Plaidoyer Républicain https://plaidoyer-republicain.fr Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.3 56743480 « La défense et la promotion de la laïcité sont le reflet du caractère général et républicain de la France Insoumise » : entretien avec Andréa Kotarac (conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes LFI) https://plaidoyer-republicain.fr/la-defense-et-la-promotion-de-la-laicite-sont-le-reflet-du-caractere-general-et-republicain-de-la-france-insoumise-entretien-avec-andrea-kotarac-conseiller-regional-auvergne-rhone-alpes-lfi/ https://plaidoyer-republicain.fr/la-defense-et-la-promotion-de-la-laicite-sont-le-reflet-du-caractere-general-et-republicain-de-la-france-insoumise-entretien-avec-andrea-kotarac-conseiller-regional-auvergne-rhone-alpes-lfi/#respond Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=1021 ...lire la suite ]]> A la suite de l'élection de Laurent Wauquiez à la tête du parti les Républicains, nous nous sommes entretenus avec un Insoumis qui le connaît bien. Siégeant au Conseil Régional d'Auvergne-Rhône-Alpes dont Laurent Wauquiez est le Président, Andréa Kotarac nous livre sa réflexion sur la situation politique actuelle, la séquence de 2017, la République ainsi que ses inspirations littéraires et philosophiques.

Plaidoyer Républicain : Andréa Kotarac, vous êtes élu régional France Insoumise en Auvergne Rhône-Alpes. Pourriez-vous nous expliquer comment vous articulez travail de terrain, sessions et commissions ?

Le travail de terrain et celui au sein de l’institution sont liés.  L’un ne va pas sans l’autre.

Andréa Kotarac : Vous savez, nous avons toujours construit dans nos têtes une frontière entre le travail dit "de terrain" et le travail au sein de l'institution. En réalité, les deux sont intimement liés.

J’ai appris plusieurs choses au sein du conseil régional. Comme vous le savez, la loi NOTRe a offert aux régions la compétence exclusive en matière économique. Je suis membre de cette commission et à ce titre, on peut observer à la fois les compétences, le génie Français, l’hétérogénéité des activités dans notre pays mais aussi les dysfonctionnements qui y règnent.

Quand vous prenez les cas de l’entreprise « Ecopla », unique fabricant français de barquettes en aluminium, entreprise leader en Europe et viable économiquement qui a été mise en liquidation en raison d’un patron voyou, cela vous brise le moral. Et que par dessus tout, le tribunal de commerce valide non pas la reprise en SCOP par les salariés mais son rachat par son concurrent italien qui avait pour projet de virer les salariés, vendre le site et rapatrier les machines et le savoir-faire Français en Italie... Vous vous dites que quelque chose ne tourne pas rond dans cette économie ouverte où les capitaux circulent facilement mais où les êtres humains et le savoir-faire du pays passent après. C’est la même chose avec le pôle d’excellence Français de fabrication des turbines hydrauliques de l’ex-Alstom racheté par General Electric. Ce dernier voulant se retirer et laisser sur le carreau des centaines  de salariés mais aussi 400 sous-traitants rien que pour l’Isère.
Sans travail de terrain, sans contact avec ces femmes et ces hommes, sans comprendre les circuits économiques, vous ne pouvez pas vous plongez dans les dossiers au sein de l’institution, vous ne pouvez pas faire rentrer les luttes dans l’assemblée régionale. Le travail de terrain et celui au sein de l’institution sont liés.  L’un ne va pas sans l’autre.
 

Si vous voulez savoir, Wauquiez est une personne intelligente, c’est un bon communicant


PR : L’actuel président de votre région est le tout nouveau dirigeant des « Républicains », Laurent Wauquiez. Pouvez-vous nous parler de sa façon de diriger la région ? Quels sont les thèmes qu’il affectionne le plus et en quoi son travail régional peut-il donner des pistes sur les thèmes qu’il lancera dans le débat national ?

AK : Les thèmes qu’affectionne Laurent Wauquiez sont ceux qui feront parler de lui à la plus grande échelle. Ceux qui pourront faire polémique et diviser. Ça passe par la crèche dans le hall de la région, sa condamnation devant les tribunaux et sa récidive cachée le mois dernier. Ou encore la création d’une police de la langue sur les chantiers pour lutter soi-disant contre le travail détaché. Sorti major de l’ENA, vous ne me ferez pas dire qu’il ne savait pas que les tribunaux administratifs annuleraient ces décisions mal faites et mal fondées. Peu importe, tout le monde parlera de lui, sa mission est accomplie.

Et parfois, lorsqu’il n’a pas d’annonce à faire, il explique qu’il met en œuvre ce qui est déjà mis en place. Par exemple, il a indiqué vouloir baisser les indemnités des élus trop absents aux commissions et aux assemblées plénières. Cela a fait la Une de tous les quotidiens locaux. Problème: la loi exigeait déjà cette règle et même le règlement intérieur de la précédente mandature. Peu importe, les gens applaudissaient Laurent Wauquiez pour une règle qui d’ailleurs est tout à fait nécessaire. Mais qui existait déjà.

Si vous voulez savoir, Wauquiez est une personne intelligente, c’est un bon communicant mais la suite est dévastatrice. La région est gérée par son président et personne d’autre. Aucun vice-président n’a de délégation de signature par exemple. Aucun ne décide à part lui. Il a tué les structures de l’agriculture paysanne, les associations solidaires etc.

Son problème est le double discours de sa famille politique. Il souhaite lutter contre le travail détaché? Problème: la quasi-unanimité des députés européens LR l’avait voté à deux reprises. Il est contre le CETA? Problème: la même chose. Il est contre le gaz de schiste? Problème: Luc Chatel indiquait que son parti était LE parti des gaz de schiste. Il se disait laïque en refusant les subventions à l’institut de la civilisation musulmane? Très bien, mais il rajoute derrière une crèche plus grande qu’un 4x4 à l’entrée de l’Hôtel de région. Et la liste est longue...

Je crois que le dégagisme que l’on constate dans notre société est la conséquence d’une hypocrisie de hyènes des partis dirigeants, qui ne fonctionne plus aujourd’hui auprès des habitants.

 

Notre mission est de redonner confiance par les actes et par l’action

PR : En 2017, vous avez également été candidat aux élections législatives dans la 7ème circonscription du Rhône. Vous avez réalisé 13,3%, seuil insuffisant pour accéder au second tour. 6 mois après, comment expliquez-vous la déperdition des voix entre élection présidentielle et élections législatives et comment pensez-vous pouvoir y remédier à l’avenir ?

AK : J’ai choisi la 7eme circonscription du Rhône, comprenant des villes comme Rillieux-la-Pape, Bron ou Vaulx-en-Velin, classées parmi les villes les plus pauvres du pays.

Dans cette dernière, en 2014, Hélène Geoffroy, ancienne secrétaire d’Etat de Valls, avait été élue maire avec 82% d’abstention. Là bas, comme ailleurs, les classes populaires votent à une élection : la présidentielle. Ils ont compris le système fou de la 5ème République. J’en discutais d’ailleurs avec mon amie Sarah Soihili, qui était candidate dans les quartiers Nord de Marseille et qui a analysé le même phénomène là-bas et ailleurs en France.

Comment y remédier? Par le travail constant, de terrain ou de formation. Il n’y a pas de secrets. J’ai la chance d’être entouré d’une excellente équipe d’Insoumis, qui a trouvé sa place dans notre mouvement et regorge d’idées. Chaque semaine, depuis la fin de la campagne,  nous sommes au contact des habitants sous différentes formes, aide, orientation ou propagande classique.

Nous avons constaté que la banlieue-Est était le poumon économique de la Métropole de Lyon. C’est ici que nous retrouvons le plus grand nombre d’entreprises. Pourtant le chômage y est largement plus élevé qu’ailleurs. Les habitants ne bénéficient pas de cette richesse colossale. C’est contre cette injustice qu’il faut batailler.

Notre mission est de redonner confiance par les actes et par l’action. Pour la construction d’un centre de santé pour lutter contre les déserts médicaux, pour leur dire qu’il ont droit à la sécurité, que vivre en paix ne doit pas être réservé aux habitants de Neuilly, que leur enfants aient le droit de rechercher l’excellence éducative et que leur ville peut être belle, agréable, qu’elle peut même être un exemple pour d’autres, comme l’avait entamé l’ancien Maire M.Charrier, par la construction du seul Planétarium de la région par exemple.

Une ville comme Vaulx-En-Velin a beaucoup d’avantages par rapport à d’autres. Elle regorge de jeunesse, d’une jeunesse maniant plusieurs langues, de véritables talents dans diverses domaines. Il faut forcer le destin en lançant de grands chantiers, comme un lycée polytechnique de l’économie de la mer, de formation au transport fluvial (Rhône), de formation à la sauvegarde des littoraux, de l’ouverture sur la Méditerranée. Voilà de véritables ambitions pour ces villes. Elles doivent et peuvent être à l’avant-garde pour les chantiers nationaux de demain.

La réflexion au long terme, la construction d’une chape à la base de notre maison sera la rupture politique avec le court-termisme clientéliste qui pourrit ces villes péri-urbaines depuis tant d’années.

 

J’aime beaucoup la formule de Jean-Luc Mélenchon : donner à la France une 6eme République, c’est lui « redonner des draps neufs pour le XXIème siècle »

PR : La France Insoumise a milité pendant les élections présidentielles et législatives pour la mise en place d’une 6ème République. Un certain nombre de personnes peuvent dire aujourd’hui que ce changement tant attendu est au point mort du fait de l’élection d’Emmanuel Macron. Partagez-vous ce constat ?

