Moix sur Mélenchon : « Il est bête à pleurer », « Ça sent le petit verre de vin, tôt, au zinc, avec les relents de haine »

MoixYann Moix ne doit plus être considéré seulement comme un écrivain, mais bel et bien comme une personne médiatique ayant un pouvoir certain sur les opinions. Le fait qu’il soit devenu chroniqueur de l’émission « On n’est pas couchés » n’est pas étranger avec cette considération. Le petit Yann va devoir se frotter au gratin de la politique et faire ses armes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que son arrogance est inversement proportionnelle à sa qualité de débatteur. Pour s’en convaincre, il suffit de prendre (ou perdre) une heure de son temps et visionner l’échange entre lui et Michel Onfray. Je n’ai même pas eu de peine pour lui tant chaque phrase prononcée avait vocation à faire mal, remplie d’agressivité et masquant mal le fond d’une pensée à la BHL. Pour la résumer, qui n’est pas d’accord avec BHL (ou Moix, mais ça marche avec plein de gens) est un Le Pen. Un marabout de ficelle plus tard et vous êtes fasciste, nazi, vous mangez des barbapapas et les enfants avec.

Me définissant comme faisant partie d’une gauche intransigeante avec ses valeurs, je me suis rappelé aux bons souvenirs d’un papier que notre cher Yann avait écrit en 2011 sur Jean-Luc Mélenchon. Mon souvenir était qu’il s’agissait d’un torchon, mais ayant participé (à ma toute petite place) à la campagne de 2012, peut-être que mon objectivité sur le propos n’était pas entière ? Allez le lire, et vous pourrez dire ce que vous en pensez, aujourd’hui 4 ans après.

Commençons par le style de notre poète national. C’est redondant, lourd, et ne porte absolument pas. Une logorrhée lancinante, pénible, hostile et dénuée d’humour. Par exemple : « Tant de jolies propositions, plus souvent gauches que de gauche, plus souvent gauchies qu’à gauche, rappellent la belle saison des purges staliniennes. ». Ou encore : « Sauf que Mélenschtroumpf est petit, minusculement petit, minusculement minuscule. ». Je ne vais pas tourner autour du pot : mon avis sur le style est que c’est pauvre, et chiant.

Admettons. Je ne vais pas me comparer à Victor Hugo n’ayant aucun talent poétique. Mais dans quel registre se trouve notre inquisiteur de la pensée ? Inévitablement pas sur le terrain de l’argumentation, mais bien entendu sur celui de l’insulte publique. Je cite : « Je melenchonparle de Jean-Luc Mélenschtroumpf. Ça sent le petit verre de vin, tôt, au zinc, avec les relents de haine mais tournés à l’envers : la haine déguisée en bons sentiments. Le racisme inversé. ». Premier cliché et non des moindres : l’homme de gauche sent le vin. Amusant que le chantre de la "gauche" sauce Béhachellienne use d'arguments identiques à l'UNI (syndicat étudiant de droite extrême).  La notion de racisme inversée n’est pas un compliment non plus, l’inverse du racisme étant l’humanisme, il choisit volontairement, à dessein, de pointer ce qu’il pense être du racisme. Un classique pour un libéral ne s’exprimant que sous le coup d’un réflexe pavlovien. L’homme de gauche ne se maîtrise pas, et il n’est pas intelligent : « Il parle mal, il bafouille, il écorche les mots comme on écorche les oignons au lieu de les peler. Il est bête à pleurer – les larmes me montent aux yeux devant le spectacle, très foire du sauciflard, où il dégaine ses clichés comme un vieux cow-boy électrocuté entre deux prises d’antidépresseurs. ». Mon petit Yann, dans le record du monde de l’enfilage de clichés, tu viens de passer le mur du son en trois phrases, mais évidemment, pour le comprendre, il serait bon d’argumenter. Onfray te l’a dit, certes peu aimablement, mais le constat est là. Penser, ce n’est pas pour toi.

Au cliché idiot de l’homme de gauche, je convoque la folie. Quelle originalité… « Suis-je le seul à m’apercevoir que cet homme ne va pas bien ? Que sa place n’est dans aucun parlement, au milieu de nulle assemblée, mais dans le lit étroit d’une petite chambre calfeutrée d’où il pourra, délesté de tout voisinage, donner sa vision de la gauche, de l’univers, de ses doigts de pied et de la notion de temporalité chez Jankélévitch. Cet homme, qui est donc un Schtroumpf, est un homme malade. Il délire, mes amis. Il n’est pas responsable de le laisser pisser seul, debout, dans la rue, en public : il faut l’aider, appeler une ambulance, le mettre hors d’état de se nuire, de se donner en spectacle. Je suis gêné, physiquement, par chacune de ses apparitions. Il crachote, il radote, il bavote, il postillonne, c’est assez désagréable à voir. ». Finalement, Michel Onfray avait vu juste, c’est enfumeur. Tout le monde a compris que tu n’aimais pas la gauche, Bernard Henri Lévy t’a formé à bonne école. Mais très sincèrement, autant de caractères utilisés pour seulement dire qu’une personne est folle, ça confine à un problème d’égo surdimensionné. Tu le diras toi-même que tu es bouffi d’orgueil. Puisque ce papier ne parle en fait pas de Mélenchon, mais de toi. Tout à rapport à ta toute petite personne. Dans ce papier, il est question de se définir par rapport à ce que l’on déteste, et la critique du manque d’ambition est faite à Mélenchon. Comme pour mieux nous montrer la représentation surdimensionnée que Moix se fait de lui-même.

Yann Moix propose un traitement de cheval pour soigner le malade, bien qu’avouant ne rien y connaître (sic) : « N’étant pas spécialiste en électrodes, j’ignore ce qu’il faudrait lui planter dans le cervelet pour qu’il cesse de décréter son importance, de montrer ses fesses comme la schtroumpfette hystérique, de rouler les mécaniques qu’il n’a pas, n’a jamais eu, car c’est un homme, il le répète assez, qui n’a rien, n’a jamais rien eu, n’aura jamais rien. ». Le propos est insultant et misogyne de surcroît. Là encore, il est difficile de trouver trace d’un moindre petit argument. Il est fort à parier que Mélenchon se retrouvera face à Yann Moix dans « On n’est pas couchés ». Et le petit Moix a pris rendez-vous : « je me hais de ne pas intervenir, de ne pas venir physiquement lui demander de retourner dans sa chambrette, entouré de livres qu’il ne comprend pas et de souvenirs qui ne veulent plus de lui. ». N’étant pas fan des mises à mort télévisuelles, Laurent Ruquier a bien joué de mettre Michel Onfray face à Yann Moix. C’est un exercice dans lequel il est sorti en miettes intellectuelles, mais Onfray n’est pas non plus au niveau de débat de ce que peuvent proposer des Chevènement ou des Mélenchon. Moix pêchera par orgueil, visiblement n’ayant plus le temps ni de lire, ni de penser, trop occupé à nouer des liens de connivence dans les représentations mondaines, selon les propos de Michel Onfray.

Un petit jeu mots Moixien pour terminer ? Ne boudons pas notre plaisir, enfin si, fatalement à cause de ce style lourd et inconséquent : « Tout ça pue la charentaise et le cercueil. La maroual et la pierre tombale. ». Yann Moix ayant déterminé le niveau du registre, je me permettrai de lui répondre en me mettant à sa hauteur (surement moins d’un mètre soixante-dix) : « C’est celui qui dit qui y est, tu as le nez trop près de la bouche ». En 2015, on a les « intellectuels » que l’on mérite.

Arnaud Guvenatam

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