Culture – Plaidoyer Républicain https://plaidoyer-republicain.fr Wed, 03 Jan 2018 11:02:43 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.3 56743480 Macron, la fraude et les fainéants https://plaidoyer-republicain.fr/macron-la-fraude-et-les-faineants/ https://plaidoyer-republicain.fr/macron-la-fraude-et-les-faineants/#respond Thu, 23 Nov 2017 12:42:18 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=987 ...lire la suite ]]> De nombreuses choses ont été dites depuis la sortie de Pierre Gattaz sur le contrôle quotidien 830x532_10-mars-2017-emmanuel-macron-pleine-campagne-presidentielle-salue-pierre-gattaz-lors-olympiades-metiers-tiennent-bordeauxdes chômeurs. Ah ! Comme elle nous avait manqué la rengaine sur les assistés, sur les profiteurs, sur ces fainéants de chômeurs se gobergeant sans chercher de travail et sur les salariés de Pôle Emploi incitant les chômeurs à ne pas travailler.Car comme chacun le sait, le chômeur est un véritable vampire qui suce le sang de la Patrie en partant deux ans en vacances avec ses droits au chômage. Heureusement que Valeurs Actuelles, le MEDEF et Emmanuel Macron sont là pour nous ouvrir les yeux sur le cancer de la France : l’assistanat !

Finies les années de laisser-aller avec Hollande et Sarkozy ! Emmanuel Macron veut redresser la France en rétablissant la justice sociale ! Des mauvaises langues diront que faire 400 millions d’économies sur les APL (touchant au passage les foyers les plus modestes), et distribuer par la même occasion 400 millions d’euros aux 1000 foyers les plus riches de ce pays, prouve que le président mène une politique pour les « premiers de cordée ». Encore pire, certains bien-pensants iront jusqu’à dire qu’il est le président des riches comme 88 % des Français.

Non, il est le président d’une majorité qui supprime la CSG pour les députés avant d’augmenter le taux de celle-ci pour le reste de la population… Point de vue symbolique, Sarkozy passe vraiment pour un petit joueur avec son yacht de Bolloré…

Vous pensez que c’est injuste ? Non, c’est la politique du ruissellement, vous travaillez, ils gagnent plus et… ils gagnent plus. Par contre, il vous est interdit de désobéir à ce système. Une des illustrations de cette politique est l’adoption par l’Assemblée Nationale d’un amendementob_4555ae_22008260-899854880178846-7312911472359 sur le renforcement du contrôle des chômeurs, qui a été voté en catimini à 4 heures du matin en fin de séance à l’Assemblée Nationale. Macron souhaite, en effet, multiplier le nombre de contrôleurs Pôle Emploi par 5 (de 200 à 1 000). Les fameux fainéants qui profitent du système, qui « foutent le bordel, plutôt que de chercher du travail », c’est terminé ! Ils profitent tellement du système qu’ils fraudent et perçoivent des sommes d’argent qu’ils ne devraient pas. C’est ce que l’on appelle la fraude sociale. La fraude sociale en France représente 680 millions d’euros ! Soit 0.2 % des dépenses de l’État ! Alors que dans le même temps, un rapport parlementaire ainsi que les études d’économistes affirment que la fraude fiscale coute entre 60 et 100 milliards d’euros par an, soit 88 fois plus que la fraude sociale. Vous l’avez compris, vu ces chiffres, il faut donc contrôler les pauvres, la logique est sans équivoque…

À entendre le gouvernement et le MEDEF, il faudrait punir ces tricheurs, mais à quel prix ? Les chômeurs sont environ 5,5 millions et environ 500 000 emplois sont durablement vacants. Comme le montre une récente étude scientifique « Ni les contrôles accrus, ni la réforme des règles de l’assurance n’auraient d’effet sur les chômeurs non indemnisés, et le plus probable est que l’essentiel des emplois actuellement vacants le resterait. L’idée convenue selon laquelle les chômeurs indemnisés refuseraient de reprendre un emploi doit aussi être battue en brèche : chaque mois plus de 3,3 millions de contrats de travail sont signés, dont 2,75 millions de contrats de moins de 1 mois, et pour l’immense majorité pourvus par des chômeurs. En comparaison, alors même que le chômage est au plus haut, environ 100 000 chômeurs indemnisés atteignent la fin de leurs droits chaque mois (3,2 % du stock). Les sorties vers l’emploi, la fréquence élevée des passages par “l’activité réduite”, les entrées dans les programmes de formation ou d’emploi aidés démontrent que les chômeurs ne sont pas inertes »[i]

Une seconde information tirée de cette étude nous apprend : « La proportion de chômeurs pratiquant une activité réduite croît avec l’ancienneté au chômage, bien que la qualité des emplois repris sous cette forme soit souvent faible, la plupart étant très courts et peu payés, très éloignés des critères de l’emploi durable et “raisonnable” que la majorité des chômeurs souhaitent retrouver. D’ailleurs, les chômeurs en activité réduite continuent de rechercher un emploi, même si leur activité actuelle est stable. … L’indolence prêtée aux chômeurs français prend souvent argument du faible taux de sanctions infligées aux chômeurs qui ne remplissent pas leurs obligations. […] Tout indique que les chômeurs indemnisés se conforment très majoritairement à leurs obligations. Il est donc en théorie inopportun pour l’assureur d’engager des moyens supplémentaires dans le seul but de réduire un comportement hypothétique. »

En somme, le chômeur travaille, est actif et accepte des postes qui ne correspondent pas à ses attentes puisqu’il souhaite travailler. Alors finalement, est-ce que la triche peut être éradiquée ?

Faisons un parallèle par la nature, et plus spécifiquement chez les insectes sociaux que sont les iridomyrmex8jfourmis. Dans une colonie de fourmis, seule la reine pond. Dans les nurseries, il peut arriver que des individus pondent de façon égoïste leurs propres œufs. Quand des cas de triches sont détectés, un système de police permet de détruire les œufs et/ou d’exclure les individus de la colonie (« working policy »). Bien que dans ces systèmes, il existe une police, cela n’empêchera pas un petit nombre d’individus de tenter et de réussir à tricher. L’éradication totale de la triche nécessiterait que les nurses ne fassent plus que de la police en ne s’occupant plus des œufs. Un surinvestissement amènerait la colonie sur un moyen ou long terme à sa destruction. Il y a donc des compromis et tolérer un certain niveau de triche peut être plus bénéfique pour le maintien d’un système qu’une lutte acharnée et aveugle.

Alors pourquoi cette politique ? Il semble que montrer du doigt les fraudeurs sociaux plutôt que les évadés fiscaux soit plus aisé. Ou peut-être est-ce de la connivence de la part du gouvernement ? Les allégements de l’ISF, les facilitations de régularisation des fraudeurs fiscaux, et le maintien du verrou de Bercy ne semblent pas contredire cette hypothèse. Comme Benoît Hamon l’a demandé dernièrement, il serait judicieux que Macron nous dise qui sont les donateurs de sa campagne. Il serait en effet de mauvais goût que les principaux soutiens du Président soient des personnes passées maîtres dans l’art de se substituer à leurs devoirs de citoyens français.

Il serait bon d’autre part, d’enclencher une véritable réforme fiscale, afin de récupérer les 100 milliards qui chaque année nous coûtent la suppression de nos services publics et de nos biens communs. Puisque comme nous l’avons vu le contrôle peut être nécessaire, nous proposons nous aussi un effort sans précédent s’agissant du recrutement des inspecteurs des finances et des enquêteurs spécialisés dans les montages financiers.

Le gouvernement a donné le ton, à nous d’être l’alternative.

[i]Bruno Coquet, « Obliger les chômeurs indemnisés à reprendre un emploi : la bonne mesure », OFCE policy brief 21, 7 juillet.

Arnaud GUVENATAM

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Morano, races humaines et eugénisme : vive le XIXème siècle ! https://plaidoyer-republicain.fr/morano-races-humaines-et-eugenisme-vive-le-xixeme-siecle/ https://plaidoyer-republicain.fr/morano-races-humaines-et-eugenisme-vive-le-xixeme-siecle/#comments Sat, 10 Oct 2015 12:56:24 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=959 ...lire la suite ]]> racesL’effervescence quotidienne des ’informations médiatiques nous empêchent de prendre le recul nécessaire pour réfléchir à tête reposée. Nous sommes sommés de réagir dans l’instant, de construire une analyse basée sur une connaissance parcellaire de tel ou tel sujet. En ce moment, c’est encore et toujours la polémique sur Nadine Morano qui fait la une de l’actualité. Il me semble que tout a été dit médiatiquement, tout le monde s’est indigné, y compris le Plaidoyer Républicain au travers d’un article précédemment publié. Ici, je vous propose, non pas de reparler de cette polémique en tant que tel, mais de faire un grand retour en arrière. Je vous amène en 1924, année de publication de « L’encyclopédie par l’image : Les races humaines », aux éditions Hachette, et écrite par Ernest Granger.

Il est nécessaire de rappeler le contexte historique de cette période. Nous sommes dans l’entre-deux-guerres, Mussolini est arrivé au pouvoir en 1922 en Italie, le fascisme est aux portes de l’Europe et les connaissances scientifiques de l’époque ne sont pas ce qu’elles sont de nos jours. Les gènes sont relativement mal définis, les implications de leurs expressions également, et les théories eugénistes sont légions, notamment ce qui a attrait au darwinisme social. La biométrie, science dominante de l’époque, s’attachait à catégoriser les espèces et les individus (animaux et végétaux) selon des caractères morphologiques. Cela a permis à un certain nombre d’individus, politiques, scientifiques, philosophes, de théoriser le déjà très ancien concept de race humaine, sous couvert d'une pseudo scientificité.

Je vais donc vous parler de comment les éditions Hachette traitaient la question de la lignée humaine au milieu des années 20. Si les propos du livre que je vais citer ne vous posent pas problème, c’est que vous risquez d’avoir un sérieux souci de racisme primaire, ce dont je doute si vous êtes lecteur du Plaidoyer Républicain. Ceci étant dit, voyons comme sont catégorisées les quatre grandes « races humaines ». Vous serez ravis d’apprendre par exemple, en page une qui plus est, que « le Congolais fait partie des peuples à peaux noires se subdivisant en deux groupes : les Asiatiques et les Africains ». De même, la Japonaise est dite de « race jaune, comprenant la majorité des peuples d’Extrême-Orient. Elle a autrefois essaimé photojusqu’en Europe en perdant ces caractères spécifiques ». Oui oui, vous avez bien lu, ce sont des gens qui se répandent par essaims. « Les indiens d’Amérique sont à peau cuivrée ». Puis, il faut finir cette première page par les européens. « Charmant type de cette race blanche au nez droit, aux lèvres fines, qui l’emporte aujourd’hui sur toutes les autres par le nombre, comme par la valeur intellectuelle de ses représentants ». Le tour de la question est d’ores et déjà fait à la fin de la première page. La race blanche est présupposée supérieure à tout le reste du genre humain. Si ce n’est pas de la théorie eugéniste, je ne sais pas de quoi il s’agit.