AK : Absolument pas. Je ne vois pas en quoi le changement d’un homme à la tête de l’État pourrait mettre un terme à notre ambition, alors que la Constitution est identique avant et après son élection?

Rousseau disait que la « Constitution est la norme suprême qu’un peuple libre se donne ». Est-ce que vos lecteurs ont le sentiment d’avoir pris part à la construction cette norme suprême dont chaque loi est soumise?

Le processus que nous présentons et avons engagé est le produit de l’Histoire constitutionnelle de notre pays depuis la Révolution. Pour engager un processus de rupture avec ce régime, il faut modifier la constitution de façon pacifique, démocratique et sans rompre avec la continuité de l’État et du service public. J’aime beaucoup la formule de Jean-Luc Mélenchon : donner à la France une 6eme République, c’est lui « redonner des draps neufs pour le XXIème siècle ».

Là où je ne suis pas forcément en phase avec certain de mes amis Insoumis, c’est que la carte des collectivités doit être mise à réflexion.  Si nous sommes d’accord pour rompre avec les super-euro-structures qui s’éloignent du citoyen, on ne peut pas se contenter de parler 6eme République et sur ce sujet de dire que la meilleure manière d’organiser le pays ce soit: commune-département-Etat "Point barre". Je pense que sur ces sujets là, nous devons aussi avoir le courage de réfléchir et savoir si cette répartition est la meilleure pour organiser la solidarité, la péréquation, la coopération et la performance des territoires. Alors on me répond Robespierre, la Révolution et la création des départements. Les Montagnards s’appuyaient beaucoup sur les districts (sorte de cantons). Les départements étaient dirigés par les Bourgeois et les Girondins (qui avaient l’argent nécessaire pour se présenter candidat). Bref, ayons le courage de discuter de cela.

En clair, les Français pourront donner leur avis sur l’effectivité de droits fondamentaux qu’ils souhaitent graver dans le marbre, comme sur la fin de vie, sur le droit au logement, l’avortement etc. Et aussi sur le caractère démocratique du fonctionnement des institutions et la répartition territoriale. La Constitution paraît lointaine pour les citoyens, pourtant elle a des impacts directs sur leur vie. Si MM. Macron, Valls, ou autres ont réussi à rendre effective leur loi sans débat, s’ils réussissent à gommer des droits des Français, c’est parce que la Constitution leur en donne le droit justement.

PR : Dans un récent sondage Harris Interactive, les français mettent la laïcité en tête des valeurs les mieux défendues par la France Insoumise. Pouvez-vous expliquer ce qui, pour vous, fait de la France Insoumise, un mouvement républicain ?

AK : La défense et surtout la promotion de la laïcité sont le reflet du caractère général et républicain de notre mouvement.

Si vous l’avez remarqué, Nicolas Sarkozy, le premier,  Marine Le Pen et même Emmanuel Macron (à un moindre niveau) ont réussi à diviser les gens sur la base de leur situation personnelles différentes. Pour le premier, « les fonctionnaires n’ont pas le droit d’avoir plus que les autres qui travaillent durs et se lèvent tôt ». Pour Madame Le Pen c’était, je crois, sur le remboursement des soins, entre celles qui payent pour se faire avorter et se font rembourser et ceux qui achètent des lunettes et ne sont pas remboursé au même niveau, Macron sur les « fainéants qui bloquent la France » etc... L’objectif étant pour eux de satisfaire coûte que coûte les situations personnelles des gens contre d’autres, créer la division et récolter les voix.

Je crois que ce qui fait de nous un mouvement républicain par excellence, c’est la dimension et l’explication d’un projet commun, tant sur l’alimentation, sur le système solidaire des retraites, l’eau comme bien commun de tous, et nécessaire à la vie de tous, sur les grands projets de la planification écologique, sur l’agriculture bio, sur l’économie de la mer, sur la santé pour tous. En bref, sur des projets concrets, sérieux mais qui touchent à un véritable contrat social pour l’ensemble de la Nation et de nos enfants.

« L’avenir est commun » est d’ailleurs le titre par excellence d’un programme républicain, une chose qui nous est chère, la fraternité et la France.

Monsieur Valls était Premier Ministre ou ministre lorsque François Hollande a remis la légion d’honneur au Roi d’Arabie Saoudite. Qu’a-t-il dit s’il vous plait ? Rien.


PR : Manuel Valls s’érige en défenseur des valeurs républicaines face à ce qu’il nomme les « problèmes que posent les musulmans ».  Partagez-vous ce constat ? Pensez-vous qu’il est du devoir de la France Insoumise, comme 1ère opposition, de répondre point par point à ces prises de positions de l’ancien Premier Ministre ?

AK : Monsieur Valls s’est remis sur son cheval après avoir fait pousser un bouc ridicule sur son menton et après nous avoir qualifiés d’islamo-gauchistes. Et hop, il pensait que les Français oublieraient tout de son imposture et de son mandat à la tête du gouvernement.

Monsieur Valls était Premier Ministre ou ministre lorsque François Hollande a remis la légion d’honneur au Roi d’Arabie Saoudite. Qu’a-t-il dit s’il vous plait ? Rien. La légion d’honneur «récompense depuis ses origines les militaires comme les civils ayant rendu des « services éminents » à la Nation». Est-ce quelqu’un peut le dire ce que l’Arabie Saoudite a fait pour nous alors qu’elle sème la pire crise humanitaire depuis 1945 au Yémen, sans parler des droits des femmes?

Ce pays finance ouvertement les réseaux salafistes sur notre territoire. Est-ce un service éminent?

Que dire du daesho-affairisme de Lafarge que nous avons combattu?

Ma philosophie c’est qu’un militant ou un élu doit toujours réfléchir à ce qui se passe autour de lui et replacer sa bataille sur un plan mondial en ce qui concerne ces sujets là.

Quand la droite, par exemple, donne des leçons au monde entier sur l’immigration, les réfugiés ou l’islamisme radical, mais ils en sont partis responsables! Quand Sarkozy détruit littéralement l’État Libyen, il crée de nouveaux naufragés dans la Méditerranée, il fait renaître l’esclavage, il favorise le développement de groupes terroristes qui d’ailleurs se retournent contre nos soldats dans le Sahel, au Mali en particulier.

Monsieur Valls est l’exemple type de la laïcité à géométrie variable. Il ne reconnaît pas, soi-disant, les communautés mais se rend au dîner du CRIF, dont le Président s’est autoproclamé représentant des Juifs de France.
Pour nous, les représentants des Français Athées, Juifs, Chrétiens ou Musulmans, ce sont nos députés nationaux. Et ça, c’est fondamental dans l’acceptation même de notre Nation une et indivisible.

Il n’y a pas de problème avec les Français musulmans, il y a un problème avec ces gouvernements successifs et leurs agissements dangereux tant chez nous que dans le monde.

 

PR : Pour terminer, quelles sont les inspirations politiques ou philosophiques qui vous ont amené à vous définir comme républicain et laïque ?

AK : J’ai évidemment les fondamentaux, étant passé par PRS et le PG, à savoir Jean Jaurès ou encore Rousseau.

Mais je ne me catégorise pas uniquement par cela. Je suis passionné par l’Histoire de mon pays et je crois dans la force et le réveil français à chaque étape importante de l’Histoire. À l’époque, en tant qu’étudiant j’étais passionné par l’histoire du droit, car on peut y comprendre le droit, l’état social, les mœurs et l’organisation du pays a chacune des étapes de son histoire. Il y a donc aussi des professeurs de droite qui m’ont amené à réfléchir sur des sujets, comme le Gaulliste M. Échappé en philosophie politique.

Je m’intéresse à la France mais aussi à l’étranger avec des auteurs comme Filiu dans son ouvrage « le miroir de Damas » dans lequel on peut comprendre, mis à part le point de vue de cet auteur avec lequel je ne suis pas en accord, beaucoup des faits politiques actuels. Je crois que c’est en analysant le cours de notre histoire que l’on devient laïque et républicain, presque par bon sens et nécessité, pour pouvoir vivre en paix en France.

Enfin en tant que juriste, ce sont des Badinter, des Vergès avec sa « défense de rupture » ou encore des Hervé Temime qui m’ont emmené à réfléchir sur la frontière étroite entre  les notions de juste et d’injuste.

Cette dernière question pourrait faire l’objet d’une autre interview, mais peu de gens me posent cette question. Je vous remercie donc de la poser et aussi de m’avoir invité. Je salue votre combat républicain et votre collectif.

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Européennes : le tremplin de La France Insoumise (LFI) https://plaidoyer-republicain.fr/europeennes-le-tremplin-de-la-france-insoumise-lfi/ https://plaidoyer-republicain.fr/europeennes-le-tremplin-de-la-france-insoumise-lfi/#respond Thu, 14 Dec 2017 16:59:03 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=1014 ...lire la suite ]]> Le gouvernement d’Édouard Philippe a donc tranché. Les élections européennes de 2019 ne seront plus organisées comme auparavant avec des grandes circonscriptions. Il s’agira de listes nationales présentées par les mouvements et partis politiques souhaitant avoir des représentants au Parlement Européen. La mesure fait consensus, à l’exception du parti Les Républicains qui propose un redécoupage en 13 circonscriptions régionales.

