de ses gènes à la génération suivante. Prenons une ruche, tout ce qu’il y a de plus classique. Tout le monde sait qu’il n’y a qu’un seul individu qui produit des jeunes : la reine. Par conséquent, les abeilles de la ruche ont toute un degré d’apparentement élevé. Il est d’au moins 50% car toutes les sœurs ont la même mère, mais pas forcément le même père. Mais quand même, ce taux d’apparentement est très élevé. On commence à voir pourquoi la théorie d’Hamilton basée sur le degré d’apparentement permet de clarifier le niveau de coopération entre les individus. Maintenant, admettons qu’une abeille qui n’est pas reine se reproduise. Sa progéniture aura 50% de gènes en commun avec la mère, c’est-à-dire autant qu’avec toutes ses sœurs issues de la descendance de la reine. Cela montre, en toute hypothèse, pourquoi les abeilles ne se reproduisent pas et investissent leur énergie dans les nurseries ou l’exploration pour la nourriture (le foraging). Je n’ai individuellement aucun bénéfice à pondre des œufs dans la nurserie car mes gènes ne se transmettront pas mieux que si j’investis dans le développement de la ruche. Bien sur, comme dans tout système il y a tricheurs. Il arrive que des abeilles tentent quand même de pondre en cachette, mais le coût à faire cela est immense. Voyez pourquoi. La science nous a également appris que dans les colonies d’insectes sociaux, des individus représentent en quelque sorte une police. Si vous vous faites attraper à mettre vos propres œufs, vous risquez la mort. Une abeille seule dans la nature, sans ruche et sans congénère est vouée à la mort. Le coût est infini pour un bénéfice nul. A la lecture de cet exemple, vous devriez arriver à la conclusion que la sélection de parentèle est une théorie permettant d’expliquer que dans la nature, la dissocietecoopération est un fait. Et que par conséquent, les gens qui vous disent matin midi et soir que la solidarité et la coopération ne sont pas nécessaires, ou n’ont pas vocation à structurer une société ou des comportements, sont de purs idéologues. Bien entendu, la transposition à l’espèce humaine amènerait des gens mal intentionnés à considérer qu’il ne faut coopérer avec personne d’autre que sa famille. Cela serait dangereux d’un point de vue idéologique et ne prendrait pas en considération que les liens humains ne se cantonnent pas à ce seul cercle familial. Jacques Généreux à très bien illustré les divers cercles de développement de l’individu dans la société par exemple. Je pourrais très bien arrêter ici le déroulement théorique permettant de comprendre les raisons qui vont pousser des populations ou des groupes d’individus à coopérer, mais je préfère enfoncer le clou en énonçant et vulgarisant un pan particulier des mathématiques essentiel à la compréhension de l’évolution de la coopération : la théorie des jeux. La suite au prochain numéro.

Arnaud Guvenatam

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De Darwin à la 6ème République https://plaidoyer-republicain.fr/de-darwin-a-la-6eme-republique/ https://plaidoyer-republicain.fr/de-darwin-a-la-6eme-republique/#respond Thu, 23 Jan 2014 09:44:09 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=342 ...lire la suite ]]> Une fois n’est pas coutume, je vais parler longuement de la recherche scientifique. Sans prétention aucune, je souhaite que les lecteurs du Plaidoyer Républicain soient sensibilisés à un domaine qui a révolutionné le monde ces deux derniers siècles : la Théorie de l’Évolution. Je pense que chacun a une vague idée de ce dont il s’agit, mais je n’ai pas l’intention de faire un cours magistral. Non, le but de ce long article est que tout un chacun puisse faire les ponts entre la recherche scientifique et la politique en général. En effet, le rôle de la science depuis un certain nombre d’années a été d’agir de telle sorte qu’aucune article_bogdanoffpasserelle avec la politique ne soit rendue possible. Peut-être est-ce le choc du discrédit qu’a eu l’utilisation fallacieuse de la génétique par les soviétiques au travers de Trofim Lissenko ? Dans une certaine mesure c’est une critique des scientifiques que je fais. Trop rares sont ceux qui prennent position. Les plus médiatiques font rire la communauté scientifique, à l’instar des Boris Cyrulnik et autres frères Bogdanoff.

La révolution évolutionniste.

 

Comme je le disais plus haut, l’avènement de la théorie de l’évolution de Charles Darwin a révolutionné le monde et la représentation que nous nous en faisions. Je ne vais revenir sur les conditions qui ont été réunies autour de Darwin et qui ont permis la publication de « l’Origine des espèces » en 1859. Trop souvent, la sélection naturelle a été définie comme étant « la survie du plus apte ». Selon moi, la vulgarisation de cette définition a été imposée par les philosophes d’essence libérale. Il est clair que l’application politique à cette philosophie implique que la coopération est une vue de l’esprit. La métaphore naturelle est souvent invoquée, par exemple lorsque vous entendez dire « qu’il vaut mieux être un prédateur qu’une proie, que c’est la survie du plus fort » et ce genres de poncifs éculés jusqu’à la moelle. Des applications politiques telles que l’eugénisme ont été des horreurs sans nom. Il est vrai qu’au moment de la sortie de l’origine des espèces, Darwin a posé les limites de sa théorie. Il n’était pas en mesure de comprendre pourquoi certains insectes eusociaux ont un Hamiltonniveau de coopération si élevé, par exemple dans les termitières, les fourmilières ou les ruches. Mais les insectes ne sont pas les seuls animaux à pratiquer la coopération, nous pouvons le voir chez des mammifères comme les suricates par exemple. Bref. Il a fallu attendre les travaux de William D. Hamilton en 1964 (popularisés par John Maynard Smith) et sa théorie de la sélection de parentèle pour appréhender le problème posé par la coopération. Donc oui, l’altruisme et la coopération sont des réalités dans la nature.