Vous tomberez également sur des citations absolument d’un autre âge. Jugez vous-même :

Les uns sont bruns comme des Maures, d’autres blonds et roses comme des Scandinaves. Celui-ci possède, sans être juif, le grand nez courbe du Sémite, celui-là, le nez épaté des nègres

Lephoto(1) Mongole de 1924 est quant à lui « dégénéré ». Bref, voilà l’illustration de l’essentialisation des êtres humains comme doctrine officielle en France. Ce fabuleux livre nous apprendra notamment que « les négrilles et hottentots, comme les nègres asiatiques, représentent les exemplaires les moins évolués, les plus primitifs de l’humanité ». Ceux-là sont différents des nègres qui ont une pleine page de douces considérations. En effet, leur teint varie « du rougeâtre en passant par toute la gamme des chocolat et des café au lait ».

Au moral, ils ont les qualités de l’enfant : portés au plaisir, vifs, mobiles, exubérants, naturellement portés à la danse, à la musique, très gais, de cette gaité qu’un rien amuse 

De ce que nous venons de voir, d’un retour 90 ans en arrière, voyons ce qu’il se passe en 2015 en France. Le cas Morano, par exemple, est une formidable illustration de la décadence intellectuelle de notre société. Comment cette ancienne ministre, titulaire d’une DESS, c’est-à-dire un Bac +5, comme elle aime le rappeler, puisse tenir et maintenir ses propos sur « la MoranoFrance, pays de race blanche » ? Qu’elle en soit consciente ou non, Nadine Morano s'(engouffre dans les théories racialistes et eugénistes à la Galton, comme le montre le Lab d'Europe 1. La base de l'argumentation galtonnienne tenait au fait qu’être anglais représentait un fait racial, c’est-à-dire être blanc. Qu’on m’explique la différence avec « la France, pays de race blanche ». Quand Gilbert Collard s’enfonce comme un balourd au secours la pucelle de Toul (sic), il ne fait rien d’autre que prêter le flanc au retour des théories eugénistes des années 10 à 45. Mais on n’en attendait pas moins de la part d’un représentant d’un parti d’extrême-droite profondément xénophobe.

A l’heure de la génétique des populations, de nos connaissances en termes de variabilité interindividuelle (entre les individus) et du fait qu’aucun élément ne permette de déterminer des races, des hiérarchies ou tout autre moyen de classification biologique entre les individus Homo sapiens, il apparait urgent de reprendre la main. De trop nombreux facteurs concomitants sont en train de charrier la société française. Le chômage de masse, la précarisation et la paupérisation d’une part de plus en plus grande de la population, les replis communautaires, le retour du religieux dans l’espace public et dans les débats, l’éclatement des structures de l’état, le racisme violent et le retour aux vieilles théories fumeuses n’augurent absolument rien de bon pour les évènements à venir. Il nous faut prendre la main sur les médias, ou du moins faire entendre nos points de vue. Pourquoi des jeunes de 25 ans vont aller défendre les propos de Nadine Morano ? Il y a un blocage dans la transmission des savoirs à un moment donné. Une société qui ne réfléchit plus est une société au bord de l’implosion. Si en plus, cela se fait autour de considérations racialistes et religieuses, à coups sûrs c’est la guerre civile qui nous guette. Faire émerger une réponse républicaine face à toutes ces questions est la seule issue à entrevoir, mais comment ouvrir le chemin ?

Arnaud Guvenatam

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Moix sur Mélenchon : « Il est bête à pleurer », « Ça sent le petit verre de vin, tôt, au zinc, avec les relents de haine » https://plaidoyer-republicain.fr/moix-sur-melenchon-il-est-bete-a-pleurer-ca-sent-le-petit-verre-de-vin-tot-au-zinc-avec-les-relents-de-haine/ https://plaidoyer-republicain.fr/moix-sur-melenchon-il-est-bete-a-pleurer-ca-sent-le-petit-verre-de-vin-tot-au-zinc-avec-les-relents-de-haine/#respond Thu, 24 Sep 2015 12:06:05 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=925 ...lire la suite ]]> MoixYann Moix ne doit plus être considéré seulement comme un écrivain, mais bel et bien comme une personne médiatique ayant un pouvoir certain sur les opinions. Le fait qu’il soit devenu chroniqueur de l’émission « On n’est pas couchés » n’est pas étranger avec cette considération. Le petit Yann va devoir se frotter au gratin de la politique et faire ses armes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son arrogance est inversement proportionnelle à sa qualité de débatteur. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre (ou perdre) une heure de son temps et visionner l’échange entre lui et Michel Onfray. Je n’ai même pas eu de peine pour lui tant chaque phrase prononcée avait vocation à faire mal, remplie d’agressivité et masquant mal le fond d’une pensée à la BHL. Pour la résumer, qui n’est pas d’accord avec BHL (ou Moix, mais ça marche avec plein de gens) est un Le Pen. Un marabout de ficelle plus tard et vous êtes fasciste, nazi, vous mangez des barbapapas et les enfants avec.

Me définissant comme faisant partie d’une gauche intransigeante avec ses valeurs, je me suis rappelé aux bons souvenirs d’un papier que notre cher Yann avait écrit en 2011 sur Jean-Luc Mélenchon. Mon souvenir était qu’il s’agissait d’un torchon, mais ayant participé (à ma toute petite place) à la campagne de 2012, peut-être que mon objectivité sur le propos n’était pas entière ? Allez le lire, et vous pourrez dire ce que vous en pensez, aujourd’hui 4 ans après.

Commençons par le style de notre poète national. C’est redondant, lourd, et ne porte absolument pas. Une logorrhée lancinante, pénible, hostile et dénuée d’humour. Par exemple : « Tant de jolies propositions, plus souvent gauches que de gauche, plus souvent gauchies qu’à gauche, rappellent la belle saison des purges staliniennes. ». Ou encore : « Sauf que Mélenschtroumpf est petit, minusculement petit, minusculement minuscule. ». Je ne vais pas tourner autour du pot : mon avis sur le style est que c’est pauvre, et chiant.

Admettons. Je ne vais pas me comparer à Victor Hugo n’ayant aucun talent poétique. Mais dans quel registre se trouve notre inquisiteur de la pensée ? Inévitablement pas sur le terrain de l’argumentation, mais bien entendu sur celui de l’insulte publique. Je cite : « Je melenchonparle de Jean-Luc Mélenschtroumpf. Ça sent le petit verre de vin, tôt, au zinc, avec les relents de haine mais tournés à l’envers : la haine déguisée en bons sentiments. Le racisme inversé. ». Premier cliché et non des moindres : l’homme de gauche sent le vin. Amusant que le chantre de la "gauche" sauce Béhachellienne use d'arguments identiques à l'UNI (syndicat étudiant de droite extrême).  La notion de racisme inversée n’est pas un compliment non plus, l’inverse du racisme étant l’humanisme, il choisit volontairement, à dessein, de pointer ce qu’il pense être du racisme. Un classique pour un libéral ne s’exprimant que sous le coup d’un réflexe pavlovien. L’homme de gauche ne se maîtrise pas, et il n’est pas intelligent : « Il parle mal, il bafouille, il écorche les mots comme on écorche les oignons au lieu de les peler. Il est bête à pleurer – les larmes me montent aux yeux devant le spectacle, très foire du sauciflard, où il dégaine ses clichés comme un vieux cow-boy électrocuté entre deux prises d’antidépresseurs. ». Mon petit Yann, dans le record du monde de l’enfilage de clichés, tu viens de passer le mur du son en trois phrases, mais évidemment, pour le comprendre, il serait bon d’argumenter. Onfray te l’a dit, certes peu aimablement, mais le constat est là. Penser, ce n’est pas pour toi.

Au cliché idiot de l’homme de gauche, je convoque la folie. Quelle originalité… « Suis-je le seul à m’apercevoir que cet homme ne va pas bien ? Que sa place n’est dans aucun parlement, au milieu de nulle assemblée, mais dans le lit étroit d’une petite chambre calfeutrée d’où il pourra, délesté de tout voisinage, donner sa vision de la gauche, de l’univers, de ses doigts de pied et de la notion de temporalité chez Jankélévitch. Cet homme, qui est donc un Schtroumpf, est un homme malade. Il délire, mes amis. Il n’est pas responsable de le laisser pisser seul, debout, dans la rue, en public : il faut l’aider, appeler une ambulance, le mettre hors d’état de se nuire, de se donner en spectacle. Je suis gêné, physiquement, par chacune de ses apparitions. Il crachote, il radote, il bavote, il postillonne, c’est assez désagréable à voir. ». Finalement, Michel Onfray avait vu juste, c’est enfumeur. Tout le monde a compris que tu n’aimais pas la gauche, Bernard Henri Lévy t’a formé à bonne école. Mais très sincèrement, autant de caractères utilisés pour seulement dire qu’une personne est folle, ça confine à un problème d’égo surdimensionné. Tu le diras toi-même que tu es bouffi d’orgueil. Puisque ce papier ne parle en fait pas de Mélenchon, mais de toi. Tout à rapport à ta toute petite personne. Dans ce papier, il est question de se définir par rapport à ce que l’on déteste, et la critique du manque d’ambition est faite à Mélenchon. Comme pour mieux nous montrer la représentation surdimensionnée que Moix se fait de lui-même.