A peine cette annonce faite, les différents mouvements et partis ont commencé à prendre position sur leur stratégie à adopter pour le scrutin de 2019. Le parti présidentiel semble se diriger vers une union avec Alain Juppé sur une position d’une Europe fédérale. Il s’agira sans surprise d’une liste d’approfondissement de l’intégration française dans l’Union Européenne. Cela est tout à fait en accord avec la position adoptée par Emmanuel Macron sur la souveraineté européenne et sa vision de la République contractuelle : déposséder la France de sa souveraineté. Au passage, on note la façon dont Emmanuel Macron se saisit de la question d’une façon qui fait furieusement penser à celle qui a toujours eue cours : «Je défends aujourd’hui une Europe de la souveraineté. Car je n’accepte pas de laisser le terme de souveraineté aux populistes». Les gentils pro-européens contre les méchants populistes en somme…

Il est intéressant de faire un instantané sur la situation politique actuelle. Nous voyons en ce moment de terribles changements et modifications du paysage politique. L’arrivée de Laurent Wauquiez marque un signal extrêmement révélateur de la dérive idéologique de la droite républicaine française. Cet homme prend ouvertement la ligne politique de Marine Le Pen et déclare toute honte bue qu’il devra incarner une droite vraiment de droite. Pour ce qui reste de Gaullistes et républicains, cette mutation du principal parti politique de la droite française est difficilement acceptable. Une ligne de fracture profonde se révèle au grand jour et finira de détruire LR. Il y a fort à parier qu’un certain nombre de gens, disons les proches de Juppé pour faire simple, compterons parmi les Macron-compatibles. Le centre également est en train de bouger avec la création de « Agir », et le Parti Radical s’est reformé après 45 ans de scission. Le Président de la République a tout atomisé après son élection, scellant le sort du Parti Socialiste en recrutant Olivier Dussopt qui, trois jours avant sa nomination comme secrétaire D’État avait voté contre le Budget. Emmanuel Macron est en train d’achever le travail chez LR en manigançant une grande alliance au centre et avec la droite libérale de Juppé. L’espace politique de LR est définitivement rogné et pour se maintenir à flots, il devra empiéter sur la ligne politique xénophobe du FN. En effet, pour l’heure, toute alliance des droites est "pour le moment" catégoriquement refusée par LR. Nous relirons cet article avec délectation lors des élections municipales de 2020 pour faire le bilan de ce cordon sanitaire en papier.

Dans le même temps, Marine Le Pen, finalement ridiculisée pour 30 ans par son piteux débat de second tour, tente de sortir de la nasse et de respirer en ouvrant la porte à Wauquiez. L’alliance des droites pourrait permettre à cette dernière de la rendre plus centrale alors que sa déroute personnelle à la présidentielle et son incapacité à constituer un groupe parlementaire l’ont tout à fait isolée de la scène politique nationale. Nous avons également appris qu’elle ne dirigera pas la liste nationale du FN aux européennes et, hormis Marion Maréchal-Le Pen, personne n’est en mesure d’incarner nationalement une liste dont la tradition de ce courant politique n’est basée que sur la culture du chef. Personne n’imagine qu’un Bardella ou qu’un Rachline puisse tenir la tranchée fasciste. Louis Alliot est déjà élu député, et le FN aura à subir la concurrence des « Patriotes » dont la seule motivation est d’achever le FN. Autant dire que le FN est très mal engagé, eu égard à ses récents revirements sur sa vision de l’Europe et de l’Union Européenne.

Et dans tout ce spectacle de déroutes, de scissions, de créations ex nihilo, la France Insoumise a lancé sa stratégie depuis la Convention de Clermont-Ferrand. Le mouvement voit d’un bon œil les listes nationales car il veut nationaliser au maximum l’élection. LFI a d’ailleurs annoncé travailler à l’émergence d’une liste transnationale appelée Europe Insoumise. LFI s’est finalement enracinée et s’installe durablement comme étant la première force d’opposition dans le pays. Il parait que Jean-Luc Mélenchon est déprimé et perd en popularité ? Qu’à cela ne tienne, s’il perd des points c’est à droite (là ou remonte Macron, vue sa politique pour les riches). Il est cependant très populaire à gauche et même chez les sympathisants socialistes. L’influence actuelle de Benoît Hamon et de son mouvement Génération-s ne permettent pas de dire si un encrage populaire est en train de se faire. Il reste néanmoins le candidat du naufrage du PS qui a terminé à 6.36%... Il faut également avouer que les dérives stratégiques successives de la direction du PCF les ont mis hors des radars populaires. La ligne de La France Insoumise ne varie pas : pas d’alliance, pas de tambouille, uniquement le programme l’Avenir en Commun.

Dans ce paysage en ruines, il semble que la seule force debout, unie et en capacité de conquérir est La France Insoumise. Dans l’état actuel des choses, si Macron a eu le point en octobre, il est réaliste de penser que dans un scrutin de liste, La France Insoumise tirera son épingle du jeu. Tout est à faire mais l’on peut raisonnablement être optimistes ! Envoyer des dizaines de députés insoumis au Parlement Européen participera d’une étape obligatoire d’enracinement du mouvement. Ces élections doivent être le tremplin de grandes conquêtes, axées autour des groupes parlementaires insoumis et des citoyens impliqués dans tous les compartiments de la société. Si LFI s’est dotée d’une organisation pérenne, il s’agit maintenant d’enraciner le mouvement partout où cela est possible, quel que soit l’échelon ou les forces en présences.

Arnaud GUVENATAM

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Le communautarisme, voilà l’ennemi ! https://plaidoyer-republicain.fr/le-communautarisme-voila-lennemi/ https://plaidoyer-republicain.fr/le-communautarisme-voila-lennemi/#respond Tue, 28 Nov 2017 19:50:38 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=1003 ...lire la suite ]]> Au-delà des questions économiques, qui sont centrales, un autre sujet est source de clivage dans notre pays. Personne n'a pu échapper ces dernières semaines aux débats sans fin, et souvent sans argument, autour des questions laïques. Une certaine obligation morale (je dirais même une imposition) s'est fait jour, pressante, sur la base du « Et toi, tu soutiens qui ? ». Comme souvent dans ces débats, l'obligation de choisir entre le blanc et le noir, entre le bien et le mal, tue toute possibilité d'avoir un échange éclairé, aussi virulent soit-il. Disons-le tout net : je me sens aussi éloigné politiquement et philosophiquement d'un Plenel que d'un Valls. Leur vision est, pour moi et chacun à une extrémité, la caricature même du placement hors du champ de réflexion et d'argumentation républicain.

Commençons par l'ancien Premier Ministre. Sur les questions que d'aucuns appellent « identitaires », son ancienne fonction dans les plus hautes sphères de l’État aurait dû lui apprendre au moins une chose : un débat ne peut avoir lieu dans notre pays en opposant les communautés. Tout simplement parce que le pays n'en reconnaît aucune, sinon la communauté des citoyens ! Comme élu de la Nation, il conserve ce devoir impérieux de neutralité et de lutte contre les communautarismes. À l'inverse de cela, il passe son temps depuis des mois à hystériser cette question, en accusant le tout venant d'avoir des complaisances avec l'islamisme politique un jour, et en élargissant le lendemain son propos à l'ensemble des croyants d'une religion, osant parler d'un « problème de l'Islam et des musulmans en France ». En faisant cela, il prend clairement un parti dangereux : en amalgamant volontairement l'ensemble des français de confession musulmane aux islamistes politiques, il renforce ces derniers. Il renforce leur discours qui, si l'on creuse, ne dit pas autre chose que « vous, musulmans, ne serez jamais acceptés dans ce pays. Battez-vous contre lui ou émigrez en terre d'Islam ! ». Ce discours, qu'il soit sous-entendu dans les écrits et les paroles de l'Union des Organisation Islamiques de France (l'association des Frères Musulmans) ou explicitement exprimé dans les productions de groupes terroristes (l’État Islamique ou Al-Qaïda notamment) doit justement être combattu, et non pas validé par les responsables politiques dont fait encore partie Manuel Valls. L'ancien Premier Ministre montre ici une proximité idéologique de plus avec le Front National qui, rappelons-le, n'est que la seconde face d'une pièce commune avec les terroristes.

Quant à Edwy Plenel, soyons également très clairs : son positionnement individuel n'engage en rien son journal. Ce dernier est d'une qualité rarement égalée dans les dossiers qu'il construit (notamment Matthieu Suc, spécialiste de la question jihadiste, officiant à Médiapart). L'indépendance des journalistes est un bien précieux de notre démocratie, et c'est justement ce qui semble poser problème à Edwy Plenel, quoi qu'il en dise. Les faits sont là. Attaqué par une caricature de Charlie Hebdo en Une de son édition du 8 novembre, quelle fut la réponse du directeur de Médiapart ? Une victimisation indigne. Pour lui, cette Une participe d'une campagne lancée par l'extrême-droite contre les musulmans, et dans laquelle la rédaction de Charlie Hebdo s'engouffrerait presque avec une complaisance suspecte. On croit rêver ! Tout d'abord, chercher à discréditer un journal satirique en l'accusant de proximité avec l'extrême-droite au motif d'un dessin est grave. Ça l'est encore plus venant de la part d'un journaliste. On peut trouver la une de Charlie Hebdo mauvaise, nulle, pas drôle, etc. Mais lui nier son droit à la caricature en l'amalgamant à l'extrême-droite, c'est insupportable de malhonnêteté. Deuxièmement, et je demande ici l'aide du lecteur : en quoi une Une accusant Edwy Plenel d'avoir su et de s'être tu sur les agissements en privé de Tariq Ramadan ferait partie d'une sorte de croisade lancée contre les musulmans ? C'est là le nœud de l'affaire : le propos amalgamant. Qu'entend le directeur de Médiapart ? Que l'ensemble des musulmans seraient des prédateurs sexuels ? Que l'ensemble des musulmans partageraient les opinions islamistes du petit-fils du fondateur des Frères Musulmans ? A ces deux réponses, n'importe quelle personne censée répondra « Mais c'est faux, c'est n'importe quoi ». Pas Edwy Plenel, lui qui considérait encore que cette Une Charliesque était une seconde « Affiche Rouge », se comparant lui-même ainsi aux héros de la lutte contre l'occupant nazi.