Le pont entre découvertes scientifiques et économie.

cooperationPour la faire courte, je vais parler succinctement de ce que l’on appelle la théorie des jeux. Il s’agit de développements mathématiques permettant de déterminer une action en fonction des types d’actions que pourraient avoir le partenaire avec qui l’on joue. Je vous invite à aller regarder le jeu du dilemme du prisonnier itéré par exemple. Ce pan des mathématiques a eu des implications fortes en économie. Puis dans les années 50, l’équation de Nash et la notion de stratégie évolutivement stable a permis de combler un trou conceptuel dans l’évolutionnisme, qui paraissait privilégier l'égoïsme. Il s’agit de la matérialisation mathématique de la coopération. Comme dans tous les jeux, ce qui va déterminer la façon dont nous allons jouer, ce sont les règles. Le Monopoly ne serait pas ce qu’il est si vous aviez la possibilité de sous-louer à un ami votre hôtel rue de la Paix ou si vous aviez une structure, appelons-là État, qui viendrait réquisitionner vos maisons ou autres hôtels ou qui mettrait en place des impôts ! Avant de poursuivre la réflexion sur le plan politique, faisons d’abord quelques remarques sur la notion même de coopération.

La coopération : un égoïsme qui ne dit pas son nom.

Beaucoup de personnes auraient tendance à penser que l’altruisme social et la coopération seraient grosso modo la définition de l’équité. Une manière de dire que ces comportements seraient issus d’une exigence morale spécifiquement humaine et acquise. En 2008, une équipe de scientifiques, autour d’Ernst Fehr, a travaillé sur les comportements de partage chez les enfants (Egalitarianism in young children). L’étude nous apprend qu’à trois ans les enfants n’ont pas le sens du partage et que vers sept à huit ans, nous constatons que les enfants sont plus enclins à donner leurs bonbons. La conclusion que tout le monde est amené à faire est que cette coopération, cet altruisme là n’est pas égoïste. Pourtant, il faut bien dire que toutes les expériences ont été faites en présence d’un observateur adulte. Il y a donc cette hypothèse que les enfants en âge de comprendre qu’ils peuvent être jugés par un tiers partagent finalement de façon contrainte. On parle alors de prestige social ou coopération coercitive. De mon point de vue cette vision est intéressante car personne n’aime être mal jugé par la société. Même si la tentation de rester égoïste est forte en gardant ses bonbons pour soi, on peut tirer un bénéfice individuel supérieur à partager plutôt qu’à tout garder pour soi. On se fait mieux voir en quelque sorte. Alors d’aucun diront que c’est scandaleux d’appréhender la notion de partage sous cet angle-là. Mais force est de constater que je ne porte pas de jugement moral sur le partage en tant que tel, mais nous constatons que le dit « partage » a bel et bien eu lieu. Dans ce cas-là aussi, certaines règles sont opérantes dans la manière d’aborder le rapport à autrui. Et donc si je résume, ce sont les règles qui définissent individuellement comment il faut se comporter avec son prochain.

La 6ème République : des règles de partages.

Pour terminer cet article, je me dois de passer sur le champ politique. Je ne veux surtout pas laisser imaginer que la façon dont on doit penser la société doit être scientifique ! J’ai essayé, tant bien que mal, de montrer que ce sont les règles qui soulignent les contours de ce que serait la mise en place de la coopération dans la société. Mais qui décide des règles ? Bien évidemment, c’est le législateur, et donc le politique. Il serait intéressant que nous nous plongions collectivement dans les œuvres de Jacques Généreux par exemple. J’ai cet économiste en tête car en France, je pense que c’est un des premiers à avoir vulgarisé un certain nombre de choses sur le sujet. Je vous incite à lire la trilogie « L’autre société ; La Jean-JauresDissociété ; La grande régression » Dans notre 6ème République, nous voulons que le citoyen soit partie prenante de la politique et qu’il décide ce qui est bon pour tous, mais également pour lui. Il ne s’agit pas, dans le modèle de société que nous voulons, de substituer la tyrannie du groupe contre l’individu. Non, il s’agit de définir les règles permettant l’émancipation des individus au travers d’une communauté politique de coopération. Je laisserai les lecteurs, les économistes et qui le veut, décliner les solutions permettant d’ancrer dans le réel cette philosophie au travers de la République. Bien sur, j’ai ma petite idée, mais le but de l’article est également d’amener le débat, autour de ce concept jauressien de République Sociale.

Arnaud Guvenatam

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