Yann Moix propose un traitement de cheval pour soigner le malade, bien qu’avouant ne rien y connaître (sic) : « N’étant pas spécialiste en électrodes, j’ignore ce qu’il faudrait lui planter dans le cervelet pour qu’il cesse de décréter son importance, de montrer ses fesses comme la schtroumpfette hystérique, de rouler les mécaniques qu’il n’a pas, n’a jamais eu, car c’est un homme, il le répète assez, qui n’a rien, n’a jamais rien eu, n’aura jamais rien. ». Le propos est insultant et misogyne de surcroît. Là encore, il est difficile de trouver trace d’un moindre petit argument. Il est fort à parier que Mélenchon se retrouvera face à Yann Moix dans « On n’est pas couchés ». Et le petit Moix a pris rendez-vous : « je me hais de ne pas intervenir, de ne pas venir physiquement lui demander de retourner dans sa chambrette, entouré de livres qu’il ne comprend pas et de souvenirs qui ne veulent plus de lui. ». N’étant pas fan des mises à mort télévisuelles, Laurent Ruquier a bien joué de mettre Michel Onfray face à Yann Moix. C’est un exercice dans lequel il est sorti en miettes intellectuelles, mais Onfray n’est pas non plus au niveau de débat de ce que peuvent proposer des Chevènement ou des Mélenchon. Moix pêchera par orgueil, visiblement n’ayant plus le temps ni de lire, ni de penser, trop occupé à nouer des liens de connivence dans les représentations mondaines, selon les propos de Michel Onfray.

Un petit jeu mots Moixien pour terminer ? Ne boudons pas notre plaisir, enfin si, fatalement à cause de ce style lourd et inconséquent : « Tout ça pue la charentaise et le cercueil. La maroual et la pierre tombale. ». Yann Moix ayant déterminé le niveau du registre, je me permettrai de lui répondre en me mettant à sa hauteur (surement moins d’un mètre soixante-dix) : « C’est celui qui dit qui y est, tu as le nez trop près de la bouche ». En 2015, on a les « intellectuels » que l’on mérite.

Arnaud Guvenatam

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Plaidoyer pour les profs ! https://plaidoyer-republicain.fr/plaidoyer-pour-les-profs/ https://plaidoyer-republicain.fr/plaidoyer-pour-les-profs/#respond Mon, 13 Apr 2015 14:02:44 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=846 ...lire la suite ]]> On en entend des vertes et des pas mûres sur les professeurs des écoles et du secondaire. Pêle-mêle, ce sont les vacances trop nombreuses qui sont dénoncées, ou encore les méthodes pédagogiques qui ne vont pas et que l’on change tous les quatre matins. Bref, l’école va mal, et de l’avis général, les instituteurs et les professeurs seraient les principaux fossoyeurs de la décadence de l’éducation nationale.

prof-vacancesÉvacuons très rapidement la question des vacances. Non, les professeurs ne sont pas des fainéants de fonctionnaires. Bien sûr, les individus tenant ce genre de discours tout fait ne se sont jamais retrouvés devant une classe avec la mission de transmettre la connaissance à tous, ou tout du moins au plus grand nombre. La réponse classique est que les profs ne sont devant leur classe qu’entre 15 et 18 heures par semaine. C’est occulter que les deux-tiers du travail n’est pas ici mentionné. Parce qu’entre les préparations de cours, l’organisation quasi-militaire pour être prêt, les heures de préparation d’évaluations et leurs corrections, c’est tout un pan du métier d’enseignant qui passe sous les radars des gens-qui-ont-des-avis-sur-tout-et-en-toute-circonstance. Ne mentionnons même pas les enseignants prenant la responsabilité d’organiser des voyages d’études, car dès lors, le travail d’organisation, les rencontres avec les parents, tout cela devient titanesque. La question des mutations est également à mentionner. Tous les enseignants ne font pas que se marier et avoir des enfants pour avoir plus de points pour se retrouver dans une bonne ville et proche du lieu d’habitation.

Il suffit de regarder la population des enseignants qui officient dans les écoles et les collèges academic-fatigue-5-ways-to-avoid-itde campagne. Dans leur immense majorité, ce sont des personnes venant de capitales régionales. La route devient très vite une lassitude quotidienne. Quitte à choquer les intéressants, les enseignants constituent au même titre que beaucoup d’autres, cette fameuse « France qui se lève tôt ». Il est extrêmement facile de chiffrer le nombre d’heures que les enseignants passent sur la route chaque semaine. Ils grimpent facilement à cinq ou six heures de trajets hebdomadaires. Heures qui ne seront évidemment pas dédiées à la préparation des cours. Ajoutons que les professeurs sont généralement payés au lance-pierre et que l’essence coûte relativement chère. Donc de ce côté, il est aisé de comprendre que les enseignants ne sont pas nécessairement dans des conditions optimales pour transmettre le savoir. Ils sont humains et beaucoup de gens semblent, ou veulent, l’oublier.

Mais alors, quel peut bien être le problème de cette éducation nationale qui semble partir à vau-l’eau ? Dans un premier temps, il faut noter que se généralisent les traitements particuliers d’élèves. Dans des classes surchargées, nous nous retrouvons avec des élèves nécessitant une attention accrue. Des élèves dont on vous dit qu’ils ne doivent pas trop écrire, et qui, par conséquent, ne prennent pas les cours. Sans occupation réelle, c’est la porte ouverte à la désorganisation du travail de la classe. Cela développe des problèmes de concentration, puisqu’il n’y a peu ou pas de sollicitation. Cela rajoute de nouveaux problèmes à des soucis préexistants. Bavardages, remontrances et punitions sont autant de choses qui font perdre du temps sur l’avancement du cours. Mais s’il n’y avait qu’une seule raison, il serait facile de remédier au problème. Premièrement, il faut affirmer haut et fort que les enseignants n’ont plus ou peu de pouvoir. Nous entendons tout le temps parler de liberté pédagogique mais soyons sérieux. Elle n’existe pratiquement plus. Un des soucis que les enseignants peuvent rencontrer, c’est que tout l’environnement éducatif est à l’image de la société. L’individualisme est roi. Les décisions prises par les enseignants sont systématiquement contredites par les parents et quelques fois par l’administration, qui débordée, n’a pas nécessairement le temps de se payer le luxe de subir les courroux de parents fâchés. En 2015, iparents-et-profsl devient normal par exemple de ne pas mettre de zéro lorsqu’un travail demandé n’est pas rendu après trois semaines de négociation avec les élèves pour qu’ils le rendent. Et lorsque le couperet légitime tombe, ce sont des lettres et des mots d’insultes que l’on doit consulter dans les carnets, ou carrément dans son casier. Cela commence à bien faire, et les enseignants ne le supportent plus. C’est la même chose lorsque des élèves doivent faire un exposé oral, mais que l’enseignant doit noter à l’écrit parce que ces petits princes ne veulent pas parler. Ceux-là même qui sont prompts à passer leur scolarité à rigoler et à discuter en cours…

Pour un certain nombre de parents, leurs petits chérubins ne sont que des victimes de professeurs aigris qui veulent martyriser les élèves. Allons bon chers parents, il se peut tout aussi bien que votre gamin soit tout simplement en-deçà (et largement !) du niveau exigé, et qu’il ne comprenne rien à rien. C’est moche mais cela arrive. Autre problème que nous pouvons constater lorsque nous sommes devant la classe : les enfants ne sont pas opérationnels pour travailler. Les raisons sont nombreuses : l’utilisation de tablettes, de smartphone, de la télévision, de jeux vidéo (ils jouent à GTA V ou à Call of Duty à 11 ans ! Allez voir les vidéos, ça vaut le détour) en soirée et même la nuit. Que les choses soient claires une bonne fois pour toute : le professeur n’est pas présent dans la chambre des élèves. La responsabilité est exclusivement parentale, et ne pas le dire est une hypocrisie sans nom. Pour rappel, je vous invite à aller consulter les conférences de Michel Desmurget, neuroscientifique à l’INSERM, sur les effets de la télévision chez les enfants et vous comprendrez pourquoi nous nous retrouvons avec des « mous du bulbe » en classe !

Alors de deux choses l’une, arrêtons avec les traitements particuliers et expulsons purement et simplement les parents des structures éducatives. L’école, c’est l’émancipation. Comment dès lors, pouvons-nous arracher les élèves à leurs conditions, à leur éducation, aux inégalités socioculturelles, si toutes les cinq minutes les parents viennent faire la loi en classe ?

Régalons-nous de ce qui pouvait se dire à la convention le 29 juillet 1793, sous la voix de Maximilien Robespierre. Il a défendu notamment trois articles de lois que je trouve absolument d’actualité. Notons quand même que l’éducation obligatoire jusqu’à 18 ans serait plus à propos en 2015 :

- Art. I. Tous les enfants seront élevés aux dépens de la République, depuis l’âge de cinq ans jusqu’à douze pour les garçons, et depuis cinq ans jusqu’à onze pour les filles.

Art. II. L’éducation nationale sera égale pour tous ; tous recevront même nourriture, mêmes vêtements, même instruction, mêmes soins.

- Art. III. L’éducation nationale étant la dette de la République envers tous, tous les enfants ont droit de la recevoir, et les parents ne pourront se soustraire à l’obligation de les faire jouir de ses avantages. [...].

Soustrayons enfin les élèves de l’influence parentale, il en va d’une plus grande efficacité dans la transmission des savoirs !

Arnaud Guvenatam

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Loi de renseignement : souriez, vous êtes surveillés ! https://plaidoyer-republicain.fr/loi-de-renseignement-souriez-vous-etes-surveilles/ https://plaidoyer-republicain.fr/loi-de-renseignement-souriez-vous-etes-surveilles/#respond Fri, 10 Apr 2015 08:39:53 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=837 ...lire la suite ]]> 00FA000005774986-photo-touche-pas-a-mon-netLe projet de loi relatif au renseignement va être présenté aux parlementaires à partir du 13 avril prochain. Cette loi arrive, c'est en tout cas ce que nous disent les gouvernants, comme la réponse gouvernementale aux attentats du mois de janvier. Sans toujours préciser, bien entendu, que ce texte était « dans les cartons » depuis plusieurs mois. Le rapporteur de ce texte, le député PS Jean-Jacques Urvoas (l'un des fidèles de Manuel Valls, cela va sans dire), précise pour sa part que ce texte vise à « légaliser les activités de renseignement »… Rendre légale une pratique déjà courante donc. Et ce serait vu comme un progrès ! Commençons déjà par nous poser la question du bien-fondé d'actions illégales de la part des services de renseignement. Si même les tenants de la Loi se mettent à ne pas la respecter, c'est qu'il y a un gros problème. Le Premier Ministre, d'habitude si prompt à disserter sur l'ordre, le respect des lois et de la République, se trouve maintenant dans une position où il en vient à défendre des personnes qui, techniquement, contreviennent aux textes législatifs. Mais cette loi, que contient-elle ? Pourquoi arrive-t-elle à faire l'unanimité contre elle de la part des défenseurs des libertés fondamentales ? Allons faire un tour dans les fils, les micros, les boites noires et autres données de connexion pour apercevoir les énormes problèmes posés.