Autant dire que les points de vue des deux personnages mentionnés ci-dessus, qu'il s'agisse de Manuel Valls ou d'Edwy Plenel, sont diamétralement opposés à ceux des tenants du camp républicain authentique. Les deux protagonistes de cette dispute se placent, et c'est probablement leur seul point commun, dans le camp du communautarisme, de son exacerbation ou de son utilisation. L'un pour communautariser une éventuelle élection partielle à laquelle il devrait se soumettre, l'autre pour se faire le chevalier blanc d'une communauté en particulier, qu'il analyse comme intrinsèquement dominée, exploitée et non-intégrée à la communauté nationale (cette dernière étant, je le rappelle, la seule valable et reconnue dans notre pays). En pratiquant tous les deux la posture amalgamante, les deux « débatteurs » ne rendent service ni aux musulmans, ni à la lutte contre l'islamisme politique, ni à la République. Ils participent tous les deux d'un travail de sape des fondements de cette dernière. S'en rendent-ils même compte ? Soyons bienveillants et disons que non …

Le genre de pensée scandaleuse que produit le P.I.R

Alors, à qui servent-ils la soupe ? À ceux qui, opérant un mélange des deux positions exprimées, dénoncent une prétendue « stigmatisation de l’État contre les musulmans » (comme si une politique d'apartheid était légale, orchestrée par les élus, etc... soyons sérieux) pour utiliser politiquement le communautarisme, le renforcer et en faire un outil de conquête des esprits. Le Parti des Indigènes de la République (PIR) est l'un de ceux-ci. Partisans d'une politique de ségrégation (qu'ils perçoivent comme souhaitable : il y a bien une « discrimination positive »!) basée sur une vision essentialiste des individus, ils sont de ceux qui se nourrissent d'un pseudo anti-racisme pour, de fait, prôner une vision raciste, racialiste et communautaire de la société. Vous êtes blanc ? Vous êtes vus par ces individus comme un exploiteur en puissance. Vous êtes musulmans et/ou une personne « racisée » (comprendre dans leur vocabulaire comme étant « de couleur ») ? Vous ne pouvez rien attendre de ce pays qui vous imposerait des mœurs qui ne sont pas les vôtres comme, tenez-vous bien, l'homosexualité, l'égalité femmes/hommes ou encore la laïcité. Aussi dangereux que cela puisse paraître (et complètement dénué de sens), ce discours trouve écho, au moins en partie, dans une partie de la gauche. Plus précisément à l'extrême-gauche. Considérant par essence les musulmans comme les nouveaux damnés de la Terre, une partie d'entre elle s'est accommodée pendant des années, jusqu'à la revendiquer, d'une proximité avec des organisations dont le fond politique est douteux. Alliée à l'UOIF dès 1989 et les premiers débats sur le voile à l'école, des courants d'extrême-gauche se sont retrouvés ensemble lorsqu'en 2004, a été votée la loi interdisant tous (j'ai bien dis tous) les signes religieux ostentatoires à l'école publique. Farouches opposants à cette loi ils s'opposent alors à une autre gauche, laïque et républicaine, groupée celle-ci autour de figures comme Jean-Luc Mélenchon ou du philosophe Henri Peña Ruiz (membre de la Commission Stasi), qui soutiennent cette loi au nom de la tradition républicaine française, issue de 1905. Ces deux écoles sont toujours présentes à gauche. Quand d'aucuns participent aux 10 ans de la fondation du PIR d'autres, comme le député Alexis Corbière, rappellent justement le rôle central de la laïcité, et donc de l’Égalité, dans la pacification des esprits. La République comme idéal, comme philosophie et comme objet émancipateur ne peut que mourir si elle est non-seulement attaquée frontalement mais surtout abandonnée à son sort par celles et ceux qui sont censés la défendre. Journalistes, politiques ou responsables associatifs ne peuvent participer à la montée des sentiments de séparation, de différenciation perpétuelle et d'exclusion. Participer à ce mouvement, c'est faire encourir un péril grave à la communauté nationale et à l'esprit républicain de notre pays. Les Valls, Plenel ou Bouteldja ont une place toute trouvée : un nouveau mur des con(munautariste)s !

Alexandre Emorine

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Macron, la fraude et les fainéants https://plaidoyer-republicain.fr/macron-la-fraude-et-les-faineants/ https://plaidoyer-republicain.fr/macron-la-fraude-et-les-faineants/#respond Thu, 23 Nov 2017 12:42:18 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=987 ...lire la suite ]]> De nombreuses choses ont été dites depuis la sortie de Pierre Gattaz sur le contrôle quotidien 830x532_10-mars-2017-emmanuel-macron-pleine-campagne-presidentielle-salue-pierre-gattaz-lors-olympiades-metiers-tiennent-bordeauxdes chômeurs. Ah ! Comme elle nous avait manqué la rengaine sur les assistés, sur les profiteurs, sur ces fainéants de chômeurs se gobergeant sans chercher de travail et sur les salariés de Pôle Emploi incitant les chômeurs à ne pas travailler.Car comme chacun le sait, le chômeur est un véritable vampire qui suce le sang de la Patrie en partant deux ans en vacances avec ses droits au chômage. Heureusement que Valeurs Actuelles, le MEDEF et Emmanuel Macron sont là pour nous ouvrir les yeux sur le cancer de la France : l’assistanat !

Finies les années de laisser-aller avec Hollande et Sarkozy ! Emmanuel Macron veut redresser la France en rétablissant la justice sociale ! Des mauvaises langues diront que faire 400 millions d’économies sur les APL (touchant au passage les foyers les plus modestes), et distribuer par la même occasion 400 millions d’euros aux 1000 foyers les plus riches de ce pays, prouve que le président mène une politique pour les « premiers de cordée ». Encore pire, certains bien-pensants iront jusqu’à dire qu’il est le président des riches comme 88 % des Français.

Non, il est le président d’une majorité qui supprime la CSG pour les députés avant d’augmenter le taux de celle-ci pour le reste de la population… Point de vue symbolique, Sarkozy passe vraiment pour un petit joueur avec son yacht de Bolloré…

Vous pensez que c’est injuste ? Non, c’est la politique du ruissellement, vous travaillez, ils gagnent plus et… ils gagnent plus. Par contre, il vous est interdit de désobéir à ce système. Une des illustrations de cette politique est l’adoption par l’Assemblée Nationale d’un amendementob_4555ae_22008260-899854880178846-7312911472359 sur le renforcement du contrôle des chômeurs, qui a été voté en catimini à 4 heures du matin en fin de séance à l’Assemblée Nationale. Macron souhaite, en effet, multiplier le nombre de contrôleurs Pôle Emploi par 5 (de 200 à 1 000). Les fameux fainéants qui profitent du système, qui « foutent le bordel, plutôt que de chercher du travail », c’est terminé ! Ils profitent tellement du système qu’ils fraudent et perçoivent des sommes d’argent qu’ils ne devraient pas. C’est ce que l’on appelle la fraude sociale. La fraude sociale en France représente 680 millions d’euros ! Soit 0.2 % des dépenses de l’État ! Alors que dans le même temps, un rapport parlementaire ainsi que les études d’économistes affirment que la fraude fiscale coute entre 60 et 100 milliards d’euros par an, soit 88 fois plus que la fraude sociale. Vous l’avez compris, vu ces chiffres, il faut donc contrôler les pauvres, la logique est sans équivoque…

À entendre le gouvernement et le MEDEF, il faudrait punir ces tricheurs, mais à quel prix ? Les chômeurs sont environ 5,5 millions et environ 500 000 emplois sont durablement vacants. Comme le montre une récente étude scientifique « Ni les contrôles accrus, ni la réforme des règles de l’assurance n’auraient d’effet sur les chômeurs non indemnisés, et le plus probable est que l’essentiel des emplois actuellement vacants le resterait. L’idée convenue selon laquelle les chômeurs indemnisés refuseraient de reprendre un emploi doit aussi être battue en brèche : chaque mois plus de 3,3 millions de contrats de travail sont signés, dont 2,75 millions de contrats de moins de 1 mois, et pour l’immense majorité pourvus par des chômeurs. En comparaison, alors même que le chômage est au plus haut, environ 100 000 chômeurs indemnisés atteignent la fin de leurs droits chaque mois (3,2 % du stock). Les sorties vers l’emploi, la fréquence élevée des passages par “l’activité réduite”, les entrées dans les programmes de formation ou d’emploi aidés démontrent que les chômeurs ne sont pas inertes »[i]

Une seconde information tirée de cette étude nous apprend : « La proportion de chômeurs pratiquant une activité réduite croît avec l’ancienneté au chômage, bien que la qualité des emplois repris sous cette forme soit souvent faible, la plupart étant très courts et peu payés, très éloignés des critères de l’emploi durable et “raisonnable” que la majorité des chômeurs souhaitent retrouver. D’ailleurs, les chômeurs en activité réduite continuent de rechercher un emploi, même si leur activité actuelle est stable. … L’indolence prêtée aux chômeurs français prend souvent argument du faible taux de sanctions infligées aux chômeurs qui ne remplissent pas leurs obligations. […] Tout indique que les chômeurs indemnisés se conforment très majoritairement à leurs obligations. Il est donc en théorie inopportun pour l’assureur d’engager des moyens supplémentaires dans le seul but de réduire un comportement hypothétique. »

En somme, le chômeur travaille, est actif et accepte des postes qui ne correspondent pas à ses attentes puisqu’il souhaite travailler. Alors finalement, est-ce que la triche peut être éradiquée ?

