Laïcité – la pénicilline de la République

Un simple constat

La situation politique en France se tend de plus en plus. Les résultats électoraux depuis une dizaine d’années indiquent que le peuple français est en méfiance vis-à-vis de la chose publique. L’accession au deuxième tour de Jean-Marie Le Pen en 2002 avec un Parti Socialiste mortifié depuis, la non réélection de Nicolas Sarkozy (inédite sous la Vème République depuis Giscard) et le score très élevé de la gauche radicale en 2012 en sont des illustrations non-exhaustives. Les affaires, la situation sociale dégradée et les crises économique et environnementale n’y sont peut-être pas pour rien dans cette défiance. Quoi qu’il en soit, le constat doit être fait que la République n’est pas au mieux de sa forme. Assumons qu’elle est carrément malade depuis au moins une vingtaine d’années. La communauté nationale arrive à un stade de divisions inquiétant. Le communautarisme et les inégalités sociales se sont dramatiquement creusés. Nous constatons que les vérités révélées et les revendications religieuses et cultuelles se font de plus en plus prégnantes.

La pénicilline du peuple

Face à toutes ces tumeurs de la liberté, de l’égalité et de la fraternité républicaine, je vous propose un traitement de grand-mère. Pour celles et ceux qui se sentiraient offensé(e)s, l’analogie avec l’ADN universel sera peut-être plus parlant. Je veux bien sur parler de la laïcité. Henri Pena-Ruiz déclarait que « la laïcité consiste à faire du peuple tout entier, sans privilège ni discrimination, la référence de la communauté politique ». Cette parole bien sage sera le point de départ permettant une mise en perspective et traitant de diverses maladies dont la République est atteinte.

On le sait, la République a notamment le rôle de constitution du citoyen accompli. Encore faut-il s’entendre sur la définition d’un citoyen accompli. A titre personnel, je considère qu’un citoyen accompli est un individu qui a acquis la capacité de mettre à distance les problèmes qui se présentent à lui, d’être en capacité de solutionner ces dits problèmes, d’être libre, donc éduqué et d’être perpétuellement informé de ce qu’il se passe dans son écosystème. Le cadre de réflexion et d’action du citoyen se situe dans la prise en compte des faits et le débat argumenté. S’astreindre à mettre de côté les vérités révélées sur lesquelles on ne peut discuter permet de donner un caractère universel à la discussion. Au même titre que l’ADN, la laïcité à ce caractère universel qui intègre tout un chacun dans une règle du jeu. Règle qui permet à tous de s’exprimer et, surtout, être compris de tous. Je vais citer une nouvelle fois Henri Pena-Ruiz qui illustre mon propos : « la laïcité n'est pas un particularisme accidentel de l'histoire de France, elle constitue une conquête à préserver et à promouvoir, de portée universelle ».

La « lyse » : se détacher du communautarisme

La laïcité partout, tout le temps et sans exception est le limon de l’unité de Peuple pour paraphraser Pena-Ruiz. Il n’est donc pas normal d’avoir des exceptions comme le concordat en Alsace-Moselle. En effet, la République ne reconnaît et ne finance aucun culte, et il n’y a pas de discussion possible sur ce principe fondateur. Mais se cantonner à cela serait bien trop simple. Puisque que j’affirme que c’est au travers de l’éducation qu’un citoyen commence sa constitution, l’état ne doit pas intervenir dans le financement d’écoles confessionnelles. Je serais même un chaud partisan de leur suppression pure et simple. Tout le monde logé à la même enseigne : l’école de la République. Bien évidemment, un fonctionnement meilleur ne peut pas se dispenser de moyens plus élevés, de personnels enseignants et d’encadrants plus nombreux. Le principe ici serait que les inégalités territoriales disparaissent purement et simplement. Revenons-en au nœud du problème du communautarisme. Cette abominable chose se nourrit des différences sociales et souvent religieuses de nos concitoyens. Une école républicaine forte, égalitaire et socialement mixte est la seule solution pour que chacun s’arrache de son attachement communautaire. L’adulte en devenir doit intégrer la communauté nationale pleinement et jouer son rôle de citoyen dans la vie de la cité. Pour le moment, nous n’avons pas trouvé de meilleur moyen que l’éducation pour l’émancipation des individus, et ce n’est pas près de changer. Surtout, revenons-y, ça fera du bien à tout le monde. Si je n’ai pas été suffisamment clair, Léon Gambetta parlera pour moi : « Il faut refouler l'ennemi, le cléricalisme, et amener le laïque, le citoyen, le savant, le français, dans nos établissements d'instruction, lui élever des écoles, créer des professeurs, des maîtres... ».

Être républicain

Si ça vous intéresse vraiment de savoir qui est républicain, il vous faudra être en mesure de savoir qui est laïque et qui ne l’est pas. Quand le FN parle des racines chrétiennes de la France, il n’est pas laïque puisqu’il n’a pas la volonté de refouler le cléricalisme. L’exemple est transposable avec Sarkozy qui a crée le Conseil Français du Culte Musulman. Tous ces individus n’ont pour but que de cliver la communauté nationale et politique en soulignant toutes les différences. L’universalisme de la laïcité permet justement de s’extirper de ces pièges mortels pour la République. Plus haut j’ai fait l’analogie entre la laïcité et l’ADN. Tous les êtres vivants sont constitués d’ADN, tous partagent ces 5 lettres (A, T, G, C et U) qui sont l’illustration de l’universalité de l’ADN. Pourtant un individu est unique mais il a tout cela de commun avec tous les êtres vivant sur cette foutue Terre. Et bien la laïcité, c’est la même chose. C’est le lien entre tous les individus de la communauté politique qui doit régir le vivre ensemble. Alors pour le bien de la République et du Peuple, déclarons que la laïcité est l’ADN de la République et du Peuple !

 

 

Arnaud Guvenatam

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