Manuel Valls et Bernard Cazeneuve font de cette loi leur cheval de bataille dans la lutte contre le terrorisme, a fortiori dans cette période post-7 janvier. Souhaitant aller au plus vite dans l'adoption de cette loi, le gouvernement a engagé, sur cette question, la « procédure accélérée ». À savoir que contrairement à la norme, une seule lecture par assemblée suffit pour pouvoir réunir la Commission Mixte Paritaire (regroupant 7 sénateurs et 7 députés). Et donc comme son nom l'indique, le vote de la loi est accéléré. Nous pouvons déjà nous interroger sur la rapidité du gouvernement sur ce texte. Si vraiment il ne s'agit que de légaliser des pratiques courantes, pourquoi se presser ? Ce qui paraît plus évident, c'est que le gouvernement, par l’accélération, veut empêcher toute opposition construite à ce texte. Qu'il veut museler tout débat et faire que les citoyens ne puissent pas se saisir de ce sujet pourtant central pour leur liberté.

Selon le projet de loi, les services de renseignement pourront infiltrer et surveiller ceux qu'ils perçoivent comme personnes « à risque » – terroristes potentiels donc – sur simple autorisation administrative, et non plus suite à une décision de justice. Les nouvelles technologies ne sont pas non-plus oubliées dans l'arsenal répressif du gouvernement. Grâce à ces autorisations administratives, il sera possible pour les agents d'installer à leur convenance micros ou caméras-espions partout où ils l'estiment nécessaire. Une véritable immersion dans les films d'espionnage des années 60, mais dans la vie réelle. Et comme si cela ne suffisait pas, ilssecure-keyloggers-hijackers pourront légalement capter et enregistrer en temps réel ce qui se tape sur un clavier d'ordinateur (grâce à des logiciels que l'on appelle Keyloggers). Tout ce qui se tape : de la recherche internet à la discussion privée sur les réseaux sociaux, incluant vos mots de passe, bien sûr. Le texte de loi autorise également l'emploi de petits appareils-espions, appelés « Imsi Catchers », capables de collecter sans distinction tous les flux téléphoniques (appels ou SMS) et internet dans un rayon de plusieurs centaines de mètres. Le gouvernement nous dit que seuls les flux concernant les suspects seront traités, grâce à un logiciel analytique basé sur des mots-clés, se basant sur l'adage populiste « si vous n'avez rien à vous reprocher, n'ayant crainte ». Une question simple peut tout de même se poser : que se passera-t-il pour une personne intéressée par la géopolitique et dont les recherches portent sur « Daesh », « radicalisation », « attentats », ou tout autre sujet en lien avec une entreprise terroriste ? Les capteurs de mots-clés se déclencheront, obligatoirement. Troisième exemple (mais pas le dernier que l'on peut trouver dans le texte de loi) et non des moindres : le souci des « boites-noires ». On ne parlera pas ici d'A320 mais d'un dispositif installé par les services de renseignement directement chez les fournisseurs d'accès, chez les hébergeurs de sites ou les navigateurs, et qui collectera vos « Méta-données ». Concrètement, les données collectées renseigneront sur les pages que vous consultez, sur ce que vous faites sur ces pages et la durée que vous passez dessus. Allant à l'encontre des textes de loi fondamentaux qui déclarent le droit à l'intimité, chacun pourra donc être surveillé sans même en avoir conscience une seule seconde. Et tout ceci sans possibilité de recours, puisque ces logiciels seront classés « secret défense » !

Le mode de fonctionnement des IMSI Catchers
Le mode de fonctionnement des IMSI Catchers

Un dernier exemple montrant que cette extension sera forcément préjudiciable pour toute personne se battant pour ses convictions : l'article L. 811-3. Celui-ci étend le champ des compétences des services de renseignement à la « prévention des violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique ». Plus seulement le terrorisme donc, mais tout ce qui pourrait aller contre la politique décidée par l'état. Les activistes de Greenpeace, lorsqu'ils font intrusion dans une centrale nucléaire pour dénoncer le manque de sécurité mettront-ils en danger la paix publique ? Il est probable que cela tombe sous le coup de cette loi, tant les intitulés sont (volontairement) vagues. Et cela n'annonce rien de bon. Ce qui nous amène à un autre point : les gardes-fous prévus par le projet de loi.

Celui-ci impose la création d'une Commission Nationale de Contrôle des Techniques de Renseignement (CNCTR). Le Premier Ministre, qui chapeaute toutes ces opérations, aura la capacité de la consulter pour avis. Mais ne sera en aucun cas obligé de suivre ses recommandations, celle-ci n'ayant aucun caractère contraignant. De plus, comment pourra-t-elle analyser l’algorithme utilisé pour le traitement des analyses ? Composée pour une large part de parlementaires, il serait étonnant de la voir vérifier les lignes de codes et les modèles mathématiques mis en œuvre.

Ceci n'est qu'une petite partie de ce qui est scandaleux dans cette loi. La Quadrature du Net en a fait une analyse poussée en montrant les tenants et les aboutissants liberticides de cette loi. Vous trouverez le lien ici. Il est important qu'avant le 13 avril les citoyens soient le plus nombreux possibles à être informés sur ces dispositions. Et surtout que le combat continue, même après l'adoption (prévisible) de la loi par le parlement. Ces dispositions prévues par le projet du gouvernement résument un état d'esprit qui n'est vraiment pas « Charlie » ou « 11-janvier ». L'association Human Right Watch donne d'ailleurs le meilleur résumé de l'esprit de ces dispositifs :

« Les gouvernements les plus répressifs pourront remercier la France, qui créée un précédent juridique en forçant les plus grandes entreprises de l'Internet à contrôler non seulement les indices de “terrorisme”, mais aussi les indices d'une dissidence tout juste naissante, ou même d'une pensée indépendante ».

Interpellez vos députés en vous connectant ici : http://sous-surveillance.fr/#/ . Le projet ne peut pas passer en l'état. Si tout le monde admet qu'il faut des moyens de surveillance face à la menace terroriste, personne ne peut accepter la surveillance de masse de la population. Il en va du respect des libertés fondamentales, et c'est ce pourquoi nous nous battons.

Alexandre Emorine

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Théories du complot : conséquences socio-politiques. https://plaidoyer-republicain.fr/theories-du-complot-consequences-socio-politiques/ https://plaidoyer-republicain.fr/theories-du-complot-consequences-socio-politiques/#respond Thu, 22 Jan 2015 09:34:42 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=784 ...lire la suite ]]> Une fois n’est pas coutume, je vais retourner à mes premières amours : la recherche scientifique. Il s’agira ici de faire un commentaire d’article paru en 2014 titré « The social consequences of conspiracism: Exposure to conspiracy theories decreases the intention to engage in politics and to reduce one’s carbon footprint ». Il s’agira d’appréhender les conséquences sociales et politiques des théories du complot. De nombreuses théories sont très développées actuellement et de nombreuses études se sont penchées sur ces cas. La recherche scientifique est très documentée sur le sujet et de nombreuses conclusions ont d’ailleurs été tirées sur le sujet. Nous pouvons par exemple observer une quantité non-négligeable d’effets associés aux croyances complotistes. Des attitudes négatives à l’égard des droits de l’homme et des libertés civiles ainsi que des attitudes racistes ont été montrées (Swami et al. 2012). Une théorie extrêmement répandue suppose que le contrôle des naissances et le SIDA représentent une forme de génocide contre les afro-américains (Bird & Bogart, 2003). La littérature montre par exemple, que l'approbationcomplot de cette théorie chez les afro-américains est associée à des attitudes négatives vis-à-vis des comportements de contraception, ayant des conséquences négatives sur la prévention des maladies et infections sexuellement transmissibles (Bogart & Thorbun, 2006). Nous pourrions étendre cette énumération à l’envi mais le but de cet article n’est pas de constituer un catalogue bibliographique.

L’étude que je me propose de vulgariser porte sur deux croyances très répandues. La mort de Lady Diana et le changement climatique. Nous allons au travers de ces deux études comprendre les conséquences sociales et politiques sur les personnes étant convaincues par les théories du complot. Par souci de méthode et de compréhension du lecteur, je vais présenter succinctement la première étude et ses résultats. Dans un second temps je présenterai de la même façon l’étude menée sur le changement climatique et présenter ses résultats. Ensuite, nous traiterons de façon plus générale, à l’aune de tous ces résultats des conséquences sociales et politiques des croyances complotistes.

Dans la première étude, il s’agira de proposer un argumentaire complotiste et un autre le réfutant. Dans le premier, il est sous-entendu et dit que le gouvernement anglais porte une responsabilité dans la mort de Diana. Le second reprend les mêmes arguments en disculpant le gouvernement anglais.

 

Texte complotiste :

« Pour prendre l'exemple de la mort de la princesse Diana, ce n’est pas un secret que le gouvernement britannique était mécontent de l’implication de la princesse Diana avec Dodi Fayed et aussi son implication croissante dans la politique ... il faut donc s’interroger sur le fait que sa mort était simplement un accident tragique ... »

 Texte non-complotiste

« Pour prendre l'exemple de la mort de la princesse Diana, ce n’est pas un secret que la popularité de la princesse Diana a mis quelques membres du gouvernement mal à l'aise. Cependant, il n’existe aucune preuve amenant à penser que le gouvernement britannique ait été impliqué dans sa mort ... Sa mort était simplement un accident tragique ... »

 Il est important de noter que les mots « théories du complot » n’apparaissent dans aucun des deux articles proposés pour ne pas prêter à confusion. Premier résultat et non des moindres, les personnes ayant été exposées à la version complotiste sont significativement plus nombreuses à y croire que celles ayant été exposées à la version non-complotiste. La manipulation a été couronnée de succès. Second résultat très important, les personnes croyant à la théorie du complot montrent que leurs intentions politiques sont influencées négativement, notamment dans la volonté de s’engager, par rapport aux individus ne croyant pas aux complots. De plus, les tenants du complot ont montré un sentiment fort de désillusion et d’impuissance face au gouvernement, ce qui n’est pas le cas des non-croyants. En conséquence, il n’est pas illogique d’observer dans le monde que le vote et les autres formes d’engagements politiques ont tendance à être influencés négativement par les théories du complot (Swami & Coles, 2010).