Faisons un parallèle par la nature, et plus spécifiquement chez les insectes sociaux que sont les iridomyrmex8jfourmis. Dans une colonie de fourmis, seule la reine pond. Dans les nurseries, il peut arriver que des individus pondent de façon égoïste leurs propres œufs. Quand des cas de triches sont détectés, un système de police permet de détruire les œufs et/ou d’exclure les individus de la colonie (« working policy »). Bien que dans ces systèmes, il existe une police, cela n’empêchera pas un petit nombre d’individus de tenter et de réussir à tricher. L’éradication totale de la triche nécessiterait que les nurses ne fassent plus que de la police en ne s’occupant plus des œufs. Un surinvestissement amènerait la colonie sur un moyen ou long terme à sa destruction. Il y a donc des compromis et tolérer un certain niveau de triche peut être plus bénéfique pour le maintien d’un système qu’une lutte acharnée et aveugle.

Alors pourquoi cette politique ? Il semble que montrer du doigt les fraudeurs sociaux plutôt que les évadés fiscaux soit plus aisé. Ou peut-être est-ce de la connivence de la part du gouvernement ? Les allégements de l’ISF, les facilitations de régularisation des fraudeurs fiscaux, et le maintien du verrou de Bercy ne semblent pas contredire cette hypothèse. Comme Benoît Hamon l’a demandé dernièrement, il serait judicieux que Macron nous dise qui sont les donateurs de sa campagne. Il serait en effet de mauvais goût que les principaux soutiens du Président soient des personnes passées maîtres dans l’art de se substituer à leurs devoirs de citoyens français.

Il serait bon d’autre part, d’enclencher une véritable réforme fiscale, afin de récupérer les 100 milliards qui chaque année nous coûtent la suppression de nos services publics et de nos biens communs. Puisque comme nous l’avons vu le contrôle peut être nécessaire, nous proposons nous aussi un effort sans précédent s’agissant du recrutement des inspecteurs des finances et des enquêteurs spécialisés dans les montages financiers.

Le gouvernement a donné le ton, à nous d’être l’alternative.

[i]Bruno Coquet, « Obliger les chômeurs indemnisés à reprendre un emploi : la bonne mesure », OFCE policy brief 21, 7 juillet.

Arnaud GUVENATAM

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Propos indignes : l’élue de Talant (21) doit démissionner ! https://plaidoyer-republicain.fr/propos-indignes-lelue-de-talant-21-doit-demissionner/ https://plaidoyer-republicain.fr/propos-indignes-lelue-de-talant-21-doit-demissionner/#comments Thu, 22 Oct 2015 08:34:29 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=969 ...lire la suite ]]> Commentaire Cardis-Meyer

Communiqué de presse du 22 octobre 2015

C'est une information qui était restée inaperçue depuis plusieurs jours. Le 14 octobre dernier, sur les réseaux sociaux, Mme Marie Ange Cardis-Meyer s'est fendue d'un commentaire pour le moins scandaleux. Réagissant à la "Une" du magazine Valeurs Actuelles consacrée à Christiane Taubira, l'adjointe au maire de Talant (21) a en effet déclaré au sujet de la Garde des Sceaux "Qu'elle reparte déjà dans sa brousse, les lianes l'attendent !".

Ces propos sont indignes d'une citoyenne, qui plus est élue de la République. À l'heure où le repli sur soi, le déferlement de haine et la peur de l'autre envahissent nos vies, il est intolérable de lire de telles choses de la part de quelqu'un dont on attend une déontologie sans failles de part sa fonction. Parce que porter haut l'étendard républicain implique de respecter ses principes, Mme Cardis-Meyer doit dès à présent démissionner. Elle ne peut rester l'une des représentantes de la ville de Talant alors qu'elle tient des propos qui tombent sous le coup de la loi et ne servent qu'à attiser la haine.

L'exigence républicaine d'exemplarité concerne tout le monde, et les élus n'en sont pas exempts. La justice devra trancher et condamnera à n'en pas douter cette personne qui ne mérite en rien de représenter la république et ses habitants.

L'association Plaidoyer Républicain

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Morano, races humaines et eugénisme : vive le XIXème siècle ! https://plaidoyer-republicain.fr/morano-races-humaines-et-eugenisme-vive-le-xixeme-siecle/ https://plaidoyer-republicain.fr/morano-races-humaines-et-eugenisme-vive-le-xixeme-siecle/#comments Sat, 10 Oct 2015 12:56:24 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=959 ...lire la suite ]]> racesL’effervescence quotidienne des ’informations médiatiques nous empêchent de prendre le recul nécessaire pour réfléchir à tête reposée. Nous sommes sommés de réagir dans l’instant, de construire une analyse basée sur une connaissance parcellaire de tel ou tel sujet. En ce moment, c’est encore et toujours la polémique sur Nadine Morano qui fait la une de l’actualité. Il me semble que tout a été dit médiatiquement, tout le monde s’est indigné, y compris le Plaidoyer Républicain au travers d’un article précédemment publié. Ici, je vous propose, non pas de reparler de cette polémique en tant que tel, mais de faire un grand retour en arrière. Je vous amène en 1924, année de publication de « L’encyclopédie par l’image : Les races humaines », aux éditions Hachette, et écrite par Ernest Granger.

Il est nécessaire de rappeler le contexte historique de cette période. Nous sommes dans l’entre-deux-guerres, Mussolini est arrivé au pouvoir en 1922 en Italie, le fascisme est aux portes de l’Europe et les connaissances scientifiques de l’époque ne sont pas ce qu’elles sont de nos jours. Les gènes sont relativement mal définis, les implications de leurs expressions également, et les théories eugénistes sont légions, notamment ce qui a attrait au darwinisme social. La biométrie, science dominante de l’époque, s’attachait à catégoriser les espèces et les individus (animaux et végétaux) selon des caractères morphologiques. Cela a permis à un certain nombre d’individus, politiques, scientifiques, philosophes, de théoriser le déjà très ancien concept de race humaine, sous couvert d'une pseudo scientificité.

Je vais donc vous parler de comment les éditions Hachette traitaient la question de la lignée humaine au milieu des années 20. Si les propos du livre que je vais citer ne vous posent pas problème, c’est que vous risquez d’avoir un sérieux souci de racisme primaire, ce dont je doute si vous êtes lecteur du Plaidoyer Républicain. Ceci étant dit, voyons comme sont catégorisées les quatre grandes « races humaines ». Vous serez ravis d’apprendre par exemple, en page une qui plus est, que « le Congolais fait partie des peuples à peaux noires se subdivisant en deux groupes : les Asiatiques et les Africains ». De même, la Japonaise est dite de « race jaune, comprenant la majorité des peuples d’Extrême-Orient. Elle a autrefois essaimé photojusqu’en Europe en perdant ces caractères spécifiques ». Oui oui, vous avez bien lu, ce sont des gens qui se répandent par essaims. « Les indiens d’Amérique sont à peau cuivrée ». Puis, il faut finir cette première page par les européens. « Charmant type de cette race blanche au nez droit, aux lèvres fines, qui l’emporte aujourd’hui sur toutes les autres par le nombre, comme par la valeur intellectuelle de ses représentants ». Le tour de la question est d’ores et déjà fait à la fin de la première page. La race blanche est présupposée supérieure à tout le reste du genre humain. Si ce n’est pas de la théorie eugéniste, je ne sais pas de quoi il s’agit.

Vous tomberez également sur des citations absolument d’un autre âge. Jugez vous-même :

Les uns sont bruns comme des Maures, d’autres blonds et roses comme des Scandinaves. Celui-ci possède, sans être juif, le grand nez courbe du Sémite, celui-là, le nez épaté des nègres

Lephoto(1) Mongole de 1924 est quant à lui « dégénéré ». Bref, voilà l’illustration de l’essentialisation des êtres humains comme doctrine officielle en France. Ce fabuleux livre nous apprendra notamment que « les négrilles et hottentots, comme les nègres asiatiques, représentent les exemplaires les moins évolués, les plus primitifs de l’humanité ». Ceux-là sont différents des nègres qui ont une pleine page de douces considérations. En effet, leur teint varie « du rougeâtre en passant par toute la gamme des chocolat et des café au lait ».

Au moral, ils ont les qualités de l’enfant : portés au plaisir, vifs, mobiles, exubérants, naturellement portés à la danse, à la musique, très gais, de cette gaité qu’un rien amuse 

De ce que nous venons de voir, d’un retour 90 ans en arrière, voyons ce qu’il se passe en 2015 en France. Le cas Morano, par exemple, est une formidable illustration de la décadence intellectuelle de notre société. Comment cette ancienne ministre, titulaire d’une DESS, c’est-à-dire un Bac +5, comme elle aime le rappeler, puisse tenir et maintenir ses propos sur « la MoranoFrance, pays de race blanche » ? Qu’elle en soit consciente ou non, Nadine Morano s'(engouffre dans les théories racialistes et eugénistes à la Galton, comme le montre le Lab d'Europe 1. La base de l'argumentation galtonnienne tenait au fait qu’être anglais représentait un fait racial, c’est-à-dire être blanc. Qu’on m’explique la différence avec « la France, pays de race blanche ». Quand Gilbert Collard s’enfonce comme un balourd au secours la pucelle de Toul (sic), il ne fait rien d’autre que prêter le flanc au retour des théories eugénistes des années 10 à 45. Mais on n’en attendait pas moins de la part d’un représentant d’un parti d’extrême-droite profondément xénophobe.