Dans la deuxième étude, les scientifiques ont cherché à comprendre la relation entre les théories complotistes sur le changement climatique et leurs conséquences directes sur les individus au niveau de l’emprunte carbone. Des précédentes études ont par exemple montré le lien entre théories sur le changement climatique et le sentiment d’impuissance (Aitken, Chapman & McClure, 2011), l’incertitude (Hine & Gifford, 1996) et la méfiance (MacGregor, Slovic, Mason & Detweiler, 1994). Dans notre étude, deux textes ont été proposés avec la même méthodologie que dans la première expérience sur la mort de Lady Diana. Une version Hoax niant le changement climatique, et un texte réfutant les arguments du premier texte.

 Texte complotiste :

 « En outre, l'idée du réchauffement climatique ne représente que peu de poids. Une preuve indépendante montre que depuis 1940, les températures moyennes mondiales ont chuté pendant quatre décennies. Cela représente une lacune importante dans le compte rendu officiel ... »

 Texte non-complotiste :

« En outre, la preuve du réchauffement climatique est robuste. Une preuve indépendante montre que les deux dernières décennies du 20e siècle ont été les plus chaudes de ces 400 dernières années .... De nombreuses découvertes significatives sont supportées dans ce compte rendu officiel »

 Aucun des deux textes ne mentionne la « théorie du complot ». Là encore, les personnes ayant été exposées à la version complotistes sont significativement plus nombreuses à y croire que les personnes ayant été exposées la version non-complotiste. La manipulation est donc couronnée de succès. Autre résultat intéressant, les tenants du complot ont des intentions d’engagements plus faibles que les non-croyants. Cela touche également l’engagement politique dans cette cause. La première conclusion de cette étude climatique est que les tenants de la théorie du complot ont été atteints fortement par cette théorie, et montrent une faible volonté à diminuer leur emprunte carbone et à s’engager politiquement pour la cause climatique. Là encore, les mêmes mécanismes sont à l’œuvre : le sentiment d’impuissance, l’incertitude sur le sujet et la désillusion. Quoi qu’il en soit, les théories du complot ont des conséquences sociales terribles sur l’engagement politique et le sentiment de pouvoir changer les choses. En effet, puisque tout nous serait caché, nous avons le sentiment de ne pas pouvoir influencer quoi que ce soit. La conséquence directe est donc de ne plus s’intéresser au sujet, ou en tout cas de ne plus montrer de volonté de s’engager, de voter et in fine de s’exprimer. Ces résultats doivent nous alerter sur les changements politiques à venir en France.

Je sors maintenant de la sphère strictement scientifique pour tenter d’apporter une analyse politique à partir de tous ces résultats. Sans tomber dans le catastrophisme, les complotistes engagés comme le sont Alain Soral, Dieudonné et tout leur réseau n’ont qu’un objectif : amener le vote Marine Le Pen. Mis à part la cohorte de gens qui ne votent plus car « ça ne sert à rien », il reste toujours une frange d’individus ne se privant pas d’exprimer leur point de vue. Cela peut peut-être expliquer pourquoi Marine Le Pen est la personne qui mobilise le plus sont électorat. Concrètement, son électorat n’augmente pas, mais il recule moins vite que ceux des autres formations politiques françaises. C’est comme cela que nous devons supporter un FN à 25% en tête des européennes avec seulement 9% du total des personnes en capacité de voter. Lorsque l’on voit par exemple qu’un jeune sur cinq, soit 20%, croient que les attentats contre « Charlie Hebdo » relèvent du complot (le père Le Pen ne dit pas autre chose) et que l’on regarde l’abstention chez les jeunes, il apparait clairement que l’avenir s’assombrit encore davantage.

Au-delà du constat catastrophique qu’il y a à faire du point de vue des conséquences socio-politiques des théories du complot, il nous faut trouver une solution positiviste qui permette à tous les sans-voix de retrouver confiance en eux-mêmes et en leur capacité de changer les choses. Nous, militants formés, savons que d’autres politiques sont possibles, mais comment les convaincre que cela est vrai ? Pouvons-nous simplement nous contenter de dire qu’il faut changer les règles des institutions et que les citoyens seront partie prenante du processus ? Une image me vient en tête au sujet des abstentionnistes et des jeunes : la terre en jachère. Elle peut-être fertile, mais encore faut-il la labourer et la semer. Mis à part le travail de fond, au plus près, dans les associations, avec un débouché politique clair, rien ne semble pouvoir ralentir ce fléau de l’impuissance politique. Puisqu’il faut partir du réel, soyons clairs. Il y a de graves problèmes de répartition de la richesse, de bas salaires et de précarité. La République et notre modèle de notre vivre-ensemble sont sans cesse attaqués au travers des aspects de laïcité. La confessionnalisation et la communautarisation de la société est une réponse directe de ces états de faits. Les associations et les organisations politiques de gauche ont donc une immense responsabilité dans les réponses qui forgeront l’avenir de notre société. Ou l’on défend fermement les aspects socio-économiques et le modèle de vivre-ensemble, ou nous continuons à être tributaire des turpitudes d’alliances électoralistes qui ennuient tous les citoyens. Notre responsabilité est de savoir si nous lançons la machine républicaine à gagner ou la machine électoraliste à perdre. Mais cela ne tient qu’à nous.

Arnaud Guvenatam

 

Bibliographie :

Aitken, C., Chapman, R., & McClure, J. (2011), Climate change, powerlessness and the commons dilemma: Assessing New Zealanders’ preparedness to act. Global Environmental Change, 21 (2), 752-760.

 Bird, S.T. & Bogart, L.M. (2003). Birth control conspiracy beliefs, perceived discrimination, and contraception among African Americans. Journal of Health Psychology, 8, 263–276.

Bogart, L.M. & Thorburn, S.T. (2006). Relationship of African Americans’ socio demographic characteristics to belief in conspiracies about HIV/AIDS and birth control. Journal of the National Medical Association, 98, 1144–1150.

Hine, D. W., & Gifford, R. (1996). Individual restraint and group efficiency in commons dilemmas: The effects of two types of environmental uncertainty. Journal of Applied Social Psychology, 26, 993-1009.

MacGregor, D., Slovic, P., Mason, R. G., & Detweiler, J. (1994). Perceived risks of radioactive waste transport through Oregon: Results of a statewide survey. Risk Analysis, 14, 5-14

Swami, V., & Coles, R. (2010). The truth is out there: Belief in conspiracy theories. The Psychologist, 23, 560-563.

Swami, V., Nader, I. W., Pietschnig, J., Stieger, S., Tran, U., and Voracek, M. (2012). Personality and individual difference correlates of attitudes toward human rights and civil liberties. Personality and Individual Differences, 53, 443-447.

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Sélection naturelle : de la science à l’humain https://plaidoyer-republicain.fr/selection-naturelle-de-la-science-a-lhumain/ https://plaidoyer-republicain.fr/selection-naturelle-de-la-science-a-lhumain/#respond Wed, 26 Mar 2014 15:24:02 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=450 ...lire la suite ]]> simpsons-2013Je suis comme tout le monde, et chaque individu a des préférences et des passions aussi diverses que variées. Pour ma part, j’ai le goût de la science, et plus particulièrement de la biologie. Je vais parler ici d’un immense thème qui a changé la vision du monde, tel que l’homme se le représentait. Le sujet qui sera évoqué sera celui de la sélection naturelle. Il faut sortir des idées reçues et des poncifs que l’on entend à longueur de journée. Cette partie comprendra des notions et des définitions techniques, mais le principal but sera de les rendre accessibles aux lecteurs sans pour autant trahir les propos. On dit souvent que le savoir est une arme, et que l’acquisition de la connaissance est un acte émancipateur et libérateur. Le problème étant que cette thématique a été longtemps décriée, mal interprétée et utilisée à dessein. Malheureusement, je ne vois pas tellement de prise d’initiative permettant à tout un chacun de se saisir de la question. Communément, il est certain qu’il y a autant de définitions de la sélection naturelle que de personnes ayant un avis dessus. C’est un peu comme lorsque l’on dit qu’il y a 66 millions de sélectionneurs en équipe de France quand on voit le tombereau d’insultes des individus en désaccord avec les choix du sélectionneur.

Pardon par avance si des termes apparaîtront comme des repoussoirs mais un minimum de rigueur oblige également à la complexité. Avant de définir ce qu’est la sélection naturelle, il faudrait peut-être commencer par décrire la façon dont elle a été pensée et utilisée. Il est absolument nécessaire de comprendre que les théories libérales de l’économie ont indubitablement inspiré la façon d’appréhender la compréhension du vivant. En effet, picture_cost_benefit_analysisl’individu a souvent été l’unité de référence de la pensée théorique. Ayons tout d’abord à l’esprit que la détermination des bénéfices récoltés et des coûts subis par les individus ont une influence sur les choix comportementaux. Quel intérêt ai-je à faire telle action par rapport à une autre ? Depuis la sortie de la théorie de la sélection naturelle, ce processus a été compris comme étant d’une sorte d’état de nature où le plus fort survit au détriment du plus faible. Cela est répété sur tous les tons comme étant « la survie du plus apte ». Par la suite, les penseurs libéraux se sont historiquement saisis de ce résumé falsificateur pour inculquer aux gens que la solidarité n’existe pas, que l’individu s’émancipe par autonomie ou indépendance vis-à-vis des autres et donc que la coopération serait une vision idéologique et contre nature. L’individualisme serait par conséquent l’alpha et l’oméga des relations humaines.

Depuis la parution de « L’origine des espèces » de Charles Darwin en 1859, chacun peut comprendre que les progrès techniques ont nécessairement changé beaucoup de points quant aux propositions initiales sur le sujet. Ces progrès techniques et scientifiques ont permis de formaliser la Nouvelle Synthèse néo-darwinienne ou Théorie Synthétique de l’évolution. En effet, il a été incorporé à la théorie darwinienne les données modernes de la génétique, de la biologie du développement, de la paléontologie et de la systématique. Pour en revenir à la sélection naturelle, le meilleur moyen de l’appréhender est donc de la définir. Voilà une définition longue, précise, où chaque terme compte (Danchin, Giraldeau et Cézilly, 2005) :

« La sélection naturelle est un processus (Endler 1986), c’est-à-dire un ensemble de phénomènes reliés dans une chaîne causale. D’une part existent des conditions, indépendantes les unes des autres. D’autre part, lorsque ces conditions sont remplies simultanément, il en découle systématiquement des conséquences. Les conditions préalables à l’enclenchement du processus de sélection naturelle sont au nombre de trois :

(1) Il est une variation entre les individus pour un certain trait ;

(2) Il existe une relation cohérente entre ce trait et la capacité des individus qui possèdent le trait à survivre (par exemple la capacité à éviter les prédateurs) et/ou se reproduire (par exemple la capacité à acquérir un partenaire, fécondité…). En d’autres termes, il existe une relation cohérente entre ce trait et l’aptitude phénotypique. C’est ce que l’on appelle la pression de sélection ;

(3) Il existe une hérédité de la variation sur le trait considéré, indépendamment des effets liés au fait que les générations successives puissent se développer dans le même environnement. Le trait doit donc être héritable. »

Prenons un exemple : c’est toujours le même fameux exemple mais il reste simple pour appréhender le phénomène. C’est le cas de la phalène du bouleau, papillon (Lépidoptère) bien connu. Il existe une variation sur le trait de la couleur : blanc ou noir. La relation est cohérente entre se trait et sa capacité à survivre, éviter un prédateur et ou se reproduire. phalenes-du-bouleau_315Cette couleur est héritable. Maintenant, contextualisons le cas de la phalène. Durant la révolution industrielle en Angleterre, le développement des mines et du  charbon ont considérablement pollué et modifié l’environnement. Il y avait assez peu de phalène avec un morphe noir et la plupart avait le morphe blanc. Quand la pollution s’est répandue et que tous les arbres ont été recouverts de poussières noires, les phalènes blanches étaient très visibles pour les prédateurs, tandis que la minorité à morphe noir se cachait de fait beaucoup plus efficacement. Ils ont donc été moins prédatés que les morphes blancs et se sont par conséquent reproduit plus facilement.

Entendons-nous bien, lorsque j’utilise la définition de la sélection naturelle je n’ai pas la bêtise de transposer littéralement le propos au niveau de l’espère humaine. Mais par contre, cela n’a pas gêné une quantité non-négligeable d’individus de le faire. D’autant plus lorsque la transposition d’une définition est caricaturée et utilisée à dessein. L’avarice intellectuelle et la paresse idéologique des libéraux ont simplifié cette vision extrêmement complexe de la façon dont le monde et les interactions s’organisent par « la survie du plus apte ». Il faut affirmer haut et fort que ces conclusions ne sont rien de moins que de la fraude intellectuelle.

Pour tordre le cou à ces fables, poussons le raisonnement libéral jusqu’au bout. Prenons un individu théorique et définissons-le comme étant le meilleur parmi les meilleurs. Pour résumer, l’individu qui sera le plus apte à survivre et à se reproduire. Étudions-le par exemple dans les premières années de sa vie. La première étape qui commence la vie de n’importe quel individu est bien entendu la naissance. Le raisonnement libéral basé sur la mauvaise interprétation de la sélection naturelle pourrait nous amener à penser que les meilleurs seraient ceux qui n’auraient pas de souci pour naître. Admettons, mais chez les penseurs libéraux, un individu se suffit à lui-même et a pour conséquence que l’indépendance vis-à-vis d’autres individus est une norme sociétale. A titre personnel, je ne connais aucun individu susceptible de naître par génération spontanée, sans parent ou entourage, sans médecin et sans aucune aide extérieure. De ce point de vue, cet individu n’existe pas. Cet être suprême, qui serait sensé être l’individu ultime, le plus apte, ne dépasserait même pas le premier jour de sa naissance. Mettons maintenant notre Adam-Smith en culotte courte sans école, sans professeur, sans parent et sans ami. Bref, le parfait individu qui s’émancipe de façon totalement autonome et individuelle. Et bien cet individu a existé, mais la finalité n’a évidemment rien à voir avec les résultats escomptés. Voyez plutôt. L’histoire se passe en Russie en 2009. La police a retrouvé une fillette de 5 ans qui a été surnommée Mowgli comme dans « le Livre de la Jungle ». Manifestement, la responsabilité des parents est lourde mais le sujet n’est pas là. Voilà une fillette qui a grandi avec des chiens et des chats pour l’essentiel. Elle était incapable de communiquer dans une langue intelligible mais avait par contre copié les comportements des chats et des chiens qui l’entouraient. Voilà une démonstration de plus qu’un individu seul ne se développe que de façon parcellaire. La doctrine libérale pure montre ses limites à la simple énonciation des faits. L’idéologie ne peut en aucun cas faire fi du caractère éminemment social de l’être humain.

Les concepts de sélection naturelle sont bien plus fins qu’il n’y paraît. Sortons un moment des considérations humaines et repartons sur le terrain de la biologie évolutive pure. Cela permet d’introduire un auteur important en évolution, Richard Dawkins. Ce biologiste a publié « Le gène égoïste » en 1976, mais la plupart des gens se sont arrêtés au titre. Cela arrangeait bien tout le monde de caricaturer le propos du livre. D’un côté, les libéraux qui voyaient en ce titre l’illustration ultime de leurs thèses. D’un autre côté, les individus refusant de voir le moindre côté égoïste allant jusqu’à comparer Dawkins à Hitler. Bien évidemment, aucune de ces interprétations n’est juste. Je vous conseille de le lire avec attention car à aucun moment il n’est question de dire que la coopération soit contre-nature. C’est même l’inverse. En effet, les processus de sélection naturelle tels que définis plus haut illustrent que l’on ne peut la résumer à la « survie de plus apte » Tu ne définis pas ce qu’est le gène égoïste. La coopération est au centre de nombreuses interactions dans la nature. Mais bien sur, c’est grâce aux progrès techniques notamment, que nous sommes en mesure de comprendre pourquoi la coopération a été sélectionnée, car elle est soumise à sélection. Afin de comprendre les raisons qui poussent les fourmis, les termites, les abeilles ou toute autre espèce d’individus à avoir un haut niveau de coopération, nous devons introduire un nouveau pan central de la pensée néo-darwinienne : la sélection de parentèle. Là encore, il ne faut pas perdre de vue que les raisonnements qui régissent les processus de sélection de parentèle (totalement inclus dans la théorie de la sélection naturelle) sont analysés en termes de coûts et de bénéfices. Je vais vous épargner les démonstrations mathématiques, mais le principe de la sélection de parentèle, crée par William D. Hamilton en 1976 (récompensé en 1993 d’un prix Crawford) tient à peu près en ceci : cette théorie démontre que, sous l’effet de la sélection naturelle au cours de l’évolution, il peut y avoir l’apparition chez des individus de comportements « altruistes » que l’on définira comme étant coopératifs. Généralement, la proximité génétique entre les individus est le facteur déterminant dans l’apparition et le développement de comportements de coopération. Pour résumer, vous aurez plus tendance à coopérer avec un membre de votre famille qu’avec un individu qui serait plus éloigné de vous génétiquement. Le degré de parenté entre les individus définit le niveau de coopération entre les protagonistes. Regardons maintenant dans la nature si cette théorie est infirmée ou confirmée. Trois exemples résumés en un seul permettent de répondre à cette question. Darwin n’a jamais compris à l’époque pourquoi les abeilles et les autres insectes sociaux vivaient ensemble avec des tâches spécialisées de certains individus qui, en plus ne se reproduiront jamais. En effet, il apparaît abeille-600pxtotalement illogique qu’un individu a priori égoïste saborde lui-même la transmission de ses gènes à la génération suivante. Prenons une ruche, tout ce qu’il y a de plus classique. Tout le monde sait qu’il n’y a qu’un seul individu qui produit des jeunes : la reine. Par conséquent, les abeilles de la ruche ont toute un degré d’apparentement élevé. Il est d’au moins 50% car toutes les sœurs ont la même mère, mais pas forcément le même père. Mais quand même, ce taux d’apparentement est très élevé. On commence à voir pourquoi la théorie d’Hamilton basée sur le degré d’apparentement permet de clarifier le niveau de coopération entre les individus. Maintenant, admettons qu’une abeille qui n’est pas reine se reproduise. Sa progéniture aura 50% de gènes en commun avec la mère, c’est-à-dire autant qu’avec toutes ses sœurs issues de la descendance de la reine. Cela montre, en toute hypothèse, pourquoi les abeilles ne se reproduisent pas et investissent leur énergie dans les nurseries ou l’exploration pour la nourriture (le foraging). Je n’ai individuellement aucun bénéfice à pondre des œufs dans la nurserie car mes gènes ne se transmettront pas mieux que si j’investis dans le développement de la ruche. Bien sur, comme dans tout système il y a tricheurs. Il arrive que des abeilles tentent quand même de pondre en cachette, mais le coût à faire cela est immense. Voyez pourquoi. La science nous a également appris que dans les colonies d’insectes sociaux, des individus représentent en quelque sorte une police. Si vous vous faites attraper à mettre vos propres œufs, vous risquez la mort. Une abeille seule dans la nature, sans ruche et sans congénère est vouée à la mort. Le coût est infini pour un bénéfice nul. A la lecture de cet exemple, vous devriez arriver à la conclusion que la sélection de parentèle est une théorie permettant d’expliquer que dans la nature, la dissocietecoopération est un fait. Et que par conséquent, les gens qui vous disent matin midi et soir que la solidarité et la coopération ne sont pas nécessaires, ou n’ont pas vocation à structurer une société ou des comportements, sont de purs idéologues. Bien entendu, la transposition à l’espèce humaine amènerait des gens mal intentionnés à considérer qu’il ne faut coopérer avec personne d’autre que sa famille. Cela serait dangereux d’un point de vue idéologique et ne prendrait pas en considération que les liens humains ne se cantonnent pas à ce seul cercle familial. Jacques Généreux à très bien illustré les divers cercles de développement de l’individu dans la société par exemple. Je pourrais très bien arrêter ici le déroulement théorique permettant de comprendre les raisons qui vont pousser des populations ou des groupes d’individus à coopérer, mais je préfère enfoncer le clou en énonçant et vulgarisant un pan particulier des mathématiques essentiel à la compréhension de l’évolution de la coopération : la théorie des jeux. La suite au prochain numéro.

Arnaud Guvenatam

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L’indignation ne suffit pas ! https://plaidoyer-republicain.fr/lindignation-ne-suffit-pas/ https://plaidoyer-republicain.fr/lindignation-ne-suffit-pas/#respond Thu, 13 Feb 2014 09:47:50 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=407 ...lire la suite ]]>

Cet article est la version écrite d'un discours prononcé le mercredi 12 février lors d'un concours de plaidoirie organisé par l'Université de Bourgogne. La question posée aux discoureurs était la suivante : « Faut-il s'indigner ? ». Rédigé par Alexandre Emorine et Yann Paczynski, il a été présenté au jury par ce dernier.