A l’heure de la génétique des populations, de nos connaissances en termes de variabilité interindividuelle (entre les individus) et du fait qu’aucun élément ne permette de déterminer des races, des hiérarchies ou tout autre moyen de classification biologique entre les individus Homo sapiens, il apparait urgent de reprendre la main. De trop nombreux facteurs concomitants sont en train de charrier la société française. Le chômage de masse, la précarisation et la paupérisation d’une part de plus en plus grande de la population, les replis communautaires, le retour du religieux dans l’espace public et dans les débats, l’éclatement des structures de l’état, le racisme violent et le retour aux vieilles théories fumeuses n’augurent absolument rien de bon pour les évènements à venir. Il nous faut prendre la main sur les médias, ou du moins faire entendre nos points de vue. Pourquoi des jeunes de 25 ans vont aller défendre les propos de Nadine Morano ? Il y a un blocage dans la transmission des savoirs à un moment donné. Une société qui ne réfléchit plus est une société au bord de l’implosion. Si en plus, cela se fait autour de considérations racialistes et religieuses, à coups sûrs c’est la guerre civile qui nous guette. Faire émerger une réponse républicaine face à toutes ces questions est la seule issue à entrevoir, mais comment ouvrir le chemin ?

Arnaud Guvenatam

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L’énigme Varoufakis https://plaidoyer-republicain.fr/lenigme-varoufakis/ https://plaidoyer-republicain.fr/lenigme-varoufakis/#comments Fri, 09 Oct 2015 09:31:36 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=953 ...lire la suite ]]> scahuble-varoufakis-odd_andersen-afpUne fois n’est pas coutume, l’édition du 8 au 14 octobre 2015 du Nouvel Observateur mérite que l’on s’y arrête. En effet, l’occasion est donnée aux lecteurs de connaître un peu mieux Yanis Varoufakis. L’ancien ministre grec des finances de Tsipras qui nous était médiatiquement présenté comme tonitruant, radical et imprévisible. A la lecture de cet entretien au Nouvel Obs, j’avoue en tout cas qu’il est imprévisible. Peut-être est-ce le fait que ma compréhension des évènements soit mauvaise, que ma culture politique se révèle extrêmement faible, mais je crois percevoir dans les déclarations de Varoufakis, au mieux de l’auto-contradiction, ou pire, une tromperie sur la marchandise.

Si l’on effectue un rappel des faits, il a quitté le gouvernement Tsipras suite à la victoire du Non au référendum. Il a aussi vertement critiqué Tsipras de ne pas lui avoir donné le feu vert pour la mise en place d’une monnaie parallèle, qui aurait eu pour conséquence de sortir, de fait, la Grèce de la zone euro. Pour lui reprocher in fine d’avoir capitulé face aux institutions qui l’ont certes torturé. Dans l’entretien, Varoufakis nous explique qu’il n’est plus possible de modifier ou de changer les traités et qu’il « ne faut pas désespérer de l’Europe, il faut agir sur nos gouvernants ». Il ajoute :

Soyons pragmatiques. Il faut stabiliser l’économie de l’Europe. La zone euro est une catastrophe et crée des situations intenables, pour la France notamment. La grande question est donc la suivante : qu’est-ce qu’on peut faire à l’intérieur des institutions existantes ? Qu’est-ce qu’on peut faire avec la BCE, la banque d’investissement, le MES ? Je pense que l’on peut faire de grandes choses avec ce que l’on a. Depuis des années, je travaille avec des collègues, et nous avons à cet égard l’approbation de Michel Rocard, à ce qu’on a appelé la proposition modeste

Une sorte de New Deal européen, comme en 1933.

C’est un peu décontenançant de lire de tels propos par celui-là même qui reprochait à Tsipras de pas donner son feu vert à son plan secret de sortie de l’euro. Il y a comme une foi dans cette illusion de penser que les choses changeront de l’intérieur. La cuisante démonstration de la situation grecque en est un exemple étincelant.

La contradiction est un élément majeur de l’énigme Varoufakis. En juillet, il souhaite la monnaie parallèle et en octobre, il nous explique la chose suivante : « Si on avait voulu quitter l’euro avec Tsipras, il aurait fallu recréer une drachme pour pouvoir dévaluer. Cela aurait été un suicide pur et simple ». Sur la question du référendum, l’ancien ministre explique qu’en réalité, Tsipras était pour le oui. Cela aurait permis, selon lui, de justifier le fait que « le varoufakis-tsipras_et_on_fait_quoi_maintenant_drréférendum n’était pas fait pour être gagné, mais perdu, pour trouver une excuse à la soumission imminente ». Son analyse est basée sur le simple fait que le soir des résultats et des 62%, ce n’était pas le résultat que Tsipras souhaitait car « c’était clairement écrit sur son visage ». S’il fallait résumer le mode d’action de Varoufakis, on verrait une idée que rien ne sert de peser sur les gouvernants, malgré le fait qu’il faille le faire, parce que changer les traités c’est impossible mais il faut peser de l’intérieur. Tout ceci, c’est de la mauvaise sauce-dem. Un fromage hollandais indigeste. Ce qui est sur, c’est que dans cette interview, il n’est jamais fait référence à la question sociale, aux urgences des peuples. Les seules réponses qu’il propose sont d’avoir « un débat paneuropéen qui puisse trouver des expressions locales ». Pourtant, cette situation a déjà été envisagée lorsque la quasi-totalité des états européens était dirigée par des sociaux-démocrates. Et qu’en est-il advenu ? Rien, du libéralisme. Comme maintenant. Aujourd’hui, on nous propose de débattre entre européens. Vive le débat, mais il serait illusoire de penser que tout le monde se mettra à table, dans un premier temps, et que les gens se mettront d’accord à base d’arguments raisonnables, sur un tapis vert. Peut-être faut-il le déplorer, mais l’existence de divergences d’intérêts entre les membres de l’Union européenne est une réalité. Cela suppose donc des compromis et des rapports de force pour faire évoluer la moindre petite chose. Dans le cas de Varoufakis, quelle vision de bisounours ! Alors pourtant qu’il continue de justifier le fait de tenir tête aux institutions en ne cédant pas aux chantages de sortie de l’euro. C’est toujours affaire d’une chose et son contraire. Une sorte de ni oui, ni non, bien au contraire. Peut-être est-ce l’effet de lunettes déformantes, mais la radicalité supposée de Yanis Varoufakis ne saute pas aux yeux.

Cette interview est finalement bien à sa place dans le Nouvel Observateur. Une vision décourageante de l’avenir, un plombage des idéaux de changement, l’absence d’issue d’une aspiration au bonheur des peuples. Mais après tout, peut-être qu’il est effectivement difficile d’imaginer la réalité d’un potentiel changement quand on a les doigts de pieds en éventail dans sa villa au bord de sa piscine sur l’île d’Egine ? Alors oui, je sais, c’est une attaque personnelle, ce n’est pas un argument. J’entends déjà le fait qu’on me dise qu’on peut être riche et de gauche, qu’il y a bien des pauvres de droite etc… Mais ça soulage, ce n’est pas constructif, j’en conviens. Par contre, le fait de voir Varoufakis sous l’œil d’un homme politique social-démocrate, voire social-libéral, est un éclairage nouveau sur l’échec d’une gauche radicale grecque qui ne l’a finalement peut-être jamais été.

Arnaud Guvenatam

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Sale temps pour la République https://plaidoyer-republicain.fr/sale-temps-pour-la-republique/ https://plaidoyer-republicain.fr/sale-temps-pour-la-republique/#respond Wed, 07 Oct 2015 17:44:21 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=945 ...lire la suite ]]> 150121-calais-migrants-mutio            En parallèle à la vague bleue (foncée) qui s'annonce à l'occasion des prochaines échéances électorales, nombreux sont les sujets d'actualité qui ne manquent pas d'alarmer. Violence sociale de la direction d'Air France, sortie scandaleuse de Nadine Morano et question migratoire augurent des jours bien sombres pour le débat politique dans notre pays. Compatissants pour les forts et sans pitié contre les faibles, nos gouvernants choisissent de défendre des positions que ne renierait en rien Nicolas Sarkozy s'il était aux affaires. Avoir plus de compassion pour une chemise arrachée que pour la mise au ban sociale de 2900 personnes est une goutte d'eau dans l'océan des compromissions de cette frange de la gauche qui gouverne la France. Or, celle-ci n'a rien d'anodin.

            Elle témoigne en effet d'un recul profond des sentiments de fraternité et de justice sociale dans notre pays. Alors que nous fêtons les 70 ans de la Sécurité Sociale, pas un jour ne passe sans que l'on entende au travail, dans les transports ou dans les médias jurer contre les « assistés », les « privilégiés » et « ceux à qui tout est donné ». Malheureusement, on ne qualifie jamais ainsi les patrons du CAC40, les dirigeants des multinationales (comme l'ancien PDG de Volkswagen qui quitte l'entreprise après le scandale des voitures truquées avec un joli pactole de 28 millions d'euros) ou le trésorier du FN mis en examen pour recel d'abus de bien sociaux. Non. On parle des salariés d'Air France qui, alors qu'ils sont acculés, tentent dans un immense coup d'éclat d'attirer les projecteurs sur leur lutte. Mais on ne lesemploi-flotte-commandes-les-annonces-de-la-direction voit que pour mieux les enfoncer, les faire passer pour de sombres barbares cherchant à détruire l'un des fleurons aériens français. Encore une fois, l'état est absent de ce dossier politico-médiatique. Et quand il est timidement présent, c'est pour prendre des positions bien éloignées de la tradition de gauche, humaniste et républicaine. À aucun moment le gouvernement, qui compte pour 17% du capital d'Air France, ne cherche à écouter les salariés et leurs légitimes revendications. Air France fait des bénéfices mais ça, personne ne veut l'entendre !