«  L'indignation, l'indignation … Ce sentiment si fort, ce moteur de l'Histoire. On nous demande s'il faut ou non s'indigner .. Comme s'il était possible de policer un sentiment !

Logo_National_Assembly_(1789)C'est impossible. Impossible de raisonner une réaction typiquement humaine, émanation de la fraternité universelle. Ceux qui ont renversé la table en 1789 se posaient-ils la question de la possibilité ou non de trouver injuste un système fondé sur les privilèges de quelques-uns ? Bien sûr que non...

L'indignation est le corollaire de l'injustice. Tant qu'une injustice existera, elle trouvera toujours en face d'elle la capacité d'indignation des individus. Pas forcément ses victimes directes ou indirectes non, mais tout simplement des personnes humaines, c'est à dire capables d'une profonde empathie pour leurs semblables et le monde qui les entoure.

Sans indignation, il n'est point d'humanité. Sans elle, il n'y aurait que des êtres froids, dénués de tout sentiment personnel. J'aimerais appuyer volontairement sur ce dernier terme. L'indignation est forcément personnelle, car propre à chacun. Certains auront une sensibilité toute particulière devant les injustices économiques, quand d'autres s'indigneront devant la situation d'un peuple oppressé. Parce que personnelle, l'indignation ne peut donc être un fin en soi. Elle ne peut rester dans la sphère intime, sous peine d'être impuissante, voire même funeste. Elle doit éclater au grand jour et être partagée pour prendre tout son sens et s'offrir une résolution. Comme base de l'action elle doit s'élargir, pour déboucher sur quelque chose de visible. Dépasser le sentiment pour qu'il devienne concret et utile à tous en quelque sorte.

Je le disais à l'instant, l'indignation est le moteur de l'histoire. Plus précisément, ce sont ses débouchés qui ont fait avancer l'humanité entière, toute imparfaite qu'elle soit, au stade où elle en est aujourd'hui. L'indignation face à un système féodal débouchant sur une société de citoyens libres et égaux, l'indignation face au poids du cléricalisme oppresseur débouchant sur une société spirituellement apaisée et laïque, ou encore indignation face à la barbarie débouchant sur la résistance au nazisme, sont tant d'exemples de cette marche en avant de l'Homme, avec un, grand H.

Ce sentiment de révolte, profond et ancré, amène donc des modifications dans la vie, mais pas en un claquement de doigts. Les personnes indignées sont animées par un espoir, je dirais même par une espérance. Elles ne doivent pas rester passives devant l’événement, mais se transformer en acteur afin de réaliser leur projet d'éradication de l'injustice et pour l'avènement de « Jours heureux ». Puisque mise en œuvre concrètement, la passion initiale deviendra raison, le sentiment deviendra l'action et l'espérance, un fait.

Bien entendu, certains se drapent dans les oripeaux de l'indignation afin de promouvoir1882525 l'injustice. J'espère l'avoir montré, l'indignation fait face à l'injustice. Elle ne peut en aucun cas l'accompagner voire même la promouvoir. On ne peut refuser les droits élémentaires à quelques-uns sous prétexte d'indignation. S'indigner contre la fraternité, c'est aller à rebours du sens même de ce terme, donc de la marche progressiste de l'humanité et de sa dimension libératrice. Nul ne peut prétendre connaître le cours de l'Histoire, mais chacun peut y prendre sa place en se battant pour un futur meilleur et non une illusion passéiste.

Tout est question de dynamique. Un groupe indigné sera plus efficace et plus mobilisateur qu'une personne seule et isolée. Le collectif est l'outil primordial d'une indignation effective et efficace, capable de pousser à l'évolution des choses.

S'indigner pour convaincre et convaincre pour espérer ne plus avoir à s'indigner, voilà comment structurer et concevoir une pensée fraternelle et humaine. Il est certain que l'indignation mise en mouvement implique une exposition. Exposition de ses convictions, exposition, de ses croyances ou de sa spiritualité, exposition de son corps. L'exposition est certes dangereuse, mais néanmoins nécessaire.

J'aimerais donc, à mon tour, m'exposer. Vous présenter mon indignation, puisqu'on ne peut parler de ce sentiment sans le rattacher à cet aspect si personnel. Républicain, je m'indigne devant le dévoiement de cet idéal. Je m'indigne face à la relégation au deuxième plan de l'humain dans la sphère publique. 57634055Je m'indigne enfin lorsque je vois les discriminations sociales, ethniques ou religieuses parsemer l'actualité. Chacune de ces indignations se retrouve dans un abandon. L'abandon d'une devise qui nous fonde et qui est restée lettre morte aux frontons de nos mairies : « Liberté, Égalité, Fraternité ».

Personne ne peut être forcé à l'indignation. Celle-ci va de pair avec l'humanité elle-même. Cependant il faut pousser partout, toujours, à la mise en mouvement de son indignation. Cette plaidoirie est en quelque sorte un Plaidoyer Républicain, invitant toutes et tous à dépasser l'indignation en s'appuyant sur un idéal pour changer le réel. »

Alexandre Emorine et Yann Paczynski

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Les complots pour les nuls. https://plaidoyer-republicain.fr/les-complots-pour-les-nuls/ https://plaidoyer-republicain.fr/les-complots-pour-les-nuls/#comments Thu, 30 Jan 2014 13:43:56 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=368 ...lire la suite ]]> BronnerEn préambule, je tiens à souligner que cet article m’a été inspiré par la lecture du livre de Gérald Bronner : la démocratie des crédules. Vous allez encore m’objecter que je fais une fixation sur les complots en tous genres, mais force est de constater qu’un nombre croissant de nos concitoyens tombent dans le piège du complotisme exacerbé. Le livre de Bronner a mis en ordre une pensée que nous pouvons tous avoir sans pour autant l’organiser efficacement contre les tenants des théories dites « alternatives ». Pour peu que l’on se plonge dans ces théories fumeuses, on constate qu’elles sont systématiquement construites de la même manière. On a tendance à croire qu’il s’agit d’une pensée construite autour de la raison, alors que cela s’apparente plus à de la croyance. Je vais essayer de vous montrer comment tout cela est construit avec mon humble petite compréhension des choses.

 

Quelques généralités.

 

Dans cette partie, nous allons d’abord développer quelques caractéristiques du comportement humain qui sont bien connues en psychologie et dans la littérature scientifique. La construction d’un complot viendra dans un second temps. Il nous faut dans The+Big+Bang+Theory+Sheldonun premier temps parler de l’avarice intellectuelle. Imaginez plutôt qu’un individu lance une réflexion poussée sur la moindre décision qu’il serait amené à prendre tout au long de sa vie. Par exemple, le temps qu’il faudrait prendre pour savoir s’il vaut mieux se faire un café, un thé ou un chocolat chaud, ou les trois, ou seulement deux sur les trois et lesquels ? On voit tout de suite cela deviendrait bien invivable pour la quasi totalité des gens. Nous sommes amenés à fonctionner par réflexes ou habitudes sur un certain nombre de sujets. Appelons cela l’avarice intellectuelle. Cela a été montré par exemple sur des exercices de logique en psychologie : 95% des individus testés feront un raisonnement assez peu coûteux en énergie et en temps en choisissant une solution qui semble convenable, alors qu’elle est fausse. Lorsqu’une solution est contre-intuitive elle est très peu sélectionnée par les individus.

Il faut également se rendre compte que devenir un être connaissant est de plus en plus compliqué depuis la massification de l’information que constitue le support internet. On y trouve de tout, et surtout du rien, mais c’est un avis personnel. Un fait amusant a été montré par Bronner, le biais de l’information d’internet. Lorsque l’on sait que 90% des individus faisant une recherche sur un moteur type Google, ces derniers ne vont pas plus loin que la page 3 (c’est-à-dire les 30 premiers sites) on constate d’ores et déjà le potentiel biais. Sur des sujets comme le monstre du Loch Ness, le 11 septembre, la psychokinèse, les crop circles (dans les champs de blés) ou que sais-je encore, sur les 30 premiers sites, 80% sont favorables à des explications complotistes. Lorsque l’on met cela en parallèle avec l’avarice intellectuelle inhérente à tous les individus, on comprend pourquoi de plus en plus de gens tombent dans ces fantaisies complotistes.

 

Tout n’est peut-être pas faux…

 

Je vais rentrer maintenant dans la construction des complots à proprement parlé. J’ai dit en introduction que la quasi-totalité des complots étaient construits sur des bases se drapant de raison alors que nous sommes plutôt dans la croyance. Je suis obligé à présent d’introduire un personnage central pour la compréhension des complots : Charles Fort. Voilà un individu, évoluant dans les années 20 et 30, qui était à l’aise avec l’idée de défendre le fait que la Terre serait plate ! Cet olibrius a expliqué sa méthode pour gagner la raison : le mille-feuilles argumentatif. Il dit lui-même que dans les éléments qu’il utilisera pour ses démonstrations, des éléments seront faux, voire pourris. Ca ne le gêne pas outre mesure. L’important étant de noyer tout le monde derrière une quantité astronomique d’arguments. Le principal également est la transdisciplinarité : faire feu de tout bois en quelques sortes. L’impact direct de cette méthode est de faire en sorte qu’une seule et même personne ne soit pas en mesure de contrer les arguments traitant de plusieurs domaines très techniques. Bien sur, personne n’a la science infuse et cette méthode agressive permet de faire fermer leur bouche à beaucoup de gens. Et il y a tellement d’arguments utilisés qu’il est statistiquement possible que certains éléments soient vrais. Et là c’est le drame. Ils se complotserviront à dessein de quelques éléments factuels juste dans les débats où les tenants de la raison seront très vite bloqués. « Vous voyez, tout ce que je dis n’est pas faux ». La théorie complotiste peur se répandre de façon virale. Et de toute façon, il est à peu près aussi intéressant de débattre avec un complotiste que s’écharper avec des créationnistes qui un temps dénigreront la science, et dans un autre temps l’utiliseront à dessin. J’adjure que l’on ne reste pas dans cette situation !