            On évoque plutôt les 24 000 malheureux syriens que notre pays daigne accueillir, eux qui fuient les horreurs de Daesh alors que les occidentaux regardent sans rien faire. Alors que la seule réponse devrait être une réflexion sur les causes et les conséquences des déplacements de populations, tout le monde se cache derrière son petit doigt. Comme si un quart du Stade de France changeait l'équilibre de la France, on croit rêver ! À nos chers identitaires de tous poils, qu'ils se trouvent au FN, chez «  Les Républicains » ou au Ministère de l'Intérieur, juste quelques chiffres pour démontrer que vous êtes une fois de plus dans l'erreur : l'immigration rapporte chaque année 12 milliards de plus que ce qu'elle ne coûte au pays. Une expulsion coûte 20 000 euros. Faites le compte ! Oui, il faut régler la question migratoire. Bien entendu, personne ne dit ici qu'il faut accueillir en France tous les réfugiés du monde. Comment pourrions nous les recevoir dignement si les mêmes politiques économiques continuent de s'exercer dans notre pays ? Nous ne le pourrions pas. Le préalable à tout règlement, en France, de la question migratoire syro-irakienne, est l’anéantissement de Daesh. Militairement bien sûr, sous l'égide de l'ONU, par une action concertée des acteurs locaux et mondiaux. Mais également dans les mentalités : car sans cela, il ne sera aucunement possible de régler dans le fond les tensions en Syrie et en Irak. N'oublions pas que les 8 millions d'habitants sous la coupe de Daesh subissent quotidiennement un lavage de cerveau depuis plusieurs mois. Mais tout cela paraît impossible à nos gouvernants, tant l'absence de vision géostratégique et géopolitique semble criante. De là à se dire que la situation paraît bloquée pour des années, il n'y a qu'un pas que l'on franchit facilement.

            Face à ces errements identitaires et libéraux (qui ne sont que les deux faces d'une même pièce), la réponse devrait être à la hauteur de l'enjeu. Plus de laïcité et plus de république sont l'unique solution à nos mots. Par ces deux notions, visibles au quotidien, nous pouvons régler les grandes questions de notre temps : le rapport aux flux migratoires, au chômage et à l'emploi. D'autres politiques sont possibles, si tant est que l'on se donne la peine de les vouloir et de tout faire pour les appliquer. Pour cela, un grand mouvement de réappropriation de nos thèmes, ceux de la France républicaine, est à mettre à l'ordre du jour. C'est ce à quoi nous nous employons, à notre petite échelle, dans notre association. Par la lutte contre les multinationales de l'eau et par la promotion des valeurs républicaines, nous nous inscrivons dans un combat que bien peu mènent aujourd'hui. Et cela, nous le menons en notre qualité de citoyens. Pas cette notion fade que beaucoup cherchent à s'approprier à l'occasion des élections régionales non, mais cet aspect vivant de la communauté française qui dépasse les clivages religieux ou ethniques. C'est parce que la citoyenneté est une notion éminemment politique que nous devons tous nous emparer des 220px-Ici_on_s'honore_du_titre_de_citoyen_1799sujets de notre quotidien. À l'occasion des deux ans du Plaidoyer Républicain, c'est ce à quoi nous aspirons : que la citoyenneté ne soit pas passive mais retrouve une vitalité et une vigueur qui lui font défaut de nos jours, et qu'elle change le rapport de force dans notre pays. Pour qu'enfin, la souveraineté populaire ne soit plus qu'un mot creux, mais une réalité bien palpable en capacité de modifier non seulement notre vision du monde, mais également sa réalité.

 

Alexandre EMORINE

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Fermez vos gueules, Morano et Collard ! https://plaidoyer-republicain.fr/fermez-vos-gueules-morano-et-collard/ https://plaidoyer-republicain.fr/fermez-vos-gueules-morano-et-collard/#comments Tue, 29 Sep 2015 16:34:35 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=935 ...lire la suite ]]> nadine_morano_comtesseLes propos de Nadine Morano chez Ruquier ont eu le mérite de faire un buzz incroyable. En 2015, il apparaissait compliqué de voir le retour du bon vieux racisme bas de plafond. Une expression cristalline de la bêtise humaine. Elle a ainsi déclaré que « nous sommes un pays judéo-chrétien – le général de Gaulle le disait –, de race blanche, qui accueille des personnes étrangères. J’ai envie que la France reste la France. Je n’ai pas envie que la France devienne musulmane ».

Il y a tellement de choses à dire à propos de ces déclarations. Dans la tête de Nadine Morano, il semblerait que la France ne soit caractérisée que par la religion des citoyens constituant le peuple. Pourtant en 2015, voilà plutôt le tableau des croyances religieuses en France. La France est dans la moyenne de sa région, avec 40% de croyants, 35% de non-croyants, 18% d’athées convaincus et 7% d’indécis. En d’autres termes, la France de Nadine Morano n’est constituée que de 40% du peuple, à supposer que ces croyants ne soient pas musulmans. Pour les 60% qui restent, ils n’existent donc pas aux yeux de Madame Morano. Si l’on étend le « raisonnement » de Madame Morano, il existe bel et bien un risque que la France devienne musulmane, et valide donc le concept fumeux de théorie du grand remplacement. Cette théorie rance consistant à dire que des hordes de barbares Moranoislamiques remplaceront les blancs en Europe… Au passage, associer l’accueil de personnes étrangères à la religion musulmane est une bêtise puisque l’essentiel des personnes étant accueillies en France proviennent d’Europe. De plus, être musulman ne signifie pas que la personne soit arabe ou qu’elle soit de nationalité musulmane (provenant de Musulmanie, probablement (sic) ). Nadine patauge dans les excréments de la droite la plus réactionnaire et raciste. Tête de liste aux élections régionales et à la primaire des « républicains », Nadine semble prête à tout pour glaner quelques voix supplémentaires.

Sérieusement tancée par la presque totalité de l’échiquier politique, Nadine, contre la bien-pensance (re-sic) persiste et signe. Elle se dit victime d’un "lynchage médiatique" et avance ce qu’elle considère comme des arguments : « On parle bien d’Afrique noire et cela ne choque personne ». Ou encore « que les bien-pensants ne nous parlent plus de racisme, puisque selon eux les races n’existent pas ». Ô tristesse… Il ne s’agit pas d’une question de bien-pensance. Nadine, tu « penses » mal, tu es ignorante. On pourrait aller jusqu’à dire que tes propos illustrent l’absence de pensée. De deux choses l’une, ce n’est pas selon les bien-pensants que les races n’existent pas, c’est un fait scientifique. Deuxièmement, nous continuons de parler de racisme car des gens comme Nadine Morano catégorisent les populations humaines selon des critères morphologiques qui n’ont absolument aucune valeur de tri entre les individus. Interrogeons donc ce que la génétique des populations a à dire sur le sujet des prétendues races humaines afin d’éclairer la lanterne de Nadine Morano. André Langaney, anthropologue et généticien des populations se base sur des considérations scientifiques pour étayer son propos :

si l'on pénètre plus avant dans la réalité, les groupes sanguins par exemple, ou les gènes, on s'aperçoit qu'il est impossible de constituer des groupes qui aient une apparence extérieure commune, comme il est impossible à partir d'une réalité géographique donnée de repérer des gènes spécifiques. Des populations qui ont vécu isolées les unes des autres depuis des dizaines de milliers d'années possèdent à peu de nuances près le même capital génétique.

Si l’on se penche maintenant sur la mise en évidence d’une race blanche chère à Nadine Morano, voilà ce que la génétique est en mesure de dire :

Scientifiquement, on n'a pas mis en évidence des caractères « raciaux » qui soient génétiquement repérables. Quel que soit le système génétique étudié, on n'a jamais pu isoler de phénomènes qui soient présents à la fois chez tous les Noirs et absents chez tous les Blancs, etc. Il n'y a pas, montrent aujourd'hui les biologistes, de marqueur génétique de la race

Par conséquent, Nadine Morano n’est capable de penser que dans un registre de classification des êtres humains, qui ne relève que du pur racisme bas de plafond et beauf.