 

L’effondrement des tours jumelles

 

Je préviens le lecteur tout de suite, il ne s’agira pas ici de défendre la théorie du complot ou quoi que ce soit. Je vais parler de faits et rien que de faits pour illustrer le fait que la théorie du complot ait si bien marchée. Vous vous souvenez tous de ce Thierry Meyssan qui le premier a affirmé dans un livre que le 11 septembre était le fait de la CIA. Ce livre fourmille de détails, « d’arguments » et vise clairement à noyer le lecteur dans un flot incroyable de données avec très certainement dans le lot des choses qui ne sont pas fausses. Il est évident qu’à moi tout seul je ne serai pas capable de répondre fait à fait à tout ce qui peut être dit sur le 11 septembre. C’est le principe de l’effet Fort dont nous avons parlé plus haut. Mais par exemple, on a entendu un certain nombre de gens dire qu’il était impossible que les tours s’effondrent car la structure en acier ne fond qu’à partir de 1500°. Ils disent également facesque l’incendie provoqué par le kérosène d’un avion ne peut atteindre cette température et par conséquent, ce n’est pas ce qui a provoqué la chute des tours. Bon, à la lecture de cela, on voit pointer le phénomène d’avarice intellectuelle. Il y a cohérence et l’investissement dans le raisonnement est faible. Donc sa viralité est extrêmement forte, d’autant que personne ou presque n’est spécialiste de la fonte des matériaux. Pourtant, « tout spécialiste en matériau sait que l’acier perd 50% de sa résistance à 650° et jusqu’à 90% pour des températures proches de 980° » selon Bronner. Si vous rajoutez au fait que la structure soit considérablement affaiblie, la collision d’un avion explique très bien pourquoi et comment les tours sont tombées. Voilà par exemple comment il faut opérer pour démonter les mythes à partir de la science. Mais il est évident dans un diner avec des complotistes qu’il est compliqué de tenir ce genre d’arguments si vous n’êtes pas vous-même spécialiste en fonte de matériaux.

 

L’efficacité des complots

 

Vous voyez qu’il est extrêmement compliqué de contrer ce genre de théories, d’abord parce que les complotistes sont des gens extrêmement motivés et que dans la plus part des cas, les spécialistes ne nous font pas part de leurs analyses car ils n’ont pas la motivation de perdre du temps à répondre à toutes ces fadaises. Je le comprends mais c’est une faute. De même, je n’ai pris qu’un exemple, mais si vous allez sur les sites complotistes type reOpen911, le mille-feuille est considérable et constitue une ode à l’avarice intellectuelle. Le seul conseil qui prévaut c’est de recouper les informations, si vous en avez le temps, et d’adopter une démarche journalistique ou scientifique. Mais force est de constater que les théories du complot ont de beaux jours devant elles car elles font appel à la croyance et non à la raison. Avec un peu  de temps et de motivation, ce que je n’ai pas, j’aurais très bien pu avec un ami, fomenter un complot judéo-maçonnique à la Soral autour de l’état de santé de Michael Schumacher en puisant par exemple dans ses relations, des écuries pour lesquelles il a couru et ainsi  de suite. S’il décède, je vous mets ma main à couper qu’on trouvera un complot sur sa mort. En attendant,  gardons la raison comme seul moteur de nos analyses.

Arnaud Guvenatam

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De Darwin à la 6ème République https://plaidoyer-republicain.fr/de-darwin-a-la-6eme-republique/ https://plaidoyer-republicain.fr/de-darwin-a-la-6eme-republique/#respond Thu, 23 Jan 2014 09:44:09 +0000 https://plaidoyer-republicain.fr/?p=342 ...lire la suite ]]> Une fois n’est pas coutume, je vais parler longuement de la recherche scientifique. Sans prétention aucune, je souhaite que les lecteurs du Plaidoyer Républicain soient sensibilisés à un domaine qui a révolutionné le monde ces deux derniers siècles : la Théorie de l’Évolution. Je pense que chacun a une vague idée de ce dont il s’agit, mais je n’ai pas l’intention de faire un cours magistral. Non, le but de ce long article est que tout un chacun puisse faire les ponts entre la recherche scientifique et la politique en général. En effet, le rôle de la science depuis un certain nombre d’années a été d’agir de telle sorte qu’aucune article_bogdanoffpasserelle avec la politique ne soit rendue possible. Peut-être est-ce le choc du discrédit qu’a eu l’utilisation fallacieuse de la génétique par les soviétiques au travers de Trofim Lissenko ? Dans une certaine mesure c’est une critique des scientifiques que je fais. Trop rares sont ceux qui prennent position. Les plus médiatiques font rire la communauté scientifique, à l’instar des Boris Cyrulnik et autres frères Bogdanoff.

La révolution évolutionniste.

 

Comme je le disais plus haut, l’avènement de la théorie de l’évolution de Charles Darwin a révolutionné le monde et la représentation que nous nous en faisions. Je ne vais revenir sur les conditions qui ont été réunies autour de Darwin et qui ont permis la publication de « l’Origine des espèces » en 1859. Trop souvent, la sélection naturelle a été définie comme étant « la survie du plus apte ». Selon moi, la vulgarisation de cette définition a été imposée par les philosophes d’essence libérale. Il est clair que l’application politique à cette philosophie implique que la coopération est une vue de l’esprit. La métaphore naturelle est souvent invoquée, par exemple lorsque vous entendez dire « qu’il vaut mieux être un prédateur qu’une proie, que c’est la survie du plus fort » et ce genres de poncifs éculés jusqu’à la moelle. Des applications politiques telles que l’eugénisme ont été des horreurs sans nom. Il est vrai qu’au moment de la sortie de l’origine des espèces, Darwin a posé les limites de sa théorie. Il n’était pas en mesure de comprendre pourquoi certains insectes eusociaux ont un Hamiltonniveau de coopération si élevé, par exemple dans les termitières, les fourmilières ou les ruches. Mais les insectes ne sont pas les seuls animaux à pratiquer la coopération, nous pouvons le voir chez des mammifères comme les suricates par exemple. Bref. Il a fallu attendre les travaux de William D. Hamilton en 1964 (popularisés par John Maynard Smith) et sa théorie de la sélection de parentèle pour appréhender le problème posé par la coopération. Donc oui, l’altruisme et la coopération sont des réalités dans la nature.

Le pont entre découvertes scientifiques et économie.

cooperationPour la faire courte, je vais parler succinctement de ce que l’on appelle la théorie des jeux. Il s’agit de développements mathématiques permettant de déterminer une action en fonction des types d’actions que pourraient avoir le partenaire avec qui l’on joue. Je vous invite à aller regarder le jeu du dilemme du prisonnier itéré par exemple. Ce pan des mathématiques a eu des implications fortes en économie. Puis dans les années 50, l’équation de Nash et la notion de stratégie évolutivement stable a permis de combler un trou conceptuel dans l’évolutionnisme, qui paraissait privilégier l'égoïsme. Il s’agit de la matérialisation mathématique de la coopération. Comme dans tous les jeux, ce qui va déterminer la façon dont nous allons jouer, ce sont les règles. Le Monopoly ne serait pas ce qu’il est si vous aviez la possibilité de sous-louer à un ami votre hôtel rue de la Paix ou si vous aviez une structure, appelons-là État, qui viendrait réquisitionner vos maisons ou autres hôtels ou qui mettrait en place des impôts ! Avant de poursuivre la réflexion sur le plan politique, faisons d’abord quelques remarques sur la notion même de coopération.

La coopération : un égoïsme qui ne dit pas son nom.

Beaucoup de personnes auraient tendance à penser que l’altruisme social et la coopération seraient grosso modo la définition de l’équité. Une manière de dire que ces comportements seraient issus d’une exigence morale spécifiquement humaine et acquise. En 2008, une équipe de scientifiques, autour d’Ernst Fehr, a travaillé sur les comportements de partage chez les enfants (Egalitarianism in young children). L’étude nous apprend qu’à trois ans les enfants n’ont pas le sens du partage et que vers sept à huit ans, nous constatons que les enfants sont plus enclins à donner leurs bonbons. La conclusion que tout le monde est amené à faire est que cette coopération, cet altruisme là n’est pas égoïste. Pourtant, il faut bien dire que toutes les expériences ont été faites en présence d’un observateur adulte. Il y a donc cette hypothèse que les enfants en âge de comprendre qu’ils peuvent être jugés par un tiers partagent finalement de façon contrainte. On parle alors de prestige social ou coopération coercitive. De mon point de vue cette vision est intéressante car personne n’aime être mal jugé par la société. Même si la tentation de rester égoïste est forte en gardant ses bonbons pour soi, on peut tirer un bénéfice individuel supérieur à partager plutôt qu’à tout garder pour soi. On se fait mieux voir en quelque sorte. Alors d’aucun diront que c’est scandaleux d’appréhender la notion de partage sous cet angle-là. Mais force est de constater que je ne porte pas de jugement moral sur le partage en tant que tel, mais nous constatons que le dit « partage » a bel et bien eu lieu. Dans ce cas-là aussi, certaines règles sont opérantes dans la manière d’aborder le rapport à autrui. Et donc si je résume, ce sont les règles qui définissent individuellement comment il faut se comporter avec son prochain.

La 6ème République : des règles de partages.

Pour terminer cet article, je me dois de passer sur le champ politique. Je ne veux surtout pas laisser imaginer que la façon dont on doit penser la société doit être scientifique ! J’ai essayé, tant bien que mal, de montrer que ce sont les règles qui soulignent les contours de ce que serait la mise en place de la coopération dans la société. Mais qui décide des règles ? Bien évidemment, c’est le législateur, et donc le politique. Il serait intéressant que nous nous plongions collectivement dans les œuvres de Jacques Généreux par exemple. J’ai cet économiste en tête car en France, je pense que c’est un des premiers à avoir vulgarisé un certain nombre de choses sur le sujet. Je vous incite à lire la trilogie « L’autre société ; La Jean-JauresDissociété ; La grande régression » Dans notre 6ème République, nous voulons que le citoyen soit partie prenante de la politique et qu’il décide ce qui est bon pour tous, mais également pour lui. Il ne s’agit pas, dans le modèle de société que nous voulons, de substituer la tyrannie du groupe contre l’individu. Non, il s’agit de définir les règles permettant l’émancipation des individus au travers d’une communauté politique de coopération. Je laisserai les lecteurs, les économistes et qui le veut, décliner les solutions permettant d’ancrer dans le réel cette philosophie au travers de la République. Bien sur, j’ai ma petite idée, mais le but de l’article est également d’amener le débat, autour de ce concept jauressien de République Sociale.

Arnaud Guvenatam

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