Tous les gens que l'on range par exemple dans la catégorie « à peau noire » n'ont pas les mêmes gènes. Certains Africains seront plus proches des Européens que les Mélanésiens, les Indiens seront encore plus proches des Européens et beaucoup moins que les Asiatiques, etc. On peut toujours classer. C'est arbitraire. Les gènes, eux, n'ont pas de race. C'est une idée difficile à admettre tant elle est contraire à notre habitude de décrire nos semblables par des caractères approximatifs et apparents. C'est dire si certains préjugés sont tenaces 

Compte tenu de ce que la science a permis de mettre en évidence, et, eu égard au fait que cela soit relativement simple à comprendre, il apparait qu’il est inadmissible pour des responsables politiques de se laisser aller à la tenue de tels propos. Morano n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle nous avait déjà gratifié d’un : « Me faire passer pour quelqu'un qui serait raciste, alors que j'ai des amis qui sont justement Arabes, et dont ma meilleure amie qui est Tchadienne, donc plus noire qu'une Arabe, je trouve ça choquant ». Ayant du mal à trouver des arguments basés sur la raison, elle s’était sortie de cette mauvaise passe par un : « Je ne donne plus d'interview pendant quelque temps. Je pars en vacances m'occuper de ma famille ». Comme dirait François Morel, « Nadine Morano, ferme ta gueule ! »

collardC’était bien évidemment sans compter sur le fait que le FN, par le biais de Gilbert Collard, allait réagir aux propos de Morano. Outre le fait que le député frontiste qualifie Laurent Ruquier de « furoncle médiatique », c’est bien évidemment sa prise de position raciste qui fait enfler la polémique. « Historiquement, la France n’est pas un pays de race noire, pas plus que l'Afrique, historiquement n'est pas un pays (sic) de race blanche. Là encore, c’est hallucinant de voir qu’on ne peut pas dire que la France est historiquement un pays de race blanche qui a eu des rois chrétiens, qui a été construit par le judéo-christianisme ». Les critiques émises plus haut à l’encontre de Morano sont les mêmes qui s’appliquent à Collard. Avec une même conclusion : Ferme ta gueule Gilbert. A ce degré de bêtise, personne ne croira que les propos tenus relèvent du lapsus, de la mauvaise interprétation. Morano les a répétés au moins trois fois pendant l’émission de Ruquier, ce n’est donc pas un hasard. Ces propos ont très certainement valeur de test pour savoir s’il existe encore des résistances dans la société française. C’est décidément un climat de guerre civile qu’on nous prépare.

Arnaud Guvenatam

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Moix sur Mélenchon : « Il est bête à pleurer », « Ça sent le petit verre de vin, tôt, au zinc, avec les relents de haine » https://plaidoyer-republicain.fr/moix-sur-melenchon-il-est-bete-a-pleurer-ca-sent-le-petit-verre-de-vin-tot-au-zinc-avec-les-relents-de-haine/ https://plaidoyer-republicain.fr/moix-sur-melenchon-il-est-bete-a-pleurer-ca-sent-le-petit-verre-de-vin-tot-au-zinc-avec-les-relents-de-haine/#respond Thu, 24 Sep 2015 12:06:05 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=925 ...lire la suite ]]> MoixYann Moix ne doit plus être considéré seulement comme un écrivain, mais bel et bien comme une personne médiatique ayant un pouvoir certain sur les opinions. Le fait qu’il soit devenu chroniqueur de l’émission « On n’est pas couchés » n’est pas étranger avec cette considération. Le petit Yann va devoir se frotter au gratin de la politique et faire ses armes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son arrogance est inversement proportionnelle à sa qualité de débatteur. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre (ou perdre) une heure de son temps et visionner l’échange entre lui et Michel Onfray. Je n’ai même pas eu de peine pour lui tant chaque phrase prononcée avait vocation à faire mal, remplie d’agressivité et masquant mal le fond d’une pensée à la BHL. Pour la résumer, qui n’est pas d’accord avec BHL (ou Moix, mais ça marche avec plein de gens) est un Le Pen. Un marabout de ficelle plus tard et vous êtes fasciste, nazi, vous mangez des barbapapas et les enfants avec.

Me définissant comme faisant partie d’une gauche intransigeante avec ses valeurs, je me suis rappelé aux bons souvenirs d’un papier que notre cher Yann avait écrit en 2011 sur Jean-Luc Mélenchon. Mon souvenir était qu’il s’agissait d’un torchon, mais ayant participé (à ma toute petite place) à la campagne de 2012, peut-être que mon objectivité sur le propos n’était pas entière ? Allez le lire, et vous pourrez dire ce que vous en pensez, aujourd’hui 4 ans après.

Commençons par le style de notre poète national. C’est redondant, lourd, et ne porte absolument pas. Une logorrhée lancinante, pénible, hostile et dénuée d’humour. Par exemple : « Tant de jolies propositions, plus souvent gauches que de gauche, plus souvent gauchies qu’à gauche, rappellent la belle saison des purges staliniennes. ». Ou encore : « Sauf que Mélenschtroumpf est petit, minusculement petit, minusculement minuscule. ». Je ne vais pas tourner autour du pot : mon avis sur le style est que c’est pauvre, et chiant.

Admettons. Je ne vais pas me comparer à Victor Hugo n’ayant aucun talent poétique. Mais dans quel registre se trouve notre inquisiteur de la pensée ? Inévitablement pas sur le terrain de l’argumentation, mais bien entendu sur celui de l’insulte publique. Je cite : « Je melenchonparle de Jean-Luc Mélenschtroumpf. Ça sent le petit verre de vin, tôt, au zinc, avec les relents de haine mais tournés à l’envers : la haine déguisée en bons sentiments. Le racisme inversé. ». Premier cliché et non des moindres : l’homme de gauche sent le vin. Amusant que le chantre de la "gauche" sauce Béhachellienne use d'arguments identiques à l'UNI (syndicat étudiant de droite extrême).  La notion de racisme inversée n’est pas un compliment non plus, l’inverse du racisme étant l’humanisme, il choisit volontairement, à dessein, de pointer ce qu’il pense être du racisme. Un classique pour un libéral ne s’exprimant que sous le coup d’un réflexe pavlovien. L’homme de gauche ne se maîtrise pas, et il n’est pas intelligent : « Il parle mal, il bafouille, il écorche les mots comme on écorche les oignons au lieu de les peler. Il est bête à pleurer – les larmes me montent aux yeux devant le spectacle, très foire du sauciflard, où il dégaine ses clichés comme un vieux cow-boy électrocuté entre deux prises d’antidépresseurs. ». Mon petit Yann, dans le record du monde de l’enfilage de clichés, tu viens de passer le mur du son en trois phrases, mais évidemment, pour le comprendre, il serait bon d’argumenter. Onfray te l’a dit, certes peu aimablement, mais le constat est là. Penser, ce n’est pas pour toi.

Au cliché idiot de l’homme de gauche, je convoque la folie. Quelle originalité… « Suis-je le seul à m’apercevoir que cet homme ne va pas bien ? Que sa place n’est dans aucun parlement, au milieu de nulle assemblée, mais dans le lit étroit d’une petite chambre calfeutrée d’où il pourra, délesté de tout voisinage, donner sa vision de la gauche, de l’univers, de ses doigts de pied et de la notion de temporalité chez Jankélévitch. Cet homme, qui est donc un Schtroumpf, est un homme malade. Il délire, mes amis. Il n’est pas responsable de le laisser pisser seul, debout, dans la rue, en public : il faut l’aider, appeler une ambulance, le mettre hors d’état de se nuire, de se donner en spectacle. Je suis gêné, physiquement, par chacune de ses apparitions. Il crachote, il radote, il bavote, il postillonne, c’est assez désagréable à voir. ». Finalement, Michel Onfray avait vu juste, c’est enfumeur. Tout le monde a compris que tu n’aimais pas la gauche, Bernard Henri Lévy t’a formé à bonne école. Mais très sincèrement, autant de caractères utilisés pour seulement dire qu’une personne est folle, ça confine à un problème d’égo surdimensionné. Tu le diras toi-même que tu es bouffi d’orgueil. Puisque ce papier ne parle en fait pas de Mélenchon, mais de toi. Tout à rapport à ta toute petite personne. Dans ce papier, il est question de se définir par rapport à ce que l’on déteste, et la critique du manque d’ambition est faite à Mélenchon. Comme pour mieux nous montrer la représentation surdimensionnée que Moix se fait de lui-même.

Yann Moix propose un traitement de cheval pour soigner le malade, bien qu’avouant ne rien y connaître (sic) : « N’étant pas spécialiste en électrodes, j’ignore ce qu’il faudrait lui planter dans le cervelet pour qu’il cesse de décréter son importance, de montrer ses fesses comme la schtroumpfette hystérique, de rouler les mécaniques qu’il n’a pas, n’a jamais eu, car c’est un homme, il le répète assez, qui n’a rien, n’a jamais rien eu, n’aura jamais rien. ». Le propos est insultant et misogyne de surcroît. Là encore, il est difficile de trouver trace d’un moindre petit argument. Il est fort à parier que Mélenchon se retrouvera face à Yann Moix dans « On n’est pas couchés ». Et le petit Moix a pris rendez-vous : « je me hais de ne pas intervenir, de ne pas venir physiquement lui demander de retourner dans sa chambrette, entouré de livres qu’il ne comprend pas et de souvenirs qui ne veulent plus de lui. ». N’étant pas fan des mises à mort télévisuelles, Laurent Ruquier a bien joué de mettre Michel Onfray face à Yann Moix. C’est un exercice dans lequel il est sorti en miettes intellectuelles, mais Onfray n’est pas non plus au niveau de débat de ce que peuvent proposer des Chevènement ou des Mélenchon. Moix pêchera par orgueil, visiblement n’ayant plus le temps ni de lire, ni de penser, trop occupé à nouer des liens de connivence dans les représentations mondaines, selon les propos de Michel Onfray.

Un petit jeu mots Moixien pour terminer ? Ne boudons pas notre plaisir, enfin si, fatalement à cause de ce style lourd et inconséquent : « Tout ça pue la charentaise et le cercueil. La maroual et la pierre tombale. ». Yann Moix ayant déterminé le niveau du registre, je me permettrai de lui répondre en me mettant à sa hauteur (surement moins d’un mètre soixante-dix) : « C’est celui qui dit qui y est, tu as le nez trop près de la bouche ». En 2015, on a les « intellectuels » que l’on mérite.

Arnaud Guvenatam

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